La
Sauvagère est située dans l'Orne, à l'est de la forêt d'Andaines, proche
de Bagnoles de l'Orne et de La Ferté Macé
Le bourg n’a pas toujours eu l'aspect radieux qu'il a aujoud'hui.
Il était autrefois inabordable, car accessible par des chemins creux
impraticables. Seul le chemin d’Alençon à Vire, traversant plus au Nord
le territoire, était une voie de communication.
Ce sont ces chemins impraticables que tant de Sauvagériens portefaix,
colporteurs ou voituriers ont emprunté ! C'est par ces chemins que ces
infatiguables marcheurs ont connu d'autres horizons, et quitté leur
berceau.
En 1709, la paroisse compte 269 feux, et sa population culmine en
1808 avec 2 588 Sauvagériens dont 800 garçons, 1100 filles, 300 hommes,
300 femmes, 30 veufs, 38 veufs et 18 militaires. On remarque que les
garçons émigrent alors que les filles restent en surnombre.
Le territoire de La Sauvagère est a été depuis amputé pour créer
Saint Michel d'Andaines. Il ne restait plus que 1 538 Silvagériens en
1878 et 623 en 1984 (INSEE). haut
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les Duvellières : près de la forêt
de Gestel -> DUVEL.
l'Être-Bernier : en patois normand,
être signifie bâtiment, et s'écrivait autrefois aître,
qui dérive du latin atrium, maison, logie. C'est donc le logis
Bernier BERNIER
la Maisonnette : ce village disparu,
situé à l'ouest du bourg, proche la Bertinière et la Mézengère, est
quitté par les frères Guillouard vers 1800.
Mr de Contades ne le cite pas, les actes notariés attestent son existence
au moins dès 1688, sous le nom la Maisonne, puis Maisonnette. « Le 30.6.1688,
Hierosme Laisné de La Coulonche baille en fieffe à rente foncière à
Fleury Vibert de La Sauvagère une petite pièce
de terre labourable nommée « le Champ du Hys» qui touche d’un côté et
d’un bout ledit Vibert, d’autre côté Jean Blanchard écuyer sr des Hais,
et les héritiers de †Léonard Germain chacun en partie et d’autre bout
Jullien Laisné, ladite pièce de terre sise et située en ladite paroisse
de La Sauvagère au lieu et village de la Maisonne
dans la tenure de la frairie de La Coulonche sans aucune
rente ny subjection, ladite prinze en fieffe ainsi faite parce que ledit
preneur s’est soumis et obligé d’en payer chacun an audit Laisné bailleur,
la somme de 70 s tournois le 1er terme de payement de ladite rente commençant
à la Saint Michel prochain et ainsi par après d’an en an jusqu’à l’amortissement
d’icelle que ledit preneur pourra faire audit bailleur en trois fois
payements égaux et quant il advisera bien d’en payer les arriérages
» (AD61-4E176/10 Perier Nre La Sauvagère) - « Le 25.1.1703, Jean Dupont
sr du Grand Jardin fils et héritier en partie de †Bonaventure Dupont
de la paroisse de La Ferté Macé, vend à Thomas Duvel de La Sauvagère
Md les maisons et biens dénommés au Ct d’acquet qu’en avait fait ledit
Bonaventure Dupont de Jean Foustetayer au nom de Julien Laisné consistant
en une chambre grenier au dessus, jardin d’arbres, porée, pré, et terres
labourables, sis à la Maisonnette à
La Sauvagère pour 900 L » (AD61-4E172/117 Challemel Nre La Ferté-Macé)
Le 29.3.1704, Thomas Duvel Md fils de Nicolas de La Sauvagère vend à
Fleury Laisné fils de †Anthoine Md de La Sauvagère ce qui lui appartient
au village de la Maisonnette à La
Sauvagère qu’il a acquit de Jean Dupont sr du Grand Jardin, fils et
en partie héritier de †Bonaventure Dupont qui les avait auparavant acquis
de Julien Laisné pour 13 L de rente annuelle (AD61-4E172/123) La
France perd actuellement beaucoup de noms de lieux, avec la désertification
des campagnes ! haut
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Le four à tuiles du Breuil : Le 18.10.1668 Jacques
Mezenge (s) fils de Pierre de La Ferrière baille à louage pour 3 ans à François
Dejoncheretz de La Sauvagère une portion de terre en pré à prendre en plus
grande nommée « la Noë Bidault » située au Pont Guillaume à La Coulonche
Novalles d’Andainne et ledit Dejoncheretz s’est obligé bailler audit Mezenge
d’aujourd’hui en un an le nombre de 6 000 tuiles à prendre par ledit Mezenge
au fourneau à thuile du Breuil à La Sauvagère pour lesdites 3 années (AD61-4E31/18)
la forge de La Sauvagère utilise fer régional
et bois de la forêt d'Andaine. Les Sauvagériens ne sont pas utilisés pour
les métiers de la forge proprement dite, réservés aux spécialistes.
Cepandant, fer et bois doivent être acheminés jusqu'à la forge toute
proche, tandis que les produits finis doivent être livrés au loin, où
la majorité seront transformés en clous dans de petits ateliers, comme
à Beauchêne et Chanu.
Ainsi, de très nombreux Sauvagériens sont marchands portefaix (portent
la marchandise sur le dos), voituriers ( possèdent âne ou cheval) ou
colporteurs. Certains sont quincaillers. La plupart circule sur plus
de 250 km, et sans doute plus. Tous sont des marchands, c'est à dire
qu'ils achètent la marchandise et la revende, tout comme les voituriers
de Loire etc... Manifestement, les carnets d'adresses se transmettent
en famille, et probablement que chaque famille (ou presque) possède
sa propre destination. D'auberge
en auberge, il arrive parfois des incidents.
Le comte de Contades raconte que « le voisinage des forêts, et
la situation élevée, étaient un gage de santé pour les habitants de
La Sauvagère. Aussi le nombre des vieillards y a toujours été considérable,
en dépit d'une alimentation défectueuse, générale à la Basse-Normandie.
En 1781 on enterre une centenaire Anne Laisné »
Le dépouillement du registre montre beaucoup d'octogénaires. L'image
des grand parents est une fausse image d'autrefois, car on mourait la
plupart du temps avant d'avoir établi tous ses enfants. Or, ici ils
sont très nombreux. Aussi, on les utilise entre autres comme parrains
et marraines de leurs petits enfants, ce qui est fort utile pour éviter
ensuite les dispenses d'affinité.
La décennie 1783-1792 compte 646 naissances pour 529 sépultures,
sans qu'on sache la part de l'émigration, de la longévité, ou du sous
enregistrement des sépultures, dans le déficit de sépultures. Les liens
de familles ne sont pas toujours indiqués, et pourtant 69 baptisés sont
parrainés par un grand père, 60 par une grand mère, et même 3 par une
grand oncle. Lors des mariages, 4 grands pères sont présents (les grand
mères n'y sont jamais citées, seuls les hommes sont cités)
En clair, compte tenu du déficit d'indication des liens de parenté,
on peut conclure plus de 21 % des enfants connaissent un grand parent.
C'est énorme à l'époque ! haut
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La fréquence de jumeaux, observée aussi à La Coulonche proche,
est un autre fait remarquable. Sur 90 ans d’observation on a 59 paires
de jumeaux, dont 20 fille+fille, 18 fille+garçon, 21 garçon+garçon
Marguerite Appert épouse de Michel Fauvel en a 3 paires à elle seule
Marie Barré épouse de Julien Barberel en a après 22 ans de mariage,
et sa soeur en a eu ! Les descendants VIBERT, dont sont issues les
2 sœurs Barré ci-dessus, s’illustrent aussi par des jumeaux chez Guillaume
Vibert liste des jumeaux
Hélas, le sous enregistrement des décès d'enfants en bas âge ne
permet pas d'estimer la survie de ces jumeaux. Haut
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effectués de 2001 à 2003 sur microfiches achetées aux AD-Orne.
La Sauvagère
1699-1793 : le registre a disparu et il n'existe rien avant
1699 à l'exception de 6 pages en 1687. La Coulonche : mon relevé
partiel
Voici mes relevés en format.PDF, avec un peu d'harmonisation
des patronymes, tous les détails contenus dans les actes, souvent totalement
illisibles, compte tenu de l'eau mise dans leur encre par certains prêtres... Les
familles reconstituées sur ce site figurent en bleu.
Seule la reconstitution totale des familles permet d'éviter les erreurs
généalogiques.
météo : Le
registre paroissial donne quelques notes :
Mars 1710 : cette année a été l’année du grand hiver
qui a commencé au 6 janvier et duré deux grands mois avec un froid si
rigoureux que personne n’en avait vu un pareil. Il fit mourir partout
les blés qui étaient dans les tu-ses ?, en sorte que l’on mangea pendant
18 mois le pain fort cher, en encore davantage dans le pays haut que
dans celui ci. Le blé (bled) a valu jusqu’à 7 livres le boisseau, mesure
de La Ferté Macé. Cet hiver fut si rude que les noyers et châtaigners
en moururent, et les oliviers de le Provence, ce qui fut une grande
misère sur le pays. haut
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une légende :
Le Guide de la France mystérieuse (Editions Princesse 1976) raconte
l’histoire de son chêne protecteur : « Un
vieux chêne se dressait jadis à droite du chemin allant de l'étang de
la Forge à la chapelle des Prises. Une statuette de la Vierge était
appuyée à son tronc. Pendant la Terreur, des bûcherons d'Andaine voulurent
briser la statue et abattre l'arbre. Mais ils ne purent réussir et reconnaître
le chêne, rien ne le distinguait plus des arbres voisins, son écorce
s'étant refermée pour protéger la statue. En 1870, on pou-vait encore
voir cet arbre et son écorce soulevée qui, disait-on, dissimulait la
statuette de faïence. En souvenir de cette légende, on trouve aujourd'hui
de semblables statuettes dans différents arbres de la région. »
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