-
FOULQUES-NERRA
par
LE COMTE DE NOGENT, Château-Gontier et ses environs, 1872. p.1-10
(Numérisation
2007 par Odile Halbert)
- L'An
de l'Incarnation 1007, où naquit Geoffroy-Martel, son père Foulques,
le très-noble comte des Angevins, fils de l'illustre Geoffroy jadis
surnommé Grisegonelle, bâtit un château sur la rivière de Mayenne, au
lieu appelé Bazouges, Basilica.
- La
terre de Bazouges appartenait autrefois à l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers.
Foulques se l'était fait céder par l'abbé Raynauld et les moines, en
échange de la paroisse d'Onzainville, au diocèse de Beauvais. Les moines
étaient en droit de dire que la comtesse Adèle avait déjà donné à Saint-Aubin,
dès l'année 974, en présence et du consentement de son mari Geoffroy-Grisegonelle,
cette paroisse d'Onzainville, héritage de ses pères. Aussi Foulques-Nerra,
n'osant tout prendre, conserva aux religieux, pour en jouir à toujours
et sans trouble, le revenu domanial et les lods et ventes de la terre,
courtils, où il bâtissait son château, appelé dès lors, du nom
d'un de ses officiers qui en eut la garde, Château-Gontier.
- Plus
tard, Foulques y avait commencé la construction d'un fort donjon : n'ayant
pas le loisir de l'achever pendant ses grandes guerres, il donna le
Château-Gontier en fief à un vaillant chevalier, appelé Raynauld, fils
d'Yvon. Celui-ci acheva le donjon ; mais le comte Foulques, en homme
très-prudent, dit la chronique, s'en était réservé expressément la seigneurie
particulière. « Raynauld, considérant que, dans le château, il avait
peu de chose et au dehors rien ou autant dire, demanda à Gauthier, alors
abbé, de lui abandonner par grâce quelque portion de la terre et des
droits réservés à Saint-Aubin. » L'abbé n'y voulait guère entendre.
« De guerre lasse, pressé par les instances de Foulques et de son fils
Geoffroy-Martel, et de l'avis de toute la congrégation, il abandonna
le quart de la terre de Bazouges, à la condition que le seigneur du
Château-Gontier la tiendrait à foi et hommage de l'abbé et du chapitre
de Saint-Aubin, et à la charge de maintenir l'ensemble du fief, la part
des moines comme la sienne, sous sa garde et défense, comme un fidèle
vassal et serviteur de l'Église. Si, faute d'hoirs, le Château-Gontier
faisait retour au comte d'Anjou, cette quatrième partie du fief, ainsi
concédée, devait rentrer en entier et sans conteste dans le domaine
de Saint-Aubin. »
- «
Ainsi fut-il arrêté à Angers, au monastère de Saint-Aubin, l'an du Seigneur
1037, en présence de l'illustre comte Foulques et de son fils, Geoffroy-Martel.
Assistaient au chapitre de la communauté, vénérables personnes, Hubert,
évêque d'Angers, Avesgaud, évêque du Mans, Gauthier, abbé et ses moines,
etc.; et des laïcs, Suhard de Craon, Théobald de Blaizon, Gosselin de
Sainte- Maure, Gosselin de Redon, Orric de Châlons, Alduin, prévôt,
Gérard-le-Chauve, Haimeric-le-Riche. »
- Tel
est, au cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin, l'acte de naissance de
la ville de Château-Gontier. Le fondateur du château à donjon, autour
duquel se groupa bientôt une ville, Foulques-Nerra, fut un des grands
bâtisseurs du moyen âge, — magnus edificator, alter Cesar, disent
les chroniques. Dans la plupart des villes d'Anjou, dans presque toutes
les places des marches du Maine, de Bretagne, de Touraine, de Saintonge
et de Poitou, la tradition ou la légende a gardé le nom de la tour du
comte Nerra. Les abbayes de Beaulieu , près de Loches, de Saint-Nicolas,
près d'Angers, la plupart des églises de sa capitale, celles du Ronceray
et de Saint-Martin reconstruites, la cathédrale réparée, une quantité
de paroisses, de chapelles et de couvents, dans tout le pays, conservent
encore sur leurs pierres, faciles à l'outil mais résistantes aux siècles,
la marque de sa main, le caractère du travail de son époque.
- Son
règne est le point de départ de la grandeur toujours croissante des
comtes d'Anjou. Après lui, une branche de cette maison devait, au pied
du Saint-Sépulcre, porter la couronne de Godefroid et de Baudouin, inscrire
son nom dans les plus héroïques légendes de la royauté latine des Croisades
et s'éteindre dans les glorieux lointains d'Orient. L'autre, illustre
entre toutes les races souveraines sous le nom de Plantagenet, allait
hériter de la couronne d'Angleterre et conquérir l'Irlande. Vassale
plus puissante que le suzerain sur le sol de France, elle devait tenir
en fief la Normandie, la Bretagne, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le
Poitou, l'Aquitaine entière. Presque toujours à la hauteur de sa destinée,
elle allait produire un des plus grands rois d'Angleterre, Henri II,
et le premier chevalier du monde, Richard Coeur-de-Lion.
- Le
comte Foulques III est resté une figure légendaire, violente et redoutable,
de l'époque où des princes et des chefs voyaient attaché à leur nom,
pour les désigner, le nom de l'ennemi des hommes, le Diable, le Mauvais,
le Noir, Nerra. Ce fut un puissant prince féodal, un heureux homme de
guerre, un politique habile, sans scrupule.
- Il
avait quinze ans quand mourut son père, Geoffroy-Grisegonelle. Il se
tint pour majeur et débuta en enlevant par un coup de main, avec l'aide
de son allié, Adalbert de Périgord, la ville de Tours à son puissant
voisin Eudes, comte de Blois et de Champagne. La grande commune de Tours,
revenue de sa surprise, chassa la garnison Angevine ; mais le comte
Eudes, ayant tenté par représailles de surprendre Amboise, où l'appelait
un baron nommé Landry qui tenait une des deux forteresses de la ville,
Foulques le repoussa, le poursuivit jusqu'à Châteaudun, où il le défit
complétement, et revint châtier Landry et raser sa tour.
- Un
fils d'Alain Barbe-Torte, Hamon, frère du comte de Nantes, Hoël, assassiné
en 980, et tuteur de ses fils mineurs, vint réclamer le secours du jeune
Foulques pour les rétablir dans leur héritage, dont s'était emparé Conan-le-Tort,
comte de Rennes. Ce recours était l'appel féodal du vassal au suzerain.
Foulques, déjà doué du sens politique, vit là une occasion d'établir
le droit de suzeraineté des comtes d'Anjou toujours contesté par les
comtes de Nantes. Il accourut avec ses hommes de guerre, rallia les
partisans des petits-fils d'Alain et commença le siége de Nantes. Conan-le-Tort
l'envoya défier au combat dans la lande de Conquereux, où déjà, du temps
de Grisegonelle, Bretons et Angevins s'étaient mesurés, et où le
Tort avait vaincu le droit, disait
la légende. Les Bretons de Rennes avaient d'avance protégé leur ligne
de bataille par une tranchée profonde, recouverte de branchages. Les
Angevins et les Nantais, chargeant à tout élan, donnèrent en plein dans
le piége. Foulques eut la présence d'esprit de franchir le fossé. Pendant
que les siens se reforment, aidés et protégés par leur seconde ligne,
à la tête des mieux montés il tourne l'obstacle, enfonce le flanc des
Bretons, les met en déroute, atteint et blesse Conan-le-Tort, qui mourut
de sa blessure et de sa défaite. Nantes ouvrit ses portes au vainqueur.
Il en prit possession au nom de Judicaël, l'aîné des mineurs, mais y
établit pour gouverneur, avec le titre de comte, Aimery de Thouars,
qui devait maintenir la ville et le pays sous la suzeraineté de ce rapide
libérateur. Il était alors dans sa vingtième année (992).
- Au
retour de Bretagne, il songe à reprendre Tours : il court le pays, à
la tête de ses hommes d'armes et commence à bâtir des forteresses qui
lui serviront de point d'appui pour ses attaques, Montrichard pour menacer
Saumur, Montbudel pour tenir Tours en échec. Dans une de ses courses,
les chanoines de Saint-Martin lui ayant refusé l'entrée de leur chapitre,
où Foulques-le-Bon, son aïeul, avait chanté au lutrin, il força les
portes et pénétra tout armé dans l'église. Aussitôt les chanoines, la
tenant pour profanée, descendirent les croix des autels, voilèrent les
châsses des saints, les couvrirent d'épines et suspendirent le service
divin. Le peuple s'émut : Foulques, effrayé des suites de sa violence,
s'humilia, fit satisfaction à Saint-Martin par des aumônes, suspendit
ses courses de guerre, et, au lendemain des terreurs de l'an 1000, fit
son premier pèlerinage à Jérusalem (1003).
- Il
en revint après un an, rapportant un morceau de la vraie croix, payé
à grand prix aux Infidèles maîtres des Saints-Lieux, et un fragment
de la pierre du Saint-Sépulcre, qu'il avait détaché avec ses dents en
s'inclinant pour la baiser. Dans la dévotion du retour, il vint à Rome
s'agenouiller aux pieds du successeur des Apôtres, et lui rendit le
service de guerroyer contre des bandes de brigands armés, qui désolaient
la campagne.
- Revenu
enfin dans sa province, il bâtit à Loches l'abbaye de Beaulieu. L'archevêque
de Tours refusa de consacrer la nouvelle église, si le comte ne rendait
certaines possessions de l'archevêché qu'il avait envahies. Foulques,
en souvenir de ses services récents comme général de saint Pierre, sut
obtenir du Pape l'envoi d'un Légat qui bénit son abbaye à défaut de
l'archevêque. La chronique raconte que, dès la nuit suivante, un ouragan
enleva la toiture de Beaulieu. Pour prendre sur l'archevêque une revanche
de l'ouragan, Foulques, tout en courant le pays du comte de Blois, où
il pilla Montsoreau, Candé, Chinon, Azay, saccagea sur son chemin les
terres de l'archevêché, arracha les vignes, foula les moissons. Eudes,
occupé à guerroyer contre le Roi, avec le comte de Champagne, son frère,
ne put venir au secours des villes du Blaisois et de l'archevêque. Celui-ci
se défendit avec les armes de l'Église, menaçant d'excommunication le
comte et même l'évêque d'Angers, Hubert de Vendôme, son suffragant.
L'illustre évêque de Chartres, saint Fulbert, écrivit à Foulques une
de ses lettres éloquentes pour le rappeler à la modération, à la justice
et à la pénitence. On ne sait s'il rendit les biens en litige, mais
il fit un second pèlerinage aux Saints-Lieux.
- Le
comte Eudes avait profité de son absence pour se venger du ravage de
ses terres de la Touraine, en ravageant les terres d'Anjou. Le pèlerin
apprit, à son retour, qu'il assiégeait la forteresse de Montrichard.
Aussitôt, il appela à l'aide son allié et ami, le comte du Maine, et
sans l'attendre, avec ce qu'il avait d'hommes sous la main, il courut
à Montrichard. A quelque distance de Pontlevoy, il se rencontra inopinément
avec son ennemi, trop près pour pouvoir reculer ou attendre les Manceaux
: la bataille s'engagea aussitôt. Les Angevins surpris eurent le désavantage;
Foulques fut jeté à bas de son cheval et blessé. Sigibran de Chemillé,
qui portait sa bannière, fut tué à ses pieds ; il fallut battre en retraite,
en assez bon ordre cependant : le comte ralliant ses hommes, et les
Tourangeaux, assez maltraités eux-mêmes, ne se lançant que mollement
à la poursuite, sous le poids de la chaleur du jour et de la fatigue
du combat. Le comte du Maine, Herbert Éveille-Chien, un chef actif comme
le promettait son surnom, accourait en toute hâte, portant sur l'arçon
de sa selle le petit Geoffroy, fils de Foulques, un enfant de dix ans,
qui avait obtenu par ses instances de rejoindre son père. Il rencontra,
à quelque distance du champ de bataille, l'armée en retraite. Le temps
de se reconnaître, de reprendre haleine, et les deux troupes retournèrent
au combat. Les vainqueurs, fatigués, avaient la plupart dépouillé leur
armure et se reposaient sous les arbres des bords du Cher, ou se baignaient
eux et leurs chevaux dans les eaux fraîches de la rivière. Ils n'eurent
pas le temps de se reformer : ce second combat fut une déroute, dans
laquelle périrent six mille hommes, disent les chroniques, exagérées
sans doute : le comte de Blois fut sauvé par la vitesse de son cheval
(1016).
- Les
hostilités se ralentirent, soit lassitude des deux côtés, soit trêve
conclue. Foulques acheva sa forteresse de Montbudel qui pouvait, sur
deux rivières, la Loire et la Chousille, intercepter les approvisionnements
de Tours, et bâtit la tour de Trèves pour tenir en échec la ville de
Saumur. Un chef Normand, de ceux venus de la Baltique, nommé Gildouin,
tenait en fief du comte de Blois cette place importante. Dans ses courses
armées à travers le pays, Foulques rencontrait partout, inquiétant sa
marche, accourant à la première menace d'attaque, ce Gildouin qu'il
appelait le Diable de Saumur. Or, pendant que le roi Robert faisait
la guerre aux deux comtes de Champagne et de Blois, Foulques servait
le Roi son suzerain , en faisant diversion contre eux en Touraine. A
la paix entre le Roi et les comtes, il se trouva seul engagé contre
ses puissants voisins. Il ne s'en inquiéta pas et marchait au secours
de Montbudel assiégé, quand il apprit que l'infatigable Gildouin, à
l'appel du comte Eudes, avait quitté Saumur et mené la meilleure partie
de ses hommes au siége. Aussitôt Foulques tourne vers Saumur, s'en rend
maître par surprise, y laisse une forte garnison, et, dans le but de
dégager Montbudel, il met le siége devant Montbazon. A cette nouvelle,
Eudes lève en effet le siége de Montbudel ; mais au lieu de venir au
secours de Montbazon, il court droit à Angers, espérant le surprendre.
Les habitants s'étaient mis en défense, Foulques accourait de Montbazon
à marches forcées, le coup était manqué : force fut au comte champenois
de rebrousser chemin. Il vint, avec Gildouin, tenter de reprendre Saumur
; mais on était à l'automne, le temps du service féodal était expiré
; chaque vassal, petit ou grand, avait à faire ses vendanges.
- Foulques
profita du répit pour rendre imprenables les fortifications de sa conquête.
Le couvent de Saint-Florent, un vieux bâtiment du temps des grandes
invasions Normandes, gênait les lignes de défense, il y mit le feu :
« Monseigneur Saint-Florent, disait-il, laisse-toi brûler, je te prie.
Par les âmes de Dieu ! Pour ton vieux couvent, je t'en rebâtirai un
magnifique où tu voudras dans ma ville d'Angers ! » Les religieux refusèrent
de quitter leur terre bénie ; ils rebâtirent, de leurs propres deniers,
le monastère à quelque distance de l'ancien ; mais ils retrouvèrent
la langue de Tacite pour écrire à cette date, dans leurs annales, un
cri de malédiction et de vengeance qu'on y peut lire encore, après plus
de huit siècles.
- A
quelque temps de là, il invitait à le venir voir, dans la ville de Saintes,
son ami et allié le comte du Maine, cet Herbert Éveille-Chien, le brave
chef arrivé si à propos pour l'aider à regagner la bataille de Pontlevoy.
Le comte vint sans défiance avec la comtesse sa femme, comptant recevoir,
outre l'hospitalité de son voisin, quelques investitures de fiefs en
Saintonge, dont on lui avait fait un leurre. Foulques lui fit fête ;
mais, au sortir de table, Éveille-Chien surpris était saisi et garrotté
par les valets de son hôte. La comtesse d'Anjou, Hildegarde, avait emmené
dans son appartement la comtesse du Maine en lui faisant mille caresses
de bienvenue. Celle-ci entendit-elle quelque cri de son mari, surprit-elle
quelque indice de trahison ? Elle trouva un prétexte pour s'éloigner
un instant d'Hildegarde, que Foulques n'avait peut-être pas mise dans
la confidence de sa perfidie, et put sortir du château et de la ville
en toute hâte, avec l'aide de quelques-uns de ses serviteurs et s'échapper.
Sa fuite fut le salut de son mari. Au récit de la comtesse, à la nouvelle
de cette odieuse félonie, la province du Maine se souleva toute entière
pour la délivrance de son vaillant comte. Eudes de Blois prit le prétexte
de la foi violée pour recommencer la guerre, aidé du concours du prince
Henri, fils du roi Robert. Ils mirent le siége devant Amboise, qui fut
réduite aux abois et dont la perte allait entraîner celle de Saumur.
Force fut de rendre à Herbert sa liberté, non sans la lui faire payer
au prix de quelques places et se faire livrer des otages en garantie
de cette rançon. Il était temps : Alain, comte de Rennes, envahissait
l'Anjou et assiégeait déjà le Lude. Il s'était armé pour la justice,
disait-il, et venait, sinon punir la félonie de Foulques, au moins lui
arracher le fruit de sa trahison. Il fallut céder, rendre les places
et les otages, ne garder que la honte. Le comte de Rennes, justice faite,
se retirait austère et désintéressé comme un chevalier errant des légendes
héroïques de son pays. Dans cette mauvaise passe où le comte d'Anjou
avait laissé son honneur et compromis sa fortune, sa nièce, la reine
Constance, femme du roi Robert, avait contribué à le tirer d'affaire
en s'entremettant de la paix. Or elle avait pris en haine Hugues de
Beauvais, ministre et conseiller du Roi, dont l'influence sur son mari
excitait sa jalousie. Elle se plaignit de cet ennemi au comte d'Anjou.
La sauvage reconnaissance de Foulques ne tarda pas à se manifester.
Il avait envoyé quelques chevaliers pour remplir son service féodal
parmi les gardes du Roi ; à la première occasion, ils se jetèrent sur
Hugues de Beauvais et l'égorgèrent, sous les yeux de Robert, dans ses
bras. L'horreur générale accusa le puissant assassin. Menacé d'excommunication
par saint Fulbert de Chartres, il fut cité à comparaître devant la cour
des grands vassaux, présidés par le Roi ; mais l'intervention de la
Reine, et, quelque temps après, la mort du roi Robert le tirèrent d'embarras
avec les hommes. Avec le Ciel, en pareil cas, il comptait toujours expier
par un pèlerinage aux Saints-Lieux, à Rome, où il se frappait la poitrine
aux pieds des saints Apôtres. Il fit mieux cette fois, une bonne action
: il aida puissamment à éteindre la mésintelligence entre la Reine et
son fils, le roi Henri, il arrêta la guerre civile déjà commencée.
- Lui-même
avait un fils nommé Geoffroy, l'enfant qui, à dix ans, avait fait ses
premières armes à Pontlevoy. C'était un fort chevalier, un rude batailleur,
la joie de son père qui lui avait donné déjà l'investiture et le gouvernement
de plusieurs fiefs importants. Il lui confia l'administration de ses
comtés et partit pour Rome, où il trouva le duc de Normandie, Robert,
disposé comme lui à faire le pèlerinage de Jérusalem. Le Normand avait
fait vœu de marcher pieds nus jusqu'à la ville Sainte avant la fin de
la route, il lui fallut se faire porter sur les épaules des Arabes ;
au retour, il mourut de fatigue à Nicée. Foulques, plus robuste et plus
prudent pèlerin, revint au bout de l'année en Anjou. Il était temps.
Le régent qu'il avait laissé, Geoffroy-Martel, avait de son père la
vaillance et l'instinct guerrier, mais aussi la violence, la dureté,
l'avidité, tout, moins l'expérience. La clameur des plaintes de toute
la province accueillit le pèlerin à son retour ; il fallait sans retard
reprendre d'une main ferme et habile l'autorité trop imprudemment confiée
à ce jeune homme. Geoffroy ne voulut y entendre : il leva des troupes
contre son père et commença la guerre civile. Elle dura quatre ans.
Le coeur brisé du vieux comte subit cette agonie de voir le fils dont
il était fier, cet autre lui-même dans lequel il reconnaissait sa vaillante
jeunesse, en armes, autre Absalon révolté contre son père. Il fut réduit
à batailler avec des chances diverses, par les chemins de ses comtés
ravagés, pour son autorité de suzerain et de père, quelquefois pour
la liberté et la vie. Ce fut l'épreuve, la vraie pénitence de Dieu.
L'âme en resta altérée, brisée sans retour, et le corps vieilli avant
l'âge. Vainqueur enfin, quand le rebelle fut réduit à venir crier merci
à ses pieds, portant une selle de chevalier sur le dos en signe d'humiliation
féodale, le père allant toujours, inflexible, sans proférer une parole,
le laissa marcher ainsi à sa suite pendant un long mille. Alors il s'arrêta,
appuya violemment le pied sur le dos de son fils incliné et le courbant
sous son effort : Enfin, dit-il en frémissant, te voilà donc dompté
! - Par vous, père, par nul autre, jamais ! répondit Martel.
- Depuis
lors on le voit travailler à soulager les misères de sa province, à
donner ou à confirmer des chartes d'affranchissement aux Communes et
aux serfs, des priviléges et des sûretés aux marchands, à doter ou à
rétablir ses abbayes et ses églises. Il resta bien toujours un homme
de guerre et prit la forteresse de Montbazon, en 1039, mais ce dur caractère
semblait en quelque sorte amolli. Il pardonna à son fils, il lui
rendit ses fiefs. Peu à peu, le tenant près de lui et le guidant, il
lui remit une partie de son autorité. Il se sentait fatigué, usé à cinquante
ans par la violence du caractère, par toute sa vie de guerres rudes
et difficiles, par ses longs et fréquents voyages à Rome et aux Lieux-Saints,
sans doute aussi par le remords, en vain combattu, des fautes et des
crimes du passé. Son surnom de Nerra,
au sens douteux, même de son temps, il avait voulu l'éteindre d'abord
sous celui de Jérosolymitain,
puis il s'était appelé Foulques aux Palmiers, des palmes qu'à chaque
pèlerinage il rapportait d'Orient. Les salles de son palais d'Angers
en étaient tapissées. Pouvaient-elles voiler les traces de l'incendie
au milieu duquel avait péri autrefois sa seconde femme, Elisabeth de
Gévaudan ? La destinée de cette princesse est restée un problème historique,
mystérieux et sombre. Un violent incendie dévora presque toute la ville
et une partie du palais des comtes ; Elisabeth y périt. Voilà l'histoire.
Après l'avoir précipitée du haut d'une fenêtre et achevée à coups de
poignard, dans un accès de jalousie furieuse, Foulques aurait mis le
feu à l'appartement où elle gisait assassinée, pour détruire toute trace
de son crime, et l'incendie aurait atteint les maisons voisines. Voilà
la légende. Les annales de Saint- Florent donnent à entendre, assez
vaguement, qu'accusée d'adultère et condamnée par le comte, elle fut
brûlée sur un bûcher dont les flammes, poussées par le vent, gagnèrent
les maisons les plus proches et détruisirent tout le quartier du Palais,
signalant ainsi par une calamité publique et comme par une protestation
de la Providence, les funérailles de la comtesse suppliciée.
- De
longues années s'étaient écoulées, diversement remplies, mais Foulques
se sentait tourmenté, comme presque tous les hommes puissants de ce
siècle, d'un besoin d'expiation par la pénitence corporelle, par l'aumône,
par les donations, avant d'aller rendre compte au Juge. Son heure lui
semblait proche : mourir sous la robe de moine et sur la cendre ne lui
parut pas une expiation suffisante. Il avait la vague pensée, peut-être,
qu'il serait plus près de la miséricorde, en expirant aux lieux mêmes
où le Rédempteur était mort pour la miséricorde. Laissant encore une
fois le gouvernement à son fils, Foulques partit pour son quatrième
pèlerinage, vers la fin de l'année 1039.
- Arrivé
dans la Ville Sainte, il voulut donner à tous, pèlerins et infidèles,
le spectacle de son humiliation et de sa pénitence. On vit avec stupeur
ce fier prince latin se faire traîner à demi-nu, sur une claie, le long
du chemin du Saint-Sépulcre. Battu de verges par deux de ses serviteurs,
pleurant à chaudes larmes et se frappant la poitrine à chacune des stations
de la voie de la passion, il criait : Seigneur, ayez pitié ! Seigneur,
prenez à merci le misérable Foulques, traître, parjure et meurtrier
! Un peu rassuré contre les dernières terreurs par l'humiliation de
cette pénitence publique, le comte sentit son vieux coeur se prendre
de la nostalgie du pays : il voulut revenir, par Constantinople et par
l'Allemagne. A Metz, le pèlerin s'arrêta : il était au terme du grand
pèlerinage. Une maladie de quelques jours acheva d'éteindre ce voyageur
inquiet, loin des Saints-Lieux, loin de sa terre d'Anjou; mais il donna
l'ordre, en mourant, de porter son corps à Loches, pour y reposer dans
sa chère abbaye de Beaulieu, la première fondation de sa jeunesse.
- Dans
son histoire de Sablé, Ménage, donnant la filiation de la maison de
Château - Gontier et ses alliances, s'arrête pour constater : « qu'en
outre de l'illustration des conciles, qui y ont été tenus, cette Baronnie
est si noble qu'elle a un connétable héréditaire, le seigneur de la
Raudière, et que le sire de Château-Gontier était lui-même connétable
héréditaire d'Anjou. »
- Renauld,
fils d'Yvon troisième fils d'Yves de Bellême, comte d'Alençon, fut le
premier sire de Château-Gontier, par l'inféodation de Foulques-Nerra
et des moines de Saint-Aubin. Longues années après, il était du complot
qui attira traîtreusement à Angers Geoffroy-le-Barbu, pour le livrer
à son frère
- Foulques-le-Réchin.
Le peuple d'Angers s'arma pour délivrer le prince : Renauld fut tué
dans l'émeute, avec Geoffroy de Preuilly et Girauld de Montreuil-Bellay,
ses complices.
- Son
héritière au dixième degré, Emme, fille de Renauld VIII, porta la seigneurie
de Château-Gontier à Geoffroy de La Guerche, dont la fille unique épousa
Jean de Brienne, des rois de Jérusalem, vicomte de Beaumont et de La
Flèche. De la maison de Beaumont, Château-Gontier passa par alliance
dans la maison de Chamaillard d'Anthenaise, puis dans celle de Valois-Alençon.
Elle échut par héritage, de la maison d'Alençon à la branche de Bourbon-Vendôme,
qui devint plus tard la maison royale de France.
- La
seigneurie féodale , aliénée à différentes époques et bien amoindrie
par les droits du Roi et ceux de la Commune, appartenait, au moment
de la Révolution, au marquis d'Autichamp, de la maison de Beaumont en
Dauphiné, lieutenant-général au gouvernement d'Anjou, gouverneur d'Angers
et de Château-Gontier.
-
- En
février 1870, par suite d'indications précises qui avaient été fournies
par M. l'abbé Chevalier, vice-président de la Société archéologique
de Touraine, on a découvert dans l'église de Beaulieu, près Loches,
le tombeau de Foulques III, dit Nerra, comte d'Anjou. Le dessin exact
du monument qu'en fit Gaignières se trouve à Oxford ; et d'après l'histoire
manuscrite de l'abbaye de Beaulieu la pierre tumulaire portait autrefois
une inscription commençant ainsi :
- «
Hic jacet exiguo tumuli sub marmore Fulco
- Noera,
potens proles, Gryssogonelle, tua. »
LES
CONSTRUCTIONS DE FOULQUE NERRA
- 991
à 994
- Tour
de Montbazon
- Château
de Montrésor
- Château
de Sainte-Maure
- Château
de Langeais
- Tour
de Chérament (disparue)
- à
partir de 1005
- Château
de Montrevault
- Tour
de Trève
- Abbaye
de Beaulieu-les-Loches
- Tour
de Mirebeau
- Motte
de Cornillé (disparue)
- Château
de Montrichard
- 1007
- Château-Gonthier
- 1011
- Motte
de Montboyau (actuel Fondettes, disparue)
- 1013
- Saint-Rémi-sur-Loire
- Château
de Montjean-sur-Loire
- Beaupréau
- 1016
- Saint-Nicolas
d'Angers
- 1020
- Saint-Aubin
- Saint-Martin
d'Angers
- Prieuré
de Châteauneuf
- 1025
- Château
de Chemillé
- Château
de Montfaucon
|
- à
partir de 1028 ou dates indéterminées
- Abbaye
de Ronceray à Angers (14 juillet 1028)
- Château
du Lude
- Château
de Durtal
- Château
de Beaufort
- Tour
d'Allones
- Monastère
de Saint-Jean-du-Grais
- Château
de Seiches
- Tour
de Montglonne ?
- Château
de Baugé
- Château
de Segré
- Château
de Brissac
- Château
de Mouliherne
- Château
de Pouancé
- Château
de Moncontour
- Château
de Faye
- Château
de Montreuil-Bellay
- Château
de Passavant
- Château
de Maulevrier
- Château
de Briollay
- Château
de Saint-Florent-le-Vieil et église
- Tour
de Loudun
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et agrandissements
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de Saint-Maur-sur-Loire
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de Loches
|
-
les
seigneurs de Château-Gontier,
de
Foulque Nerra à la Révolution
-
ce qui suit est la (Numérisation
2007 par Odile Halbert) de l'ouvrage de Léon Maître,
Tablettes chronologiques et historiques des seigneurs de Laval et
de Château-Gontier, Paris 1870 (AD44 in f° 22) ce
qui est en vert est de Léon Maître, et l'exacte numérisation
de son texte
-
- RENAUD
1er
- Est
dit fils d'Yves (de la maison d'Alençon?) dans un acte de 1037. Le donjon
de Château-Gontier lui fut donné, vers 1007, par Foulques Nerra, comte
d'Anjou. Il épousa, selon quelques auteurs, BÉATRIX du PERCHE. Dans
un acte de 1050, il figure parmi les témoins. Plusieurs chroniques le
disent mort victime d'une émeute à Angers, vers 1066. (L. Maître, 1870)
- de Château-Gontier
: de
gueules à trois chevrons d'or,
peint sur le Cartulaire des Bonhommes de Craon au
XVe siècle, d'après un sceau et des documents héraldiques.
D'après don Housseau (t IV n°2415), le sceau de
l'acte original reproduit dans le Cartulaire des
Bonshommes est chargé de 3 chevrons dont le premier
est brisé. Il en est de même du reste du sceau de
Jacques de Château-Gontier (V. Sigillographie des
seigneurs de Laval, 53-84) (abbé Angot, Armorial monumental de la Mayenne, blason N°161
p 102).
- Selon
Duchesne, d'argent à trois chevrons de gueules. Selon Ménage,
de gueules à trois chevrons d'or. (L. Maître, 1870)
-
- ALARD
1er
- Fils
aîné du précédent, épousa ÉLISABETH DE MATHEFELON, ou selon Ménage,
MATHILDE, fille de Robert de Nevers. Il paraît comme témoin dans l'acte
de restitution du Vendomois, par Geoffroy Martel à Foulques l'Oyson,
en 1050. (L. Maître, 1870)
-
- RENAUD
II
- Frère
puîné d'Alard, se croisa, en 1096, en compagnie de Robert le Bourguignon
et mourut en Terre-Sainte, en 1101. La même année décéda son fils RENAUD
III qui gouvernait ses terres depuis cinq ans. On ignore si c'est lui
ou son fils qui épousa BURGONDIE, qualifiée uxor
Rainaldi, dans le cartulaire du Ronceray.
La même est nommée mère d'Alard de Château-Gontier, dans deux titres
de 1116 et de 1126. (L. Maître, 1870)
-
- RENAUD
IV
- Seigneur
de Château-Renaud et de Château-Gontier, épousa, d'après les Gesta
Consulum Andegavensium, BÉATRIX, nièce de la comtesse d'Anjou, et
succéda à son père et à son frère. Sa bravoure contribua au succès que
remportèrent les Angevins à la bataille de Séez. (L. Maître, 1870)
-
- ALARD
II
- Fils
de Renaud III (?) épousa MATHILDE DE BRIOLÉ. Il donna la dîme
du port de Château-Gontier aux moines de Saint-Aubin d'Angers, en 1123.
En 1095, il paraît témoin dans un acte. (L. Maître, 1870)
-
- ALARD
III
- Fils
du précédent, épousa 1° MAHAUT DE CRAON ou MELISSENDE N...., selon Ménage
;
2° EXILIE DE BRIOLÉ. Présent à un acte de 1145 avec ses deux fils Renaud
et Alard. Des titres attestent qu'il vivait en 1149. (L. Maître, 1870)
- RENAUD
V
- Fils
du précédent, céda ses droits coutumiers sur les vassaux de Gennes,
en 1180, aux religieux de Saint-Nicolas d'Angers, et donna des revenus,
en 1193, aux moines de Saint-Aubin, de la même ville. Son épouse, BÉATRIX
DU PERCHE, fille de Rotrou III, lui apporta les terres de Pouancé et
de Nogent-le-Rotrou. (L. Maître, 1870)
-
- ALARD
IV
- Fils
d'Alard III, seigneur de Château-Gontier et de Nogent-le-Rotrou, épousa
EMME fille d'André de Vitré, et fonda l'aumônerie de Saint-Julien de
Château-Gontier. Il vivait en 1214 et mourut avant 1226. (L. Maître,
1870)
-
- JACQUES
- 1226-1259.
- Fils
d'Alard IV, épousa, en 1239, AVOISE, fille de Matthieu II, sire de Montmorency,
connétable de France, qui lui apporta les terres de Champagne et de
Meslay. Il fit cession au Roi, en 1257, de tous ses droits sur le Perche,
se réservant Nogent-le-Rotrou. Il est appelé Jacquemet (Jametus)
dans une transaction de 1230. Mort en 1259. (L. Maître, 1870)
-
- GEOFFROY
III
- 1259-1270.
- Seigneur
de la Guerche, de Segré, de Martigné et de Pouancé, devint seigneur
de Château-Gontier, par son mariage avec EMME fille aînée du précédent,
qu'il épousa en 1259. D'après les titres de l'abbaye de Bellebranche,
elle aurait épousé ensuite Girard Chabot, sire de Retz. Elle mourut
vers 1270. (L. Maître, 1870)
- de La Guerche
: d’azur à 2 léopards d’or, l’un sur l’autre.
-
- Jean
de BRIENNE
- Vicomte
de Beaumont, sire de la Flèche, de Sainte-Suzanne, du Lude et de Fresnay,
devint seigneur de Château-Gontier, en épousant, vers 1270, JEANNE
DE LA GUERCHE, fille unique d'Emme, dame de Pouancé et de Segré.
(L. Maître, 1870)
- de Beaumont-Brienne
: d’azur, semé de fleur
de lys d’or à un lion du même
brochant.
- ROBERT
- Vicomte
de Beaumont, sire de Château-Gontier, du Lude, de Pouancé, de Sainte-Suzanne,
de la Guerche, épousa, en 1303, Ménage dit en 1323, MARIE, fille de
Maurice VI de Craon. Mort en septembre 1327. (L. Maître, 1870)
- JEAN
II
- 1330-1386(?)
- Vicomte
de Beaumont, seigneur de Château-Gontier, etc. , chevalier banneret,
épousa 1° ISABEAU DE HARCOURT; 2° en 1330, MARGUERITE DE POITIERS, fille
du comte de Valentinois, laquelle lui donna un fils, nommé Louis, qui
fut tué à la bataille de Cocherel (1364). D'Isabeau était née une fille,
MARIE, qui épousa Guillaume Chamaillard, seigneur d'Anthenaise. Ce
dernier, en qualité de bail de sa fille Marie, conclut en 1367, avec
Marguerite de Poitiers, un accord dans lequel il lui assignait en douaire
les terres de la Guerche et de Château-Gontier. Marguerite était encore
dame douairière en 1386. Jean II figure, en 1340, parmi les chevaliers
de l'ost de Bouvines. Mort avant 1355. (L. Maître, 1870)
- Chamaillard
: vairé d’or et de gueules.
(abbé Angot, Armorial monumental
de la Mayenne,
blason N°240)
-
- Pierre
II de VALOIS
- SURNOMMÊ
LE NOBLE.
- 1386(?)
-1404.
- Comte
d'Alençon, du Perche, de Porhoët, pair de France, vicomte de Beaumont,
baron de Verneuil, de Domfront, de Fougères, de Château-Gontier, seigneur
d'Argentan et de Sonnois, épousa MARIE CHAMAILLARD, en 1371. Après le
traité de Brétigny, il fut envoyé comme otage en Angleterre, et se racheta
à ses dépens. Il servit dans la guerre de Bretagne et dans celle que
les ducs de Berri et de Bourbon firent aux Anglais en Guyenne. En 1388,
il accompagna Charles VI dans son expédition de Flandre. Mort en septembre
1464. (L. Maître, 1870)
-
- JEAN
1er
- 1404-1415.
- Duc
d'Alençon, comte du Perche, pair de France, vicomte de Beaumont, baron
de La Flèche, de Pouancé, de Fougères, de Sainte-Suzanne, de Château-Gontier,
épousa MARIE, fille Jean le Vaillant, duc de Bretagne. Jean
se laissa entraîner dans la Ligue formée par plusieurs princes du royaume,
pour mettre le roi d'Angleterre en possession des provinces qui lui
furent cédées par le traité de Brétigny. C'est le même Jean qui, de
concert avec le duc de Bourbon, détermina, contre l'avis des autres
chefs de l'armée, la funeste bataille d'Azincourt (25 octobre 1415),
où il périt après avoir tué de sa main le duc d'York. (L.
Maître, 1870)
- d’Alençon : d’azur, semé de fleurde
lys d’or à la bordure de gueules
chargée de 8 besants d’argent.
- JEAN
II
- 1415-1476.
- Duc
d'Alençon, comte du Perche, pair de France, vicomte de Beaumont, etc.,
épousa 1° JEANNE, fille de Charles, duc d'Orléans; 2° MARIE, fille de
Jean IV, comte d'Armagnac. De 1429 à 1449, il fut investi du commandement
général des armées, et accompagna Jeanne d'Arc (qui l'appelait le beau
duc) aux sièges de Jargeau, de Beaugency et au combat de Patai. Il se
signala aux siéges de Caen, de Falaise et de Domfront, et dans toutes
les expéditions dirigées contre les Anglais. Oublieux de ses devoirs
au milieu de sa carrière, il se rendit deux fois coupable de félonie
envers le roi, et déshonora son nom par des crimes. En 1431, ses biens
lui furent confisqués, et la baronnie de Château-Gontier réunie à la
couronne. Ils lui furent ensuite restitués ; il le dit dans un aveu
de 1462. Deux fois condamné à mort, deux fois il fut gracié, et mourut
en 1476. (L. Maître, 1870)
-
- RENÉ
- 1476-1492
- Fils
du précédent, duc d'Alençon, comte du Perche, pair de France, vicomte
de Beaumont, baron de Château-Gontier, épousa MARGUERITE DE LORRAINE,
fille de Ferri II, comte de Vaudemont. Louis XI, cédant à de perfides
insinuations, conçut des doutes sur sa fidélité, et prenant prétexte
de sa vie dissolue, le fit enfermer à Chinon dans une cage de fer.
Le duc y resta douze semaines, après lesquelles il fut condamné à implorer
la clémence royale et à recevoir garnison dans ses châteaux. Par lettres
du 23 février 1482, Louis XI donna les revenus de la baronnie à Pierre
d'Acigné, son valet de chambre, capitaine de Château-Gontier, depuis
le temps qu'elle était en sequestre. Mieux jugé par Charles VIII, il
rentra en possession de ses droits par lettres du mois de mai 1487.
(L. Maître, 1870)
-
- CHARLES
IV
- 1492-1525.
- Duc
d'Alençon et de Berri, comte d'Armagnac, du Perche et de Rouergue, vicomte
de Beaumont, pair de France, etc., épousa MARGUERITE DE VALOIS, soeur
de François 1er. Comme il était encore très jeune à la mort de son père,
sa mère administra toutes ses terres, en qualité de tutrice, jusqu'en
1507. Il prit part aux expéditions d'Italie, et se distingua aux
combats d'Agnadel et de Marignan. Dans la guerre des Pays-Bas, il commandait
l'avant-garde. A Pavie, où il conduisait l'aile gauche, il eut la faiblesse
de prendre la fuite et en mourut de chagrin le 11 avril 1525. (L. Maître,
1870)
-
- Charles
de BOURBON
- 1527-1537.
- Pair
de France, prince de Béarn, duc de Vendôme, comte de Soissons et de
Condé, vicomte de Beaumont, baron de La Flèche, de Sonnois, de Fresnay,
de Montdoubleau, de Sainte-Suzanne, de Château-Gontier, etc., épousa
FRANÇOISE, fille de René, duc d'Alençon. En Italie, il combattit à la
prise de Gênes, à Agnadel et à Marignan. Lorsque les Anglais et les
Impériaux envahirent la Picardie, il les repoussa, et prit la ville
d'Hesdin. Pendant la captivité de François 1er, il gouverna le royaume
de concert avec la régente. Il prouva dans plusieurs occasions que l'amour
de l'État était sa passion dominante, et qu'il était prêt à tout sacrifier
pour le défendre. Mort le 25 mars 1537.
(L. Maître, 1870)
-
- Antoine
de BOURBON
- 1537-1562.
- Roi
de Navarre, duc d'Albret, de Vendôme et de Beaumont, comte de Foix,
de Bigorre, d'Armagnac, de Rhodez, de Périgord, vicomte de Limoges,
épousa JEANNE, fille unique d'Henri d'Albret, roi de Navarre. Il se
distingua deux fois dans la défense de la Picardie, en 1536 et en 1544,
et fut nommé lieutenant général du royaume par les États de 1561. Après
avoir été partisan des Calvinistes, il devint tout-à-coup leur ennemi
acharné, et mourut en les assiégeant dans la ville de Rouen, 1562.
(L. Maître, 1870)
-
- HENRI
IV
- 1562-1610.
- Roi
de France et de Navarre.
- La
baronnie de Château-Gontier est réunie à la couronne avec le duché de
Beaumont auquel elle était incorporée.
(L. Maître, 1870)
- Henri IV :
Parti de France moderne « D'azur, à trois fleurs de lys d'or.»
et de Navarre « De gueules, aux chaînes d'or, en croix, en sautoir et en orle,
allumées en coeur de sinople.»
-
- LOUIS
XIII
- 1610-1646.
- Ce
prince donna la baronnie de Château-Gontier, avec plusieurs autres terres,
à Louise de Lorraine, princesse de Conti, par contrat du 10 mars 1629,
en échange des principautés de Linchamp, de Mohou et de la Tour-Anglaire.
Par acte du 2 mars 1646, les commissaires du roi, pour l'entière exécution
du contrat, cédèrent la susdite baronnie au prince Claude de Lorraine,
duc de Chevreuse (héritier de la princesse de Conti), qui la vendit,
le 4 juillet de la même année, M. de Bailleul. Le roi s'étant réservé
la faculté de rachat, les seigneurs suivants furent seulement engagistes.
(L. Maître, 1870)
- de Lorraine : d’or à la
bande de gueules chargée de 3 alérions d’argent.
- & de Bourbon Conti :
d’azur à 3 fleurs de lys d’or, au bâton alésé de gueules en bande, à la bordure de
gueules.
-
- Nicolas
de BAILLEUL
- 1646-1656.
- Premier
marquis de Château-Gontier, seigneur de Vatetot, de Soisy, d'Estiolles,
épousa, en 1608, 1° LOUISE DE FORTIA, fille de Bernard, seigneur du
Plessis-Fromentières et de Cléreau ; 2° en 1621, ÉLISABETH, fille de
Claude Mallier, seigneur du Houssay, laquelle fut dame douairière de
Château-Gontier de 1652 à 1656. Nicolas remplit successivement les fonctions
d'ambassadeur en Savoie, de président au grand conseil, de lieutenant
civil et de prévôt des marchands de Paris, de président à mortier au
Parlement, de chancelier de la reine et de surintendant des finances.
Louis XIII lui confia, de plus, diverses missions importantes près des
États de Bretagne et de Normandie. C'est ce personnage qui fit ériger,
vers 1647, la baronnie de Château-Gontier en marquisat. Mort le 20 août
1652.
(L. Maître, 1870)
- de Bailleul
: parti d’hermines et de gueules.
- Nicolas
de Bailleul surintendant des finances, (qui naguère avait été exilé à
Château-Gontier), pris en 1643 la
baronnie de Château-Gontier par « engagement » contre un prêt de
50 000 livres aux
héritiers de la princesse de Conti. Remboursé, il acquit définitivement
Château-Gontier le 6 janvier 1647, avec son épouse Isabelle-Marie Mallier Mallier
- Mallier
: d’argent à la fasce de gueules accompagnée
de 3 roses du même, 2 et 1.
-
- Louis-Dominique
de BAILLEUL
- 1656-1680.
- Marquis
de Château-Gontier, seigneur de Soisy, de Vatetot, d'Estiolles, président
au. Parlement de Paris, épousa, en 1647, MARIE LE RAGEOIS, fille de
Claude, seigneur de Bretonvilliers, à laquelle il céda la terre de Château-Gontier
en paiement de ses deniers dotaux, par transaction du 3 décembre 1675.
Elle la conserva jusqu'à sa mort, vers 1680. La baronnie de Château-Gontier
qu'il avait acquise de la veuve du précédent, le 4 juillet 1656, fut
érigée de nouveau pour lui en marquisat. Il se démit de sa charge de
président au Parlement en faveur de son fils, en 1689, pour se retirer
à l'abbaye de Saint-Victor. Mort en juillet 1701. (L. Maître, 1870)
-
- Nicolas-Louis
de BAILLEUL
- 1680-1714.
- Marquis
de Château-Gontier, président au Parlement de Paris, épousa 1° LOUISE,
fille de Louis Girard, seigneur de la Cour-des-Bois , qui mourut en
1688 ; 2° CHARLOTTE, fille de Firmin du Fresne, secrétaire du roi.
Selon la coutume d'Anjou, la terre de Château-Gontier fut, après la
mort de Marie Le Rageois, deux fois partagée entre ses fils et ses filles,
avec réserve du préciput en faveur de l'aîné. Mort le 17 avril 1714.
(L. Maître, 1870)
-
- Nicolas-Louis
de BAILLEUL
- 1714-1739.
- Marquis
de Château-Gontier, fut reçu président au Parlement en survivance de
son père, le 18 juin 1714. Des documents certains attestent qu'il fit
hommage au roi, pour son marquisat, en 1737, conjointement avec ses
tantes et ses cousines. A la suite d'une licitation faite le 12 mai
1739, la terre de Château-Gontier passa à son neveu Félix Aubry, marquis
de Vastan, héritier de Madeleine-Louise de Bailleul, sa mère, qui, pour
cette acquisition, paya 330 000 livres. (L. Maître, 1870)
-
- Henri-Michel-Augustin
de RACAPPÉ.
- 1739-1760.
- Marquis
de Magnanne et de Château-Gontier, maître de camp de cavalerie, guidon
des gendarmes de Bretagne, épousa LOUISE-CHARLOTTE LEROUX DE LA ROCHE
DES AUBIERS, qui (le 30 août 1739), en vertu d'une donation mutuelle,
devint dame douairière de Château-Gontier. Il acquit le
marquisat de Château-Gontier (20 mai 1739) de Félix Aubry de Vastan,
qui venait d'en prendre possession. Mort vers 1755. (L. Maître, 1870)
- de
Racappé: de sable à 6 rocs d’échiquiers (à l’antique) d’argent, 3, 2 et 1
- Le Roux de la Roche des Aubiers : gironné
d’argent et de sable de 8 pièces. Elle se remarie en 1756 à Pierre
Georges marquis de Rougé :
- Rougé : de gueules à une croix pattée et
alésée d’argent.
-
- Gilbert-Hardy-Germain
de VILLOUTREYS
- 1760-1761.
- Seigneur
du Bas-Plessis, fils de Louis de Villoutreys et de Marie Leroux de La
Roche des Aubiers, épousa HENRIETTE-THÉRÈSE DE LA FORÊT D ARMAILLÉ,
25 février 1749. Il acquit la terre de Château-Gontier, le 1er mars
1760, de la veuve d'Augustin de Racappé, et la transmit, l'année suivante,
à Thérèse de Beaumont. (L. Maître, 1870)
- de Villoutreys :
d’azur au chevron d’or accompagné en chef d’un croissant d’argent accosté de 2
étoiles d’or, et pointe d’une rose d’argent.
-
- Jean-Thérèze-Louis
de BEAUMONT
- 1761-1790.
- Fils
aîné de Louis-Joseph de Beaumont, marquis d'Autichamp et de Château-Gontier,
seigneur de Roche-sur-Grave, de Saint-Rambert, de Miribel, d'Aunay,
de Montmoutier, commandeur des ordres du roi, maréchal des camps et
armées, inspecteur de cavalerie, commandant en second le corps de la
gendarmerie, premier écuyer du prince de Condé, lieutenant pour le roi
de la ville et du château d'Angers, épousa, en 1763 MARIE-CHARLOTTE
DE MAUSS1ON DE LA COURTAUZAY, veuve d'Augustin Aubery, marquis de Vastan.
Il fut nommé pour acquéreur du marquisat avec sa mère Perrine Loquet
de Grandville, par le précédent, le 26 février 1761. Émigré en 1790,
il se rendit en Russie, où Paul 1er le nomma successivement commandant
des chevaliers-gardes et inspecteur de cavalerie. Revenu en France en
1814, il fut créé lieutenant général et grand'croix de Saint-Louis,
puis gouverneur de la 10° division militaire, en 1816. En 1830, il dirigea
la défense du Louvre, et mourut au mois d'octobre de la même année à
Saint-Germain-en-Laye.
(L. Maître, 1870)
- de Beaumont d’Autichamp :
de gueules à la fasce d’argent chargée de 3
fleurde lys d’azur.
-
-
ARMOIRIES
DES BARONS DE CHATEAU-GONTIER ET DES FAMILLES ALLIEES
(L.
Maître, 1870) Voir
la page iconographique originale de l'ouvrage (noir et blanc)
- CHATEAU-GONTIER.
- Selon
Duchesne, d'argent à trois chevrons de gueules. Selon Ménage,
de gueules à trois chevrons d'or.
- LA
GUERCHE.
- De
gueules à deux léopards d'or, l'un sur l'autre.
- BEAUMONT
DU MAINE.
- D'azur
semé de fleurs de lys d'or au lion rampant, de même, brochant.
- CHAMAILLART
D'ANTENAISE.
- Chevronné
d'or et de gueules de huit pièces, le 1er péri en chef (alias vairé
d'or et de gueules).
- PIERRE
II, COMTE D'ALENÇON.
- XIV°
siècle, semé de France à la bordure de gueules, chargée de huit besants
d'argent. Le semé de France est de fleurs de lys sans nombre.
- DUCS
D'ALENÇON.
- Semé
de France, à la bordure de gueules à huit besants d'argent.
- D'ORLÉANS.
- Semé
de France au lambel de trois pendants d'argent.
- ARMAGNAC.
- Écartelé
au 1er et 4° d'argent, au lion de gueules, au 2° et 3° de gueules au
léopard lionné d'or.
- NAVARRE.
- De
gueules aux doubles chaînes d'or, mises en croix, sautoir et orle.
- D'ALBRET.
- Écartelé
au 1er et 4° d'azur, à trois fleurs de lys d'or, et au 2° et
3° de gueules pur.
- LEROUX
DE LA ROCHE DES AUBIERS.
- D'hermines
au chef d'or, chargé de cinq losanges de gueules.
- LA
FOREST D'ARMAILLÉ.
- D'argent
au chef de sable.
- DE
BAILLEUL.
- Écu
armorié d'hermines, parti de gueules.
- RAGEOIS
DE BRETONVILLERS.
- D'azur
à une aigle efforante d'argent, tenant de sa patte dextre un rameau
d'olivier d'or.
- POITIERS
VALENTINOIS.
- D'azur
à six besants d'argent, 3, 2 et 1, au chef d'or.
- RACAPPÉ.
- De
sable à six roquets d'échiquier d'argent à l'antique, posés 3,
2 et 1.
- HARDY
GERMAIN DE VILLOUTREYS.
- D'azur
an chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles de même, surmontées
d'un croissant d'argent, et d'une rose aussi d'or en pointe.
- BEAUMONT
D'AUTICHAMP.
- De
gueules à la fasce d'argent, chargée de trois fleurs de lys d'azur.
- ANTOINE
DE BOURBON
- Portait
coupé de huit pièces : 4 en chef et 4 en pointe ; au 1er Navarre,
an 2° de Bourbon, au 3° Albret, au 4° Aragon ; au 5°, 1 de la
pointe écartelé, au 1er et 4° de Foix, au 2° et 3° de Béarn ; au 6°
écartelé, au 1er et 4° d'Armagnac, au 2° et 3° Rhodez ; au 7° Évreux
; au 8° Castille et Léon, sur le tout de Bigorre.
- CHARLES
DE BOURBON.
- D'azur
à trois fleurs de lys d'or à la bande de gueules.
- JEANNE
D'ALBRET
- Portait
les mêmes armes qu'Antoine, A l'exception du quartier de Bourbon.
- DE
FORTIA DE CLAIREAUX.
- D'azur
à la tour d'or, crénelée et maçonnée de sable, posée sur un rocher de
sept coupeaux de sinople, mouvant du bas de l'écu.
- MALLIER
DU HOUSSAI.
- D'argent
à la fasce de gueules, accompagnée de trois roses de même, 2 en
chef et 1 en pointe.
- GIRARD
DE LA COUR-DES-BOIS.
- Écartelé
au 1er et 4° d'argent, à une fasce de gueules, chargée d'un lion passant
d'or et accompagnée d'une rose d'azur ; au 2° et 3° d'or, à trois merlettes
de sable, 2 et 1 ; et sur le tout losangé d'argent et de gueules, accolé
d'azur à trois roses d'or tigées et feuillées de même, 2 en chef et
1 en pointe.
- MAUSSION
DE LA COURTAUZAY.
- D'azur
au chevron d'or, accompagné de deux étoiles d'argent en chef, d'un arbre
en pointe aussi d'argent.
- MARGUERITE
DE VALOIS.
- De
France au lambel de trois pendants d'argent, chaque pendant chargé d'un
croissant d'azur.
- MARGUERITE
DE LORRAINE.
- Écartelé
au 1er et 4° d'or à la bande de gueules, chargera de trois alérions
d'argent, au 2° d'Alençon et au 3° de gueules, à deux fasces d'or.
(Harcourt).
- HENRI
IV
- Parti
de France et de Navarre.
Sources