Le meunier de Sepveilles prêtait des grains, à rendre en nature, Sainte Colombe (77) 1670

Introduction

Autrefois, la majorité de la population était rurale et son alimentation principalement tirée de son potager, sauf les céréales pour le pain. Dans tous les villages il y avait au moins un four à pain, et des meuniers pas très loin. Et dans tous les inventaires après décès que j’ai déjà faits, on trouve un coffre à pain. Donc on faisait son pain dans la majorité des foyers.

comment s’approvisionner en farine

En l’absence de commerces comme les épiceries du 19ème siècle, que j’ai encore connues vu mes 87 ans, et oublions les grandes surfaces, comment s’approvisionner en farine au 17ème siècle et avant.  Je n’y avais jamais pensé !
Cherchant à comprendre le fonctionnement d’un meunier j’ai étudié un inventaire après décès de meunier, sachant qu’un tel acte est un formidable outil pour comprendre le mode de vie et même des détails sur le fonctionnement d’une profession.
C’est ainsi que je découvre dans l’inventaire après décès de Toussaint Lancelot meunier de Sepveilles à Saint Colombe près Provins, que le meunier achetait les céréales directement aux exploitants agricoles qui les produisaient.
Mais il prêtait des grains à quelques particuliers et même à rendre en nature. Il prêtait au boisseau, mesure très variable selon les régions, serait d’environ 13 livres soit environ 6,5 kg.

en Brie, la farine était surtout de méteil

En fait, le méteil était du froment avec un peu de seigle ou une autre céréale. Le meunier de Sepveilles achète surtout du méteil, selon ce qui figure dans son inventaire après décès. Donc le pain était rarement de froment au 17ème siècle à Sainte-Colombe.

mesures de racle et de main torse

Il existait en Brie des expressions pour mesurer le boisseau : mesure de racle, et mesure de main torse. Je suppose que l’une est sans tasser, l’autre après avoir tasser, mais je n’en suis pas certaine car je n’ai rien trouvé.

les prêts étaient sans doute pour payer la taille

Dans l’inventaire de ce meunier de Sainte Colombe, après une longue liste de prêts, qui suit ci-dessous, je trouve :
« Un petit livre couvert de parchemin sur 14 feuillets duquel sont escripts plusieurs mémoires et entre autres de quelques grains prestés à quelques particuliers de payements faictz à la thaille etc… »
Je suppose donc que tous ces prêts étaient pour payer l’impôt de la taille en nature, et pour la payer on passait par l’aide du meunier qui détenait des grains qu’il avait achetés pour faire sa farine. C’est assez stupéfiant !

inventaire après décès du meunier de Sepveilles, Sainte Colombe (77)

Toussaint Lancelot, meunier de Sepveilles, décède en 1670 et l’inventaire est effectué après son décès par Me Jacques Beschefer notaire à Provins cote AD77-260E29 le 4 juillet 1670. Or, dans les titres et papiers qui sont listés à la fin de ce long inventaire on trouve des prêts de grains, et je ne comprends pas ces prêts :

« Un petit livre de papier sur 9 feuillets duquel sont escripts les prests qui ont esté faits à plusieurs particuliers ainsi qu’il ensuit : 20 mai 1669 ledit deffunct Lancellot avoit presté au nommé Pierre Mignot de Sepveille 6 boisseaux de mestail mesure de Racle qu’il doibt rendre à pareille mesure – Au nommé Nicolas Ribost du Melz la Magdeleine (f°21 vue 676) le 15 dudit mois et an a esté presté 8 boisseaux de mestail à rendre en nature – Le 17 dudit mois a esté presté à Gabriel Goijat de Sepveille 4 boisseaux de mestail à rendre en nature – Le 22 dudit mois a esté presté encore audit Nicolas Ribost dudit Melz la Magdeleine 8 boisseaux mestail – Le 23 dudit mois jour et an a esté presté audit Pierre Mignot 6 boisseaux de mestail – Le mesme jour a esté presté à Pierre Camuset demeurant à (blanc) 8 boisseaux de mestail mesure Main torse à raison de 12 sols le boisseau sur quoy il a fait des voyages et labourages – A esté encore presté 60 sols sur quoy et il a fait des voyages et labourages – Le 30 dudit mois a esté encore presté aidot Nicolas Ribost du Melz la Magdeleine 8 boisseaux mestail – Le mesme jour et an a esté encore presté audit Gabriel Goijat 4 boisseaux de mestail – le 5 juin audit an a esté presté à Pasquier Hatton demeurant à Sepveille 3 boisseaux froment et 3 boisseaux mestail – Le 6 juin a esté presté à Simon Pigot de Sepveille 6 boisseaux de mestail main torse à raison de 12 sols le boisseau – Sur quoy a esté receu 30 sols le 28 – Le 18 juin a esté presté au nommé Charles Baudin de Sepveille 3 boisseaus mestail – Le 10 juin a esté presté à la veufve Gabriel Boucher 5 boisseaux mestail (f°22 vue 677) – Le 11 dudit mois de juin a esté presté audit Nicolas Ribost 8 boisseaux mestail – Ledit 11 juin a esté presté audit Pierre Mignot 6 boisseaux mestail – Le 13 juin a esté  presté audit Gabriel Gorjat 4 boisseaux de mestail – Le 15 juin a esté presté à Henry Larivière de Sepveille 5 boisseaux de mestail – Le 17 dudit mois de juin a esté presté audit Pasquer Hatton 6 boisseaux de grain et 3 de froment et 3 de mestail – Le 18 dudit mois a esté presté à la veufve Gabriel Boucher demeurant au Melz la Magdeleine un boisseau de mestail – Ledit jour 18 juin a esté presté audit Nicolas Ribost 8 boisseaux de mestail y compris 2 boisseaux donnés à son vacher par son ordre et son acquit – Le 20 juin a esté presté à Jean Blondeau de Sepveille 4 boisseaux de mestail – Le 22 dudit mois de juin a esté presté à Maurice Baudin de Sepveille 3 boisseaux de mestail en l’acquit dudit Nicolas Ribost – Le 26 dudit mois de juin a esté presté à Michel Blondeau du Melz 8 boisseaux de grain scavoir 3 de froment et 5 de mestail y compris 3 boisseaux donnés en son acquit à son berger – Le 26 dudit mois de juin mesme jour et an a esté presté 2 boisseaux de mestail au berger du Melz la Magdeleine en l’acquit dudit Nicolas Ribost – Le mesme jour et an a esté presté 6 boisseaux de grain audit Pasquet Hatton scavoir (f°23 vue 678) 3 de froment et 3 de mestail – Le 27 dudit mois a esté presté audit Nicolas Rebost 8 boisseaux de mestail – Le 28 dudit mois de juin a esté presté audit Simon Pigot de Sepveille 4 boisseaux de grain scavoir 2 de froment et 2 de mestail – Le 29 dudit mois a esté presté à ladite veufve Gabriel Boucher du Melz la Magdeleine 2 boisseaux de mestail – Ledit jour 29 juin a esté presté à Nicolas Jeubert du Melz la Magdeleine 4 boisseaux de mestail de main torse à raison de 12 sols chascun boisseau – Le 1er juillet a esté presté à Michel Blandeau 2 boisseaux de mestail pour donner à son vacher – Le 4 juillet a esté presté audit Nicolas Ribison 8 boisseaux scavoir 3 de froment et 5 de mestail – Ledit jour 4 juillet a esté presté ausit Pasquirt Hatton 6 boisseaux de froment – Le mesme jour 4 juillet a esté presté à Jean Jacquenin 2 boisseaux de mestail – Le 8 juillet a esté presté audit Simon Pigot 4 boisseaux de mestail – Le 10 juillet a esté presté audit Michel Blondeau 8 boisseaux de grain scavoir 3 de froment et 5 de mestail – Le 11 juillet a esté encore presté audit Pierre Mignot un boisseau de mestail – Ledit jour 11 juillet a esté encore presté audit Pasquier Hatton 6 boisseaux de grain scavoir 4 de froment et 2 de mestail – (f°24 vue 679) Le 14,dudit mois de juillet a esté encore presté audit Nicolas Rebost 8 boisseaux de grain dont 3 de froment et 5 de mestail – Le 19 dudit mois a esté presté à ladit veufe Gabriel Boucher un boisseau de mestail – Le 22 dudit mois a esté presté audit Jean Blondeau 4 boisseaux de grain scavoir 2 de froment et 2 de mestail – Le 29 dudit mois a esté presté à Croisette femme demeurant au Melz un boisseau de mestail – A Charles Chappottot de Sepveille un boisseau de mestail main torse franc moulu de 12 sols – Le 30 juillet a esté presté à la veufve Billot du Melz un boisseau de mestail mai, torse franc moulu de 12 sols – Le 12 aoust a esté presté à la veufve Perné 6 boisseaux de bled froment et un de mestail – Le 23 avril 1670 a esté encore presté audit Gabriel Gorjat 4 boisseau de mestail – Au nommé Perné de Sepveille un boisseau de mestail à raison de 12 sols – Le 2 mai a esté presté à Potantien Blanot de Sepveille 4 boisseaux de mestail à 12 sols chascun – Le 9 mai a esté presté à Jacques Jorré de Sepveille 5 boisseaux de mestail – Le 17 mai encore audit Jorré 6 boisseaux de mestail – Le 19 mai a esté presté audit Potentien Blanot 4 boisseaux de mestail à (f°25 vue 680) 13 sols le boisseau franc moulu main torse – Audit Jean Blondeau 2 boisseaux de mestail à raison de 12 sols le boisseau – Le 21 juin a eté presté audit Patientien Blanot 4 boisseaux (f°25 vue 680) de mestail à raison de 13 sols le boisseau – Le 26 juin a esté presté à la veufve Jacques Fromont 2 boisseaux de mestail – Le 30 juin a esté presté à Louys Guerin demeurant à Sepveille 4 boisseaux de mestail à raison de 12 sols chaque boisseau main torse franc moulu – Livré audit Louys Guerin un demy boisseau de froment – Livré encore audit Louys Guerin 6 boisseaux de mestail franc moulu scavoir deux à raison de 13 sols le boisseau et 4 à 12 sols – Le 5 juillet 1670 a esté encore presté audit Patientien Blanot 4 boisseax de mestail à main torse franc moulu à raison de 13 sols le boisseau – Le 9 dudit mois a esté presté à Julien Pastre de Hault de Contour 6 boisseaux de mestail comble – Le 10 juillet a esté encore presté audit Louys Guerin 4 boisseaux de mestail mesure comble »

Ledit livre de papier cy-dessus inventorié a esté paraphé ..

 

 

Gaspard Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France demeurant à Provins, 1617

Introduction

J’étudie particulièrement la famille LECOURT dont je descends. Gaspard est neveu ou petit-neveu de mon ascendante Elisabeth Lecourt femme de Sydrac Fauchon apothicaire à Provins en 1583.

le charroi de l’artillerie

Grâce au site d’histoire de l’artillerie je comprends que dans chaque province 2 personnes devaient se tenir prêts à réquisitionner les chevaux de leur région, y compris ceux des laboureurs, lorsque un charroi serait effectué sur leur territoire. Je suppose que ces personnes étaient des marchands de chevaux, car il fallait s’y connaître en chevaux pour immédiatement réquisitionner les chevaux bons à ce travail donc savoir apprécier chaque cheval et savoir qui en possède dans la région.

Gaspard Lecourt capitaine du charroi

Il est souvent vendeur, comme ci-dessous, et Nangis est à 21 km de Provins. Je pense à ce jour, avec beaucoup d’actes notariés trouvés, que mon Elisabeth est la soeur de Gaspard qui suit et est le père du capitaine de charroi de l’artillerie.

Gaspard LECOURT °ca 1535 †/1598 Tanneur à Provins (sur le B et 1570 de son fils Gaspard) x ca 1560 Jeanne MOREAU °ca 1540 †1598/
1-Anne LECOURT °Provins St Ayoul 14 février 1565
2-Gaspard LECOURT °Provins St Ayoul 2 mars 1570 « fils de Gaspard Lecourt tanneur parrains Mathurin Doury (s) et Pierre Lepas notaire royal marraine Claudine Lecourt femme de Me Denis Girard notaire royal -p108 »
3-Catherine LECOURT °Provins St Ayoul 26 août 1571 « baptisée Catherine fille de Gaspard Lecourt et Jehanne Moreau parrain Nicolas Moreau marraines Jehanne Faulchon femme d’Anthoine Lecourt et Suzanne Truffe femme de Guillaume Lecourt -p130 »
4-Gaspard LECOURT °Provins St Ayoul 23 septembre 1573 « baptisé Gaspart fils de Gaspart Lecourt et Jehanne Moreau parrain Pierre Coynon (s) marchand tanneur demeurant à Provins et Anthoine Lecourt (s) procureur royal audit lieu marraine Marguerite Brule femme de Claude Moreau »
5-Claude LECOURT °Provins St Ayoul 22 septembre 1579 « baptisé Claude fils de Jasepart Lecourt et Jehanne Moreau, parrains honorable personne Claude Bondetviller (s) marchand et Jehan Lecourt (s) sergent royal, marraine Jehanne Thomassin femme de Nicolas Moreau » Sergent royal x1 ca 1607 Louise MARTIN °ca 1589 †Provins 21 septembre 1611 x2 Provins Ste Croix 27 février 1612 Marie QUILLET °Provins St Pierre 12 juin 1594

1617.05.16 vue 35 – Jacques Jacquet mareschal à Nangis recognut debvoir à honorables hommes Bonaventure Coyn demeurant à Trois en Champagne et Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France demeurant à Provins la somme de 75 livres tournois pour vente d’un cheval soubz poil bay

la foire aux chevaux à Provins

La foire aux Chevaux a laissé son nom à une rue de Provins, ci-dessus à droite.

Ventes de chevaux à Provins

Le prix d’un cheval est de 24 à 135 livres, selon son état, mais manifestement rarement payé comptant, donc on trouve chez le notaire Gabriel Babée dans la cote AD77-260E215 aimablement photographiée par le CGHSM de Melun, beaucoup de reconnaissances de dette suite à vente d’un cheval. Gaspard Lecourt n’est pas le seul vendeur de chevaux, et Provins couvre une région d’environ 25 km tout autour.

1617.05.21 vue 5 – Edmé Dallin laboureur promet payer à honorable homme Thomas Robinot marchant à Provins 126 livres tournois pour vente ce jourd’huy d’un cheval soubz pois bayard
1617.05.21 vue 5 – Jehan Moreau laboureur demeurant à Landoy ? lequel de son bon gré recongnut debvoir et promys payer à honorable homme Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France demeurant à Provins présent ou au porteur la somme de 105 livres tournois pour vente et délivrance à luy faicte ce jourd’huy d’un cheval soubz poil noyr
1617.05.17 vue 12 – Robert Anceau laboureur à Provins recognut debvoir à honorable homme Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artiellerie de France demeurant audit Provins 66 livres tournois our vente  d’un cheval soubs poil bay
1617.05.22 vue 20 – Jehan Pignet vigneron à Sordun recognut debvoir payer à honorable homme Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France demeurant à Provins la somme de 24 livres tournois pour vente d’un cheval soubz poil noir
1617.05.22 vue 20 – Claude Moreau laboureur à Chaneston paroisse de St Martin recognut debvoir à honorable homme Nicolas Prevost à Provins la somme de 126 livres pour vente d’un cheval
1617.05.22 vue 20 – Pierre Gerin laboureur à Provins recognut debvoir à honorable homme Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France à Provins la somme de 84 livres pour vente d’un cheval soubz poil gris
1617.05.22 vue 21 – Jehan Bouteroux le jeune laboureur demeurant à l’hostel Dieu paroisse de Generois ? recognut denvoir à honorable homme Nicolas Bouzier demeurant à Provins 144 livres tournois pour vente d’une jument soubz poil bayard
1617.05.22 vue 21 – Guillaume Gillier laboureur demeurant au Plessis de la Tour paroisse de Bauchery recognut debvoir à Gaspard Lecourt … 126 livres pour vente d’un cheval soubz poil colleron garni de son collier bride et traict
1617.05.29 vue 21 – Fiacre Bardin laboureur à Chesneston paroisse de St Martin recognut debvoir à honorable homme Nicolas Prevost marchand à Provins 126 livres pour vente d’un cheval à poil gris
1617.05.16 vue 35 – Jacques Jacquet mareschal à Nangis recognut debvoir à honorables hommes Bonaventure Coyn demeurant à Trois en Champagne et Gaspart Lecourt capitaine ordinaire du charroy de l’artillerie de France demeurant à Provins la somme de 75 livres tournois pour vente d’un cheval soubz poil bay
1617.04.15 vue 42 – Pierre Bourgerie meusnier au mollin de Bruslon paroisse de Saincte Coulombe recognue debvoir à Nicolas Boury laboureur et vigneron à Pougnis 30 livres pour vente d’une jument soubz poil gris
1617.04.26 vue 65 – Claude Bergerollet laboureur à St Bris recognut debvoir à honorable homme Jacques Thomas marchand à Provins la somme de 30 livres tournois pour vente dd’un cheval soubs poil jaulne
1617.05.02 vue 68 – François Herbelin laboureur à Chalautre la Grand recognut debvoir à honorable homme Thomas Robinot marchand à Provins 114 livres tournois pour vente d’un cheval
1617.02.25 vue 77 – Claire Roger laboureur à Grisy sur Seine recognut debvoir à Claude Robinot marchand à Provins 63 livres pour vente d’une jument soubz poil fleur
1617.02.23 vue 88 – Claude Decuisseau laboureur à Nangis recognut debvoir à honorable homme Thomas Robinot marchand à Provins 135 livres pour vente d’un cheval poil bayard

 

 

 

Reconstruction du moulin de Saint-Ayoul brûlé pendant les guerres de religion, Provins 1598

Introduction

Provins a tant de patrimoine que le moulin de Saint-Ayoul, moins important, reste peu étudié. Il appartenait au couvent du même nom. L’acte notarié qui suit nous apprend que ce couvent avait droit de quête dans la ville, mais nous apprend aussi que le couvent n’a pas eu les moyens financiers de reconstruire le moulin brûlé pendant les guerres de religion.

Le moulin de Saint-Ayoul brûlé en 1567

Dans ses Mémoires, Claude Haton relate qu’en 1567 « le prince de Condé menace  d’envahir Provins en passant par la rivère Voulzie, le monastère des dames Cordelières et la porte de Culouson. Pour lequel empescher, ledit sieur de la Rivière envoya nombre de harquebusiers, tant de la garnison que des habitans, chargés de deffendre le lieu ; puis, après avoir meurement pensé à son affaire, pour saulver lesdits soldats et habitans, leur commanda d’y mettre le feu, la nuict que ledit prince y devboit aller pour se camper, ce qu’ils firent, comme aussi ès maisons et chapelle de l’Hospitail, et la Folie tout joignant le petit hameau de Fontaine-Riant. Il feit pareillement mettre le feu au moulin de St-Ayoul, tout joygnant les murailles du Pont-qui-Pleut, dedans lequel il avait ordonné une compagnie de harquebusiers. »
Ce prince de Condé est Louis Ier de Bourbon, aussi duc d’Enghien (Vendôme, 7 mai 1530 – Jarnac, 13 mars 1569), principal chef protestant pendant les premières guerres de Religion, assassiné à Jarnac.

La reconstruction du moulin Saint-Ayoul en 1595

Le moulin brûlé en 1567 attendit la fin des troubles et c’est en 1595 que le couvent Saint-Ayoul n’ayant pas les moyens de le reconstruire le baille à cet effet au lieutenant général Valentin Regnard. Le coût de la reconstruction est de 500 écus, et il finance cette somme par des prêts sous forme qu’on appelait alors des constitutions de rente, et on dirait de nos jour obligations. Parmi ces prêts, je trouve un FAUCHON, et c’est la première fois que le nom apparaît dans les archives des notaires après tant de recherches, mais il s’agit ici d’un oncle des miens et de sa seconde femme Nicole Saulsoy.
Mais la reconstruction du moulin par Valentin Regnard ne plaît pas à tout le monde et il s’est fait des ennemis à Provins, et devant les oppositions il demande au couvent de reprendre le moulin. Le couvent n’en a pas les moyens mais doit s’engager à rembourser,  et le but de l’acte qui suit est bien de protéger Valentin Regnard pour les remboursements.

le droit de quête dans la ville

Le couvent avait cédé en 1595 son droit de quête dans la ville. J’apprends ainsi que les religieux avaient droit d’aller à travers les rues quêter, ce que j’ignorais. Mais certains Provinois vont manifestement détester voir ce droit aux mains de Valentin Regnard.
De nos jours, certes la quête n’est pas dans les rues, mais on peut y voir parfois des personnes assises par terrre quémandant l’aumône… pour eux.

Le moulin de Saint-Ayoul retourne au couvent en 1598

La transaction est longue et l’acte fait plusieurs pages donc j’affiche la première et je mets des liens vers les suivantes, si vous avez envie de les télécharger.

vue n°2vue n°3vue n°4

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.07.20 vue 225 – Me Anthoine Caillot procureur à Provins au nom et comme procureur de Me Leon Moutin prieur du prieuré monsieur sainct Ayoul de Provins sufisamment fondé de lettres de procuration vallant pour l’effet cy après déclaré passées par devant Herbin et Pastet notaires du roy notre sire au chastelet de Paris datées du 16e jour du présent mois et an dont de laquelle coppie sera escripte en fin de ces présentes, et les religieulx dudit prieuré par discrettes personnes frères Jehan Thienot thesorier, Pierre Branchu aulmosnier, Canrens Marchant chantre et Claude Gauffre profes dudit prieuré capitulairement agrégés et assemblés au son de la cloche à la manière accoutumée pour traiter et adviser des affaires dudit prieuré et couvent, disans que par l’acte de fondation dudit prieuré leur appartient ung moulin sis près et hors la muraille de ceste ville de Provins appelé le moulin de St Ayoul, lequel durant les troubles auroit esté ruyné et démoly pour la déffense de ceste dite ville tellement qu’il ne seroit demeuré que la place qu’ils auroient rebaillée pour le profit et utilité dudit prieuré à vies et années avec droict de queste en la ville de Provins par les clercs mariés et non mariés à noble homme Me Valentin Regnard conseiller du roy lieutenant général au baillage et siège présidial de Provins à la charge de rebastir et réédiffier à neuf et le rendre en bon et suffisant estat tournant travaillant et faisant farine et de payer chacun an audit prieuré et couvent 3 muids (f°2) de bled froment et mestail ainsi que apert par ledit bail en date du (blanc) febvrier 1595 suivant lequel bail et fournissant à pareil par ledit Regnard qui auroit réédiffié et rebasty de neuf ledit moulin bien et deument et l’auroit rendu tournant travaillant poursuivant sondit bail, mais seroit advenu qu’il auroit esté tenu en deffense de quester en la ville en vertu de commission obtenue de messieurs du trésor à Paris à la poursuite des fermiers des moulins de ladite ville de Provins tellement qu’il n’auroit peu jouyr dudit droit de queste, ce qu’il auroit dénoncé auxdits religieux prieur et couvent lesquels ne pouvant si tost renoncer à leurs tiltres, présoustenir ledit droit de queste et garantir ledit sieur lieutenant, auroient esté contraints reprendre à eulx ledit moulin et composer avec luy tant pour les bastiments qu’il auroit fait audit moulin que pour les dommages et intérests qu’il eust peu avoir et demander auxdits religieux faulte de garantie dudit droit de queste, et de fait après avoir esté à ce fait condempnez auroient dénommés des gens pour estimer lesdits bastiments francs loyaulx qui en auroient fait prisée et estimation à la somme de 500 escuz sol, pour le payement de laquelle somme et pour le remboursement que demandoit ledit sieur lieutenant des cens rentes 3 escuz ung tiers par luy desboursés tant aux héritiers de feu Anthoine Gaulthier paravant prieur dudit moulin suyvant la transaction faite entre eulx et ledit sieur, que pour les deniers que ledit prieur estoit tenu fournir au roy pour l’aliénation du butin des ecluses que lesdits religieux prieur et couvent se sont trouvés (f°3) redevables de la somme de 633 escuz ung tiers pour laquelle ils se seroient obligés payer en l’acquit dudit sieur Regnard à Me Loys Fauchon et dame Nicole Saulsoy sa femme auparavant veuve de feu Me Jehan Lecourt 16 escuz deux tiers de rente constituée rachaptable de 200 escuz, item 8 escuz ung tiers de rente constituée au proffit de la veuve Jehan Froment moyennant 100 escuz, item 4 escuz 10 sols tz de rente envers la veuve et héritiers feu Me Jehan Truffe icelles rentes rachepter et estaindre pendant 2 ans et luy rendre ou faire rendre les contrats quittances de payement d’icelles rentes et le surplus montant à 283 escuz 20 sols se seront lesdits religieux obligés payer audit sieur Regnard 133 escuz ung tiers au jour de St Martin d’hiver ensuivant ledit contrat et le reste montant à 150 escuz n’ayant moyen de les fournir auroient assis et assigné audit sieur Regnard 12 escuz 12 sols de rente avec promesse de la rachapter pendant ledit temps de 2 ans … auroient accordé audit sieur Regnard que luy feust permis de les contraindre au rachapt desdites rentes ou se remettre en la jouissance dudit moulin ainsi que par contrat de ce fait et passé soubs les sceaulx de la prévosté de Provins le 6 octobre 1595 par devant Jacques Delanoe notaire

 

 

 

Prix d’une jument à Provins en 1598 : moins cher qu’une voiture en 2025 !

Introduction

Autrefois pour se déplacer, outre les pieds, moyen le plus fréquent, il y avait le cheval qui permettait 40 km/jour ou relais cheval dans les relais de poste pour faire plus de 40 km dans la journée.

prix d’un cheval en 1598

La jument est vendue ci-dessous 26 écus, et pour le double on avait une maison ! En 2025 la voiture est vendue en moyenne 35 000 € et vous ne trouverez aucune maison habitable au double, même rarement à 10 fois plus. C’est dire qu’autrefois l’immense majorité n’avait pas les moyens de circuler à cheval et se déplaçait à pieds.

la jument vendu par Jacques Privé, tanneur à Provins 

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.04.28 vue 116 – devant midy en l’etude du juré fut présent en sa personne Edmé Gennel praticien demourant à Monceaux lequel a recognut debvoir et promet payer à Jacques Prive marchand tanneur demourant à Provins absent ou au porteur la somme de 26 escuz sol pour vente d’une jument soubz poils rey gris payable ladite somme à 2 termes et payements esgaulx qui seront en deux jours et à St Martin d’hiver ensuivant

 

Nicolas Lambert était pelletier à Provins, 1563

Introduction

J’avais connaissance des fourrures du Canada et avant le Canada, j’avais entendu parlé de l’hermine. J’ignorais en fait tout des manteaux de fourrure avant le Canada, et je découvre https://manuel-de-methodologie-historique.blog.tudchentil.org/le-commerce-des-fourrures/ 
Avant le Canada et ses fourrures (17ème siècle) on utilisait des fourures de renard, vison, chinchilla, lapin, ours, loup, martre, hermine et même écureuil (dont la fourrure est dite« vair »). Aux XIVe et XVe siècles, la fourrure en vogue est la zibeline d’Europe de l’Est surtout Russie.
On comprend vite à cette énumération que la fourrure pouvait être un signe de richesse ! C’est ainsi qu’à Provins, ville assez bourgeoise, il y avait un pelletier.
Vous remarquerez au passage que son métier est ortographié PELEFIER en 1563 !

Reçu de 160 livres par Nicolas Lambert

Cette somme est très élevée pour l’époque et semblerait relever d’une vente de maison plus que d’un manteau de fourrure !!! Et au passage, je vous signale que le fonds de ce notaire contient presqu’uniquement des reçus ou l’inverse des reconnaissances de dettes. Mais rarement des sommes importantes comme celle-ci.

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1563.01.20 n.s. (1562) vue 212 – fut présent en sa personne Nicolas Lambert marchant pelefier demeurant à Provins lequel recognut avoir eu et receu de Toussaint Corcessin bourgeois de Provins présent la somme de 40 livres tz faisant partie et restant de la somme de 160 livres tz que ledit Corcessin estoit tenu luy payer par transaction faite entre lesdites parties le 17 juillet 1562 dernier passé, de laquelle somme de 160 livres tz ledit Lambert s’est tenu pour comptant et en a quicté et quicte ledit Courcessin …

Nicolas Gennay, vigneron à Provins, signe avec une jolie fioriture, 1562

Introduction

Le fonds 1056E476 du notaire Ponthus Baisela à Provins en 1562 contient quelques signatures de laboureurs, vignerons etc… dont quelques unes sont mêmes accompagnées d’un ornement que j’appelle « fioriture ». Je pense qu’il faut que j’en fasse même un tableau, en indiquant en face nom, profession, lieu et date, car ces signatures le méritent.

Nicolas Gennay vigneron à Provins

Les Gennay sont nombreux à Provins et leurs descendants peuvent s’en réjouir :

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.09.16 vue 196 – Nicolas Gennay fils de Denis vigneron demeurant à Provins recognut debvoir à honnorable homme Edmé Posteau marchant demeurant audit Provins la somme de 16 livres tz du compte ce jourd’huy fait entre lesdites parties de toutes choses qu’elles ont cy devant en affaire l’un avec l’autre et pour demeurer quicte du contenu en quatre obligations passées l’une par devant Jehan Dargent notaire le 20 octobre 61 de 17 livres 10 sols, les trois aultres par devant ledit juré en date du 9 octobre 61 montant 4 livres … signé Nicolas Gennay