Saint Bomer aliàs Bommer, Baumez,

Saint Bomer répond à une question de Marie-Laure.

L’immense majorité des saints ont d’abord eu un nom latin, puis on a francisé, et fait de même dans d’autres pays voisins. Cette étape vers la langue française fut parfois délicate, ainsi certains saints ont eu plusieurs traductions françaises de leur nom latin (je vous en citerai plus tard). Puis, parfois, les Français ont altéré au fil du temps certains noms… Ainsi, de nos jours, il est parfois difficile de retrouver certains.

Celui qui nous intéresse ce jour, était un saint local (Maine et Perche) et son nom a subi de multiples variations.

Saint Baumet, Baudomirus, confesseur, particulièrement honoré dans le Perche, le 3 novembre. (Beleze)

J’ignore pour quelle raison on trouve sur Internet Saint Baumar Profès de l’abbaye de Tulle, il choisit la solitude d’un ermitage près de Chaumeil en Corrèze. Le profès est le religieux qui a émis profession. Avant cela, il est novice. 4 novembre, Fête Locale
J’avoue qu’il est curieux de trouver le 3 novembre et le 4 novembre, les deux noms aussi proches mais Tulle n’est pas dans le Maine et Perche !

Voici les noms de lieux trouvés :

    Saint-Bomer, commune de Cossé-le-Vivien :

Rien dans le dictionnaire de la Mayenne de l’Abbé Angot

    Commune de Saint-Bommer

Selon Le Paige, Dict. du Maine, 1895 (j’ai seulement modernisé les distances, un peu, pour la compréhension) : Saint-Bommer, bourg et paroisse de l’archidiaconné de Montfort, dans le doyenné de la Ferté, élection de Château-du-Loir, à l’E.N.E. par E. du Mans, dont il est éloigné de 11 lieues.
Pour s’y rendre, il faut aller à Villaine-la-Gonais, 4,25 lieues ; Saussé, 3,75 lieues ; Le Mans, 3,25 lieues.
Il y a de Saint-Bommer à Auton 1,25 lieues : La Ferté, 3 lieues ; Montmirail, 2,5 lieues ; Le Teil, 2,75 lieues, Nogent-le-Rotrou, 1,75 lieues ; Saint-Ulphace, 0,75 lieues ; Ceton, 0,75 lieues ; Teligny, 0,75 lieues ; le Chartain, 0,50 lieues.
La cure, estimée 600 livres, est à la présentation de l’abbé de Lonlai. Il y a 250 communiants.
Il y a à Saint-Bommer la chapelle de Saint-Léger, estimée 100 livres.
Saint-Bommer est au milieu de 3 ruisseaux, qui forment les sources de la rivière de Braie.
Le sol produit du froment, de l’orge et de l’avoine ; il y a des montagnes, des bois et des landes.
La seigneurie de paroisse appartient à Mr de Meslai.
saint Bommer s’établit dans le Maine, où est à présent la paroisse dont nous parlons, sous le pontificat de saint Innocent, huitième évêque du Mans ; ce saint prélat le députa, pour quelques affaires importantes qui regardaient la religion et l’utilité de son diocèse, vers le roi Clotaire premier, qu’il guérit d’une maladie qui le mettoit en danger de sa vie, ce prince lui accorda ce qu’il demandoit de la part de son évêque, et le combla de présents qu’il employa à la construction d’une église dans le lieu de sa solitude ; après sa mort son corps fut inhumé dans cette église, et y a demeuré jusqu’au temps des guerres des normands, qu’il fut transporté à Senlis, où il est encore à présent dans l’église de saint Fraimbault, et à l’exception de l’os coronal, des deux pariétaux et de l’etmoïde qui se sont trouvés dans son tombeau lorsqu’on en fit l’ouverture dans le dernier siècle. (Courvaisier, p. 129). Bondonnet dit, page 161, que ce fut vers le roi Childebert que saint Innocent députa saint Bommer.

    Commune de Saint-Bomer-les-Forges)

Saint-Bommer, bourg et paroisse de l’archidiaconné de Passais, dans le doyenné de Passais en Normandie, généralité d’Alençon, au N.N.O. du Mans, dont il est éloigné de 20,25 lieues.
Pour s’y rendre, il faut aller à Juvigné, 3 lieues ; La Chapelle-Moche, 0,50 lieue, Saint-Julien-du-Terroux, 1,5 lieues ; Javron, 2 lieues ; Crannes-sur-Fraubai, 1,25 lieues ; Bourg d’Averton, 1,5 lieues ; Saint-Aubin-du-Désert 0,75 lieues ; Pezé, 3,25 lieues ; Neuville-la-Lais, 1,5 lieues ; Argné, 3 lieues ; Le Mans, 2 lieues.
Il y a de Saint-Bommer à Domfront, 1 lieue ; Lombai, 1,25 lieues ; La Ferté-Macé, 4 lieues ; Ceaulcé, 3,5 lieues ; Passais, 4 lieues ; Champsegré, 1,5 lieues ; Dompierre, 1,25 lieues ; Banvou, 1,25 lieues ; La Haute-Chapelle, 1 lieue ; la Normandie, 1 lieue.
La cure, estimée 7 à 800 livres, est à la présentation de l’abbé de Lonlai. Il y a 1 200 communiants.
La seigneurie de paroisse, suivant un mémoire qui m’a été fourni, est annexée à l’abbaye de Lonlai ; suivant d’autres il paraît qu’elle l’est à la terre de Jumilli ; je trouve dans ces mémoires que les seigneurs de Jumilli prennent la qualité de seigneurs de Saint-Bommer.
La paroisse de Saint-Bommer a donné son nom à une ancienne famille qui est éteinte. René de Saint-Bommer épousa Renée de Royers de la Brisolière, fille de Charles ; elle se maria en secondes noces, en 1587, à Hercule des Vaux, à qui elle donna la terre de Sainte-Jame-le-Robert.
Le fief de Jumilli, dans la paroisse de Saint-Bommer, a donné le nom à une ancienne famille éteinte depuis longtemps…

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saint Fiacre, honoré le 30 août

La biographie qui suit est extraite de l’Encyclopédie de Migne, tome de l’hagiographie des saints, abbé Pétin, tome 2

Fiacrus, anachorète, né vers le commencement du 6e siècle d’une illustre famille d’Irlande, et fut placé dans sa jeunesse sous la conduite d’un évêque des îles occidentales, qui l’éleva dans les sciences et la piété. Plein de mépris pour le monde et pour les avantages temporels qu’il pouvait s’y procurer, il quitta sa patrie à la fleur de l’âge, et accompagné de quelques jeunes gens, qui comme lui voulainet se consacrer au service de Dieu, il vint en France, et, arrivé dans le diocèse de Meaux, où la réputation de saint Faron l’avait attiré, il obtint du saint évêque une solitude dans la forêt de Breuil, qui était sa propriété. Fiacre, après avoir défriché un coin de terre, s’y construisit une cellule avec un oratoire en l’honneur de Marie ; il se fit aussi un petit jardin qu’il cultivait lui-même. Continuellement livré à l’exercive de la contemplation ou de la prière, auquel il joignait le travail des mains, il pratiquait dans toute sa rigueur la vie érimitique, et partageait avec les indifents le fruit de son travail. Comme on venait le consulter de loin, il fit bâtir près de sa cellule un hôpital pour les étrangers, les pauvres, et surtout les malades, qu’il servait lui-même et auxquels il rendait souvent la santé par ses prières. L’entrée de son ermitage était interdite aux femmes ; cette règle, qu’il tenait des moines irlandais, il l’observa inviolablement toute sa vie, à l’exemple de saint Colomban, et c’est encore par respect pour sa mémoire que les femmes n’entrent pas encore aujourd’hui dans le lieu où il demeurait à Breuil, ni dans la chapelle où il fut enterré. Il fut visité par un seigneur, dont il était parent, nommé Chilain ou Kilain, qui revenait de faire le pèlerinage de Rome, et qui resta quelque temps avec lui. Ce fut par le conseil de saint Fiacre qu’il prâcha l’Evangile dans le diocèse de Meaux et dans les diocèses voisins, sous l’autorité des évêques, et ses prédications produisirent des fruits admirables, surtout dans le diocèse d’Arras, où sa mémoire est encore en grande vénération. Saint Fiacre avait une sœur nommé Syra, qui mourut dans le diocèse de Meaux, où elle est honorée comme vierge. Il lui écrivit de temps en temps, et quelques auteurs font mention d’une lettre dans laquelle il lui traçait des règles de conduite. On dit aussi que des ambassadeurs d’Ecosse vinrent le trouver dans son désert pour lui offrir le couronne auquel sa naissance lui donnait droit, comme étant le fils aîné du roi qui venait de mourir, et que le saint répondit qu’il avait renoncé à toutes les grandeurs du monde pour s’assurer un bonheur éternel ; mais cette particularité n’est pas certaine, non plus que son origine royale, d’autant plus que l’Irlande passe pour avoir été sa patrie. Il mourut le 30 aoput 670, et fut enterré dans son oratoire.Les moins de Saint-Fraon y placèrent 2 ou 3 prêtres pour desservir la chapelle et assister les pèlerins ; dans la suite ils y fondèrent un prieuré dépendant de leur monastère. La châsse de saint Fiacre devint bienôt célèbre par un grand nombre de miracles qui s’y opérèrent, et l’on y venait en pèlerinage de toutes les provinces de la France, ce qui a donné naissance au bourg qui porte son nom. La plus grande partie de ses reliques fut transportée à Meaux l’an 1568. Les grands ducs de Florence en obtinrent aussi quelques fragments en 1327 et 1693, et les déposèrent dans la chapelle de Loppaia, qui est une de leurs maisons de campagne. Saint Fiacre est patron de la Brie, et plusieurs églises de France sont dédiées sous son invocation.

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saint Merry, honoré le 29 août

J’ai rencontré ce prénom en Anjou au 15e siècle, notamment dans le chartrier de Pouancé dont partie existe aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série B.
La première fois que j’ai déchiffré Merry, j’avoue que j’ignorais tout ce de nom, et encore plus qu’il était l’équivalent de Mederic, car son nom latin était Medericus.
Il sonne curieusement à nos yeux actuels, un peu comme si Christmas allait suivre…
La biographie qui suit est extraite de l’Encyclopédie de Migne, tome de l’hagiographie des saints, abbé Pétin, tome 2

Merry, Medericus, abbé, naquit à Autun dans le 7e siècle et passa ses premières nnées dans la plus grande innocence. Son attrait pour la piété le détermina, à l’âge de 13 ans, à quitter le monde pour entrer dans un monastère. Ses parents, après avoir essayé inutilement de le détourner de sa résolution, finirent par donner leur consentement et le conduisirent eux-mêmes au monastère de Saint-Martin d’Autun, qui comptait alors 54 religieux dont la regulatité faisait l’édification du pays.

Merry s’efforça de marcher sur leurs traces, et fit de grands progrès dans les vertus dont ils lui donnaient l’exemple, surtout dans l’humilité, la charité et l’obéissance. Il les surpassa même au point qu’ils le jugèrent digne de succéder à leur abbé et qu’ils l’élurent unanimement. Il fut obligé d’accepter malgré sa répugnance, et sa sainteté mise ainsi en évidence, brilla encore d’un plus vif éclat. Bientôt sa réputation dépassé les limites du monastère, et l’on venait de toutes parts le consulter comme un oracle.

Mais cette affluence d’étrangers qui allaient le trouver pour lui demander des conseils, et qui lui témoignaient une profonde vénération lui fit craindre de tomber dans l’orgueil. Il renonça à sa dignité, et alla se cacher à une lieue et demie d’Autun, dans une forêt qu’on nomme encore aujourd’huy la Celle de Saint-Merry. Il y partageait son temps entre la contemplation et le travail des mains.

Mais on décrouvrit bientôt le lieu de sa retraite, il se vit contraint de rentrer dans son monastère. Il en sortit une seconde fois, afin de se préparer à la mort dans une solitude plus profonde. Accompagné de saint Fradulphe ou saint Frou, son ami, il se rendit dans un des faubourgs de Paris, et se fixa dans une cellule attenante à une chapelle dédiée sous l’invocation de saint Pierre.

Il y vécut près de 3 ans en proie à des infirmités qui le faisaient souffrir sans relâche, et qui terminèrent sa vie vers l’an 700. Il fut enterré dans la chapelle de Saint-Pierre, qu’on changea dans la suite en une église qui porte son nom et qui est devenue d’abord collégiale, ensuite paroissiale. Les reliques de saint Merry s’y gardent dans une châsse d’argent, placée au dessus du grand autel.

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saint Loup, évêque d’Angers, honoré le 17 octobre

Petit avertissement : lisez la page A PROPOS (à droite) dans laquelle je vais mettre les réponses à vos questions techniques au fur et à mesure.

Dans mon billet du 2 avril 2008, qui était un extrait du Cahier d’Etienne Toisonnier, on lisait :

Le 13 (mai 1685) il se fit une procession générale de St Maurice à St Aubin. On y porta le chef de Saint-Loup. Monsieur d’Angers y célébra la messe. C’était pour la disposition du temps et à cause de la grande sécheresse. Il plut abondamment le lendemain, grâce à Dieu.

Monsieur d’Angers désigne l’évêque d’Angers, car en 1685, du moins dans la bourgeoisie angevine, c’est ainsi qu’on s’exprimait.
J’avais alors ajouté : Si vous savez ce qu’était le chef de Saint Loup, merci de le raconter. Personne n’ayant répondu, j’ai tenté de comprendre et publié le 29 juillet un premier billet, que celui-ci reprend plus logiquement.
La réponse était compliquée (au premier abord) parce que plusieurs saints ont porté ce nom, d’ailleurs beaucoup de communes sont dédiées à Saint Loup. Le dictionnaire des Communes en dénombre par moins de 33, dont les plus proches sont en Mayenne avec Saint-Loup-du-Dorat, et Saint-Loup-du-Gast. Le Dictionnaire de l’Abbé Angot (Mayenne), si riche par ailleurs, ne donne aucune indication relative au saint honoré, il faut en conclure que c’est le plus grand et le plus connu des Saint Loup, que nous allons voir ci-dessous.

Le journal d’Etienne Toisonnier faisant allusion à une relique vénérée, portée en procession à Angers, j’aurais dû commencer par regarder l’ouvrage de Célestin Port, ce que j’avais totalement oublié de faire dans mon premier billet. Où avais-je la tête ? pourtant pas échauffée par la canicule ? Voici donc ce saint Angevin entre tous, traité dans le plus angevin des dictionnaires, celui de C. Port :

Saint Loup est inscrit sur les plus anciens catalogues des évêques d’Angers, dont un du 9e siècle (Bibliothèque Nationale, fonds latin 3837, f°193) entre Niulphus et Agilbert (7e siècle). C’est donc à tort et seulement pour établir quelque concordance avec le récit sans valeur historique du « Retour des cendes de St Martin » par l’apocryphe Odon, qu’Arthaud, Ste-Marthe, Roger, Rangeard, Travers, Lehoreau et de nos jours Godard-Faultrier et D. Chamard, l’on reporté à la fin du 9e siècle ou au 10e siècle et fait voyager avec le comte Ingelger en Bourgogne. – Le saint prélat est fêté le 17 octobre. Il avait été inhumé dans un cimetière qui porta depuis son nom, au nord et près du choeur de l’église St Martin d’Angers qui quelque temps lui fut dédiée. On retrouva son tombeau de pierre en 1012, d’où les reliques furent recueillies dans une châsse d’argent. Le chef, mis dans une chasse particulière, était porté aux processions solennelles, qui avaient pour but d’obtenir la cessation des pluies ou des sécheresses. (Dict. du Maine-et-Loire, C. Port)

Ainsi, C. Port nous apprend 3 éléments remarquables :

1-saint Loup faisait venir aussi bien la pluie que la sécheresse. Je suis en admiration devant une telle performance ! enfin devant une telle crédulité !
2-Beaucoup d’auteurs ont écrit des choses contestées ou contestables, même sur le saint Angevin de ce nom. C’est dire la complexité des biographies de cette époque, et de revoir de nos jours tous ces auteurs.
3-saint Loup était honoré le 17 octobre. Nous verrons en fin de ce billet que le 29 juillet honore un autre saint Loup, celui qui fut évêque de Troies, et qu’il ne faut pas confondre avec le saint évêque Angevin. Comme quoi, un saint peut en cacher un autre dans le calendrier des saints

La procession évoquée par Toisonnier eut lieu le 13 mai 1685 : cette date n’est pas celle de la fête du saint, mais celle d’un pélerinage pour implorer le saint de faire tomber la pluie, par suite d’une grande sècheresse.

Voici ce que cite en 1996 l’historien Mr Matz :

17 octobre S. Lupi ep. (ABCDEF) : 17e évêque d’Angers, saint Loup est absolument inconnu ; son épiscopat se place vers le milieu du 7e siècle. Enterré au plus près du chœur de la collégiale Saint-Martin d’Angers, son corps fut levé par son lointain successeur, Hubert de Vendôme. Saint Loup ne fait que l’objet d’une mémoire. (A et F seulement) (J.M. MATZ, Le Calendrier et le culte des saints : l’abbaye Saint-Aubin d’Angers 12-début 16e siècle, Revue Mabillon, 1996, n.s. t.7 p.127-155)

Dans cette précieuse étude les références ABCDEF renvoient à tous les calendriers de l’abbaye Saint Aubin d’Angers étudiés par l’auteur. On voit donc que Saint Loup, évêque d’Angers, était honoré le 17 octobre à Angers, au moins du 12e au 16e siècle.

Je trouve également sa trace dans :
Un livre liturgique « le Processionnal de Saint Aubin », livre sur papier (BMA, ms 81 (73), 341 p.) indique les processions et les stations accoutumées pour les fêtes de l’année. –
X. BARBIER DE MONTAULT, Un processionnal de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1885, p.132-141
« Lieux de pèlerinage au début du 17e siècle, les plus chers au cœur des Angevins. BRUNEAU DE TARTIFUME, Des Principaux voyages d’Angers et du pays d’Anjou »

Selon Toisonnier, on porta le chef de Saint-Loup. Or, selon le dictionnaire Littré :

Tête. exemple : Le chef de saint Jean-Baptiste.

En conclusion, il a existé un saint Loup évêque d’Angers, honoré autrefois le 17 octobre, localement, à ne pas confondre avec le saint Loup honoré le 29 juillet. Les processions, telles que celle racontée par Etienne Toisonnier sont oubliées depuis longtemps. Toisonnier nous a laissé un témoignage de l’époque : On peut être certain qu’il y eut une sécheresse importante en 1685, et que la pluie est apparue le 14 mai, et je n’irai pas jusqu’à dire que saint Loup y fut pour quelque chose

J’ai un puissant souvenir personnel sur un tel sujet. Il y a environ un trentaine d’années, j’étais partie en vacances à Pâques en Allemagne rejoindre mon amie Hildegarde. Je venais d’essuyer des semaines de pluie incessante sur Nantes. Le lendemain de mon arrivée étant un dimanche, nous allons à la messe dans cette splendide chapelle baroque de campagne. Soudain, pendant l’homélie, j’entends le prêtre du haut de la chaire, à haute et intelligible voix, exhorter tous les fidèles à prier pour obtenir enfin la pluie ! Ils venaient de vivre la sécheresse (l’ouest de la France avait dû tout garder !) et dans ce lieu agricole, l’inquiétude était grande. Bien entendu, je n’ai pas prié du tout, car mon enthousiasme était assez modéré. Donc ce n’est en aucun cas ma prière que Dieu a entendu. En tout cas, vous avez déjà deviné la suite : j’ai eu le droit à la pluie non-stop et abondante, durant les 15 jours ! Ceci dit je ne crois absoluement à l’intercession de qui que ce soit pour obtenier la pluie, je crois dans le meilleur des cas, que c’est moi qui devait trimballer la pluie avec moi…

Voici les commentaires du précédent billet :
Je crois me souvenir que Stanilas avait mentionné pour ce billet du 2 Avril = »chef » = tête , et que cette relique devait avoir été portée en procession pour produire la pluie.Comparable à la « rain dance » des Indiens d’Amérique…La pluie pendant 40 jours si il pleut à la St Médard…En GB, c’est pour la St Swithin…En fin d’été, dans le Derbyshire, comté qui souffre de sécheresse , il y a des cérémonies de « Bénédiction « des puits et des sources, qui sont tout décorés avec des pétales de fleurs reproduisant une sorte de « mosaique » , (mais placée verticalement comme un « vitrail »)llustrant une scène de la Bible.

Commentaire de Marie Laure, le 21 août : La mention de Célestin Port sur le chef de St Loup, porté en procession pour obbtenir la pluie, est une solution parfaite. Je vous remercie de l’avoir ajoutée à votre billet du 29.7.2008. Bien cordialement, Marie-Laure.

Enfin, pour l’anectote seulement, puisque notre Angevin est désormais bien identifié, voici un aperçu sur un autre saint Loup., sand toute le plus connu en France, honoré le 29 juillet, qui a donné probablement donné son nom a une partie des communes qui l’honorent :

LOUP (Saint), Lupus, évêque de Troyes, au cinquième siècle, honoré le 29 juillet.— Saint Loup, d’abord religieux au monastère de Lérins, fut élu malgré lui, évêque de Troyes, et conserva dans cette haute dignité l’esprit de pauvreté et de mortification qui l’avait distingué parmi ses frères. La renommée de ses talents et de ses vertus était déjà si grande que l’assemblée des évêques des Gaules le choisit pour aller, avec saint Germain d’Auxerre, combattre l’hérésie des Pélagiens, dans la Grande-Bretagne. Quand il eut heureusement accompli cette mission, il revint dans son diocèse et continua de se livrer avec le plus grand zèle aux fonctions pastorales. Ce fut à cette époque que le terrible Attila, roi des Huns, après avoir envahi la Gaule et ruiné plusieurs cités florissantes, marcha vers la ville de Troyes pour lui faire subir le même sort. Les habitants étaient consternés. Saint Loup ranima leur courage, et, leur disant de mettre leur confiance dans la protection divine, il prescrivit un jeûne général et des prières publiques. Ensuite, révétu de ses ornements pontificaux, accompagné de tout son clergé et précédé de la croix, il sortit de la ville et se rendit au camp d’Attila. Admis en la présence du conquérant, il osa lui adresser le premier la parole en lui demandant qui il était. « Je suis, dit Attila, le fléau de Dieu. — Nous respectons, reprit le saint évêque, tout ce qui nous vient de Dieu ; mais si vous êtes le fléau avec lequel Dieu veut nous châtier, souvenez-vous de ne faire que ce qui vous est permis par la main toute-puissante qui vous meut et vous gouverne. Le roi barbare, étonné de ces paroles, s’adoucit et promit d’épargner la ville de Troyes. Il se retira en effet avec son armée. Saint Loup mourut en 477 après avoir, glorieusement gouverné son église pendant cinquante deux ans. (Beleze, Dict. des noms de baptême, 1863)

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saint Symphorien, honoré le 22 août

Dans mes débuts, j’avoue que les prénoms me semblaient parfois un peu lointains. J’ai ainsi rencontré souvent Symphorien, qui était très connu autrefois.

  • site de la ville d’Autun (je n’aime pas car il faut absorber toute la vidéo et toutes les époques, et je n’ai rien trouvé après avoir passé trop de temps dessus)
  • site de l’office du tourisme d’Autun (je n’y ai rien vu sur Symphorien, mais vous verrez sans doute mieux que moi !)
  • Heureusement, si Autun l’honore peu, il existe pas moins de 30 communes, dont plusieurs fusionnées à d’autres, qui portent son nom, preuve qu’il fut très connu.
  • La biographie qui suit est extraite de l’Encyclopédie de Migne, tome de l’hagiographie des saints, abbé Pétin, tome 2
  • SYMPHORIEN (saint), Symphorianus, martyr à Autun, était d’une des familles les plus distinguées de cette ville.

    Il fut baptisé par saint Bénigne, apôtre du pays, que Fauste, son père, avait reçu chez lui, et qui déposa dans ce jeune coeur les précieuses semences des plus belles vertus. Symphorien s’appliqua à l’étude des lettres, sans négliger les devoirs de la religion. Son mérite, sa sagesse et ses belles qualités lui avaient acquis l’estime universelle, lorsqu’il fut appelé a donner son sang pour la loi chrétienne.

    Un jour que les habitants d’Autun, qui étaient encore presque tous idolâtres, célébraient la fête de Cybèle et promenaient sa statue sur un char, Symphorien, en voyant passer ce cortège pompeux, ne put s’empécher de témoigner hautement le mépris qu’Il ressentait pour cette idole venérée.

    On le pressa d’adorer la déesse, et, sur son refus, on le conduisit à Héraclius, gouverneur de la Province, qui se trouvait alors à Autun, occupé à rechercher les chrétiens. Ce magistrat, ayant appris de sa propre bouche qu il était de cette religion proscrite par les édits de l’empereur, s’étonna de ce qu’il eût pu échapper jusque-là aux recherches qu’on avait faites de ceux de sa secte. Il lui demanda ensuite pourquoi il avait refusé d’adorer la mère des dieux : Je vous l’ai déjà dit, c’est parce que je suis chrétien, et si vous voulez me donner un marteau, je suis prêt à mettre en pièces cette idole devant laquelle vous voulez que je me prosterne. — Il n’est pas seulement un sacrilége, mais il joint la révolte à l’impiété.

    Héraclius, après cette réflexion, demanda aux assistants d’où il était. On lui répondit qu’il était d’Autun même et d’une des premières familles.
    Alors s’adressant à Symphorien : C’est donc votre noblesse qui vous rend si fier ; mais si vous ignorez les ordonnances de nos princes, on va vous en donner lecture.

    Le greffier ayant lu l’édit de Marc-Aurèle, le magistrat dit à Symphorien : Qu’avez-vous à répondre à cela ? La loi du prince est formelle, et si vous n’obéissez pas il faut que votre résistance soit punie de mort. — L’image que vous me voulez faire adorer est une invention du démon pour perdre les âmes ; car notre Dieu, aussi magnifique dans ses récompenses que terrible dans ses châtiments, donne la vie à ceux qui craignent sa puissance et la mort à ceux qui se révoltent contre elle.
    Héraclius, le voyant inébranlable, le fit frapper par ses licteurs, et ensuite on le conduisit en prison. Il le fit comparaître deux jours après ; il employa d’abord les voies de douceur et lui dit : Vous seriez bien plus sage de servir les dieux immortels, et en échange je vous promets une gratification sur le trésor public et un grade dans l’armée. — Je ne connais d’autres richesses et d’autres honneurs que ceux qui me sont offerts de la main de Jésus-Christ. — Vous lassez ma patience, et si vous ne sacrifiez sur-le-champ, je ferai tomber votre tête aux pieds de la déesse. — Je ne crains que le Dieu tout-puissant qui m’a créé ; mais mon corps est en votre pouvoir. Le saint martyr s’étant mis ensuite à exposer l’absurdité de l’idolâtrie, pendant qu’il détaillait les aventures d’Apollon et de Diane, il fut brusquement interrompu par le gouverneur, qui ne se possédant plus, prononça cette sentence : Nous déclarons Symphorien coupable du crime de lèze-majesté divine et humaine, pour avoir refusé da sacrifier aux dieux et pour avoir parlé d’eux avec irrévérence. Pour réparation de ce crime, nous le condamnons à périr pur le glaive vengeur des dieux et des lois.

    Comme on le conduisait au supplice, sa mère, qui était une dame vénérable par son âge et par ses vertus, l’exhortait, du haut des murs de la ville, à mourir eu digne soldat de Jésus-Christ. Mon fils, lui criait-elle, mon cher Symphorien, pensez au Dieu vivant, qui règne au haut des cieux. C’est aujourd’hui que vous changez la vie qu’on vous ôte contre la vie éternelle. Il eut la tête tranchée vers l’an 178, sous l’empire de Marc-Aurèle.

    Quelques fidèles enlevèrent secrètement son corps et l’enterrèrent près du Champ-de-Mars.
    Saint Euphrône évêque d’Autun, bâtit en son honneur une église, dans le 5e siècle, avant son élévation à l’épiscopat.

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    Saint Louis, évêque de Toulouse au 13e siècle, honoré le 19 août

    dit « saint Louis d’Anjou »

    La famille d’Anjou a régné si loin, qu’elle n’a parfois plus rien à voir avec l’Anjou que par son nom. Voici un saint au nom Angevin, méconnu en Anjou.

    Louis, né à Brignoles, en Provence, l’an 1274, eut pour père Charles, prince de Salerne, qui fut roi de Naples, et pour mère Marie, fille d’Etienne V, roi de Hongrie. (Ce Charles est Charles II le Boiteux (1248-1309), fils aîné de Charles 1er comte d’Anjou, du Maine, de Provence et de Forcalquier, et de sa 1ère épouse Béatrice, comtesse de Provence et de Forcalquier. Charles le Boiteux était donc beau-frère de Raimon Bérenger, comte de Provence, père de Marguerite, Eléonore, Sancie et Béatrice, ces demoiselles de Provence, objet de l’ouvrage de Patrick de Carolis, paru chez Plon en 2003, qui faute de postérité mâle eut pour héritier son neveu Robert, fils de Charles Le Boiteux, né 4 ans après saint Louis d’Anjou dont est question aujourd’hui. Charles Le Boiteux fut roi de Naples, de Jérusalem, de Sicile, prince de Tarente, comte d’Anjou et du Maine, comte de Provence.)

    Il était ainsi petit-neveu de saint Louis, roi de France, et neveu de sainte Elisabeth de Hongrie. (Il est aussi frère cadet de Charles Martel, de Marguerite comtesse d’Anjou qui épousa Charles de France et firent les Valois, et enfin de Robert qui succèdera à son oncle Raimon Bérenger)

    Le jeune Louis parut s’inspirer de la piété de ces deux grands modèles, et son enfance s’écoula dans les pratiques de la pénitence, qui, proportionnées à son âge, fortifiaient son corps et son âme. (l’abbé Pétin ajoute « son plus grand plaisir était d’entendre les serviteurs de Dieu discourir sur des matières de piété, et ses récréations les plus agréables, de visiter les églises et les monastères. Dès l’âge de 7 ans, il pratiquait de grandes austérités et couchait souvent sur une natte »)

    Il avait à peine 14 ans, lorsqu’il fut donné en otage avec 2 de ses frères, pour racheter la liberté de son père, que le roi d’Aragon avait fait prisonnier. (en fait, il avait 10 ans seulement seulement lorsque son père fut fait prisonnier et c’est 4 ans plus tard que la libération de son père se fit en échange de ses fils)

    Il resta 7 ans captif à Barcelone, sans jamais entendre aucune plainte, soumis en toutes choses à la volonté de Dieu. Il jeûnait plusieurs fois la semaine, il priait, il visitait les malades dans les hôpitaux, et le reste de son temps, il le consacrait à l’étude et principalement à la méditation des saintes Ecritures. (l’abbé Pétin précise « il avait pour prison la ville de Barcelone, il allait souvent visiter les malades dans les hôpitaux » et ajoute « Ayant été atteint d’une maladie dangereuse, il fit vœu, s’il en revenait, de se consacer à Dieu dans l’ordre de Saint-François, et après sa guérison se mit en devoir d’accomplir sa promesse. »)

    Rendu à la liberté, il prit l’habit de Saint-François ou des Frères mineurs, et peu après, bien qu’il ne fût âgé que de 22 ans, son mérité et ses vertus le firent nommer à l’évêché de Toulouse par le pape Boniface VIII, qui voulut lui-même le sacrer. (« Son frère Charles, qui s’était fait couronner roi de Sicile en 1289, conclut en 1294 un traité avec son compétiteur, Jacques II, roi d’Aragon, et les deux cours voulurent marier avec la princesse de Majorque, sœur de Jacques, le jeune Louis, devenu libre par ce traité. Charles lui promettait le royaume de Naples, qu’il avait déjà reconquis en partie, et dont Louis était devenu l’héritier préseomptif depuis que son frère aîné occupait le trône de Hongrie. Louis, loin d’être tenté par cette offre brillange d’une cousonne, persévéra dans la résolution où il était de se consacrer à Dieu et céda tous ses droits à son frère Robert. Sa famille s’étant opposée à son entrée chez les Frères Mineurs, consentit toutefois à ce qu’il entrât dans l’état ecclésiastique. »)

    Son premier soin, en arrivant dans son diocèse, fut de pourvoir aux besoins des malheureux, en réglant la dépense de sa maison de manière que la plus grande partie de ses revenus fût employée pour la subsistance des pauvres. Selon l’abbé Pétin : « Le pape saint Célestin le nomma archevêque de Lyon, quoiqu’il n’eût que 20 ans ; mais comme il n’avait pas encore reçu la tonsure, il réussit à faire échouer cette nomination. Ordonné prêtre à 22 ans, en vertu d’une dispense de Boniface XIII, ce pape le nomma à l’évêché de Toulouse, avec ordre exprès d’acquiesser à sa nomination. S’étant rendu à Rome il y fit profession chez les Frères Mineurs du couvent d’Ara-Coeli la veille de Noël 1296, afin d’exécuter l’engagement qu’il avait pris à Barcelone. Il fut sacré évêque par le pape lui-même au mois de février suivant, et pour ne pas choquer le roi son père, il lui ordonna de porter par-dessus l’habit de Franscican, l’habit ordinaire ecclésiastique mais le jour de la sainte Agathe, Louis se rendi du Capitole à l’église Saint-Pierre, où il devait prêcher, les pieds nus set avec la ceinture de corde. Il se mit ensuite en route pour aller en procession de son église, et, étant arrivé à Sienne, il logea chez les Frères Mineurs, et voulit être traité sans aucune distinction, jusqu’à laver la vaisselle avec les religieux après le dîner. A Florence, il refusa de coucher dans une chambre qu’on avait meublée pour le recevoir. Il fit son entrée à Toulouse sous l’habit de pauvre de son ordre ; mais il fut reçu avec la vénération due à un saint, et la magnificence due à un prince. »

    Après avoir visité son diocèse, faisant partout bénir son nom par sa douceur, sa piété et sa charité, évangélique, il s’était rendu à Brignoles pour y régler quelques affaires, lorsqu’il mourut n’étant par encore âgé de 24 ans.

    Il fut inhumé chez les Franciscains de Marseille, et le pape Jean XXII le canonisa en 1317.

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