Nous avions vu ici le Bon d’Achat de Vêtements et d’Articles Textiles, pendant la seconde guerre mondiale
Si j’ai bien compris, certains produits agricoles, terres, usines étaient réquisitionnés, et d’autres ne l’étaient pas. Donc, on se rabattait sur ce qui n’était pas réquisitionné, et le tricot faute de textiles était devenu une nécessité. D’autant que plusieurs hivers furent remarquables, et même des records de froid, tandis qu le charbon était rationné.
L’hiver 1944-1945, comme d’autres durant cette guerre, fut l’un des plus rigoureux du siècle. J’y reviendrai plus tard pour traiter du chauffage ou plutôt « peu ou pas de chauffage ». (patience, je vous prépare un billet là-dessus) Mais je le rappelle ici pour illustrer la nécessité des vêtements chauds pendant la guerre. Le tricot mécanique industriel n’existait pas encore !
Ma grand-mère paternelle, ma tante célibataire, et ma grand-tante sans enfants, passaient leurs journées à tricoter. Elles ne manquaient pas d’ouvrage car les petits-enfants étaient très nombreux ! Même pendant la guerre, on pouvait tricoter et nous avions tous bonnets, pulls et même culottes bouffantes en tricot.
Ma grand-mère maternelle, ne tricotait jamais, mais savait dénicher chaque année un manteau de fourrure neuf. Manifestement pendant la guerre le lapin rendit bien des services en ces froides années.
La laine à cette époque était livrée en écheveaux et je n’ai pas le souvenir de pelottes de laine. Les écheveaux devaient être pelotés avant d’être tricotés. Il y avait 2 méthodes :
… à 2 personnes, l’une les bras écartés contenant l’écheveau, la seconde pelotant
… à une personne et une chaise. L’écheveau était enfilé sur le dossier de la chaise (ou 2 chaises dos à dos) et la personne pelotait. J’ai ainsi fait toute petite beaucoup de pelotes, bien rondes comme des balles. J’étais fière de partager les occupations des grandes personnes.
Les chaussettes, tricotées sur d’innombrables aiguilles, me plaisaient beaucoup. Mais elles s’usaient assez vite, car elles ne contenaient pas encore le fameux Polyamide qui renforce la solidité. Aussi, les trous, au talon surtout, étaient fréquents. Pour cela, on utilisait l’outil ci-dessous, sur lequel vous voyez même les coups d’aiguille. Il date !!! mais je le garde religieusement !!! J’ai tellement reprisé de chaussettes avec ! Car j’étais douée pour ce petit travail de patience.
Ces tricoteuses de la famille ne tricotaient pas que des vêtements pour les innombrables petits enfants, mais aussi d’interminables carrés multicolores pour faire des couvertures pour ceux qui en avaient besoin. Car, en ces temps de bombardements à Nantes, les couvertures étaient demandées. J’ai conservé l’une d’elles, précieusement et vous en ai photographié une partie.
Ce qu’on écrit les témoins des bombardements à Nantes
Ces derniers jours, j’ai relu divers ouvrages concernant des témoignages de cette époque à Nantes sous les bombes, et quelle ne fut pas ma surprise de trouver des témoignages de tricot !
Paul Caillaud, Directeur de la Défense Passive pour la ville de Nantes, dans « Les Nantais sous les bombardements 1941-1944 », Editions Aux portes du large, Nantes 1947, page 86, témoigne des queues devant divers magasins :
« Tout encombrement des magasins pouvait être dangereux en cas d’alerte… C’était l’origine d’une autre contrainte, rançon de tous les temps de disette : les « queues » qui, hélas ! et notamment pour les textiles, n’est pas encore résolue. Dans cette fin de 1943, elle donna du souci à ceux qui avaient charge de la sécurité publique. »
Cet ouvrage étant publié en 1947, je pense que la phrase « n’est pas encore résolue » s’applique à l’année 1947.
De son côté, le colonel G. Provost, Directeur départemental de la Défense Passive de Loire-Atlantique, préface l’ouvrage de Paul Caillaud « Mémorial de la Défense Passive, Nantes sous les bombardements », témoigne (p.15) :
« Et les visites dans tous les postes de secours où, au cours des nuits creuses, quelquefois au son d’un photographe, les belotes se succédaient pendant que les équipières tricotaient sans arrêt, en attendant la chute des bombes ou la fin de l’alerte.
Que de kilomètres de tricot ont ainsi défilé sous les doigts agiles, pendant les alertes calmes. »
Quels beaux témoignages sur le tricot pendant la guerre !
Ce que l’on trouve sur Internet
Concernant l’histoire du tricot
et son histoire vue des USA exclusivement (rien pour la France ou l’Europe)
Je dois dire que même si cette page concerne uniquement les USA elle est extrêmement bien faite, et je regrette qu’il n’existe pas une page équivalente concernant la France.
L’ancêtre du tricot est sans doute ce qui est connu sous le nom viking de nålbinding. Les trouvailles archéologiques les plus anciennes ont été réalisées avec cette technique, et faussement identifiées comme des tricots. La trouvaille la plus ancienne de tricot au sens propre consiste en fragments de chaussettes coptes en coton finement décorées trouvées en Égypte et datant de la fin du Xe siècle14,15. Compte tenu de la finesse et de la sophistication du décor bicolore, il faut supposer que l’invention elle-même du tricot est bien antérieure.
La première guilde commerciale de tricot a été fondée à Paris en 1527
Avec l’invention de la machine à tricoter, cependant, le tricot à la main devient un art utile, mais non essentiel. Comme le matelassage, le filage, la broderie au petit point, le tricot est devenu une activité sociale.
Bien que ce soit fait d’habitude par une seule personne, le tricot est souvent une activité sociale. Il y a beaucoup de groupes ou autres clubs de tricot.
Le tricot à la main est devenu à la mode et en est sorti plusieurs fois dans les deux derniers siècles, et au début du XXIe siècle, il revit. Selon le groupe industriel Craft Yarn Council of America, le nombre de tricoteuses aux États-Unis entre 25 et 35 ans a augmenté de 150 % entre 2002 et 2004. Cette dernière réincarnation est moins orientée vers la débrouillardise et la réparation que celle des années 1940 et 50, mais plus vers une affirmation de la personnalité et le développement de l’esprit communautaire.Cette dernière affirmation est surtout vraie aux États-Unis, en France, il s’agit plutôt de se réunir pour partager un savoir-faire, sortir de l’isolement, s’initier à un art qui autrefois se transmettait de génération en génération, apprendre des trucs et astuces de personnes expérimentées et passionnées dans la convivialité
Conclusion :
Si j’ai bien compris, durant la seconde guerre mondiale on a tricoté par nécessité, mais il s’est avéré que le tricot avait un effet positif sur le stress.
Puisque le tricot a un effet positif sur le stress, pourquoi diantre la Sécurité Sociale ne le préconise t’elle pas ! Elle pourrait le rendre obligatoire voir le financer !!! Elle y gagnerait, ou plutôt, nous y gagnerions tous, car nous la finançons !
LE SUJET DE CE BILLET EST Le tricot PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE.
IL Y AURA D’AUTRES SUJETS ICI CONCERNANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE, merci de les attendre.