Salaire des domestiques du tanneur : Noëllet (49) 1724

Il est rare de trouver le salaire des domestiques. En voici selon l’inventaire après décès en 1724 de Julien Jallot mari de Françoise Lemonnier, mes ancêtres. L’inventaire est extrêmement long car il fait 39 pages et a duré près d’un mois, et avec des journées de 8 h du matin à 19 h du soir, y compris le samedi.
Donc, à la fin de ce long inventaire (AD49-5E20) on a les dettes qui sont actives et passives, et dans les dettes passives on a aussi ce qui est dû aux salariés, au nombre de 4 :

  • Au sieur Pierre dit Langouin compagnon tanneur 85 L pour une année 7 mois de son temps – A Claude Gohier serviteur domestique 18 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Julien Dupont aussi serviteur domestique 9 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Jacquine Lemesle servante domestique 9 L pour environ 6 mois de son service

Ainsi, j’apprends qu’il n’y avait qu’un ouvrier tanneur, et qu’il ne gagnait pas 5 L par mois, mais 4,47 L, et les autres domestiques gagnaient encore moins puisque la servante est même payée seulement 1,5 L par mois, et ils n’étaient pas payés chaque mois, le plus souvent quand ils partaient. Tout cela est extrêment peu pour des heures plus que longues…

Marguerite Avril remercie une servante, qui refuse son salaire !!! Angers 1605

Marguerite Avril est la seconde épouse de René Joubert, et j’admire depuis longtemps cette femme qui a su élever les filles du premier lit en leur donnant la meilleure éducation avec un précepteur.
Ici, je trouve un acte totalement déroutant, en ce sens que je comprends que la servante qu’elle a depuis 6 mois refuse de partir, et surtout je comprendsque cette servante se plait mieux chez Marguerite Avril, qu’elle refuse de quitter, et ne veut surtout pas aller là où Marguerite lui a trouvé une place.
Doit-on en conclure qu’il y avait des maisons préférables pour les servantes ? je pense que oui, et que cet acte doit nous interroger en ce sens.

L’argent refusé par la servante est consigné chez le notaire qui a été appelé dans la maison de Marguerite Avril pour dresser l’acte de refus. Je vous ai souvent mis des refus de recevoir de l’argent, qui était alors consigné chez le notaire, mais un tel cas je n’en avais pas encore rencontré !
Une chose est certaine c’était un bon salaire, et c’est sans doute pour cette raison que la servante refuse de partir.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E8 – Ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le mardi 11 janvier 1605 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers et des tesmoings cy après nommés honorable femme Marguerite Avril à présent femme de honorable homme Me René Joubert sieur de la Vacherie advocat Angers a présenté et réellement offert à Sébastienne Ruatte la somme de 4 livres 10 sols en espèces de pièces de 16 sols et autre monnaye pour ses gages et salaires depuis le jour et feste St Jehan Baptiste dernière à raison de 8 livres par an, ensemble 10 aulnes et demye de toile outre la chemise qu’elle luy a cy devant baillée, luy déclarant que pour l’advenir elle se pourvoit d’une …

Je vous ai souligné en rouge car il me manque un mot qui commence comme sa…

attendu que elle ne veult avoir deux servantes et davantage offre la mettre en l’une des maisons du sieur président des Homeaulx ou Lamasle marchand de draps de laine qui lui donneront autant de gage que faisoit ladite Avril, en parlant à ladite Ruatte qui ne veult faire aulcune response, ni prendre ladite somme ni toile, et sommée et interpellée par plusieurs fois de ce faire, dont et de tout ce que dessus avons à ladite Avril à sa requeste décerné ce présent acte et de ce qu’elle à consigné entre nos mains ladite somme de 4 livres 10 sols a protesté toutefois de représenter contre elle ; fait audit Angers maison de ladite Avril en présene de René Duveau demeurant à Champigné Julien Pertué, tesmoins, ledit Duveau a dit ne savoir signer

Olivier Lecerf, maître maçon, construit un parpaing, Angers 1549

en fait, ce maître maçon est plutôt un maître d’oeuvre qu’un manoeuvre et vous pouvez en jugez par sa splendide signature au bas de l’acte.
et le parpaing est le terme le plus déroutant, car dans mon esprit, ayant vécu 25 ans dans un immeuble de parpaings avant de vivre depuis 21 ans dans une tour de béton, le parpaing était cette copie de pierre moderne, et bien pas du tout à l’époque du 16ème siècle.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 9 mars 1548 (avant Pâques qui est le 1er avril, donc 9 mars 1549) en notre la royale du roy notre sire à Angers par devant nous Marc Toublanc notaire de ladite cour personnellement estably chacun de honnestes personnes sire André Maucousteau et Thomas Chesneau marchands demeurant en ceste ville d’Angers d’une part et honneste personne Ollivier Lecerf maistre maçon demeurant en ceste dite ville d’autre part, soubzmectans lesdites parties d’une part et d’autre leurs hoirs etc confessent avoir fait le marché tel que s’ensuit c’est à savoir que ledit Lecerf a promis et promet par ces présentes faire et faire faire bien et deuement le tout à ses despens et fournir de toutes matières de son mestier de maczon ung parpaing de barauldes et bon tuffeau

Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf
PARPAING, subst. masc.
I. – Empl. adj. « Posé de niveau, posé d’aplomb »
II. – « Pierre de taille posée de niveau et qui traverse toute l’épaisseur d’un mur, parpaing »

au lieu d’une terrasse et murailles estant entre les maisons desdits Maucousteau et Chesneau sises en la rue saint Noz de ceste dite ville et esquelles ils sont de présent demeurant lequel parpaing sera de la longueur de ladite maison dudit Chesneau et de haulteur jusques soubz la sablière et des chenons de ladite maison dudit Chesneau, et servira ledit parpaing et sera fait en manière qu’il portera et servira pour porter les merrains de chacunes desdites maisons, plus ledit Lecerf mettra et fera soubz les poultres de chacune desdites maisons et chacune un corbeau de pierre dure ? et de taille aussi bien et deument pareillement fera ou fera faire ledit Lecerf ung pillier de pierre dure au davant desdites maisons lequel pillier sera de haulteur d’ung pied pour le moins davantage et sans estage dudit parpaing, et faisant ledit parpaing ledit Lecerf sera tenu …
et est ce fait à la charge et moyennant la somme de 150 livres tournois que lesdits Maucousteau et Chesneau ont promis et demeurent tenus rendre et poier par moitié audit Lecerf besognant payant …

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Contrat de travail saisonnier de Ange Veillon comme serviteur chez Pierre Faucheux, Saint Lambert de la Potherie, 1589

Le contrat qui suit est établi pour une saison de récoltes de la st Jean qui est le 24 juin à la Toussaint.
Pour une métairie il y a toujours besoin de plusieurs bras d’hommes, contrairement à la closerie où un homme devait pouvoir s’en tirer seul.
Mais ici, j’observe une curiosité concernant le métayer. En effet, c’est la première fois que je vois un métayer qui signe, et qui signe même aussi bien qu’un marchand fermier. Sans doute fait-il aussi par ailleurs un peu marchand fermier.
Enfin, si le statut de travail 3 mois peut paraître un peu précaire, il faut relativiser car le salaire est conséquent, et je vous laisse le découvrir. Je dirais même à la lecture de ce que va toucher ce garçon pour ses 3 mois qu’il a de quoi vivre les autres jours de l’année, ou presque.

Et dans le salaire, il y a aussi des vêtements, et voici un nom que je n’avais pas encore rencontré.

HOUSSETTE, subst. fém.
A. – COST. « Vêtement long de dessus » (in Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur le site http://atilf.atilf.fr

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 22 mai 1589 avant midy, en la cour du roy notre sire à Angers (Jean Poulain notaire) etc estably Anges Veillon demeurant en la paroisse de Saint Jehan des Mauvrets d’une part
et Pierre Faucheux mestaier demeurant en la paroisse de Saint Lambert de la Potherye d’autre part
subzmettant etc confessent etc scavoir est ledit Veillon avoir promis estre et demeurer avec ledit Faucheux du jour et feste de Saint Jehan Baptiste prochainement venant jusques au jour et feste de Toussaintz aussi prochainement venant
pendant lequel temps ledit Veillon a promis estre et demeurer avec ledit Faucheux et le servir bien et deument en toutes choses licites et honnestes comme ung bon serviteur doibt et est tenu faire
pendant lequel temps ledit Faucheux sera tenu le nourrir et fournir de boire et manger ainsi que à ung serviteur à luy appartient
et oultre sera tenu ledit Faucheux luy payer et bailler pour ses services pendant ledit temps la somme de 3 escuz solleil, une chemise, une paire de houssette le tout de toille neufve et une paire de soulliers neufs, le tout à l’usaige dudit Faucheux et poiable audit jour de Toussaintz prochainement venant
à ce tenir etc dommages etc obligent etc à prendre etc renonçant etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers en présence de René Faucheux demeurant audit Angers et Mathurin Guerin paroissien de Beaucouzé tesmoings
lesdites parties et Guerin ont déclaré ne savoir signer

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

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Contrat de travail de tireur d’étaim, Angers 1610

J’avais mis sur ce blog en août 2008 un contrat d’apprentissage de tireur d’étaim, qui vous explique ce métier.
Voici un contrat de travail de tireur d’étaim. Ces contrats sont assez rares dans les archives notariales de cette époque à Angers, aussi, j’ai apprécié les clauses, car vous allez découvrir une très jolie clause à la fin de ce contrat.
Alors, naturellement, en ancienne salariée du privé que je suis, je vous fais part de mes commentaires.

J’ai trouvé l’acte qui suit est aux Archives du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici ma retranscription : Le 16 février 1610 avant midy, devant nous Jullien Deille notaire royal Angers furentprésents Jehan Belier tireur d’étaim demeurant en ceste ville paroisse St Maurille d’une part
et Guillaume Legauffre compagnon dudit métier, natif comme il a dit de la paroisse du Pais pays du Maine, estant de présent en ceste ville d’autre part
lesquels deument soubzmis soubz ladite court confessent avoir esté d’accord de ce qui s’ensuit c’est à savoir que ledit Legauffre a promis servir ledit Bellier en sa maison pendant le temps de 6 mois à commencer demain 1er juillet tant audit mestier que au vacation de laquelle ledit Bellier use de jour à autre fidèlement et bien comme il appartient

    je pense qu’autrefois le contrat de travail était toujours à durée limitée

à la charge dudit Bellier de le nourrir loger coucher et reblanchir et luy payer en fin desdits 6 mois la somme de 16 livres tz avec la moitié du prix d’une prime de souliers à son usage lors que ledit Legauffre la voudra faire faire

    le terme de prime existe déjà, et manifestement les souliers étaient un point critique, surtout pour ceux qui vivaient en ville, car je pene qu’à la campagne les sabots bourrés de paille étaient d’usage, sauf pour la messe du dimanche.

et outre founira ledit Bellier audit Legauffre de tous outils nécessaires desquels ledit Legauffre aura soing de la conservation à son pouvoir et possibilité et tiendra toute fidélité audit Bellier
le tout à peine de toutes pertes despens dommages et intérests et de prison de leurs personnes respectivement en cas de défaut

    vous avez bien lu, la peine de prison est aussi bien pour l’employeur que pour le salarié en cas de non respect du contrat de travail

car ainsi ont le tout voulu consenti stipulé et accepté et à ce tenir obligent etc biens et choses dudit Belier à prendre vendre renonçant etc dont etc
fait et passé Angers à notre tabler présents Me Noel Beruyer et Pierre Lanverye clers audit Angers. Les parties ont dit ne savoir signer.

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Contrat de travail d’un carreleur pour un an, Angers 1595

Voici un CDD pour racoutrer les souliers. Il est couché, lavé, nourri, mais ne touchera que 2 écus pour l’année ! Enfin, c’est ce que j’ai compris !

Carreleur, m. Savetier qui racoutre et bobeline les vieux souliers. (Jean Nicot: Le Thresor de la langue francoyse, 1606)

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription de l’acte : Le 4 septembre 1595 avant midi, en la court royale d’Angers endroit par devant nous Jehan Chuppé notaire d’icelle personnellement estably François Leroy demeurant à présent en ceste ville d’Angers d’une part et Daniel Rifalt Me carreleur en ceste ville d’Angers et y demeurant paroisse de St Maurille d’autre part soubzmetant etc confessent avoit fait ce que s’ensuit c’est à savoir que ledit Leroy s’est obligé et demeure tenu par ces présentes de servir ledit Riffault bien et duement de son estat de careleur savoir est pour le temps et espace d’ung an entier et estoit à commencer du jourd’huy et finir à pareil jour et aussy demeure tenu ledict Rifault de nourrir et couscher et laver ledit Leroy bien duement comme il appartient et à la charge dudit Riffault de payer et bailler audit Leroy la somme de 2 escuz 10 souz tz scavoir quant ledit Leroy en aura affaire et fin de besogne fin de payement auquel accord et tout ce que dessus tenir et garantir etc obligent lesdites parties respectivement etc mesmes ledit Rifault au payement de ladite somme renonczant foy jugement condempnation etc fait et passé audit Angers en notre tablier en présence de Ysac Jacob et Thomas Camus praticiens audit Angers tesmoings lesquelles partyes ont dict ne savoir signer

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