Frais impayés pendant les guerres de religion, toujours impayés 27 ans après l’obligation, Angers 1617

Cet acte est une cession de cette longue histoire de poursuites pour recouvrer les 5 000 livres avancées (imprudemment ?) par Jean Fouin en 1590.
Nous sommes 27 ans plus tard. Entre-temps le malheureux Jean Fouin est décédé sans être rentré dans ses fonds. Son fils et sa veuve remariée, cèdent les droits de poursuite à l’avocat qui s’occupe depuis un moment de l’affaire, dépensant des voyages couteux en Bretagne… mais probablement assuré d’aboutir enfin.

Cet acte illustre les frais faits pendant les guerres de religion, car les familles Bretonnes se sont ainsi largement démunies. Il illustre indirectement les dépenses militaires faites par René Pelaud, toutes choses étant égales par ailleurs, puisque nous avions ici appris que René Pelaud et son gendre Claude Simon (le rompu vif le 19 septembre 1619 à Angers) s’étaient battus dans les rangs de la Ligue, à leurs frais.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le mardi 31 janvier 1617 avant midy, par devant nous René Garnier et René Serezin notaires royaulx à Angers furent présents et personnellement establys honneste personne Jacquine Lemaczon veufve en premières nopces de défunt Jehan Fouin vivant marchand et en secondes nopces de Pierre Girault tant en son nom que comme mère et tutrice de Pierre Girault son fils et dudit défunt Girault, demeurant à Saint Georges sur Loire,
et honneste homme René Fouin marchand Me teinturier demeurant à Château-Gontier fils et héritier dudit défunt Fouin et de ladite Lemaczon
lesquels ont recogneu et confessé avoir ce jourd’huy quité cédé délaissé et transporté et par ces présentes cèdent quitent délaissent et transportent à Me Guy Baudrayer sieur de la Becquantinière advocat à Angers y demeurant paroisse saint Jean Baptiste mari de Marie Gaultier fille et héritière de défunt Pierre Gaultier vivant sieur de la Crestiennaye présent et acceptant,
tout ce qui leur est deu de reste tant en principal que intérests frais et despens de la somme de 5 000 livres tournois en principal payée par ledit défunt Fouin pour les deux tiers et par ledit défunt Gaultier pour l’autre tiers à défunt messire Pierre de Donadieu vivant seigneur de Puicharic pour et en l’acquit de défunts messire Sébastien de Rocmadec (sic, mais s’écrit de nos jours « Rosmadec ») seigneur baron de Molac, Guy de Rieux sieur de Chasteauneuf, Toussaint de Beaumanoir et Thomas de Guemadeuc seigneur dudit lieu par contrat passé par devant Grudé notaire soubz ceste cour le 22 septembre 1590 avec les dommages et intérests euz et soufferts par ledit défunt Fouin faulte d’avoir esté acquité par lesdits seigneurs de ladite somme ainsi qu’ils y estoient tenuz par contre-lettre passée par devant Grudé le 3 août 1589
pour avoir remboursement de laquelle somme de 5 000 livres dommages et intérests et despens faits par ledit Fouin à la poursuite de ses droits contre lesdits seigneurs ou l’un d’eux en sorte qu’ils auroient fait vendre sur ledit de Rieux les lieu de la Coutière et de la Tremblaie dont avoir esté receu 693 livres 5 sols 4 deniers le 10 juillet 16OO par une part, 590 livres 15 sols par autre
la 24ème partie de la succession de défunte dame du Puicharic suivant la transaction passée par devant nous Serezin avec la dame de Montboucher le 20 janvier 1607,
et encores 1 066 ezcuz 7 sols 7 deniers par une part et 533 escuz par autre des deniers procédant de la vente de la terre vendue et décrétée sur ledit seigneur de Guémadec par quittance passée par Revers en l’année 1602
le tout à déduire de ladite somme de 5 000 livres de principal intérests liquidés à la somme de 1 530 escuz par sentence donnée au siège présidial de cette ville le 10 septembre 1601 en consequence d’arrest obtenu contre défunte dame Magdeleine de l’Espinaye vivante femme dudit défunt de Rieux
et toutes lesquelles sommes auroient esté receues par ledit défunt Girault et Lemaczon les deux tiers et l’autre tiers par Marie Fouin veufve dudit défunt Gautier et Pierre Gautier son fils
pour par ledit Bauldrayer se faire payer à ses despens périls et fortunes du reste des deux tiers de ladite somme principale frais et despens dommages et intérests liquidés et à liquider taxés ou à taxer, ainsi que lesdits céddants eussent fait ou peu faire auparavant ces présentes et à ceste fin ils l’ont mis et subrogé mettent et subrogent en leurs pleins droits noms raisons et actions mesme pour en faire poursuite en leur nom à son choix … le tout sans aucun garantage ne restitution du prix cy après fors de leurs faits et promesses entendus et limités en ce qu’ils ont dit et assuré que ledit défunt Fouin estoit fondé aux deux parts du principal de ladite somme de 5 000 livres tz intérests frais et despens et qu’il ne seroit troublé ne empescher en ladite jouissance et reception desdits droits par leurs faits
la présente cession faite pour et moyennant la somme de 1 890 livres tz sur laquelle somme ledit Bauldrayer a présentement solvé payé et baillé contant audit Fouin et ladite Lemaczon esdits noms 390 livres dont il en demeure quite
et pour son remboursement des frais et voyages qu’il a faits à la poursuite de la présente affaire sur ce qui luy peut compéter et appartenir ladite somme de 1 890 livres … ledit Fouin s’est tenu contant et bien payé et en a quité et quité ledit Bauldrayer
et le surplus montant 1 500 livres ledit Bauldrayer a promis et s’est obligé les payer et bailler auxdits Lemaczon et Fouin en ceste ville maison de Me Gault dedans 6 mois prochainement venant …

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Bail à ferme de la seigneurie de l’Isle Baraton, Saint-Aubin-du-Pavoil, 1531

Je vous emmêne ce jour en un lieu totalement disparu, mais qui était important autrefois. Le bail de 1531, qui suit, donne une idée de l’importance de cette terre, d’une part par l’énumération des métairies, closeries, moulins et fiefs qui en dépendent, situés sur Saint-Aubin-du-Pavoil, mais aussi sur Sainte-Gemmes-d’Andigné, et d’autre part, par le montant de la ferme, et je dois même dire que c’est la première fois que je vois un bail aussi important.
J’ai déjà rencontré l’Isle Baraton à plusieurs reprises car les anciens seigneurs avaient fait des fondations notamment au prieuré Saint Blaise de Noyant la Gravoyère et au prieuré de la Jaillette.

Enfin, j’avais traité de ce que j’avais pu identifier de la famille Baraton, dans l’étude du prieuré Saint Blaise de la Gravoyère, en même temps que cette partie de la famille de Sévigné, sur la même étude.

Ce bail ne donne aucune mention de lieu d’exploitation du fer, tout au moins en date de 1531 !

La disparition de ce lieu s’explique par l’éloignement des seigneurs qui le possèdent, résidant dans l’évêché de Saint-Brieuc. Renée Baraton, l’héritière, l’avait apportée à Christophe de Sévigné, puis s’était remariée à Charles Du Quelenec.
Ici nous assistons à une résilition de bail, suivie d’un nouveau bail énumérant les biens, suivi du réméré de quelques dépendances qui avaient été aliénées par Olivier Baraton o grâce de rémérer.

Non seulement le lieu a disparu, mais l’acte qui suit, long de plus de 22 pages, a l’encre partiellement effacée par une humidité autrefois affrontée. J’ai fait ce que j’ai pu. Certaines noms ont changé, même saint Melaine se voit aujourd’hui changé de sexe ! mais les moulins de Quinquempoix et de Court Pivert, dépendances de l’Isle Baraton, sont bien là en 1531.

Saint-Aubin-du-Pavoil, photo personnelle
Saint-Aubin-du-Pavoil, photo personnelle

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le 28 avril 1531 en notre court royale à Angers par davant nous notaire (Guyon notaire) personnellement estably noble homme Jehan de Rosmadec seigneur de Buen (Buhen en Plourhan) évesché de St Brieu au nom et comme soy faisant fort de noble et puissant Charles Le Quenelec seigneur dudit lieu de la Ville Pépin de l’Isle Baraton et de la Granacie et viconte du Fou et de damoiselle Renée Baraton son espouse

    Il est écrit « Le Quenelec » mais il s’agit « Du Quelenec vicomte du Faou en Rosnoën » selon l’armorial de Bretagne

tant en leurs noms privez que comme estant iceluy seigneur du Fou tuteur et garde naturel de nobles personnes Joachim et Olive de Sévigné mineurs d’ans enfants de ladite damoiselle et de feu noble et puissant seigneur Christofle de Sévigné son premier mary en son vivant seigneur dudit lieu de Sevigné, de Tréal, et des Rochers d’une part,
et sire Jehan Briend garde de la monnaye d’Angers et Estienne Pichart marchand demeurant à Segré chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens d’autre part souzmettant lesdits establiz eulx leurs hoirs etc confessent etc avoir aujourd’huy faict accordé et encores par ces présentes font conviennent et accordent entre eulx le marché de ferme et convention qui s’ensuyvent
c’est à savoir que lesdits establiz et chacun d’eulx ont baillé et consenti veullent et consentent par ces présentes que le marché de ferme fait et passé le 16 décembre 1525 (acte ensuite effacé) de Cornal seigneur de la Pasqueraye au nom et comme soy faisant fort de ladite damoiselle Renée Baraton d’une part et ledit Jehan Briend d’autre touchant la ferme des terres de l’Isle Baraton et autres choses contenues audit marché de ferme soit et demeure nul et comme finy du jour 16 décembre 1530 dernier passé et y ont renoncé et renoncent lesdites parties moyennant la somme de 371 livres tz en quoy le dit Sr du Fou et son espouse sont et demeurent tenuz vers ledit Briend tant pour reste des deniers qu’il avoit advancez sur ladite ferme que pour les intéresté que demandoit ledit Briend de ce qu’il disoit la mestayrie de Lesbaupinière est comprinse en ladite ferme et n’en avoir jouy pourtant qu’elle auroit esté vendue auparavant ladite ferme par ledit feu sieur de Sevigné à Nicollas Fayau de Segré et aussi les intérestz que ledit Briend prétendoit demander …
et ladite ferme demeurant nulle ainsi que dit lesdits establiz ont fait et accordé font et accordent entre eulx le nouveau marché de ferme tel et en la forme et manière qui s’ensuit c’est à scavoir que ledit Sr de Buen pour et au nom dudit Sr du Fou et son espouse a baillé par ces présentes auxdits Jehan Briend et Estienne Pichart et chacun d’eulx qui ont prins et accepté audit tiltre par manière de ferme dudit 16 décembre 1630 dernier passé jusques à 14 ans et 14 cueillettes entières et parfaites l’une ensuyvant l’autre sans intervalles les choses héritaulx qui s’ensuivant c’est à scavoir la terre seigneurie et appartenances de l’Isle Baraton tant en fye et seigneurie qu’en domaine avecques les métayries du Hault Pineau, Saint Melayne, la Ruffinaye, la Beuveryie, la Payscière, les closeries de Gillier et de la Gallepiaye, le moullin de Court Pivert, les vignes sises ès cloux de la Hynière de la Gallepiaye des Plantes et de Janneau autrement la Grant Prée et appartenances, sans rien en excepter ne réserver… et chapelles qui en dépendent, la seigneurie de la Cousche B… cens rentes debvoirs et autres appartenancs et déppendances tant en fyé que justice et seigneurie (6 lignes effacées) Item …. de Saint Vincent Item la chastellenie terre et seigneurie de la Granaie tant en fyé que en domaine composée de 2e stangs des boys anciens et taillys le boys des Palluelles la métairie de la Couldre et les terres que tient comme métayer ung nommé Bouilledé, la fyé cens rentes et debvoirs et autres esmoluements de fyé qui en déppendent, avecques toutes les autres appartenances et dépendances réservé ce qui en fut vendu par feu messire Olivier baraton en son vivant seigneur de ladite chastelennie, Item les mestayries de l’Esbaupinière du Boys de la Maritaye et de Cherment, le moullin de Quinquanpoix le pré d’auprès ledit moullin la fruose ? de Sainte Gemmes et les pescheries d’iceluy moullin, 4 rivaulx sis auprès la veufve Jehan Delanoe cellier une pièce de terre de Julien Touzelays et le Boys taillis et messire Pierre Cochin prêtre avec (effacé) 3 septiers (effacé) et 40 solz tz le tout de rente deus sur les lieux du moullin neuf et de la Tarinaye ? sauf et réservé les fruits desdites mestayries de l’Esbaupinière du Boys de la Maritaye et de Chermont dudit moullin de Quinquempoix de ses prescheries d’auprès de ladite puose ? de Sainte Gemmes desdits 4 rivaulx de ladite pièce de terre que tient ledit Touselays dudit boys que tient ledit Cochin, et desdites rentes qui escheront jusques à ce que rescousse doit faicte sur les personnes cy aprèsnommées qui les ont acquises o grace de rémérer qui encore dure pour desdites choses ainsi bailées et prinses à ferme comme dit est jouyr par lesdits preneurs et par chacun d’eulx comme ung bon père de famille pouroit faire et en prendre iceulx preneurs les fruictz et revenus ou autrement desdites choses ainsi qu’ils verront estre à faire et est fait le présent marché de ferme pour en payer par lesdits preneurs par chacun d’eulx pour le tout auxdits bailleurs (3 lignes effacées) la somme de 400 livres tournois pour chacun desdits 14 ans de ferme qui est en somme pour toute ladite ferme la somme de 5 600 livres tz laquelle somme lesdits preneurs et chacun d’eulx ont promis et sont tenuz payer ainsi et par la manière qui s’ensuit c’est à savoir à Guillaume Chauviré escuyer Sr de l’Esperonnière la somme de mil ? livres pour la rescousse racquet et admortissement de 50 livres tournois de rente par hypothèque général autrefois à luy vendue par ladite damoiselle Renée Baraton et les anciens arréraiges escheus de ladite rente payant ladite rescousse lesdits preneurs seront tenuz payer iceulx arréraiges à leurs despens et en rendre quictes et indempnes lesdits bailleurs et chacun d’euls et seront tenuz lesdits preneurs rendre auxdits bailleurs les déclarations de ladite rente avecques lettres de rescousse et admortissement d’icelles dedans la fin du temps dudit présent marché de ferme à Jehan Vivien marchand demeurant à Nantes (3 lignes effacées) etc…

    suivent 14 autres pages

ledit sieur du Buen pour lesdits sieur et dame du Fou a prorogé juridiction et quant à ce … auquel marché de ferme et tout ce que dessus tenir et lesdites choses ainsi baillées à ferme garantir par lesdits sieur et dame du Fou audits preneurs leurs hoirs etc…

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    Remarquez la signagure de Jean de Rosmadec, fort différente de celle des nobles en Anjou

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