Contrat de travail de souffletier pour beaucoup de forges : Port Brillet 1768

Surprenant de voir le maître de forges de la Provôtière vivre à Laval. Encore plus surprenant de découvrir qu’il est maître de forges de tant de forges !!!
Mais encore plus surprenant de décrouvrir dans l’ouvrage : La métallurgie du Maine, Cahiers du patrimoine, 1986, p.149, son métier de blanchisseur !!! Le blanchisseur est alors à Laval aussi important socialement que les négociants en toile comme les Duchemin, avec lesquels d’ailleurs ils s’allient.

Donc, je croyais qu’un maître de forges résidait à la forge, et qu’il n’en avait qu’une mais je découvre que les baux à ferme avaient un tel niveau !!!
D’ailleurs, l’ouvrage que je viens de vous citer, lui donne même encore plus de forges que celles qui sont citées ci-dessous.

Ici, le contrat de travail n’est pas indéterminé mais pour une durée de 9 ans. Le souffletier fabrique les soufflets neufs, et il les entretiendra aussi. Il devra l’exclusivité à son employeur. Et vous allez lire une phrase (une clause) amusante concernant l’activité à la maison « il n’a rien droit de faire chez lui » ! Nous, nous aurions tendance à comprendre qu’il n’a pas le droit de faire la vaisselle, mais je reste persuadée qu’il faut lire qu’il n’a pas le droit de faire des soufflets pour un tiers à la maison.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E8/181 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 10 mars 1768 après midy devant nous Michel Trois et Pierre Aubry notaires au comté pairie de Laval résidant audit Laval furent présents en personnes les sieurs Olivier et Michel Dubois maître des forges du Port Brillet, Chaillant, la Provostière, la Vallée et Pouancé, demeurants à Laval paroisse de la Trinité d’une part et Pierre Huchet souffletier demeurant paroisse d’Ollivet d’autre part, entre lesquels a esté fait ce qui suit, savoir que ledit Huchet s’est alloué en sadite qualité de souffletier aux dits sieurs Dubois pour 9 années consécutives qui ont commencé le 1er janvier dernier pour entretenir, les matières luy étant fournies, les douflets desdites forges de Port Brillet, Chaillant et Villeneuve en dépendant, la Provostière, la Vallée et Pouancé, ensemble ceux des fourneaux dépendant desdites forges, à la charge par ledit Huchet de se fournir et entretenir de tous outils et ustenciles nécessaires, de donner tout son tempe et son industrie à l’entretien et façon des souflets desdites forges, sans pouvoir travailler à autres forges ny faire chez luy aucun travail lorsqu’il y aura quelsque ouvrage aux dites forges et dépendances, mais seulement lorsque lesdits sieurs Dubois n’auront aucunement besoin de luy ; (f°2) lesdits sieurs Dubois de leur costé ont promis et se sont obligés de paier par chacue année du présent allouement audit Huchet la somme de 340 livres payable par mois, de luy payer en outre la somme de 50 livres par an pour un loyer qu’il sera tenu de prendre à proximité de ladite forge du Port Brillet et pour son chauffage ; a été en outre convenu que ledit Huchet sera payé de la façon des soufflets neufs qu’il sera nécessaire de faire auxdites forges savoir des soufflets de fourneaux à raison de 90 livres la paire, des soufflets de chaufferie à raison de 50 livres et des soufflets d’affineries à raison de 45 livres. S’oligent encore lesdits sieurs Dubois de nourrir ledit Huchet et les compagnons dont il aura besoin pendant tout le temps qu’il travaillera tant à la façon des soufflets qu’à l’entretien des vieux, même son cheval à Pouancé et aux Provostières ; au surplus ledit Huchet fera tous les frais de voyage. A été encore convenu que dans le cas où lesdits sieur Dubois ne reprendront pas un nouveau bail de la forge de Chaillant dont le bail courant expire pendant le cours desdites 9 années l’allouement dudit Huchet sera diminué en conséquence, mais ledit Huche poura continuer à son profit la ferme de ladite forge de Chaillant avec le nouveau maître de forge. (f°3) Si lesdits sieurs Dubois jugeoient à propos d’établir de nouveaux fourneaux auxdites forges ou d’en supprimer le présent allouement n’augmentera ni diminuera. Enfin ledit Huchet sera tenu de faire sans sallaires l’entretien des soufflets aux rendues qui pouroient se faire de tout ou de plusieurs desdites forges au cours du présent allouement.Ce qui a été ainsi voulu convenu et respectivement accepté par les parties, dont les avons jugées à leur requeste et de leur consentement. Fait et passé auxdites forges du Port Brillet après lecture faite et ont lesdits sieurs Dubois signé avec nous nsotaire, et ledit Huchet a déclaré ne savoir signer, de ce enquis.

Contrat d’apprentissage de maréchal en 1692 à Soulaines (49)

pour Pierre Provost chez Pierre Fleuriau (Archives Départementales du Maine et Loire, serie 5E)

Bonjour à tous.
Nous poursuivons ensemble l’étude de l’apprentissage, afin d’avoir une idée plus précise de ce mode de formation, autrefois. Aujourd’hui, c’est encore un garçon qui n’a plus son père, et l’apprentissage aurait été l’alternative à la formation, en l’absence de père autrefois.
Même si ces actes ne vous concernent pas directement, ils illustrent les modes de vie d’antan, et dîtes vous bien que vos ancêtres sont passés pas les mêmes étapes.
En particulier, ce blog, ouvert il y a 3 mois, ne me concerne pas directement. Ces actes que je tente de vous illustrer n’ont rien à voir avec mes ascendants, si ce n’est que lorsque je vous ai mis le rôle de l’ustencile de Montreuil sur Maine, j’avais des ascendants dans la liste des imposés. C’était le seul acte me concernant. En effet, il est vain de vouloir faire revivre ses ascendants, en cherchant leurs actes personnels. Même avec beaucoup de chances, cette quête n’aide pas suffisamment pour comprendre la vie autrefois, et il suffit d’emprunter aux autres actes la trame pour comprendre comment ils fonctionnaient tous.
C’est le but de ce blog, et non un but personnel, vain.
Voici un apprenti maréchal :

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E. Voici la retranscription de l’acte : Le 26 décembre 1692 par devant nous Pierre Vallée notaire royal Angers résidant à Saint Melayne ont esté présents en leurs personnes establis et duement soumis chacuns de Pierre Fleuriau maréchal demeurant au village du Plessis paroisse de Soulayne d’une part
et Pierre Provost demeurant en la maison de madame de la Plante à la Coutentinière dite paroisse de Soulaines comme serviteur domestique procédant sous l’autoristé d’honneste homme François Vallée marchand son curateur à ce présent d’autre part
entre lesquels a esté fait le marché d’apprentissage et convention qui ensuit
scavoir que ledit Fleuriau promet et s’oblige de montrer et enseigner à sa possibilité audit Provost le métier de mareschal pendant le temps d’ung an six moys à commencer de ce jour et pendant lequel temps ledit Provost se tiendra assidu à la forte dudit Fleuriau pour y travailler avec luy et apprendre ledit mestier et aussy ledit Fleuriau le nourrira, couchera et reblanchiera selon sa condition et comme un apprenti doit estre prendant aussy ledit temps d’ung an six moix,
et ce fait ledit présent marché pour et moyennant la somme de quarante cinq livres à quoy ils ont composé et accordé entre eux pour ledit temps d’apprentissage cy-dessus, de laquelle ledit Provost promet et s’oblige en payer audit Feuriau dans le jour et feste de Nostre Dame chandeleur prochaine 22 livres 10 sols qui est la moitié et l’autre moitié qui est paraille somme dans d’huy en ung an aussi prochain venant le tout cy-dessus à peine etc ces présentes néanmoings etc et auquel Fleuriau ledit Provost promet luy fournir à ses frais copie des présentes dans huit jours prochains aussy à peine etc car les parties ont ainsy le tout voulu consenti, stipulé et accepté par entreux en sont demeurés d’accord auquel marché convention obligation et ce que dit est cy-dessus tenir etc dommage etc obligent lesdites parties respectivement eux et par défaut leurs biens à prendre vendre renonçant etc dont advertues de scellé suivant l’édit.
Fait et passé au bourg dudit Soulaines demeure de François Vallée en présence de François Provost, François Jouaisneau, Jean Peluet l’aîné, oncle dudit Provost et Michel Boucler vigneron demeurant à Soulaines tesmoings, ledit Provos a dit ne savoir signer. Signé Vallée, F. Jouanneau, J. Peluet

Demain, nous partons pour quelques jours dans le vinaigre…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.