le prénom Fort et les communes Saint-Fort : Dieu Fort

Poursuivant mes retranscriptions des registres paroissiaux du Louroux-Béconnais, je rencontre dans les années 1560 un Fort Lhermitte qui fait des enfants, et même ici, en 1562, il transmet son curieux prénom à Fort Girardière.

Le Louroux-Béconnais : « Le neufiesme jour dudit moys d’octobre l’an que dessus (1562) fut baptizé Fort filz de Jehan Gerardière et Perrine Templez sa femme parrains Fort Lermitte tet Pierre filz de deffunct Jehan Belou maraine Macée Esnault femme de Aulbin Vyollaie par Rolard »

Aucun saint de ce nom, mais écoutons plutôt ce que nous dit l’abbé Angot à l’article Saint-Fort, commune de l’arrondissement de Château-Gontier, dans son Dictionnaire de la Mayenne :

Saint-Fort : … L »église, dédiée à saint Évroul (fête le 15 juillet) et au Dieu-Fort (fête à la Trinité), se composait primitivement d’une nef relativement large et d’un choeur plus étroit, en rond-point, le tout d’époque romane, comme l’indique encore le cintre de l’arcade intermédiaire. Les fenêtres furent bouchées au Nord, refaîtes et un peu agrandies au midi au 14e siècle. Des chapelles latérales furent ouvertes plus tard aux côtés du choeur ; celle du Nord se prolongeant et ouvrant sur la nef, est ajourée d’une belle fenêtre de la Renaissance, font malheureusement le tympan en demi-rosace, caché par la voûte, ne se voit que du dehors. Les chapelles qui étaient autrefois sous les vocables de Saint-Simon et de Saint-Denis, ont maintenant des statues de saint Évroul (côté de l’épître) et du Dieu-Fort ayant en mains pour attributs un globe (ou un coeur) et une croix.

Je remarque que cette paroisse a changé de nom au milieu du 16e siècle, passant de Saint-Evroul à Saint-Fort. Or, c’est précisément à cette période que je rencontre le prénom Fort au Louroux-Béconnais. J’en conclue qu’il y a eu manifestement un intérêt et des prédications pour le Dieu Fort, à cette époque. Serait-ce lié aux troubles d’alors ? une réaction ?
Quoiqu’il en soit, nous chantons toujours le Dieu Fort :

    Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Étérnel, béni soit ton nom !

Ainsi les trois noms sous lesquels Dieu se révèle dans l’Ancien testament, sont : Élohim (ou Éloah et El), c’est-à-dire Dieu ; puis El-Shaddaï, le Dieu Fort Tout-puissant, et Jéhovah, l’Éternel.

    En savoir plus : sur le site des questions bibliques : Les noms sous lesquels Dieu se fait connaître dans sa parole

La ville de Saint-Fort en Mayenne n’a pas retenue l’explication de l’abbé Angot, et se réfère à un prétendu évêque, que je ne trouve nulle part dans les sources abondantes sur les saints (encyclopédie Migne). Celle de Saint-Fort-sur-Gironde ne mentionne par d’origine.

    Voir le site de la commune de Saint-Fort en Mayenne
    Voir le site de la commune de Saint-Fort-sur-Gironde

En conclusion, je pense que le patronyme Fort relève bien du nom de Dieu Fort, fête à la Trinité, fête mobile, qui était le 24 mai en 1562, et le 16 juin cette année 2009, en même temps que la fête des pères, plus récente.
La Trinité était autrefois une fête plus importante, songez à toutes les paroisses qui sont sous le vocable de la Trinité ! Tout comme Épiphanie, Noël, étaient des prénoms, Fort fut aussi un prénom, si ce n’est qu’on n’a pas été jusqu’à avoir la prétention de s’appeler Dieu, et on a conservé Fort.

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