Voici un métier dont le nom est long mais explicite. Je le rencontre à Angers prenant livraison nominative de 4 condamnés
Voici un métier dont le nom est long mais explicite. Je le rencontre à Angers prenant livraison nominative de 4 condamnés venant de Nantes :
Voici la retranscription de l’acte : Le 30 juin 1639 Dvt Louis Coueffe notaire à Angers (AD49), Valentin Boutin Sr de la Boutinière, commis à la conduite des condamnés aux peines de galères des provinces de Bretagne, Anjou, Touraine et le Mayne, comme il a fait aparoir par commisison de Me Dupont de Courlay, général des galères de France, expédiée à Paris le 8 septembre 1635, a reconnu que Me Guillaume Cherot concierge et garde des prisons royaux de cette ville (Angers) pour et au nom de Pierre Giteau concierge des prisons de Nantes, lui a mis en mis en mains les nommés René Marquet Pierre Guyet dict Desforges, maréchal, François Guyet dit La lame et Jean Legal dit Leroy condamnés aux peines de galères par sentence.
Trois d’entre eux portent un surnon, dont l’un assez parlant « la lame ».
Le surnom est assez rare en Anjou, probablement plus fréquent dans ce milieu.
Ces 4 hommes en rejoignent d’autres, dont ils viennent grossir les rangs, car la « chaîne » était plus souvent de quelques dizaines de forçats.
L’organisation de la « chaîne » était médiocre avant 1670, faute le plus souvent de pouvoir recruter des gens expérimentés pour ce type de besogne, assez délicate. Le métier ne devait pas être des plus recherchés : Boutin sait signer certes, mais tout juste.
La signature est maladroite, et rarement aussi maladroite chez quelqu’un qui se pare du titre de « sieur de la Boutinière ». A droite, c’est Cherot le concierge des Prisons d’Angers, puis Coueffe le notaire royal à Angers, et enfin deux témoins.
Enfin, pour un BOUTIN être « sieur de la Boutinière » est pour le moins curieux.
La culture n’était pas la qualité requise, juste savoir lire les noms des condamnés. Mais cet acte montre que Boutin avait la charge de 4 provinces, pas moins. Il devait acheminer les condamnés jusqu’à Marseille. Tout au long du chemin, les foules accouraient au spectacle du passage de la « chaîne ».
En savoir plus avec :
Zysberg André, Les Galériens, vies et destins de 60 000 forçats sur les galères de France 1680-1748 , Le Seuil, 1987 – son site
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