Saint Maurille, honoré le 13 septembre

Les fouilles archéologiques préventives de la place du Ralliement à Angers, en vue du futur tramway, ont permis des découvertes exceptionnelles.
Et la télé avant-hier d’ajouter que parmi les sarcophages découvers se trouvaient sans doute celui de saint Maurille. Décidément, le saint aura toujours suscité le merveilleux et les légendes, même à la télé en 2008 !

Voici sa vie, assez remplie de légendres tant cette époque manque de documents authentiques. Je me suis inspirée, en partie, de l’ouvrage de Jacques Levron, Les Saints du Pays Angevin, Arthaud, 1943

Maurille naît vers 335 à Milan dans une famille chrétienne, d’un père gouverneur de la Gaule transalpine. Saint-Martin de Tours, venu à Milan, l’enthousiasme au point qu’il n’hésite pas à le rejoindre à Tours.
Après 2 années de formation, il reçoit les ordres sacrés et est envoyé en Anjou.
Abbé de Chalonnes, il doit affronter les cultes païens encore existants, prêchant la vraie religion, et même guérissant les malades, enfin du moins guérit leur âme.
A cette époque, la succession d’un évêque se faisait par acclamation du peuple, or, Prosper, évêque d’Angers vint à mourir. L’évêque de Tours fait alors acclamer Maurille, qui doit alors abandonner son monastère pour répondre à cet appel des fidèles.
Mais les prodiges continuent, jusqu’à ce qu’une femme stérile, lui ayant demandé conseil, et ayant obtenu la grâce d’enfanter, lui amena son enfant à baptiser dans la cathédrale par un temps glacial. Hélas, l’enfant mourut avant d’avoir reçu le baptême, et Maurille, se croyant alors fautif et incapable d’accomplir sa mission, se démit de ses fonctions, quitta l’Anjou et serait même parti en Angleterre, à ce que l’on croit. Il y aurait travaillé comme jardinier dans un monastère.
Mais les Angevins restaient inconsolables de son départ. Ils croyaient même que si Maurille ne revenait pas leur cité serait détruite. Ayant eu connaissance du lieu de sa retraite, sans doute par un de ses innombrables pélerins, ils envoyèrent une délégation en Angleterre, mais Maurille ne voulut rien entendre.
Pourtant, il eut un songe la nuit suivante, et un ange lui serait apparu annonçant

qu’à l’enfant, il rendrait la vie

Maurille rentra à Angers, s’agenouilla devant la tombe de l’enfant pour prier. La légendre poursuit :

Sitôt que l’oraison faite
Fut, et Maurille se ressort
Lors l’enfant se lève de mort
Visiblement et devant nous…

Cette légende, dite de saint René, car « né deux fois », persistera durant des siècles… Il est vrai que dans ces temps, les documents font souvent défaut pour établir la vérité.
Poursuivant ses miracles, Maurille affronte bientôt des réunions païennes près de Rochefort. Chassant des mégères païennes du rocher de leur culte, il y fonde une dévotion à la Vierge : Notre-Dame du Marillais.
On dit même que les Angevins lui doivent la fête du 8 septembre, fête de la Nativité de Notre-Dame, plus connue sous le nom de Notre Dame Angevine. Outre les pélerinages et les fêtes, la date fut si importante en Anjou qu’on avait fait un terme pour les baux !
Est-ce Maurille lui-même qui donna ce nom de Notre Dame Angevine, nul ne le sait, certains le disent ?
Vers 426, alors âgé de 90 ans, il meurt, ayant demandé à être inhumé dans une crypte au milieu du cimetière de Saint-Pierre, qu’il avait eu soin de faire creuser pour lui.
Naturellement, le lieu devint bientôt un lieu de miracles !
Puis, dès le haut moyen âge, son corps est porté dans l’église bâtie en son honneur. Cependant, sous Charlemagne, il est transféré dans la cathédrale. Puis, au 13e siècle l’évêque Guillaume de Beaumont fait confectionner une chasse et Maurille y est déposé solemnellement le 16 août 1239.
Deux siècles plus tard, cette chasse fut jugée insuffisante par les chanoines, et ayant reçu l’accord du roi René, ils firent exécuter par Pierre de Bourges, orfèvre, une statue en or du saint, qui fut placée devant la châsse en 1473., où elle restera jusqu’au 18e siècle, largement décrite par les chroniqueurs.
La Révolution survenue, la châsse détériorée et les ossements dispersés !
Deux vitraux du 13e siècle, dans le chœur, des tapisseries, et une cloche, gardent le souvenir de saint Maurille à la cathédrale. Malheureusement restauré en 1858, l’un des vitraux est désormais mélangé à des scènes de la vie de saint Marin, tandis que le second le montre mettant en fuite le démon à Chalonnes.
La tapisserie, commandée en 1460 par les chanoines, est désormais incomplète, car après avoir disparu à la Révolution, seul un fragment fut retrouvé puis restauré. On y voit deux tableaux, sur l’un il bêche, sur l’autre il présente au roi d’Angleterre un plat de fruits. Cette image de Maurille à la cour d’Angleterre est pour le moins surprenante, car ce n’est certes pas là qu’il aurait établie sa retraite.
La seconde tapisserie, exécutée vers 1616, sans doute par des tapissiers d’Aubusson et de Felletin, de passage, comporte 4 tableaux, dont l’un consacré à la destruction du temple de Chalonnes.
L’église qui lui fut dédiée a disparu à la Révolution, mais une rue rappelle son emplacement.
Chalonnes de son côté a gardé la mémoire de saint Maurille.

Nous connaissons la paroisse saint Maurille pour avoir recherché dans ses registres paroissiaux. C’est donc un nom bien familier à travers ces registres, aux chercheurs.

C’est sans doute sur ce point que la découverte archélogique faite en 2008 place du Ralliement, apporte un élément nouveau. Cependant les sarcophages, qu’à la télé avant hier on disait ni plus ni moins renfermer sans doute saint Maurille, ne le contiennent très probablement pas ! Il avait été mieux honoré au fil des siècles !

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.