Jacques Briant engage Pierre Coiscault, Soudan, 1603

Comment un Breton de Bretagne, puisque Soudan est en 1603 en pays de Bretagne, vient-il engager à Angers un assistant pour traiter ses affaires dans différents procès ?
Je suis surprise, car on aurait pu penser que Nantes était le lieu de prédilection !

Nous avons un véritable contrat de travail, avec un salaire, et des clauses de frais de voyages : cheval, bottes et éprons fournis.
Mais, le plus surprenant est bien que ce Jacques Briant est un grand procédurier, et pas n’importe lequel, puisqu’un peu plus tard, il va même aller jusqu’à l’assassinat de Philippe du Hirel, dont nous avons vu ici la veuve, Henriette de Portebize, faisant face à des frais de procédures délirants, une vraie fortune. Voir Henriette de Portebize face à 3 000 livres de frais de procédure pour l’assassinat de son époux Philippe du Hirel par Jacques Briant.

Jacques Briant m’est apparu, petit à petit au fil de mes recherches, sur de très longues années. Je me souviens du premier acte concernant la succession sans hoirs de Philippe du Hirel, dans laquelle, une petite phrase, loin dans les longues pages, laissait échappé qu’il était mort assassiné (d’où l’intérêt qu’il y a toujours à d’abord tout retranscrire, ligne par ligne, un acte). Puis au fil d’autres découvertes d’actes, j’ai pu apprendre que l’assassin se nommait Jacques Briant, puis je trouvais Jacques Briant dit Chopinière, puis Jacques Briant sieur de Vaudurant.
Donc, dans l’acte qui suit, même s’il est antérieur de 25 ans, je suis sur la même famille père ou fils, car ici j’ai bien Jacques Briant seigneur de Vaudurant demeurant au lieu seigneurial de la Chopinière à Soudan.. Du même coup, je découvre que la Chopinière est à Soudan, or, Charles Hirel possédait la Verrerie à Soudan et demeurant à la Hée à Villepôt. Comme quoi, on ne s’entend pas toujours entre voisins !

Vaudurant est un lieu disparu, mais je trouve dans l’Armorial de Bretagne, de Potier de Courcy, article Gouyon, que cette famille posséda, entre autres, Vaudurant en Rougé. Cette terre était située autrefois sur Rougé, et j’ignore comment Jacques Briant en est seigneur. J’ignore encore plus à quel endroit de Rougé, car j’ai regardé en vain le cadastre napoléonien en ligne.

Avec ce Jacques Briant, j’ai le sentiment de comprendre enfin Les Plaideurs, qui m’étaient passés par dessus la tête en mon jeune temps, faute de comprendre tout ce fatras de procès. Et par ailleurs, je le trouve résoluement moderne, puisque de nos jours il existe des juristes d’entreprise.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 5 décembre 1603 après midy, devant nous François Prevost notaire de la cour royal d’Angers ont esté présents et personnellement establiz Jacques Briant écuyer sieur de Vaudurant demeurant au lieu seigneurial de la Chopinière paroisse de Soudan pays de Bretagne d’une part
et Me Pierre Coiscault Sr de la Carte, praticien demeurant en la cité de ceste ville d’autre part

lesquels soubmis respectivement etc au pouvoir etc confessent avoir fait entre la convention qui ensuit c’est à scavoir que ledit Coiscault a promis promet et demeure tenu aller au premier jour de janvier prochain demeurer avec ledit sieur de Baudurant et dudit jour jusqu’à 3 mois qui éscheront au premier jour de juillet prochain, vacquer et soliciter diligemment et fidèlement aux affaires et procès qu’il a ou aura et ou il le vouldra employer pendant ledit temps soit en ceste ville, à Rennes, à Paris, ou en autres lieux, et y faire telle fidèle poursuite et diligence que ledit sieur de Vaudurant le chargera et qui y seront requises, l’advertir de tout ce qui se passera esdits procès en des expéditions et procédures et en tenir et bailler requérir garder ledit sieur de Vandurant de toutes surprises

pour le sallayre (salaire) et vacations duquel Coiscault ledit sieur de Vaudurant a promis promet et demeure tenu en payer et bailler d’huy en 3 mois prochain et à la fin desdits 6 mois la somme de 80 livres tz et quand ledit sieur de Vandurant envoyera ledit Coiscault hors de sa maison soliciter et vacquer à sesdites affaires et procès il luy fournira d’un cheval bottes et espron, argent tant pour sa despense que frais et procédures dont ledit Coiscault en tiendra loyal estat et coust,
et a ceste convention accord respectivement entretenir faire payer oblige respectivement lesdites parties
fait à notre tablier en présence de Me Jacques Blais? et Rolland Gault

Curieusement, je vois double : 2 signatures Coiscault, très ressemblantes. Aurait-il signé 2 fois, c’est pourtant improbable ! Ou alors, il était vraiement fou de joie de signer ce curieux contrat !

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Bannies des biens de feu Mathurin Nepveu, Angers, 1595

Il n’y a rien de plus long qu’un procès entre héritiers collatéraux. L’acte qui suit fait 32 pages et je vous proposé la première moitié, à vous de voir si vous poursuivez.
Les biens énumérés ci-dessous nous emmême visiter la grand rue du quartier saint Jacques à Angers, et vous allez voir que les hôtelleries y étaient nombreuses.

  • Merci de pointer si je les ai toutes sur ma page des hôtelleries, afin que je puisse éventuellement la compléter.
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, E3478 – Fonds famille Neveu
    Voici la retranscription de l’acte : A tous ceux que ces présentes lettres verront Nicolas Louneau conseiller du roy nostre sire et assesseur au siège et juridiction ordinaire de la prévosté royale ville et communauté d’Angers salut, comme procès fust mu et pendant par devant nous entre Pierre Maheas subrogé au lieu de maistre René Verdier curateur aux causes de Jacques et Marie les Allain, ayant les droits cédés de noble homme maistre Jehan Allain leur père et curateur à lapersonne et bien de Jehan Teillard demandeur et poursuivant les criées, bannies, vente et adjudication par décès des biens de defunt Mathurin Nepveu et Sébastienne Maheas d’une part,
    et Perrine Nepveu héritière par bénéfice d’inventaire dudit déffunt Mathurin Nepveu, Mathurin Thibault, Michel et François les Bigot, enfants de defunt Ysaac Bigot, héritiers de ladite Maheas, défendeurs
    et encore ledit maistre René Verdier esdits noms maistre Gabriel Bernard mary de damoiselle Jacquine Allain, maistre Gilles Héard curateur en cause de damoiselle Marguerite Cochelin femme de noble homme Adam de la Barre, procureur du roy au siège présidial de ceste ville, Jehan Bucet, maistre Jehan Girault prestre et les chanoins et chapitre saint Maimboeur de ceste ville, Mathieu Beneteau, Estienne Jamoy.., maistre Mathurin Le Pelletier notaire royal, François Lemesle, Jacques Ruys, les procureurs et supost de la nation de Brataigne, les procureurs et suppost de la nation du Mayne, frère Guillaume Clayne, maistre Jehan Rigault prêtre, chapelain de la chapelle du Fou, Charles Jouin mari de Judicq Eluard, Jehan Cartier mari de Marie Eluard, Magdeleine et Suzanne les Eluard, héritiers de feu Jehan Eluard en la qualité qu’ils procèdent, Denise Martin veuve de défunt André Morier, Marguerite dela Fonde, Marc Hunault, Françoise Garauld veuve de feu uillaume Champain et François Choppin maistre apothicaire en ceste ville, opposants d’autre

    salut, scavoir faisons que vu les productions desdits demandeurs et poursuivants … (il les réénumère) esdits noms, procès verbal desdites criées faictes par Gilles Prevost sergent royal du jeudi 16 janvier 1592 et autres jours suivant acte expédié devant nous du 28 avril 1593, portant entre autres choses la vérification et assertion desdites criées,
    acte expédié entre lesdits Maheas, Verdier et Allain esdits noms du 12 mars 1593 portant que ledit Maheas aurait été subrogé au lieu et place desdits Verdier et Allain esdit noms à la poursuite du présent procès à la charge d’en faire la poursuite et les faire vendre dedans 6 mois lors ensuivant et auxquelles criées ledit Verdier demeurerait opposant et serai payé de ses frais et à cette fin baillerait les pièces audit Maheas pour les employer par mesme déclaration,
    autre acte expédié devant nous du vendredi 11 décembre 1592 entre ledit Clousier opposant d’une part, ledit Allain poursuivant ledit Maheas et de la nation de Bretagne aussi opposant par lequel entre autres choses auraient lesdites parties apoinctées en droit et que pour l’illustration de la cause
    autre acte expédié devant nous du 27 janvier 1593 portant que ledit Verdier aurait esté pourvu curateur aux causes desdits Jacques, Pierre et Marie Allain, moyens de saisie desdits poursuivants et déposition desdits Clozier, Martin Choppin, de Saint Maimboeuf, de la nation du Mayne, Rigault, Bruneteau, Bareau, Hunault, Garnier, Lemesle, Anne Lepelletier, de la Fonde, Thebault, les Bigot, Cartier et les Eluard esdits noms
    mandement et commandement de produire fait aux défendeurs et opposanats avecq tout ce que mis et produit a esté par devant nous et sur ce conseil et considéré par nostre sentence et jugement de ce qu’il sera procédé à la vente et adjudication par décret par devant nous des choses saisies les solemnités de justice requises gardées et observées scavoir est (on arrive à l’énumaration des biens saisis, courage ! Pour faciliter la lecture, non seulement je vais à la ligne, mais je mets des numéros)

    1-d’une maison sise sur la rue saint Nicolas de ceste dite ville en laquelle lors de la saisie demeurait Pierre Taillandier paroisse de la Trinité, composée d’une petite cour au derrière joignant d’ung cousté les estables et appartenancs qui furent aux héritiers feu Me Georges Fonveille
    2-d’une autre maison et jardin appelée la Grisle sise en la rue du Chef de Ville paroisse Saint Jacques les Angers, joignant d’un costé la maison Nicolas Lemoulnier,
    3-d’ung aultre grand corps de logis cour jeu de paulme jardins et appartenances d’iceluy sis en la grande rue desdits fauxbourgs saint Jacques, où pend pour enseigne l’Image Saint Nicolas,
    4-en ce compris une petite maison et jardin appelée la Boutinerie joignant d’un costé en partie les estables de l’hostellerie où pend pour enseigne l’image saint Julien qui est de l’autre costé de ladite rue
    5-d‘une autre maison jardin et appartenances où estait demeurant lors de la saisie Jehan Fouscher cordonnier, sise esdits fauxbourg aussi sur ladite Grand rue vis à vis l’hostellerie où pend pour enseigne le Sauvage joignant d’ung costé la maison et jardin des Martin,
    6-d’une autre maison jardin appartenances et dépendances appellée le Croissant en laquelle lors de la saisie estait demeurant Jehan Poybeau cordonnier joignant d’un costé ladite maison où était demeurant ledit Fouscher,
    7-de la moitié par indivis de la maison jardin et dépendances de l’hostellerie du Dauphin où estoit aussi demeurant lors de la saisie une nommée Mellet tout ainsy que le defunt Michel Bigot et ledit Maheas l’auraient acquise joignant d’un costé ladite maison et jardin du Croissant
    8-d’une autre maison et jardin appelée le Treillis Vert sise sur ladite Grand rue desdits fauxbourgs, joignant d’ung costé les jardins appartenances de René Thibault,
    9-d’une autre petite maison avec un petit jardin au derrière appelée l’Ardoise, où estait aussi lors de la saisie demeurante la veuve Ardange
    10-d’une autre maison jardin et appartenances appellée la Tuellerye sise sur la Grand rue desdits fauxbourgs et près l’église d’iceluy joignant d’un costé les maison jardins et appartenancse où pend pour enseigne l’écu de Bretagne appartenant à Mathieu B..
    11-d’une aultre petite maison où estait aussy lors de la saisie demeurant François Coiscault cousturier sise sur la Grand rue vis à vis de ladite église saint Jacques, joignant d’un costé et d’un bout ladite hostellerie saint Jacques
    12-d’une autre maison jardin et appartenances sise esdits fauxbourgs où estait aussy lors de la saisie demeurant Jehan Cousin boulanger, sise près ladite église sur ladite Grand rue joignant d’un costé ladite hostellerie saint Jacques
    13-de 4 arpents de pré vis à vis le petite rivière de Loyau devers Ponceau en ladite paroisse saint Jacques joignant d’un costé les prés dépendant du collège e la Fourneregerie
    14-d’un quartier de pré sis en la grand prée de Loyau joignant d’un côté les prés appelés les prés de la Pellette
    15-de 3 autres arpends de pré ou environ sis en ladite grand prée paroisse saint Jacques ou saint Nicolas, joignant les prés de Bernaige ?
    16-d’une pièce de terre labourable située près les Dousses paroisse St Nicolas contenant 3 journaux ou environ joignant d’un costé et abouté d’un bout à la terre desdits Doussets
    17-de la moitié par indivis de 2 quartiers de vigne au cloux de Gieul paroisse de Pruniers, joignant d’un cousté les vignes de Françoise Garnier
    18-de 3 quartiers de vigne ou environ au cloux de la Tranchardière dite paroisse de Prunier joignant des 2 costés les vignes maistre Guillaume Liger
    19-de la moitié par indivis de 6 autres quartiers de vigne sis en divers endroits au cloux de Fouacières en ladite paroisse Saint Nicolas, Michel Michot et ledit Maheas coustant leur mariage
    20-aussi la moitié par indivis du lieu et closerie de la Souchetière sise en la Haye Saint Nicolas paroisse de Beaucouzé, composée savoir d’une maison ayreau et ung petit pastis devant, contenant une boisselée ou environ, joignant d’un costé aux landes, d’ung cloteau de terre contenant 6 boisselées ou environ estant au derrière de ladite maison, joignant d’un costé à la terre de … Benoist, d’une autre pièce de terre en ung tenant contenant 15 boisselées de terre ou environ appellées l’Escaubu joignant d’ung cousté le chemin tendant dudit lieu de la Haye à Beaucouzé, de 9 boisselées de terre ou environ estant en la pièce de terre de l’Esaudrais joignant d’un costé la terre des héritiers feu Pellard, de 9 autres boisselées de terre ou environ en un tenant en une pièce appelée les Grés joignant d’un costé la terre de René Callais, d’une petite caille de jardin estant en jardin de la Haie saint Nicolas appelé la Soucheterie joignant d’un costé la terre de Mathurin Guerin, d’une autre caille de jardin estant en grands jardins joignant d’ung costé la maison de Robert Perrault d’un petit lopin de pré contenant le tiers d’une hommée estant en ung pré appelé la Piconnière non compris 3 … estant au mitan dudit lopin de pré …
    … etc (il y en 32 pages comme cela…)
    Voir aussi AD49 sérite 5E5, Hardy notaire, Angers 16 février 1567, Mathurin Nepveu, Gilles Gratien et Jean Jean Allain avocat à Angers vendent à René de Vitré l’hostellerie du Dauphin, l’hostellerie de l’image St Jacques, rachetés par réméré en mars 1570 par Nepveu.
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    Nomination d’un procureur par les Mellet, Angers, 1571 pour les représenter en justice

    Les procurations sont nombreuses dans les actes notariés.
    Généralement considérées comme des actes mineurs, et à ce titre, elles sont le plus souvent laissées de côté, elles peuvent être une source intéressante de filiation, au même titre que les rentes obligataires, car elles donnent des éléments précis, ou tout au moins, attestent de liens de parenté certains.

      En effet, les personnes nommant le procureur ont un intérêt commun, donc, un lien familial, le plus souvent pour défendre une cause par suite d’héritages.

    Même si les liens ne sont pas explicités, l’ensemble constitue un élémént de preuve filiative probable, donc rien n’est à négliger pour reconstituer les filiations, surtout au 16e siècle, généralement pauvre par ailleurs dans les registres paroissiaux.

    Les personnes qui nomment un procureur font généralement tellement confiance au notaire, que le nom du procureur est laissé en blanc. J’espère pour vous que vous ne signez jamais, en 2008, de texte laissant un blanc. En tout cas, cela montre qu’autrefois les relations de confiance existaient.
    C’est le cas dans l’acte qui suit, le nom est en blanc.

    La procuration ci-dessous est extraite des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription exacte de l’acte : Le 21 juin 1572, en la court du roy nostre sire à Angers endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de la dite court personnellement establys

  • honorable homme Me Jehan Allain licencié ès loix advocat Angers,
  • Me René Chevalier aussi licencié ès loix advocat audit Angers,
  • tant en son privé nom et comme curateur de Symon Chevallier son frère
  • et encore comme curateur ordonné par justice de Joseph, André et Marie les de La Fuye,
  • Charles Doysseau mary de Renée Meslet tant en son nom à cause de sadite femme,
  • que comme curateur de Jehanne et Renée les Meslet
  • et Catherine Chevallier veuve de defunt Me Jehan Chevalier
  • tous demeurant Angers soumettant confessent avoir ce jourd’huy par ces présentes nommé (blanc) leur procureur …

    fait et passé Angers en présence de honnestes hommes Pierre Duguat et Louis Duboys marchand demeurant Angers. Signé de tous.

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