Claude Miracle, cordonnier à Orléans, est frère de Jean Miracle marchand à Provins, 1598

Introduction

En tant que Nantaise, j’ai des ascendants à Orléans, car la Loire était la voie d’échange. Ici, pas de fleuve pour relier Provins à Orléans, et pourtant Claude Miracle s’est établi à 180 km de son lieu de naissance. C’était sans doute un cas semblable à mes bretons, c’est à dire, un fils cadet pour lequel il n’y avait pas de place pour la succession au métier du père le plus souvent réservé à l’aîné. Eh oui ! le droit d’aînesse existait bel et bien ! Donc, au cadet, pas de place la plupart du temps, et on allait même jusqu’à lui mettre un ballot sur le dos et le laisser partir chercher fortune ailleurs. Enfin, j’ai écrit « le laisser partir », mais en vérité je pense qu’on le forçait à partir…

les procurations entre cohéritiers partis au loin

Ceux qui sont partis au loin, même en Amérique ou ailleurs, étaient obligatoirement informés lors des successions et/ou ventes des biens de leurs héritages. Ils répondaient alors en envoyant une procuration passée devant leur notaire local, c’est ainsi que j’avais pu remonter des Canadiens etc… bref, c’est fréquent, et je vous mets cet acte pour vous illustrer ces procurations;..

Claude Miracle a eu des descendants 

Et ils sont en panne sur Geneanet, dites leur de voir mon blog et ensuite rechercher à Provins

bail d’une maison ruinée 

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.04.27 vue 122 – Fut présent en sa personne Denis Gaulthier mareschal demeurant à Provins lequel recognut avoir prins et retenu prend et retient par ces présentes à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de Jehan Miracle marchand demeurant audit Provins en son nom pour les 3 parts et encores avec procuration de Claude Miracle son frère cordonnier demeurant en la ville d’Orléans et fondé de lettres de procuration dudit Claude passées par devant François Vannier notaire et tabellion royal au chalet d’Orléans en datte du 9 juillet 1595 pour l’effet cy après déclaré et dont est aparu audit juré laquelle est demeurée es mains dudit bailleur lequel esdits noms a promis et promet garantir de tous troubles et empeschements quelconques audit preneur ses hoirs et ayant cause à l’advenir c’est à savoir une maison couverte de thuille de fond en comble du fors ruynée court derrière les lieulx comme ils se comportent assis à Provins rue du Celoison assis près la porte tenant d’une part à Nicolas Prevost à cause d’Elizabeth Basille sa femme d’autre part à une ruelle

Prix d’une jument à Provins en 1598 : moins cher qu’une voiture en 2025 !

Introduction

Autrefois pour se déplacer, outre les pieds, moyen le plus fréquent, il y avait le cheval qui permettait 40 km/jour ou relais cheval dans les relais de poste pour faire plus de 40 km dans la journée.

prix d’un cheval en 1598

La jument est vendue ci-dessous 26 écus, et pour le double on avait une maison ! En 2025 la voiture est vendue en moyenne 35 000 € et vous ne trouverez aucune maison habitable au double, même rarement à 10 fois plus. C’est dire qu’autrefois l’immense majorité n’avait pas les moyens de circuler à cheval et se déplaçait à pieds.

la jument vendu par Jacques Privé, tanneur à Provins 

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.04.28 vue 116 – devant midy en l’etude du juré fut présent en sa personne Edmé Gennel praticien demourant à Monceaux lequel a recognut debvoir et promet payer à Jacques Prive marchand tanneur demourant à Provins absent ou au porteur la somme de 26 escuz sol pour vente d’une jument soubz poils rey gris payable ladite somme à 2 termes et payements esgaulx qui seront en deux jours et à St Martin d’hiver ensuivant

 

Catherine Philippe, veuve de Jean Robinot, bourgeois de Provins (77), accepte ses dettes, 1598

Introduction

Du vivant de leur mari, les femmes autrefois n’avaient aucun droit, mais devenue veuve, elles avaient tous les droits qu’avait leur mari, et même le droit d’hériter des dettes de leur mari ! Car ici, Catherine Philippe, veuve de Jehan Robinot, accepte une sentence rendue contre son défunt mari, pour un impayé, et paye même les arriérés.

la merveilleuse signature de Catherine Philippe

Je suis restée longtemps en admiration devant cette signature exceptionnelle. Certes, j’ai partagé déjà avec vous sur ce blog, les nombreuses signatures de femmes au 16ème siècle à Provins, mais ici, la fioriture qui suit la signature est celle d’un bon bourgeois de Provins, et plus que stupéfiante pour une femme !!!

héritage de le sentence rendue contre son défunt mari

AD77-1027E424 Jacques Delanoe notaire à Provins

1598.04.01 vue 105 – fut présente en sa personne honneste femme Catherine Philippe veuve de feu Jehan Robinot lesné vivant bourgeois de Provins laquelle tant en son nom que soy faisant fort des enfants dudit deffunt et d’elle laquelle a consenty et accordé consent et accorde que la sentence cy devant et dès le 27 mars 1597 rendue au proffict des vénérables doyen chanoines et chapitre de l’église collégiale Notre Dame du Val de Provins à l’encontre dudit deffunt Jehan Robinot son mary, Claude Robinot et autres des autres ses … au baillage de Provins signée Defontaires pour raison de la somme de 40 sols de rente annuelle et perpétuelle dont sont chargés plusieurs héritages situés et assis au finage de Gouaix et es environs, soit à l’encontre d’elle exécutoire comme elle estoit contre ledit deffunt son mary saus son recours déclarant qu’elle a payé les arriérés de ladite rente en son regard au jour de St Martin d’hiver dernier qui est le terme de payer ladite rente

 

 

Nicolas Langlois, laboureur à Augers (77) acquiert des terres payées comptant, 1598

Introduction

Avec persévérance, je poursuis l’indexation de quelques liasses des notaires de Provins, et si je trouve très peu de choses concernant mes ascendants, je glane cependant des petites pistes qui feront un jour un lien et une parentèle.

les Langlois d’Angers en Brie

Les contrats de mariage sont souvent peu bavards en matière de filiation chez ces notaires. Ainsi, mon ascendant Valentin Langlois est seulement dit d’Augers en Brie et avoir pour frère Nicolas. Donc, tout ce qui concerne Nicolas Langlois à Augers est pour moi une petite piste pour apporter un peu d’eau à mon moulin. Or, ici, non seulement Nicolas Langlois acquiert une terre mais elle est importante, et payée comptant pour une somme assez élevée. Or, la plupart des ventes foncières sont alors des ventes à rente annuelle et perpétuelle, et non des ventes payées comptant. Nicolas Langlois peut donc être considéré comme un riche laboureur, comme celui dont nous parlait Jean de La Fontaine.
En outre  l’acte raconte qu’il aurait aussi acheté une autre partie de ces mêmes terres d’un certain Jacques Langlois procureur. Or, ce Jacques Langlois a un fils prénommé Edmé, et moi, je fais tout ce travail de recherche pour remonter Edmée Langlois mon ascendante, qui avait épousé mon Fauchon apothicaire à Provins. Si j’ai bien maintenant le nom de son père, je n’ai pas la mère et les grands parents…

Nicolas Langlois paye comptant 40 écus  

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.03.27 vue 96 – Nicolas Prevost marchand demeurant à Provins et Elizabeth Basille sa femme à caude d’elle, de luy suffisamment auctorisée pour faire et passer ce qui s’ensuit, lesquels de leur bon gré sans force ne contrainte aulcune recognurent avoir vendu céddé et par ces présentes vendent cèdent promis et promettent garantir de tous troubles et empeschements à Nicolas Langlois laboureur demeurant à Augere présent achapteur pour luy ses hoirs c’est à savoir la troisième partie en la moitié de 27 arpents de terres labourables et prés ou environ en plusieurs pieces situées et assises audit finage d’Augers et es environs et généralement tout tel autre droit part et portion qui auxdits vendeurs à cause et du propre de ladite Basille peult compéter et appartenir compète et appartient tant par le décès de feu son père en quelque sorte et manière que ce soit et appartient par indivis avec ledit achapteur auquel le reste desdits héritages appartient à cause des acquisitions qu’il en a faites de Claude de Bondreville ayeule de ladite venderesse de Estienne Gauthier et de sa femme et de Me Jacques Langlois procureur l’estimation desdits héritages ledit achapteur a dit bien savoir et connaître et s’en est tenu pour bien contant en censive du Sr de Monglas et chargées …, ceste vente faite moyennant le prix (f°2) et vin de 40 escuz sol argent franc auxdits vendeurs qui les ont eu et receu dudit achapteur et à eulx payé, et lesdits vendeurs ont dit estre pour employer au payement de partie de la somme deue à Jehan Ramboullet fils de Jehan par le reliquat du compte rendu de la charge de tutelle que deffunt Gervais ? Ramboullet mary de ladite Elisabeth venderesse auroit eu de ses corps et biens

Empochée en 1944 à Guérande, j’ai connu le rat

Introduction

Née en 1938 j’ai beaucoup de souvenirs de la guerre. Souvent ce sont des images gravées dans ma mémoire, et je viens vous livrer une image qui me hante toujours quand j’entends les nouvelles, de Gaza et autres lieux de guerre affamante…

rue Saint Michel à Guérande en 1944

Au premier étage de la maison Fagault à l’angle de la Saint-Michel et la rue de la Juiverie, c’était les Allemands, et nous vivions tous au second. Pour mémoire, la poche était une zone où les Allemands s’étaient retirés, et les alliés tentaient de les affamer tandis que les civils Français de cette zone subissaient le manque de nourriture, d’où ensuite l’extraction de civils et les trains de libération dont je vous ai parlé.
La maison Fagault était une épicerie quincaillerie en gros et disposait d’entrepôts derrière la maison, de personnel, environ une vingtaine. Ma maman avait alors 5 enfants dont j’étais l’aînée, et face au manque de nourriture, elle fut généreusement assistée du personnel, trouvant ça et là du lait, des biscuits, et même cette viande dont je viens vous parler…

l’immense boîte de biscuits

Couleur métal brut, sans décors, elle mesurait au moins 30 x 30 cm cubique, et contenait certainement 4 à 5 kg de biscuits. Je viens ce jour de demander à l’IA cette boîte, mais malheureusement l’IA a oublié et ne connaît plus que les petites boîtes métaliques fantaisies joliement décorées qui n’ont strictement rien à voir avec la tine de guerre. Donc, je me souviens avoir mangé des biscuits. C’étaient des biscuits secs sans chocolat ou autre douceur et ma mémoire ne peut dire s’ils étaient LU ou BN. Certes la Biscuiterie Nantaise était autorisée pour livrer en particulier les écoles … , mais il est probable que c’étaient LU, car je me souviens fort bien avoir pris le temps de compter les dents de chaque côté donc c’étaient des Petit Beurre LU. C’était merveilleux de manger ces biscuits ! D’ailleurs les adultes ne manquaient pas de nous signaler que c’était exceptionnel !!! et que nous devions nous réjouir de les manger !

madame de la viande !

J’étais sur le pallier du second quand cela s’est passé, et j’ai bien vu cette femme monter tenant à la main droite une immense queue et au bout un animal pendait.
Arrivée sur le pallier, elle se mit à hurler, sur le mode « cris de joie » :
Madame de la viande !
L’image de ce rat est restée gravée en moi ! C’était aussi gros pour moi qu’un lapin et pas du tout la taille d’une souris ! Bref, un animal impressionnant !
A la mémoire de ce rat de mon enfance, et surtout de ma maman qui fit face cette année là à si peu de nourriture pour élever 5 enfants si petits !

 

 

 

 

A l’issue de la grand messe on discutait autrefois des affaires de la paroisse, Saint Brice (77) 1598

Introduction

Aujourd’hui 7 mai 2025 s’ouvre à Rome le conclave. L’église catholique a beaucoup changé : autrefois la grand messe le dimanche était le lieu de rencontre de tous les paroissiens, et un moment d’échange entre tous, heureux de pouvoir discuter et échanger entre eux aussi bien des nouvelles familiales que des affaires. Ces échanges avaient lieu sur la place ou sous le portail, après la messe, mais à la fin de la messe, le prêtre donnait aussi des nouvelles voire demandait aux paroissiens leur opinion sur la gestion des affaires de l’église, comme ce fut ci-dessous le cas. Nos moyens de communication modernes nous ont fait oublié les modes de communication sans l’électricité indispensable à nos outils qui suivirent : le téléphone, internet etc… Bref, en 1598 on n’avait que ses pieds et sa langue et on était contents de pouvoir rencontrer les autres le dimanche après la grand messe.

un paroissien mauvais payeur

A l’issue de la grand messe, on gérait donc aussi les affaires de la paroisse, car les églises n’avaient pas été confisquées par l’état, et elles étaient gérées par les paroissiens représentés par le marguillier qui était le gestionnaire délégué par eux. A Saint-Brice,  le marguillier rencontre en 1598 un sérieux problème car une des rentes de l’église est impayée, et je trouve un très long acte passé devant le notaire à Provins nommé Jacques Delanoe, qui enregistre les débats qui eurent lieu dans l’église à l’issue de la messe contre l’un des paroissiens mauvais payeur, dont je n’ajoute pas le nom en sa mémoire, même si je suis certaine que peu de généalogies sur les bases de données remontent au 16ème siècle dans la Brie.

rente impayée à l’église de Saint-Brice, 1598

Je vous mets le début de ces 3 pages, et cela relate assez le problème :

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.03.07 vue 75 – Claude Blanot laboureur demeurant à Saint Bris comme marguillier de l’église de St Bris assisté de vénérable et discrete personne Me Marin Symonnet curé de ladite église, Jacques Foucher, Pierre Thierry, Siret Bruslé, tous paroissiens d’icelle et suivant le consentement tant su seigneur dudit St Bris que de tous les autres habitants rendu le jour de dimanche dernier à l’issue de grande messe de ladite église d’une part, et Robert Barré laboureur demeurant paroisse dudit St Bris d’autre part, disant les partyes que ledit Barré estoit tenu et redevable par chacun an le jour St Martin d’hiver envers ladite église et fabrice de St Bris de la quantité de 4 septiers 3 béchets de bled froment de rente foncière annuelle et perpétuelle bon grain loyal et marchand mesure de Provins rendu audit St Bris et que ladite église avoir et a droit de prendre et recepvoir chacun an ledit jour sur une maison grange estables contenant 3 travées couvertes de thuille et de chaulme court jardin et aireaux en dépendant assise à la rue en ladite paroisse, et 7 arpents et demy de terres labourables ou environ assises es environs de ladite maison et au long contenus et spécifiés par l’acte ? de constitution des tiltres et ypotheques rendu en la prévosté de St Bris à l’encontre dudit Barré au profit des marguilliers de ladite église en date du 21 juing 1587 signé Foucher