National de l’Ouest, le 22 novembre 1844
« Mercredi, vers 6 h du soir, un évènement grave s’est passé dans le quartier de Pirmil, théâtre des accidents qui affligent le plus notre ville, et sur lequel nous ne saurions trop appeler la surveillance de la police et la sollicitude de l’autorité supérieure.
Un cabriolet bourgeois dont le cheval s’était probablement emporté, car il n’avait aucun conducteur, et venant de la rue Saint-Jacques, a renversé sur le pont de Pirmil un joctier qui revenait de son travail, et lui a passé sur les jambes. Ce malheureux, qui relevait de maladie, a été aussitôt transporté chez M. Batard, aubergiste voisin, où les soins que réclamaient son était lui ont été prodigués. Nous ignorons si le cabriolet a été arrêté. Ce matin, le pavé du pont de Pirmil était encore teint de sang.
L’Administration municipale, dont la sollicitude ne peut être mise en doute, pourrait adopter une mesure qui préviendrait bien des accidents de ce genre. Il s’agirait d’obliger tout maître de voitures bourgeoises et de voitures de place à avoir toujours un homme à la tête du cheval ou des chevaux pendant qu’elles sont arrêtées. Il arrive trop souvent que des équipages stationnent sur la voie publique sans qu’aucun homme ne soit là pour prévenir le départ inopiné des chevaux, et conséquemment pour empêcher les accidents qui peuvent en résulter. »
Manifestement le pont de Pirmil n’avait pas de trottoirs en 1844 ! car la victime était à pieds