Aveu de Raoullet Lemavroullier au seigneur de la Fessardière, Cherré 1494

Cet aveu comporte un terme mystérieux, car dans la grande majorité des aveux ou débornements des terres les boisselées sont dites « boisselées de terre », mais ici le terme est manifestement différent. Je vous l’ai souligné en rouge aux 3 reprises dans le document.

Voici une tentative d’explication (je dis bien tentative seulement) :

Défens, défends : « Terre, bois, garenne ou étang dont l’usage est interdit à d’autres qu’au propriétaire ou à ceux auxquels il l’accorde, moyennant une redevance » Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf/

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, E283 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Raoullet Lemavroullier s’est du jour duy desadvoué de nostre nuesse et s’est advoué nostre subject par le moyen du sieur de Noueroux, homme de foy de céans à cause de ses fiefs de la Fessardière par raison de toute sa maison, estraiges, jardin, vergers et yssues de la Héardière sisse Fessardière en la paroisse de Cherré avecques troys cloteaux de terre tout en ung tenant les hayes et cloaison d’entre deux contenant le tout troys septercées et demye de terre ou environ ; Item un autre cloteau de terre contenant quatre bouessellées defendce ou environ et aussi une pièce de pré contenant une hommée ou environ sises et joignant lesdictes choses, et en en confesse devoir par chacun an au terme de l’angevine audit sieur de Nouereux et de la Fessardière, troys sols tournoys, de devoir ; Item s’est pareillement ledict Lemavroullier desadvoué de notre nuesse et s’est advoué notre subject par le moyen du sieur des Vallées homme de foy du seigneur de la Fessardière qui tient de céans à cause et par raison d’une pièce de terre contenant dix huit bouessellés defendce ou environ avecques une hommée de pré ou environ joignant à icelle terre appellée le Hersoir joignant d’un costé à la terre aux Buchers ; Item une pièce de terre nommée les chasteaux contenant dix sept boissellées defendce ou environ joignant d’un costé à la terre Jehanne Deffaye ; Item une pièce de terre appellée l’aspuce contenant une septercée ou environ joignant d’un costé et abuttant d’un bout au plesses dudict seigneur des Vallées et en confesse devoir par chacun an au terme de la feste aux mort dix neuf deniers maille tournoys de devoir et autre chose ne advoue à tenir de nous dont nous l’avons juste partant l’en avons envoyé sans jour sauf à le faire revenir s’il est trouvé qu’il ait moins que suffisament déclaré. Donné aux plez de Cherré tenuz par nous Jehan Girart, licencié es loix, sénéchal, le XVe jour de juillet l’an mil quatre cent quatre vingts et quatorze
signé : Deniau R Lemavrouiller

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

7 réponses sur “Aveu de Raoullet Lemavroullier au seigneur de la Fessardière, Cherré 1494

  1. Est-ce que ça ne pourrait pas être « de seurdre » pour « de Soeurdres » c’est à dire selon la mesure de ce village voisin ?

      Note d’Odile :

    Bonsoir Jérôme
    Merci beaucoup de votre proposition.
    Effectivement la boisselée variait en Anjou selon la terre. Je ne sais pas si Soeurdres a eu une mesure propre. Je viens de regarder le dictionnaire de Célestin Port à l’article Seurdre et je ne trouve pas de trace d’une grande seigneurie de ce nom.
    Odile

  2. Bonjour Madame,
    Jamais vu encore la « mesure de Soeurdres » dans mes lectures !

      Note d’Odile :

    J’ai l’ouvrage de Leméné qui traite des mesures anciennes d’Anjou, et je vais le sortir ce WE pour me rémémorer ce qu’il dit pour la boissellée.
    Odile

  3. J’ai vu qu’il y avait autrefois une trentaine de mesures de boissellée en Anjou, mais jamais mention de Soeurdres en effet, donc peut-être mauvaise piste ?

  4. Bonjour Madame Halbert,

    Comme il est encore temps de le faire, je vous souhaite ainsi qu’à vos lecteurs fidèles, une bonne année 2016 riche en découvertes.

    Je propose « boisselée desendre » pour « boisselée de cendre » c’est-à-dire boisselée de grains mêlés à de la cendre ????

    Cette piste reste à conforter bien évidemment, mais c’est tout à fait plausible car cela me fait penser à la pratique agricole rencontrée plus tardivement du XVIe au XVIIIe siècle qui consistait à mélanger le grain à de la cendre (pourquoi pas issue de l’écobuage), alliant à la fois dosage de la semence et fertilisation de la terre à ensemencer.

    Diderot parle de cette pratique agricole dans son « Encyclopédie ».

    Ce terme, pourtant utilisé dans votre acte de 1494 comme unité de mesure « officielle », correspondrait donc plus à une pratique.

    Bonne journée à vous tous.

      Note d’Odile :

    Bonjour Monsieur
    La boisselée est une mesure agraire et à ce titre elle ne peut pas être mesurée en grains, mais en terre. C’est le boisseau qui est du grain.
    Par contre, si vous comparez sur l’original le terme « de terre » qui est au dessus, vous avez la même chose que la fin de ce que nous cherchons, et ce serait alors « boisselée de …terre » et il nous manque 3 lettres encore.
    Odile

  5. Bonjour à tous
    J’avais fait cette retranscription à la demande de Mr Leridon.

    Je constate avec effroi qu’il a modifié ma retranscription sur beaucoup de termes, les rendant erronés et ce, sans m’en avertir. Même « la terre aux Buchers » est devenue « l’arbre aux Buchers » etc…

    Il utilise par ailleurs une mise en page depuis longtemps déconseillée : la numérotation des lignes. Voyez sur ce point les conseils de l’archiviste des AM d’Angers. http://archives.angers.fr/aide-memoire/angers-en-lecture/paleographie/index.html

    A l’avenir je m’abstiendrai donc de retranscrire pour Mr Leridon, car je ne suis en aucun cas l’auteur des retranscriptions qu’il modifie à son gré.
    Odile HALBERT

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