Dispense de consanguinité, La Selle-Craonnaise (53), 1733 : Michel Boisseau et Jacquine Boisseau

L’acte qui suit et extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

Voici la retranscription de l’acte : Le dernier jour d’août 1733, en vertu de la commission à nous adressée par monsieur l’abbé Le Gouvello vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 27 de ce mois, pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’on dessein de contracter Michel Boisseau veuf de Marie Douillard de la paroisse de La Selle, et Jacquine Boisseau veuve de Luc Lamy de la même paroisse, des raisons qu’ils ont demander dispense dudit empêchement, de l’âge desdites parties, et du bien précisément qu’elles peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties, savoir ledit Michel Boisseau, âgé de 32 ans et ladite Jacquine Boisseau âgée de 31 ans, accompagnés de François Giret et de Jean Lepron, cousins remués de germain dudit Michel Boisseau, de Jean Boisseau et François Giret frère et beau-frère de ladite Jacquine Boisseau, tous de ladite paroisse de La Selle, qui ont dit bien connaître lesdites parties ; et serment pris séparément des uns des autres, de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le rapport qu’ils nous ont fait, et les éclaircissements qu’ils nous ont donné, nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

Michel Boisseau, a eu pour enfants

  • Michel Boisseau – 1er degré – André Boisseau
  • Pierre Boisseau – 2e degré – André Boisseau
  • Michel Boisseau, qui veut épouser Jacquine Boisseau – 3e degré – Jacquine Boisseau, du mariage de laquelle il s’agit
  • ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement au 3e degré entre ledit Michel Boisseau et ladite Jacquine Boisseau,
    à l’égard des causes et raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré
    qu’ils se sont vus pendant 2 ans avec tant de familiarité que le public en a été si scandalisé que s’ils ne se marient ensemble, il y a lieu de craindre que ladite Boisseau ne trouve point à qui se marier,
    que les biens de l’un et de l’autre sont proches l’un de l’autre, qui pourront valoir d’avantage que s’ils se mariaient avec d’autres, par conséquent plus en état de donner l’éducation à leurs enfants, ledit Michel Boisseau en a 2 et ladite Boisseau 3, que dans la suite des temps le bien qu’ils ont ne serait pas suffisant pour leur entretien et qu’étant réuni ils espèrent par leur industrie trouver le moyen de faire subsister leur famille,
    à l’égard du bien qu’ils peuvent avoir les dénommés nous ont déclaré que celui dudit Michel Boisseau n’est point partagé avec ses cohéritiers, qu’il est en procès avec eux pour cela, qu’ils plaident actuellement au présidial d’Angers (s’ils sont en procès c’est qu’ils en ont les moyens, car les procès coûtent, donc c’est que les biens à partager sont bien palpables. Si cela avait été un loppin de terre ou une chambre de maison à partager, le procès aurait coûté plus cher que le bien ne valait…), et que quand les partages seront faits il n’espère pas avoir plus de 60 livres de rente, quand les réparations auront été faites qui sont considérables,
    que ladite Jacquine Boisseau ne peut avoir, les rentes payées et réparations faites, plus de 40 livres de rente, par conséquent ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés, et qui ont signé avec nous fors lesdits Michel Boisseau et Jacquine Boisseau.

    Cette dispense mérite que nous arrêtions un peu sur le seuil de fortune accepté pour ne pas envoyer en cour de Rome. En effet, la même année 1733, voici le billet que le vicaire général adressait aux curés concernés par une dispense.

    Cette image est la Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    On y lit que le seuil de fortune est fixé à 2 000 livres. Or, voici la conversion des rentes citées en capital, sachant que les taux des rentes hypothéquaires ont évolué au cours du 17ème partant du Denier 16 (6,25 %) pour parvenir au début du 18ème au Denier 20 (5,00 %)

    60 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 960 livres
      à 5,00 %, un capital de 1 200 livres

    40 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 640 livres
      à 5,00 %, un capital de 800 livres

    Ainsi, les deux futurs disposent au minimum d’une fortune de 2 000 livres. Il se sont sans doute arrangés pour passer juste à la limite, en particulier en exprimant leur fortune en termes de rentes annuelles, ce qui passe plus discrètement. Je trouve même leur manière de présenter les choses assez astucieuse, y compris les pleurs sur les partages non terminés.

    Ceci dit, le seuil fixé par l’évêché me semble tout à fait crédible, car mon expérience fixe la fortune de 2 000 livres au niveau d’un métayer, et de ce que j’appellerai la classe moyenne d’alors, mais nous verrons ensemble au fil de ce billet que bon nombre de métiers sont tout à fait en dessous de ce seuil, y compris des métiers devenus plus rémunérateurs de nos jours, donc trompeurs avec nos yeux de 2008, dont il faut se séparer quand on aborde les 17 et 18e siècles.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

    Nous avons vu que le l’apprentissage d’un serrurier durait 4 ans, passons au chef-d’oeuvre.

  • Et d’abord, pourquoi un chef-d’oeuvre ?
  • Les maîtres serruriers étaient regroupés en corporations ayant des statuts, et pour y être admis il fallait réaliser un chef-d’oeuvre, fixé par les confrères.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 20 mai 1758 Dvt Nre royal à Château-Gontier, Pierre Gambier, compagnon serrurier à Château-Gontier, prie Michel Ribay, Estienne Perrel, Jean Ricou, René Bonnomet, et Pierre Houdbine, maîtres serruriers, Dt à St Rémy, St Jean et faubourg d’Azé, de bien vouloir le recevoir dans leur corps et communauté promettant pour cet effet de leur porter respect et confraternité en véritable confrère,
    lesquels acceptent à condition que ledit Gambier fasse un chef d’œuvre qui consistera en une serrure dont la clef sera forée et encavonnée, dont la ferrure représentera une fleur de lys, laquelle serrure sera de 7 pelles séparés et un demi tour au milieu. (j‘ai découvert en tappant ce texte la notion de décor dans ce métier, et j’ai aussitôt été voir les planches de l’Encyclopédie Diderot. C’est extraordinaire tout ce qu’un serrurier faisait : depuis les fenêtres lorsqu’elles avaient des vitres, les espagnolettes des fenêtres, les innombrables serrures d’armoires, coffres, portes, les barreaux aux fenêtes, comme la fenêtre que nous avons vu dans le billet sur le prix du lit, etc…et le tout avec ferrures décoratives, et je vous ai mis quelques exemples, puis j’ai pesé la seule clef en ma possession, sur mon armoire, et elle pèse 60 g, et je pense donc que la plupart des clefs de coffre et armoire étaient de cet ordre, les portes allant surement jusqu’à 100 g et au delà dans les châteaux)

    Le 30 décembre 1757 Joseph Jolly, compagnon serrurier, de présent à Château-Gontier chez Lucas Jolly son frère, marchand, demeurant rue de la Poislerie, demandait la même chose aux mêmes. Jolly s’oblige faire un chef d’œuvre qui consistera en 6 pelles séparées, clef forée formant un trèfle partant sa queue et encouronnée, le tout en parement.

    Mais au fait, je viens de réaliser que le serrurier possédait autrefois une forge, que son travail de serrurier fabriquant les serrures, etc…, était à la forge. Les planches de l’Encyclopédie Diderot m’ont éblouie sur le sujet, tant les oeuvres étaient élaborées (serrures multiples et complexes) et artistiques (on vient de voir la fleur de lys sur une serrure, un trèfle sur une autre).

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    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1689 : juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 4 juillet (1689) mourut mademoiselle des Places Gaultier ; elle fut enterrée le lendemain dans l’église des R. Jacobins de cette ville.
  • Le 12 (juillet 1689) mourut la femme du défunt sieur Cordon, vivant marchand de soie en cette ville, âgée de 75 ans.
  • Le même jour (12 juillet 1689) Mr Lemasson avocat au siège présidial de cette ville et procureur du Roy en l’élection de Château-Gontier, épousa la fille du feu Sr Juffé, bourgeois dudit Château-Gontier.
  • Le 18 (juillet 1689) le fils de monsieur Desmazières Menier avocat plaida sa première cause.
  • Le 19 (juillet 1689) mourut monsieur Dupas, bourgeois. Il avait été longtemps à l’armée ; il a laissé un garçon et une fille.
  • Le 14 (juillet 1689) arrivèrent icy à quatre jours différents seize cent Suisses qui venaient des travaux de la Rochelle. Ils en partirent le 28 et les autres jours suivants ; il y en avait 800 aux Ponts-de-Cé. (Note de Marc Saché : Au moment de la déclaration de guerre à la Hollande par Louis XIV le maréchal de Lorge fut chargé de rendre compte de l’état de la place de La Rochelle, alors complètement démantelée. Sur les ordres du roi, Fery, directeur général des fortifications depuis la Loire jusqu’à l’Adour, fit travailler à une nouvelle enceinte plus grande qu’un tiers de l’ancienne. Les ouvrages furent commencés le 29 mars 1689 et le 29 septembre un état-major s’y établit sous le commandement de Marcognet, gouverneur de la place. Voir Arcère, Histoire de la ville de la Rochelle, 1757, t.II, p. 358)
  • Le 30 (juillet 1689) monsieur Desmauvrais Jollivet, fils de défunt monsieur Jollevet, avocat, et monsieur Gontard, fils de feu monsieur Gontard, aussy avocat, plaidèrent leur première cause.
  • Le 3 août (1689) mourut madame de Chenedé femme de monsieur de Chenedé, auparavant veuve de monsieur d’Héliand, chevalier, seigneur d’Ampoigné, duquel mariage il y a trois garçons et une fille, et du second mariage deux filles. C’était une des plus belles, des plus agréables et des plus spirituelles femme de la province ; elle était âgée de 43 ans ; elle m’honorait d’une amitié très particulière ; Elle fut enterrée le lendemain dans l’église St Michel du Tertre avec pompe. (Il s’agit de la femme de René Joachim Chénedé.)
  • Le 8 (juillet 1689) mourut monsieur de la Roche Goizeau. Son fils aîné est juge des traites, qui a épouse Melle du Brossé Minée.
  • Le 26 août (1689) mourut madame des Aunais Boylesve, femme de monsieur des Aunais Boylesve, auparavant veuve de feu monsieur de la Marée Cupif. Elle n’a jamais eu d’enfant ; elle s’appelait Bellet. C’était une femme d’une grande vertu ; elle a donnée tant aux hôpitaux, pauvres qu’à l’église 25 000 livres.
  • Le 4 septembre (1689) mourut le sieur Bouguerel, marchand ferron en cette ville. Il avait épousé la fille des défunts Sr Guiet aussy marchand ferron et de la dame Legendre.
  • Le même jour (4 septembre 1689) mourut la femme du feu Sr Buscher ; elle s’appelait … ; âgée de 97 ans.
  • Le même jour (4 septembre 1689) Mr Gontard du Pin, avocat, fils de défunt Mr Gontard aussy avocat et de la Delle Verdier, épousa la fille de Mr Chotard aussy avocat et de la Delle Romain.
  • Le 15 (septembre 1689) mourut Mr L’Epagneul Sr de la Plante. Il a amassé de grands biens dans les partis. On le dit riche de deux cent mil livres. Il est mort receveur des traites de Saumur. (Note de Marc Saché : Gilles Lépagneul de la Plante avait été receveur des traites aux Ponts-de-Cé. Comme toutes les personnes notables de la ville on le trouve agrégé, ainsi que trois fils, à la puissante Confrérie des bourgeois des trois états établie en l’église Saint-Laur. Voir Bibl. Angers, man. 765-anc.696, registre des réceptions des frères.)
  • Le 18 (septembre 1689) mourut monsieur des Ruaux Provost, bourgeois de cette ville.
  • Le 20 (septembre 1689) mourut la veuve de défunt Mr Brard, marchand de soie en cette ville. Elle s’appelait de la Plante Pierre.
  • Le 22 (septembre 1689) mourut à Chalonnes le sieur du Tertre Gault, bourgeois.
  • Le 24 (septembre 1689) mourut monsieur Gourreau. Il avait été cy-devant quelques années conseiller au siège présidial de cette ville, mais s’étant adonné à l’excès de vin et étant extrêmement incommodé de la goutte, il fut obligé de vendre sa charge. Il avait épousé la fille du Sr Périgault marchand de chaux à Chalonnes, duquel mariage il y a deux filles. (Note de Marc Saché : Jacques-Marin Gourreau de la Blanchardière était le fils de Jacques Gourreau, également conseiller au siège présidial (Voir Bibl. mun., man. 1120-anc.919, f°632)
  • Le 16 octobre (1689) monsieur du Pont Gourreau, veuf de la défunte dame de la Marre Bault, duquel mariage il y a plusieurs enfants, épousa la veuve du feu Sr des Cheminaux Herbereau président au grenier à sel de cette ville.
  • Le 8 novembre (1689) mourut mademoiselle Bachelot veuve du feu Sr Bachelot contrôleur au grenier à sel de cette ville ; elle s’appelait Panetier. Elle a laissé un garçon, marié avec la Delle Ganches de la Fourerie, et deux filles dont la cadette est religieuse aux Ursulines.
  • Le 23 (novembre 1689) il fut arrêté à l’hôtel de ville que les trente six mil livres que le Roy demande pour être déchargé des contributions aux ustanciles des soldats pendant le quartier d’hyver, seraient levés sur les exploitants les maisons de la ville et des faubourgs au sou la livre. Cela monte à trois sous trois deniers pour livre.
  • Le 29 (novembre 1689) mourut le sieur Bruneau, garçon, âgé de 58 ans.
  • Le 25 octobre (1689) mourut monsieur de la Rousselière Thomas, conseiller honoraire au siège présidial. Il avait épousé Melle Jousselin fille du Sr Jousselin docteur en médecine, dont il y a 4 garçons.
  • Le 1er décembre (1689) mourut la femme de Mr de l’Epinay Soreau avocat ; elle s’appelait Bertereau.
  • Dans ce même temps mourut monsieur de la Bachelotière Sourdrille, bourgeois. Il avait épousé la fille de Mr de Bazourdy, dont il y a 4 enfants.
  • Le 4 (décembre 1689) mourut le Sr Greteau ; il avait été cy-devant notaire royal en cette ville.
  • Dans ce même temps mourut la femme de monsieur Grézil, bourgeois ; elle s’appelait Nail. Il y a 3 ou 4 enfants de leur mariage.
  • Le 9 (décembre 1689) monsieur Eveillard conseiller aux requestes du parlement de Bretagne, fils de feu monsieur Eveillard président au siège de la prévôté de cette ville et de la dame Avril, épousa la fille de feu monsieur Chauvel de la Boulaye procureur du Roy au siège présidial et de la dame Grimaudet.
  • Le 10 (décembre 1689) mourut Mr des Sourcelles Cupif ; allant à la campagne, il tomba de cheval et s’étouffa.
  • Le 28 (décembre 1689) mourut Mr Muzard, secrétaire de monsieur l’évêque d’Angers, âgé de 55 ans ; il avait beaucoup de mérite.
  • Cette année a été abondaite en vin et en bleds.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
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    Sommations respectueuses, 1755, Mathurine Anne Bellouis et Yves Jallot

    suivies de refus, ceci se passe en la maison des Aulnais à Segré (49), où demeurent les parents de la fille

    Nous avions vu il y a peu de temps une dispense de mariage concernant ce couple.

    Voici encore mieux, le refus des parents de la demoiselle au mariage ; et toujours mieux, cela ne s’invente pas, la demoiselle n’a pas osé affronter directement ses parents, et tandis qu’elle est bien au chaud chez sa tante à Angers, c’est son oncle qui agit en son nom.
    J’ai déjà parcouru bon nombre de sommations respectueuses, mais alors là, je suis bouchée bée ! La demoiselle n’a même pas osé affronté ses parents ! Heureusement qu’elle avait mis son oncle dans sa poche, à moins que ce ne soit l’oncle qui ait trouvé Yves Jallot un bon parti, et qui ait arrangé ce mariage. Cela m’en a tout l’air ! Et cela explique que les parents boudent !
    Etonnez vous après cela qu’il ait toujours existé des zizanies en famille ! Car nul doute que les deux frères (l’oncle et le père de la demoiselle) n’ont pas du se réconciler de si tôt !
    Certains (es) d’entre vous rêvaient de vieilles marieuses romantiques : je crois bien que nous avons là un oncle marieur pour affaires ! Celui-ci est sans doute sans enfants.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 6 juin 1755 sur les 8 h du matin, en présence et compagnie du sieur Jacques Bellouis de la Cussonnière demeurant au prieuré de Sainte Jammes d’Andigné (Sainte-Gemmes-d’Andigné), au bourg et paroisse dudit lieu, au nom et comme fondé de pouvoir spécial de Delle Mathurine Anne Bellouis, fille majeure du sieur Mathurin Bellouis de la Houssinaye marchand fermier, et de Delle Jeanne Marie Boury son épouse, demeurante ordinairement avec lesdits sieur et Delle Bellouis ses père et mère en la maison des Aulnais paroisse de la Magdelaine de Segré, et de présent à la maison de la Croix de la ville d’Angers paroisse de la Trinité, suivant la procuration au raport de maistres Thorode et Murault notaires royaux audit Angers le 18 juillet 1754, dont la minute en forme demeure joint à ces présenes, à la requeste de la Delle Mathurine Anne Bellouis,
    pour suite et diligence et à la stipulation dudit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur, nous Pierre Joseph Laumaillé, notaire royal à Château-Gontier y résidant, assisté de François Lemanceau marchand tisserant, Jean Trouillet cy-devant hôte demeurant audit bourg et paroisse de Sainte Jammes d’Andigné nos témoins à ce requis et appelés, et en vertu de l’ordonnance sur requête de Mr le lieutenant particulier en la sénéchaussée et siège présidial de Château-Gontier en date du 5 de ce mois, signée Lemasson, et scellée le même jour aussi attachée,
    nous sommes transportés au domicile desdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye sis comme dit est, où étant la Delle Bellouis requérante en la personne comparution et stipulation dudit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur,
    après plusieurs réquisitions verbales, s’est mise en devoir de requérir avec toute décence et respect lesdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye ses père et mère de vouloir bien donner leur consentement au mariage proposé entre la Delle Mathurine Anne Bellouis leur fille, et le sieur Yves Jaslot marchand fermier demeurant paroisse du Bourg-d’Iré, et de fait la Delle Bellouis comparante comme dit est par ledit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur, parlant audit sieur Bellouis de la Houssinaye, l’a très humblement et respectueusement supplié de vouloir bien octroyer leur consentement audit mariage, lui représentant avec une soumission filiale que ce parti est sortable et avantageux pour la Delle Bellouis,
    ledit sieur Bellouis de la Houssinaye a refusé,
    en conséquence de laquelle réponse à la Delle Bellouis comparant et stipulant comme dit est par ledit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur spécial, a protesté que la présente réquisition respectueuse vaudra consentement,
    dont et de tout ce que dessus nous a requis acte à elle octroyé par nous notaire soussigné, souscrit de nous et témoins cy-devant nommés, et du sieur Bellouis de la Cussonnière procureur de la Delle Mathurine Anne Bellouis sa niepce,
    fait et passé an ladite maison des Aulnais demeure desdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye, ledit jour et an que dessus (Archives Départementales de la Mayenne, série 3E)

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    Dispense de consanguinité, Laubriere (53), 1757, par Jacques Leseure entre Jean Regnier et Françoise Leseure

    (Archives Départementales du Maine et Loire, série G)

    J’ai ajouté dans la précédente dispense quelques observations complémentaires, pour tenter de mieux cerner ces dispenses. Nous les pensons intéressantes, car ils n’auraient pas payé une dispense si elle n’avait pas lieu d’être : ils n’avaient pas intérêt à mentir sur leur généalogie, et on peut penser que le prêtre faisait un minimum de vérifications, aidé de ses confrères et de leurs registres. Par contre elles peuvent comporter des variantes dans la forme des prénoms et de noms, à cause du passage du français en latin etc.. ou tout bonnement de la mémoire orale. Mais en conclusion, à ce jour, elles sont certainement beaucoup plus fiables que les généalogies dressées lors des successions collatérales, ces dernières étant parfois une partie de main basse sur une mane, et avec des moyens pas toujours très honnêtes.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 12 avril 1757 en vertu de la commission à nous adressée par Mr le vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 11 février 1757, signée abbé de Monteclerc, vicaire général… pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’ont dessein de contracter Jean Renier, âgé de 27 ans, veuf de Perrine Rivault métayer à la Brosse paroisse de Laubrière, et Françoise Leseure fille, âgée de 23 ans, demeurante au Bignon dite paroisse, accompagnés de Jean Regnier père dudit impétrant aussi métayer à la Brosse en société avec son fils (au passage, vous remarquez qu’une métairie a une surface importante, et un couple ne peut pas l’exploiter seul), de Jacques Aubert oncle dudit Jean Regnier, closier à la Court de la Brosse, de Louis Chedeville aussi oncle dudit Jean Regnier closier à l’Eveillardière tous de Laubrière, de Françoise Triboueil veuve Leseure, mère de ladite Françoise Leseure, demeurante au Bignon à Laubrière où elle est servante domestique également que sa fille, de Jean Leseure métayer à Sousljoche à Laubrière oncle de ladite Françoise Leseure, de Julien Leseure closière au bourg de Laubrière cousine de ladite Françoise Leseure, qui ont dit bien connaître les parties, et serment pris … avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

    Souche commune : Jacques Leseure épouse Jeanne Hattier et eurent pour enfants

  • Augustine Leseure mariée à Louis Chedeville – 1er degré – Jean Leseure marié à … Pierre ou Pierreuse
  • Louis Chedeville marié à Renée Touvry – 2e degré – René Leseure marié à Mathurine Gourand
  • Augustine Chedeville mariée à Jean Regnier – 3e degré – René Leseure marié à Françoise Triboueil
  • Jean Regnier veuf de Perrine Rivault, qui veut épouser Françoise Leseure – 4e degré – Françoise Leseure
  • Ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement de consanguinité du 4e au 4e degré entre ledit Jean Regnier et ladite Françoise Leseure ;
    à l’égard des causes ou raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré que lesdites parties se sont recherché de bonne foy pour le mariage,
    que la paroisse de Laubrière qu’ils habitent tous deux est très petite et que les familles dudit Regnier et de ladite Leseure peuplent la meilleure partie de la paroisse, qu’ils sont presque tous parents ou alliés les uns aux autres ou conjoints par affinité spirituelle ;
    que ledit Jean Regnier veuf est chargé d’un enfant âgé de 3 ans et pour le bien de ses affaires et même qu’il est dans une grande métairie en société avec son père qui est aussi veuf, ce qui fait qu’il a besoin d’épouser ladite Françoise Leseure pour le soutenir en ladite métairie et aider à gouverner la maison ;
    et comme leur bien ne monte qu’à la somme d’environ 300 livres en meubles ou effets mobiliers (de vous à moi, nous le verrons au fil des billets, un métayer possède environ 2 000 livres, car il possède aussi matériel et bêtes, mais ici le fils est en société seulement, et c’est le père qui possède le reste. Donc, pour le moment n’en concluez pas qu’un métayer est un pauvre n’ayant que 200 livres), ledit Jean Regnier n’ayant qu’environ 200 livres et ladite Leseure n’ayant qu’environ 100 livres aussi en meubles et effets, ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome, pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins, qui ont tous déclaré ne savoir signer

    Vouz aurez régulièrement d’autres dispenses, et ce serait sympa à ceux qui pourraient apporter des observations ou compléments de se manifester, comme dans la précédente dispense, afin de mieux percer leur fiabilité et tous leurs secrets en général. Merci à vous d’avance.
    Et pour retrouver toutes les dispenses déjà en ligne, cliquez sur la catégorie MARIAGE, ou si vous cherchez un patronyme utilisez la fenêtre RECHERCHER et vous verrez qu’elle marche bien, et ce sur la totalité des billets.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Le lit à travers les classes sociales

    Toujours collectif, il est estimé garni, et coûte de 200 à 10 L en 1700, de la classe aisée au domestique ou paysan peu aisé, mais c’est le meuble indispensable et la pièce maîtresse du mobilier.

    Dans cette catégorie NIVEAU de VIE, vous allez découvrir, au fil de ces billets, les éléments du coût de la vie, et de véritables indicateurs économiques. Nous avons vu que le logement était considérablement moins onéreux que de nos jours (sans eau, électricité, gaz, chauffage central), qu’il avait cheminée pour faire cuire les aliments et accessoirment se chauffer, mais pas de vitres au fenêtres de la grande majorité des Français.
    Je vous invite à découvrir quelques meubles et je commence par le lit. Sa principale caractérisque est d’être collectif, et surtout pas individuel : même à l’hostellerie, on y dort à plusieurs.
    J’ai dépouillé beaucoup d’inventaires, et les lits ci-dessous sont uniquement pour vous habituer à différencier les classes sociales. D’ailleurs, dans les 3 premiers cas, le lit est dans la chambre haute, ce qui signifie un minimum d’intimité, laquelle n’existe pas à partir du métayer, René Bouvet qui suit.
    Les lits sont décrits garnis, et les éléments qui composent la garniture sont amplement énumérés dans mon LEXIQUE DES INVENTAIRES, mais je vous en ferai un billet spécial si les couvertures et rideaux vous branchent… Mais au fait, les rideaux sont là pour clore le lit et être à l’abri des courants d’air puisque les volets de bois n’assurent pas l’isolation. D’ailleurs on porte même un bonnet de nuit aussi…

    Voici quelques exemples, de la classe très aisée, à la plus pauvre, le lit principal (il y en a toujours tout plein d’autres) :

  • Jacquette Lefebvre, décédée en 1575, femme de Jacques Ernault Sr de la Daumerye, conseiller et juge magistrat au siège présidial d’Angers, et fille de François Lefebvre de Laubrière et Roberde Bonvoisin, Angers, 1575 : un grand charlit (celui-ci est dans la chambre haute, mais il y en a un assez indentique dans la salle basse, et pour les amateurs de petite histoire, Mr le conseiller Ernault possède une hallebarde, mais elle est près du lit de la chambre haute. Aurait-il à craindre des malfrats ?) de bois de noyer (bois noble) fait à grosses quenouilles tournées et cannelées et les costés et pieds à voyses et godronnées (Voyez ci-dessous les commentaires qui expliquent les godrons) enrichy et garny d’une corniche par le hault aussi enrichye de toile et garni de sa carrye et à corde sur lequel charlit y a une couette de grand lict garnye de son traverlit et vestue de chacun une souille de lin le tout garny de bonne plume avecque deux mantes l’une blanche et l’autre verte (la couleur verte est souvent présente lorqu’il y couleur dans le lit, je ferai un billet sur les couleurs) presque neuve avecque 4 pantes de ciel d’estame verd garny de sa frange et frangette de lin vert ensemble 3 grands rideaux et ung petit de serge verte le tout presque neuf 88 L (attention, ceci est en 1575, et compte tenu de la déflation sur un siècle suivant, vous pouvez multiplier par deux pour comparer les prix ci-dessous)
  • René Richard, ancien conseiller du roi au grenier à sel de Pouancé, décédé en 1730 veuf d’Elisabeth Hiret, décédée en 1725 à 76 ans : charlit de bois de noyer (c’est le bois noble) garni de son fond foncaille paillase et vergettes, une couette de plume d’oye ensouillée de coutty, un travers-lit et oreiller pareil, un matelas fourré de laine et crin, une mante de catalogne blanche, une courtepointe de toile peinte picquée, un tour de lit de serge couleur brune bordé d’un ruban couleur aurore 100 L
  • Antoine Pillegault Sr de l’Ouvrinière, Dt à Angers possède aussi une maison de campagne à la Maboullière au Bourg-d’Iré, 1704 : 1 bois de lit ancien et ses vergettes, garni d’une paillase, couette, traverses de lit, le tout ensouillé de toile, matelas (rare, et pourtant il ne s’agit que de sa résidence secondaire), courtepointe d’Indienne picquée, rideaux et pants d’étamine rouge rayée de noir (tout le mobilier d’Antoine Pillegault est raffiné et suit les nouveautés, ici on remarque l’Indienne et les rayures rouge et noire, et le tout était surement du plus bel effet) 78 L
  • René Bouvet métayer à la Gerbaudière paroisse de Montreuil sur Maine, 1690 : un charlit de chêne (c’est le bois solide, qui fait plusieurs générations) à quenouille carrée (écrit « quarée », et cela n’est rien à côté de tout ce qu’il m’a fallu déchiffrer dans tous les inventaires qui sont en ligne.), une couette (écroit coitte) de plume ensouillée de coutil (écrit coittis), 2 traverslits aussi en plume ensouillés de toile, 2 draps de toile de réparon mesurés de 6 aulnes le couple, une mante de beslinge gris presque neufve, un demi tour de toile de brin plus que mi usé avec son chef de fil, un vieil linceul servant de font 30 L, mais il y a 3 autres lits dont 2 de cormier et poirier, et un de chêne, soit 4 lits dans la chambre (il faut vous y faire, c’est le terme pour ce que nous appelons « pièce »), et pour un total de 106 L.
  • Maurice Debediers, métayer Saint-Julien-de-Vouvantes, 1766 : Un lit à 4 quenouilles garni d’une couette, 1 traversier, 2 draps, 1 vieille couverture de beslinge, avec des rideaux de toile teinte (écrit tainte) 27 L (Le métayer est la classe paysanne aisée, passons à un paysan moins aisé.).
  • François Gohier laboureur à la Maisonneuve à Pouancé 1737 : Un bois de lit de bois de cerisier garni de 2 couettes, 3 traverslits, 1 oreiller ensouillé de toille, 1 lodier gani de filasses , 1 mauvaise couverture de meslinge avec ses rideaux de serge de Can ( pour Caen) verte 15 L (La Maisonneuve est une maison manable, à deux chambres hautes à cheminée renaissance chacune, construite vers 1575 par la famille Hiret que j’ai tant étudiée, et peu après baillée à ferme à moitié à un closier qui vit en bas, et a transformé durant des siècles les 2 chambres hautes en grenier à récolte.)

  • Fenêtres des chambres hautes de la Maisonneuve, en 1997 : à gauche dimensions conservées, avec sa grille, et à droite, la seconde fenêtre, qui avait été transformée en porte d’accès extérieur aux chambres devenues grenier à récolte.

  • Et les domestiques ? ?
  • Les domestiques ont bien entendu une catégorie en dessous, donc mettez 10 L pour leur lit. Et, lorsqu’il s’agit d’une maison manable, c’est à dire dans laquelle les maîtres dorment en haut dans la chambre haute, la ou les domestique(s) dorment dans la salle basse, et si celle-ci est divisée en salle basse et cuisine, ils dorment dans la cuisine. Les vagabonds, et autres routiers dorment sur la paille de la grange.

  • Et les enfants ?.
  • Attention, vous allez revecoir un choc.
    Moi-même, après le choc que j’avais reçu (je n’étais pas la seule) lors de la visite de la Bintinaye (pourtant l’odeur en moins, et il faudrait leur suggérer de l’ajouter), qui donne une idée impressionnante de la salle collective d’alors, j’ai eu un second choc lorsque j’ai lu l’ouvrage de François Lebrun Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, Flammarion, 1675.
    François Lebrun y traite de la fréquence des décès d’enfants en ces termes :

    « Comment voir disparaître autant d’enfants au berceau – un sur quatre en moyenne avant l’âge d’un an – sans considérer le fait non comme un scandale, mais comme un événement aussi inéluctable que le retour des saisons ? Cela est si vrai que l’on n’essaie même pas de prendre pour les nouveau-nés ce minimum de précautions qui aurait évité peut-être certaines morts prématurées. Les statuts synodaux du diocèse doivent interdire de faire coucher les enfants de moins d’un an avec les grandes personnes et classent, parmi les cas réservés, la suffocation d’enfant arrivée fortuitement dans ces conditions ; le renouvellement d’une telle interdiction aux 17e et 18e siècles prouve que des accidents de ce genre continuent à se produire.» Ainsi, nous seulement on les emmène à l’église le jour de leur naissance, ce qui en élimine déjà quelques uns… mais on continue donc en les étouffant dans le lit collectif.

    Vous aussi, vous en avez le souffle coupé ! Alors relisez ce qui précède, car vous avez bien lu, les nouveaux nés étaient mis dans le grand lit collectif. Et je confirme qu’au cours des nombreux inventaires après décès que j’ai dépouillés, je n’ai vu qu’une seule fois une bercouère. Ce qui signifie qu’il n’y en avait pas et qu’on pratiquait pour les nouveaux-nés le lit collectif.
    Les autres enfants jusqu’à leur majorité, étaient réunis dans un grand lit, voire 2 grands lits lorsqu’ils sont très nombreux, mais il n’existe pas de lits pour enfants.

    La garniture viendra une autre fois, car le coffre va suivre. Au fait, à quoi sert-il le plus souvent ?

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.