Enfant naturel : un joli terme, bien loin d’être infâmant

le plus souvent utilisé lorsque l’enfant est issu de famille noble (ou tout comme), et a été doté, et suivi par le père

Ce billet répond à la question suivante, qu’un ami m’a posée lundi dernier : Pouvez-vous me donner votre avis sur l’expression « fille naturelle de noble homme Pierre Auvray sieur des Monts » en 1623 sur l’acte de mariage de Charlotte Auvray : on notera que c’est le seul mariage filiatif sur la paroisse de Saint-André de Messei, et j’ai envie de l’interpréter plutôt comme fille naturelle « et légitime » et non pas comme fille illégitime.

Voici l’acte que je vous retranscris ci-dessous :

le 13e jour dudit mois (février 1624) Mathieu Hebert de la paroisse de Bellou et Charlotte fille naturelle de noble homme Pierre Auvrey sieur des Mons ont esté espouzés en cette paroisse. (Je vous fais remarquer au passage que l’acte n’est pas si filiatif que cela car il ne donne ni les parents du garçon, ni la mère de la fille. On peut y voir déjà à ce niveau un besoin de Mr le curé de mettre en avant le personnage de Pierre Auvrey, important par son rang.)

Certes, enfant naturel est plus joli, plus noble, et beaucoup moins infamant qu’illégitime, bâtard, et j’ai traité ces deux derniers termes infamants dans un billet le 18 janvier dernier. Alors reste à comprendre pourquoi on le rencontre parfois, et je vais articuler ma réponse sur 4 points : les dictionnaires anciens, le rituel de l’église catholique, le droit coutumier de succession, et enfin les moeurs de l’époque. Puis, je terminerai par une explication claire du mariage ci-dessus.

1-selon les dictionnaires anciens :

  • On appelle Enfans naturels, Les enfans qui ne sont pas nés en légitime mariage. (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762). Tous les dictionnaires anciens disent rigoureusement la même chose. Donc, le terme naturel est rigoureusement synonyme d’illégitime. Et ne parle par du terme bâtard, à connotation péjorarive, mais synonyme lui aussi. Alors reste à comprendre pourquoi on utilise parfois le terme naturel. Voyons d’abord les 4 nuances reconnues par le droit coutumier et explicités ci-dessous par l’église lors du baptême.

  • 2-selon le rituel de l’église catholique, qui tient alors l’état civil :
  • (je recopie ici le seul rituel que je possède, à savoir celui de 1776 pour le diocès de Nantes, en latin. Un rituel est l’ouvrage qui indique aux prêtres les règles à suivre et des formules types pour leurs actes)

    Enregistrement du baptême d’un enfant illégitime : Il faut faire attention aux différents cas qui peuvent se rencontrer :
    où il y a une sentence du juge qui déclare le père, et cette sentence est présentée au curé par des personnes signes de foi, ou à lui signifiée par voie de justice
    où le père est lui-même présent au baptême et reconnaît l’enfant pour sien ; même étant absent, par un acte en bonne forme
    où la mère, conformément à l’ordonnance, a fait au greffe une déclaration en bonne forme, qui est représentée au curé
    où la mère n’a point fait de déclaration

  • 3-selon le droit coutumier de succession :
  • Le droit coutumier varie d’une province à l’autre, mais fondalement il exclut toujours les enfants nés hors mariage de la succession. Pour revenir au 4 cas mentionnés par le rituel ci-dessus, on a un comportement totalement différent du père, du plus ouvert et généreux au lache et incognito. Voici ces pères naturels, en commençant par le plus généreux :
    le père peut spontanément avoir reconnu (et même être fier d’être père comme nous allons vois ci-dessous) et doté l’enfant dès sa naissance, par un acte notarié. Cette pratique se rencontre dans les milieux nobles et aisés. J’ai relaté un cas, que j’avais trouvé en série 1B à Angers, concernant les Gault d’Armaillé. Le père, dès la naissance de l’enfant naturel, le dote de la jolie maison près du pont d’Armaillé, qui existe encore… Ainsi, puisque l’enfant ne sera pas admis au partage de la succession du père, il a dès sa naissance une belle part.
    le père est identifié, poursuivi en justice par la mère et condamné à payer une somme, généralement petite. Vous avez quelques exemples de paiement de paternité sur ma page consacrée à la Maternité
    le père est non identifié,
    non avoué par la mère, et l’enfant n’a rien.

  • 4-selon les moeurs de l’époque :
  • Autrefois, à la cour et dans la noblesse, et parfois par voie de mimétisme, chez certains notables, il était bon chic bon genre d’avoir une ou plusieurs maîtresses.
    Je viens de vous citer le cas Gault à Armaillé, mais laissez moi vous conter le plus célèbre cas que je connaisse en Anjou. Il date de 1598, et se trouve dans les archives notariales aux Archives Départementales, qui, vu l’importance historique du document, ont soigneusement laissé une copie dans la liasse et préservé l’original.
    Vous y êtes ! Nous sommes en 1598 à Angers. Que se passe-t-il donc ?
    En 1598, si vos souvenirs d’Histoire (avec un H majuscule) sont bons, Henri IV se rend à Nantes pour signer un édit célèbre.
    En route, il se plaît beaucoup à Angers, où le jeu de paume est à son goût. De vous à moi, s’il prend tellement de goût à tapper la balle (plus violente que notre tennis actuel), c’est qu’il a besoin de se défouler, comme tous les jeunes papas devant l’accouchement de madame !
    Madame n’est pas la reine, mais bien la favorite, la belle Gabrielle d’Estrées. La ville de Nantes prépare au couple une entrée royale, et elle y sera accueillie comme une reine. Je sais même, pour avoir participé à la retranscription des délibérations du corps de ville de Nantes de cette époque, que les Nantais vont lui faire des présents royaux, et parmi ces présents des canaris (cela ne s’invente pas, et je vous jure que c’est vrai).
    Donc, la reine n’est pas du voyage, mais la belle Gabrielle, que les Français traitent comme une reine. D’ailleurs, si j’ai bien compris, on l’appelait et on l’appelle encore la presque reine. Gabrielle est sur le point d’accoucher de leur premier enfant. César naît donc à Angers. Immédiatement le roi convoque au château d’Angers des notaires et dote royalement César, duc de Vendôme.
    C’est en cherchant un contrat de mariage de l’un de mes ancêtres, que j’ai eu autrefois le bonheur de voir qu’il voisinait avec la dotation d’un roi de France à l’un de ses enfants. Et, tout roi de France qu’il fut, il passait par notaires pour doter l’enfant, largement…

  • Conclusion :
  • Ce cas célèbre se passait à Angers en 1598, et la petite Charlotte naturelle qui fait l’objet de la question de ce jour, est une contemporaine de César, duc de Vendôme. Ce que le roi se permettait, bien d’autres se le permettaient, et en étaient fiers. Bien des enfants naturels ont été non seulement dotés par le père, mais elévés comme des légitimes, voir parfois avec les légitimes ou autre famille équivalente.
    Le fait que le curé donne le nom du père, dans un registre de mariages qui ne comporte pas de mentions de filiation atteste à mon sens, que ce père a élevé ou fait élever dans une autre famille équivalente, sa fille naturelle pour qu’elle reçoive la même éducation qu’une fille légitime, qu’il l’a dotée dès sa naissance, et que très probablement il a arrangé son mariage, avec un garçon acceptable. S’il existe des archives notariales vers 1600 pour cette paroisse, allez chercher la dotation de la fille, sinon en série B. D’ailleurs, son contrat de mariage, s’il peut être trouvé serait passionnant.
    Il serait également intéressant de savoir si ce père naturel avait aussi des enfants légitimes.

    Une prochaine fois, je vous conterai un autre cas insoupçonné d’enfant naturel, doté et bien élevé ! A demain si vous le voulez bien !

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    Dispense de consanguinité, Brain-sur-les-Marches (53), 1755, avec bulle de Rome entre Jacques Dutertre et Renée Girard

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G)

    Ils ont eu dû passer par Rome or nous avons vu dans un précédent billet que le seuil était de assez élevé et fixé à 2 000 livres, ce qui signifie qu’ils possèdent au moins cela. Le document de dispense fait 16 pages, dont la fulmination de la bulle de Rome, en latin… Je vous épargne le tout, et ne restitue que l’essentiel, que voici :

    Jacques Dutertre, duquel serment pris de dire vérité sur les faits par luy avenuz dans la bulle de dispense de mariage qu’il nous a représenté de laquelle luy a esté fait lecture … a dit se nommer Jacques Dutertre, âgé de 26 ans ou environ, laboureur, demeurant paroisse de Brain sur les Marches,
    à quel degré il est parent de Renée Girard impétrante : a dit qu’ils sont parents du 3 au 3e degré de consanguinité

    René Girard (souche commune)

  • René (écrit « René » mais manifestement une fille « Renée » mariée à un Dutertre) Girard – 1er degré – Mathurin Girard
  • Jean Dutertre – 2e degré – Pierre Girard
  • Jacques Dutertre impétrant – 3e degré – Renée Girard impétrante
    1. si à cause de la petitesse du lieu de la naissance de l’impétrante et de lui impétrant, l’impétrante ne peut trouver d’homme de condition pareille à la sienne avec qui elle puisse se marier :

    a répondu qu’à cause de la petitesse du lieu de la naissance de l’impétrante il a connaissance que l’impétrante ne peut trouver d’homme de condition égale à la sienne avec lequel elle puisse se marier

      s’il na esté fait aucune violence à ladite Girard pour la faire consentir à se marier avec lui :

    a dit que non s’il fait profession de la religion catholique apostolique et romaine : a dit que oui Signé J. Dutertre

    Renée Girard de laquelle serment pris de vérité sur les faits par elle avenus dans la bulle de dispense de mariage … a dit se nommer Renée Girard, fille, âgée de 22 ans ou environ, demeurant paroisse de Brain sur les Marches. (suivent les mêmes questions qu’au garçon)

    René Girard … a dit se nomme Pierre (sic, et René plus haut) âgé de 63 ans ou environ marchand demeurant paroisse de Brain sur les Marches – S’il connaît les impétrants : a dit qu’ils sont parents du trois au troisième degré de consanguinité … (suivent les mêmes questions). Il signe

    Jean Lenfantin … a dit se nommer Jean Lenfantin âgé de 35 ans ou environ laboureur demeurant paroisse de Drouges diocèse de Rennes … (mêmes réponses)

    Pierre Dutertre … a dit se nommer Pierre Dutertre âgé de 36 ans ou environ, laboureur, demeurant paroisse de Drouges diocèse de Rennes (mêmes réponses, nous sommes déjà au folio 10 de 16, courage… on va atteindre la fin…). Il signe

    Mathurin Dutertre âgé de 25 ans laboureur paroisse de Brain sur les Marches etc… Il signe

    (les 4 derniers folios sont soporifiques, c’est la ritournelle de dispense… d’autant que ces 16 pages sont d’une écriture patte de mouche, très pénible… )

    En conclusion : il y avait des laboureurs aisés (au moins un) à Brain sur les Marches, assez aisé pour devoir payer les frais de dispense en cour de Rome, et nous avons vu dans une précédente dispense que le seuil était fixé à 2 000 livres de biens. Je remarque aussi que tous signent… ce qui est assez notable dans une petite paroisse…

    P.S. Marie-Laure m’ayant envoyé le mariage, le voici :

    Le 27e jour de janvier 1756 après la publication du premier banc (sic) de mariage, la dispense des deux autres aiant été accordée par monseigneur levêque d’Angers en date du 8 de novembre 1755, signé Houdebine vicaire général, et plus bas par monseigneur Bournard avec paraphe, et vu la dispence de consanguinité accordée en cour de romme par la grace du saint siège expédié à la daterie les ides de septembre l’an de l’incarnation de notre seigneur 1755 scellé en plon (on a l’orthographe qu’on peut, mais vous reconnaîtrez que le sceau de plomb est sérieux), et avec las de Chauvré contrôlée et enregistrée à Paris selon les formes requises et nécessaires comme il est certifié par la fulmination de la ditte dispense, faite par monsieur Houdebine officiel en datte du même jour et an que la dispense des bans ci-dessus énoncée, signée par le roy avec paraphe son greffier, lesquelles deux dispenses et fulmination ont été duement insinuées au greffe des insinuations ecclesiastique le même jour et an que dessus signe Pellé avec paraphe, j’ai, prêtre vicaire de la paroisse de Seurdre en ce diocèse, donné du consentement du sieur prieur de Brain sur les Marches, la bénédiction nuptiale à h. h. garçon Jacques Dutertre âgé de 27 ans fils de feu h. h. Jean Dutertre et de h. femme Renée Girard ci présente et consentente, et à h. fille Renée Girard fille de h. h. Pierre Girard et d’h. femme Jeanne Faguer aussi présent et consentant, ont été présent Pierre Chevalier, Marie Renier et plusieurs autres parents amis soussignés. Signé : J. Dutertre, M. Dutertre, J. Dutertre vic. d’Armaillé, M. Girard prêtre vic. de Seurdre.

    C’est fabuleux tout ce qu’on y apprend encore :
    les demandes à Rome passaient par Paris
    à son retour de Rome, la dispense passe non seulement par Paris, mais par la signature du roi, et là je n’en reviens pas, je ne pensais sincèrement pas que le roi s’occupait d’aussi petites choses…
    la dispense de Rome voyage scellée sous plomb. Là encore je suis médusée, car je croyais que la cire était universelle…
    le prêtre qui officie est vicaire à Brains et proche parent, et un autre prêtre, proche parent est vicaire à Armaillé, donc la famille donne beaucoup de prêtres
    le marié, comme la mariée, ont droit au qualificatif h. h. et h. femme, c’est à dire honnête homme et honnête femme, généralement réservés aux paroissiens notables. On est donc bien dans un milieu relativement aisé, et en plein dans la fable de La Fontaine

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    Baudreur, baudreur de balline : un métier dans le matelas de filasse, mais n’est pas brodeur

    (baudre, filasse de racines de plantes) et la balle d’avoine, en Anjou. L’Anjou, comme les autres provinces de France, avait souvent un vocabulaire local. En particulier,

    la baudre désignait la filasse grossière fournie par la racine des plantes. Je tiens ce terme du Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l’Anjou, de Verrier et Onillon, 1908, qui a été repris par Lachiver dans son Dictionnaire du monde rural, Fayard, 1997.

    Je note au passage qu’on utilisait la racine des plantes pour faire de la filasse, mais j’ignore quelles plantes. Je suis venue à ce terme parce que j’ai aperçu un métier curieux, que j’ai tenté de comprendre. Voici donc d’abord deux actes dans lesquels figure ce métier :

    Voici le 1er acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, François Amiar marchand baudreur de balliene d’une part et Renée Moreau preneure d’autre part demeurant au bourg dudit Miré,
    lesquels ont fait ensemble le bail à titre de soubzferme convansions et obligasions qui en suive, savoir est que ledit Amiard a baillé audit tiltre pour le tens de toys ans continuels qui ont commansé au jour et feste de Toussaint dernière et à finir à parrail jour à ladite Moreau prenante et acceptante pour elle scavoir est
    ung apentis de maison dans lequel y a cheminée estant adjasent la maison que ledit Amiard tient à tiltre de ferme de Me Jean Davy, lequel apantis en dépans
    à la charge de ladite Moreau d’an poyer par chacun an audit Amiard la somme de 30 sols le premier poyement commansant à la Toussaint prochene et à continuer et a donné ledit Amiard à ladite Moreau coure di prandre pandant ledit tans des herbes dans ces jardins pour l’usaige de ladite Moreau seulement, et ou ledit bail seroit rompu ce présent n’aura lieu entres lesdites seules parties sans aulcun dommayges ne interestz. Signé Amiard. ( »Nous avons vu la balline le mois dernier »).

    Voici le 2e acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, Renée Moreau assistée de François Amiar marchand baudereur son procquereur et amy à ce présant demeurant audit Miré, laquelle a recogneu avoir esté logé cy-davant par l’espace de trois ans en la maison des enfans de Jean Titau au bourc dudit miré et qu’elle a esté traitée chauffée logée saine et mallade et assistée par ledit Jean Tiraut lors qu’elle estoit mallade, pour lequel traitement et logement et antretien ladite Moreau a desduit et rabattu audit Jean Tiraut et sesdits enfants la somme de 64 livres qui luy restent à payer sur une obligation en forme de transaction receu devant Me Jean Davy notaire montant 100 livres

    François Amiard signe fort bien, et je le mettrai par habitude de ce type de signature au niveau de certains marchands de fil. Le premier acte est très intéressant car il est précisé « baudreur de balliene ». Or, la balline n’est autre que le matelas rempli de balle, enfin, là encore, le terme est purement angevin. Donc manifestement notre marchand est bien dans la filasse et ses produits dérivés, il n’y a aucun doute à avoir. Bien entendu le métier de « baudreur » ne figure nulle part, mais manifestement dans ce petit coin d’Anjou, on a été jusqu’à coller à la baudre son métier. Or, ce coin d’Anjou, c’est à dire l’E.N.E., est celui où j’avais trouvé un brodeur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits. J’ai donc relu ce contrat d’apprentissage, que voici :

    et cette fois, je suis prise d’un doute, et j’ai l’impression qu’il pourrait s’agir ici d’une forme orthographique du baudreur ? Ainsi, je m’expliquerai mieux ce père baudreur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits, car un tailleur d’habits rural ne fait rien à la mode. La mode se fait à Paris, puis descend dans les grandes villes de province, et je peux vous affirmer que les dames fortunés susceptibles de s’habiller de robes brodées, visaient très précisément la mode de Paris, au pire d’Angers ou Nantes. D’Anjou elles allaient à Angers passer leur commandes pour s’habiller, pas à la campagne, et même j’ai trouvé un acte par lequel une angevine demandait qu’on lui ramène une robe de Paris. Donc le brodeur de campagne est impossible…
    D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps que cela la mode était encore Paris, elle arrivait quelques mois plus tard à Nantes, mais dans la campagne ce n’était pas terrible dans les boutiques, et cela a beaucoup évolué depuis peu… Ma génération aura vu cette révolution dans la mode…

    Et au passage, le second acte est fort intéressant, car cette femme a été hébergée pour 64 livres pendant un an, mais ne peut sans doute continuer de tels frais, alors elle a trouvé à louer un appentis à François Amyard qui lui coutera moins cher…

    Autre remarque, amusante. Si vous tappez « balle d’avoine » en mettant bien ainsi les crochets, dans n’importe quel moteur de recherche sur le Web, vous allez voir apparaître des sites qui préconisent pour la santé le matelas de balle d’avoine. Ils sont surtout Canadiens, preuve qu’eux au moins n’ont pas oublié les bonnes pratiques de nos ancêtres, car il paraît qu’on y dort mieux… Donc me voici rassurée, nos ancêtres ne dormaient pas dans l’inconfort…

    Voyez aussi le contrat d’apprentissage d’un fils de baudreur comme tailleur d’habits

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    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1693 : janvier, février, mars, avril, mai, juin

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 4 janvier (1693) mourut madame Milon ; elle avait épousé en premières noces le sieur Marest de la ville de Laval qui a exercé en cette ville le greffe en chef du siège présidial pendant quelques années, et en secondes noces le feu sieur Milon de la ville de Tours ; il n’y a point d’enfant de l’un et l’autre mariage. Elle s’appelait Joulain ; elle fut enterrée le lendemain dans l’église des pères Minimes.
  • Le 7 (janvier 1693) le prince de Danemarck partit de cette ville pour Paris.
  • Le 8 (janvier 1693) monsieur Michel Lepelletier docteur en Sorbonne, abbé de Joy et évêque d’Angers, arriva en cette ville. Toutes les cloches sonnèrent pendant une demie heure. (Note de Marc Saché : Michel Lepelletier, fils aîné du ministe d’Etat, fut nommé par le roi à l’évêché d’Angers le 15 août 1692. Il mourut à Paris, le 9 août 1703, et fut inhumé, contre son voeu, en l’église Saint-Gervais)
  • Le 8 (janvier 1693) mourut la femme du feu sieur Mauricau huissier. Sa fortune grossit beaucoup sur sa fin par le moyen d’une succession ; sa fille a épousé le feu sieur Lépagneul de la Plante. Elle a un fils à Paris qu’on dit marié, qui s’avance dans la fortune.
  • Le 10 (janvier 1693) monsieur Lepelletier évêque d’Angers fit son entrée dans l’église cathédrale ; tout le clergé, les religieux, le corps de ville, le lieutenant du Roy, le présidial, la prévôté, l’élection, les avocats et les notaires, la théologie et la médecine l’accompagnèrent dans cette cérémonie ; Le doyen de St Lo le harangua au nom du clergé. La procession fut depuis l’évêché par la place Neuve, la place de Sainte Croix, par la vieille Chartre, jusques à l’église. Le corps des marchands se présenta pour marcher devant les notaires qui les troublèrent, comme ils l’avaient fait lors de l’enterrement de feu monsieur Arnaud évêque d’Angers, pour raison de quoy il y a instance au Parlement.
  • Le 9 (janvier 1693) Mr Joseph Doublard avocat, fils du feu sieur Doublard marchand droguiste et de la feue dame Delorme, épousa la fille du sieur de la Plante Mauvif marchand de draps de laine et de la dame Esnault.
  • Le 12 (janvier 1693) mourut le sieur Garsenlan de la Perrière cy-devant marchand de blé. On dit qu’il gagna cent cinquante mil livres dans le commerce du blé dans les années 1651 et 1660, temps d’une grande disette des bleds. Il a laissé 4 enfants ; l’aîné conseiller au présidial a épousa la fille du sieur du Planty Frein cy-devant assesseur en l’élection et de la dame Boisard ; le cadet auditeur des comptes en Bretagne a épousé la fille de feu Mr de la Perrière Foussier conseiller au présidial ; une fille a épousé Mr Aubin de Chevaigné cy-devant Me des eaux et forêts et l’autre Mr de la Simonnière Herreau conseiller au présidial.
  • Le même jour, monsieur de Fontenay Thomas, conseiller au présidial, épousa Melle de Boumois Berthelot.
  • Le 13 (janvier 1693) mourut mademoiselle Chotard ; elle a laissé plusieurs enfants avancés en âge, non mariés. Elle s’appelait Pallu. Son mari est mort receveur de monsieur le prince de Condé dans la ville de Châteaubriant ; son fils aîné marié fait encore les mêmes fonctions.
  • Le 18 (janvier 1693) mourut le sieur de Perdoux, directeur des Aydes des cette ville. Il était fils d’un médecin de la ville d’Orléans. Il fut enterré le lendemain dans l’église des pères Minimes.
  • Le 26 (janvier 1693) monsieur de l’Epinay Lemarié, sénéchal de la ville de Beaufort, fils de feu Mr Lemarié cy-devant conseiller au siège présidial de cette ville et sénéchal de Beaufort, et de la feue dame … épousa la fille de feu Mr de Fontenay Thomas aussy conseiller audit siège et de la feue dame …
  • Le 27 (janvier 1693) Mr Dupont avocat au siège présidial de cette ville, fils de Mr Dupont aussy avocat et de la Delle Jamet, épousa la fille du feu sieur de l’Aubriaye Jamet bourgeois et de la Delle Brouillet sa cousine germaine, en conséquence de dispenses de Rome.
  • Le même jour (27 janvier 1693) monsieur Thomas de la Rousselière fils de feu monsieur Thomas de la Rousselière et de la feue dame Jousselin, se fit installer en la charge de conseiller au siège présidial de cette ville cy-devant possédée par Mr Grandet son oncle, et le même jour il épousa la fille du feu Sr Avril de la Chaussée vivant marchand et de la Delle Lemanceau.
  • Le 30 (janvier 1693) Mr Blanchet de la Martinière avocat fils de Mr Blanchet aussy avocat, se fit installer dans la charge de conseiller vérificateur des défauts au siège de la prévôté de cette ville.
  • Le 29 (janvier 1693) le sieur Dupont bourgeois veuf de la demoiselle Trochon de Richebourg, duquel mariage il y a une fille, épousa la fille du feu sieur Bouchard et de la feue dame Malbranche.
  • Le 3 février (1693) Mr Lebloy du Portail docteur régent ès-loix, veuf de la demoiselle Gontard, duquel mariage il y a une fille, épousa la fille du feu sieur de Cingé Denais et de la Delle Harangot.
  • Le 5 (février 1693) mourut Me Jouslain marchand de draps de laine.
  • Le même jour (5 février 1693) mourut le sieur Bourceau de la Daumerie bourgeois ; il était mal fait de sa personne, bossu devant et derrière.
  • Le 10 (février 1693) mourut la veuve du feu Sr Vallée, marchand libraire en cette ville. Cette femme était très habile dans son commerce ; elle a été regrettée de tous ceux qui la connaissaient. Elle a laissé plusieurs enfants ; un garçon aussi marchand libraire a épousé la fille de la veuve Durocher revenderesse, une fille a épousé le sieur Touchais marchand de soie en cette ville. (Note de Marc Saché : François Vallée, libraire à l’enseigne de la « Bible d’or », rue Chaussée-Saint-Pierre, avait en effet épousé en secondes noces Renée Marchand, celle que mentionne Toisonnier. Le second de leurs enfants épousa, en 1690, Françoise Durocher ; il succéda, en 1700, à son père, bien qu’il eût obtenu des lettres de maîtrise du recteur de l’Université en mars 1691. Il décéda le 25 septembre 1720)
  • Le 22 (février 1693) mourut la femme du sieur Travaillé de Mongodin ; elle s’appelait Herbereau des Chemineaux.
  • Le 2 mars (1693) Mr Beguyer plaida sa première cause.
  • Le 10 (mars 1693) mourut monsieur Jean Gouin avocat fils de feu Me Jean Gouin aussy avocat ; étant dans la rue St Lo de cette ville sur les neuf heures du soir dans la maison où se vend le caffé, il eut différend avec le sieur Destriché surnommé Le Bezier qui lui jeta une porcelaine à la teste, dont il mourut quinze jours après.
  • Le même jour mourut Mr Donon. Il avait épousé Melle Brault de Beaupreau, dont il n’y a point eu d’enfant.
  • Le 15 (mars 1693) mourut madame Gandon veuve du Sr Gandon marchand droguiste en cette ville. Elle s’appelait Théard. Elle a laissé un fils prêtre, une fille mariée avec le Sr Mabit et une autre fille.
  • Le 16 (mars 1693) mourut subitement la veuve du feu Sr Pelletier de la Gallicheraie ; elle s’appelait Benoist, elle a laissé plusieurs enfants.
  • Le 20 (mars 1693) mourut à Paris monsieur Héard de Boissimon, conseiller honoraire au siège présidial de cette ville. Il avait été procureur du Roy en l’élection de cette ville et directeur général des Gabelles.
  • On a levé cette année sur la ville la somme de trente et cinq mil cinq cent livres pour les ustanciles.
  • Le 30 (mars 1693) le fils de Mr de Volainne Gilles trésorier à Tours et de la dame Jouet épousa Melle de la Sablonnière Chotard veuve du feu Sr Duplessis Berthelot, duquel mariage il y a une fille.
  • Le 31 (mars 1693) la fille de défunts Mr de Gastine Poisson et de la dame Lefebvre de Chamboureau épouse Mr du Ronceray Bernard conseiller chevalier d’honneur au siège présidial de cette ville, fils de feu Mr Bernard président en l’élection et de la feue dame Boutiller.
  • Le même jour (31 mars 1693) Mr Leclerc, fils de monsieur Leclerc, assesseur au siège présidial de cette ville se fit installer dans ladite charge d’assesseur, et Mr son père resta assesseur honoraire en conséquence d’arrest du conseil privé.
  • Le 12 avril (1693) mourut Mr Paulmier avocat ; il était lors syndic des avocats. Il fut enterré le lendemain dans l’église des Cordeliers ; il avait épousé en premières noces la fille du feu Sr Jousse dont il n’y a point d’enfant, et en secondes Melle Ménard dont il n’y a qu’une fille qui était auparavant veuve du feu Sr … duquel mariage il n’y avait point eu d’enfant.
  • Le 13 (avril 1693) Mr Boylesve de Goismard conseiller au siège présidial veuf de Melle Gaultier de Chanzé dont il y a un enfant, épousa la fille de Mr de Méguyon et de la feue dame Jousselin.
  • Le 16 (avril 1693) mourut la femme du Sr de la Durbellière Avril, bourgeois ; elle s’appelait Provôt.
  • Le 20 (avril 1693) monsieur Reimbault de la Foucherie cy-devant banquier à Rome, se fit installer dans la charge de maire perpétuel de cette ville.
  • Le même jour (20 avril 1693) le fils de monsieur de Crespy de la Mabillière, procureur du Roy au siège présidial de cette ville et de la dame Chauvel de la Boulaye épousa Melle de Cherité de Voisin.
  • Le 21 (avril 1693) Messieus Dupas avocat au siège présidial de cette ville, Bachelot, Nicolon Sr de Chanzé, Margueriteau Sr de la Morinière et Avril sieur de la Durbelière bourgeois, se firent installer dans les charges d’assesseurs de l’hôtel de cette ville.
  • Le 22 avril (1693) Mr le chevalier Grimaudet fils de Mr Grimaudet et de la défunte dame Boylesve, épousa la fille du feu Sr Touzé de Chamront conseiller à Baugé et de la Delle Cordon.
  • Le même jour (22 avril 1693) le fils de Mr Lechat conseiller en Bretagne et de la dame de la Bigottière de Perchambault épousa la fille de Mr de Genouillac cy-devant conseiller en la grand chambre à Paris, et de la dame Boylesve de la Mauricière.
  • Le 23 (avril 1693) mourut Mr Thibaudeau prêtre chapelain en l’église de St Michel du Tertre âgé de 30 ans 4 mois. Il avait beaucoup de douceur et de piété.
  • Le 24 (avril 1693) mourut la femme de Mr du Tremblier de la Varanne ; elle s’appelait Louise Aveline de Narcé, mariée depuis un an ; elle n’a point laissé d’enfant.
  • Le 1er mai (1693) messieurs Daburon avocat, et Bachelot bourgeois, furent nommés échevins.
  • Le 5 (mai 1693) le Sr Poulard de la Fauvrie bourgeois fut installé dans la charge d’assesseur de l’hôtel de ville.
  • Le 16 (mai 1693) Mr Cochon fils de Mr Cochon avocat, plaida sa première cause.
  • Le 23 (mai 1693) le sieur Maunoir de la Maldemeure fut installé dans la charge d’assesseur de l’hôtel de cette ville.
  • Le même jour (23 mai 1693) mourut monsieur de Grée Poulain conseiller honoraire au siège présidial de cette ville. Il avait épousé en premières noces la demoiselle Bernard dont est issu le Sr Poulain de la Forestrie bourgeois, et en secondes noces la veuve du Sr de la Marche dont sont issus Mr de Grée Poulain conseiller au présidial mari de la dame Béritault des Chenais, un autre mari de la Delle Nicolon de Chanzé, une fille qui a épousé Mr Dumesnil d’Acigné.
  • Le 25 (mai 1693) soixante dix gentilshommes de cette province convoqués pour l’arrière-ban, partirent de cette ville pour se rendre dans la ville de Fougères province de Bretagne, commandés par Mr de Senonnes.
  • Le 6 juin (1693) monsieur Lanier correcteur de l’église de la Trinité de cette ville et cy-devant officiel de l’officialité de cette ville, fut installé dans la charge de conseiller clerc au siège présidial cy-devant possédée par Mr Héard de Boissimon.
  • Le 24 (juin 1693) mademoiselle Dupont fille de monsieur Dupont de la Morinière conseiller au présidial de cette ville et de la défunte dame … épousa monsieur de Lasse conseiller au Parlement de Bretagne.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.

    Réception à la maîtrise de chirurgie, au ressort d’Angers, 1740-1752

    Archives Départementales du Maine-et-Loire, série E

    Avec ce billet, j’ai mis ce qui concernait les chirurgiens dans la catégorie Hygiène et Santé, et non plus dans celle Métiers, car je pense que c’est mieux ainsi, à moins que vous y voyiez un inconvénient.

    Nous avions vu le 19 mai puis le 21 mai dernier, l’évolution du métier de chirurgien, en particulier la date de l’Ordonnance Royale du 24 février 1730, instituant la maîtrise en chirurgie.
    Nous avions aussi des contrats d’apprentissage avant et un brevet d’apprentissage après cette date clef, apporté en commentaire de mon billet du 19 mai.

    On appelle Brevet d’apprentissage, Un Acte passé pardevant Notaire, par lequel un Apprenti & un Maître s’engagent réciproquement ; l’Apprenti à apprendre un art ou un métier; & le Maître à le lui montrer pendant un certain temps, & à certaines conditions. (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762)

    Aujourd’hui, nous découvrons le diplôme de maîtrise en chirurgie, décerné à Angers par la nouvelle communauté des chirurgiens d’Angers. Vous en aurez d’autres, car il s’avère qu’au fil des réceptions à la maîtrise, la puissante communauté d’Angers ne se contente pas de maintenir les chirurgiens de campagne au rang inférieur (ils n’ont pas le droit de pratiquer de grandes opérations sans faire appel à un maître d’Angers, et ils sont visité une fois par an par l’un d’entre eux), mais nous découvrirons la prochaine fois qu’ils définissent leur zone de non concurrence. Enfin, vous voyez aussi une forme d’assurance contre les risques du métier

  • Jacques Godelier, Le Lion-d’Angers (49), 1740, folio 2
  • (Attention, les assemblées sont chacune rédigée par l’un des chirurgiens présents, jamais le même, et leur orthographe est parfois limitée, en particulier cette assemblée qui doit impérativement se lire phonétiquement, car elle contient beaucoup de perles orthographiques) En la semblée (sic, pour l’assemblée) des maistre (sic) chirurgiens de cette ville fait en leur chembre commune et de juridiction par l’ordre de Charles Galpin lieutenant du premier chirurgien du roy duement convoquée par billets par Jacque Goubeault leur procureur à la réquisition de Jacque Gaudelier aspirant à la maistrise pour le bourt (sic, pour bourg) et paroisse du Lion d’Angers où assistoit ledit Charles Galpin, Louis Nepveu, Jacques Goubeault, Charles Guitet, Louis Mouilleras, Charles Rataud, François Breteault, Cabriel Sillord, tous lesquels après avoir interogé ledit Jaques Godelier sur plusieurs faits de chirurgie et luy avoir fait faire quelques légères expériance l’ont tous trouvé sufisemment capable d’exercer l’art de chirurgie en ledit bourt et paroisse du Lion d’Angers et autres lieux circonvoisins dépendant de nostre ressort, di tenir boutique ouverte, di prendre bacens (d’y prendre bassins) et d’exposer toutte autre marque de chirurgien aux conditions néanmoints qu’il ne fera aux qu’un aprantif (aucun apprenti), et en outre soufrira les vissite par chasque un (chacun) an et pera (payera) pour droit quarente souls par chasque vissite et aussi aux conditions qu’ls ne faira aux qu’une hopération de concéquance cent (sans) y appelé quelques uns de maistre de cette ville ou autre maistre chirurgien de grands chedeufre (chef d’œuvre), fait Angers ce 15 novembre 1740

  • Jacques Joachim Ricordeau, Ballots (53), juin 1741, folio 8
  • En l’assemblée des maistres chirurgiens de cette ville faitte en leur chambre commune et de juricdiction par l’ordre de Charles Galpin lieutenant du premier chirurgien du roy duement convoquée par billets à la manière accoutumée par Jacques Goubault leur procureur à la réquisition de Jacques Joachim Ricordeau aspirant à la maîtrise pour le lieu et paroisse de Ballots dépendant de nostre ressort ou assistoient messire François Paulmier conseiller du roy docteur régent en la faculté de médecine de l’université de cette ville et médécin royal, ledit Jacques Goubault, Charles Guitet, Louis Mouilleras, Charles Rateaud, François Bretault, Jean Baugé et Alexande Lachese tous maistres chirurgiens de cette ville lesquels après avoir interrogé ledit Joachim Ricordeau et luy avoir fait faire quelques légères expériences l’ont tous trouvé suffisament capable d’exercer l’art de chirurgie en le bourg et paroisse de Ballots et autres lieux circonvoisins dépendant de nostre ressort, d’y tenir boutique ouverte, d’y prendre bassin et d’exposer toutes autres marques de chirurgien aux conditions néanmoins de ne faire aucuns aprentifs en l’art de chirurgie et qu’il ne fera aucune opération de conséquence sans y appeller un maistre de cette ville ou autre maistre de grand chef d’œuvre, et qu’il souffrira les visites (sic) par chasquun an et payra pour droit quarente sols par visite affin qu’en cas de contestation il n’en prétende cause d’ignorence, fait à Angers ce 2 juin 1741

  • Daniel Pirré, Craon (53), février 1742, folio 16
  • En l’assemblée des maistres chirurgiens de cette ville fait en leur chembre commune et de juricdiction par l’ordre de Charles Galpin lieutenant du premier chirurgien du roy duement convoqué par billets à la manière accoutumée par Louis Mouilleras leur procureur à la réquisition de Daniel Pirré aspirant à la maîtrise pour la ville de Craon dépendant de nostre ressort ou assistoient messire François Paulmier conseiller du roy docteur régent en la faculté de médecine de l’université de cette ville et médécin royal, ledit Charles Galpin, René Berard, Louis Nepveu, Charles Guitet, François Lejean, Louis Mouilleras, Pierre Jouanne, Charles Rateau, Gabriel Sillord, Jean Baugé, Philippe Alexandre Lachese et autres soussignés tous maistres chirurgiens de cette ville lesquels après avoir interogé ledit Daniel Pirré sur plusieurs faits de chirurgie et luy avoir fait faire quelques légères expériences l’ont tous trouvé capable d’exercer l’art de chirurgie en la ville de Craon dépendant de nostre ressort et autres lieux circonvoisins, d’y tenir boutique ouverte, d’y prendre bassin et d’exposer toutes autres marques de chirurgien excepté la ville et bancs lieux (sic, pour banlieue) d’Angers aux conditions néanmoins de ne faire aucuns aprentifs en l’art de chirurgie ny allouer aux peines portées par les statuts article 35, savoir de cinquante livres d’amende, et de deux cents livres de dommages et intérest, en outre ne fera aucunes grandes opérations en chirurgie et que aux maladies de conséquence il y appellera un des maistres chirurgiens de cette ville ou autres maistres chirurgiens de grands chefs d’œuvre, souffrira les visites par chasquun an et payra pour droit quarente sols par visite affin qu’en cas de contestation il n’en prétende cause d’ignorence, fait à Angers ce 23 février 1742

  • Gervais Papin, Craon (53), février 1742, folio 17
  • En l’assemblée des maistres chirurgiens de cette ville faitte en leur chambre commune et de jurisdiction par l’ordre de Charles Galpin lieutenant du premier chirurgien du roy duement convocquée par billets par Louis Mouilleras leur procureur à la manière accoutumée à la réquisition de Gervais Papin aspirant à la maîtrise pour la ville de Craon dépendant de nostre ressort ou assistoient messire François Paulmier conseiller du roy docteur régent en la faculté de médecine de l’université de cette ville et médécin royal, ledit Charles Galpin, René Berard, Louis Nepveu, Charles Guitet, François Lejean, Louis Mouilelras, Pierre Jouanne, Charles Ratauld, François Bretauld, Gabriel Sillor, Jean Baugé, Philippe Alexandre Lachese tous maistres chirurgiens de cette ville lesquels après avoir interogé ledit Gervais Papin sur plusieurs faits de chirurgie et luy avoir fait faire quelques légères expériences l’ont tous trouvé capable d’exercer l’art de chirurgie en la ville de Craon dépendant de nostre ressort et autres lieux circonvoisins, d’y prendre bassin y tenir boutique ouverte, et exposer toute autre marque de chirurgien excepté la ville et bancs lieux (sic, pour banlieue) d’Angers aux conditions néanmoins de ne faire aucun aprentif en chirurgie ny alouer aux peines portées par les statuts article 35, savoir de cinquante livres d’amende, et de deux cents livres de dommages et intérest, en outre ne fera aucunes grandes opérations en chirurgie et que aux maladies de conséquence il y appellera un des maistres chirurgiens de cette ville ou autres maistres chirurgiens de grand chef d’œuvre, souffrira les visites par chasquun an et payra pour droit quarente sols par visite affin qu’en cas de contestation il n’en prétende cause d’ignorence, fait à Angers ce 24 février 1742

  • Antoine Léauté pour St Laurent de la Plaine, le 4 mai 1742, folio 19
  • (orthographe et ponctuation originales, pas de lettres majuscules pour les noms de personnes…, retranscrit par Marie-Laure) « En lassemblee des maistres chirurgiens de cette ville faitte en leur chambre commune et de juridiction par l ordre de charles galpin lieutenant du premier chirurgien du roy duement convoquee par billets en la manier accoutumee par louis mouillera leur procureur a la requisition de antoinne leauté aspirant a la maitrise pour le bourg et la paroisse de St laurent de la plaine dependant de nostre ressort ou asistoient Messire francois paulmier conseiller du roy docteur regent en la faculté de Medecine de luniversité de cette ville et medecin royal rené berard louis nepueu jacque goubault charles guitet louis mouilleras charles ratault francois bretault gabriel sillor et philipe alexandre lachese tous maistres chirurgiens et apres que le di antoine leauté auroit esté interogé par rené berard louis nepueu jacque goubault charles guitet francois bretault et louis mouilleras sur plusieurs faits de chirurgie et luy avoir fait faire quelques legeres experiences auroit esté jugé capable dexercer lart de chirurgie au di bourg et paroisse de st laurent de la plaine depandant de notre ressort et autre lieux circonvoisins et luy ont donné pouvoir d’y tenir boutique ouverte d’y pendre bassinsnet dexposerbtoutes autre marques de chirurgien excepté la ville et banclieux d’angers les villes des ponts de cee ingrande chalonne cholet,craon chemille et autres villes dependant de nostre ressort aux conditions neamoins de ne faire aucun aprentifs en chirurgie ny aloué a peine de cinquante livres d’amande et de deux cents livres de domages et interest ainsi qu’il est porté par les statuts duement enregistrees articles trente cinq en outre ne fera aucunes grandes operations en chirurgie sans y apeller quelquun des maistres chirurgiens de cette ville ou autre maistres de grand chef doeuvre souscrira les visites par chasquune ( ?) et payra pour droit deux livres par visites et apres luy avoir leu et releu lacte de sa reception et luy avoir fait prester serment en tel cas requis et necessaire en foy de quoy il a signé le present acte fait aangers se quatre may mil sept cents quarente deux un mot raye nul. » Plusieurs signatures suivent : A Léauté . Paulmier . R Berard.L Nepueu .G Sillor.Goubault.Ch Guitet. Moullieras.

    Je dresse actuellement la table des réceptions à la maîtrise en Anjou, en triant par lieu, date, et nom de famille du chirurgien. Je peux cependant d’ores et déjà vous dire qu’ils ne sont pas nombreux. A la prochaine fois, si vous le voulez bien, avec un scoop total pour l’un d’eux, dont je ne reviens pas moi-même.

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    Droit de prendre 2 deniers à chaque femme jolie, et droit de mener la mariée Un curieux droit seigneurial à Somloire, Maine-et-Loire, interdit en 1600

    Ce billet et ce site sont lus par plusieurs auteurs, avides d’idées pour leurs romans. Aujourd’hui ce billet vous montre qu’autrefois la réalité a parfois dépassé la fiction. Voici, extrait du Dictionnaire du Maine et Loire, Célestin Port, 1876 :

    Somloire, commune du canton de Vihiers. La terre formait un fief important, titré au 17e siècle de châtellenie et relevant de Maulévrier. Entre autres privilères singuliers, le seigneur jouissait du droit de faire prendre par son sergent, de chaque « femme jolie » ou de mœurs légères, passant sur sa chaussée, deux deniers ou de couper la manche du bras droit ou de dispose d’elle une fois à son choix. Un arrêt du Présidial d’Angers du 4 mars 1600 supprima cette pratique malhonnête, et fut confirmé par un second arrêt du Parlement du 3 mars 1601, qui maintint en même temps, malgré l’arrêt antérieur du présidial, son autre droit, qui lui était contesté, d’assister, représenté par son sergent, avec deux chiens, à toutes les noces de ses vassaux. La terre formait un fief important, titré au 17e siècle de châtellenie et relevant de Maulévrier. En est sieur Jean de Ver, chevalier, mari de Marguerite de Savonnières, 1311 ; – Lucette Pelaud, 1409, 1420, Jean Barillon 1458, Marie de la Musse, sa veuve, 1481, Joachim Barillon, 1566, Charlotte du Bois, sa veuve, 1600, 1608. – François Barillon, 1652, – Urbain de Maliverné, 1661, 1666. – Charles Barillon 1680, qui cède la domaine par échange en 1696 à Thomas Dreux, marquis de Brezé… (C. Port, Dict. Maine et Loire, 1876)

    la Guimoire, commune de Somloire : Ancienne maison noble avec tourelles, qui donnait son nom jusqu’au 16e siècle à une famille fondue par alliance dans la famille de Ragot, qui la possédait encore au 18e siècle. – en 1792 à Jaques-Pierre Chaillou, juge de paix à Angers, mari de Marie-Jeanne Papin, qui vend le domaine le 11 septembre. Elle relevait de la terre de Somloire, et à l’occasion du mariage du fermier Michel Brémont, la dame suzeraine prétendit exercer le droit qu’elle avait sur tous ses sujets de faire assister à la noce son sergent. Il devait, à son dire, être convié 8 jours à l’avance, avoir sa place à table devant la mariée, dîner comme elle, ayant à ses côtés deux chiens couchants et un levrier, avec leur part du repas, et ensuite mener la mariée et dire la première chanson. Le tenancier Gabriel Ragot, sieur de la Faie, mari de Renée de la Guinemoire, prit le fait de son fermier et renia le devoir comme intolérable et malhonnête. Une sentence du Présidial lui donna raison le 4 mar 1600 : mais sur l’appel de la dame de Somloire le droit de la suzeraine fut confirmé par un arrêt du Parlement du 16 mai 1601, inscrit au rang des Arrêts célèbres. Voir Pocquet de Livonnière, Coutume d’Anjou, t II, p. 1219 (C. Port, Dict. Maine et Loire, 1876)

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