Bail à ferme d’une maison proche la fontaine de Pigeon, Angers, 1602

Voici un tonnelier qui loue une maison proche la fontaine du Pigeon à Angers. Le loyer se monte à 18 livres par an, et pour le prix il dispose d’un jardin.
Le propriétaire, non nommé, est le chapelain de la chapelle saint Gilles desservie en l’église Saint Maurille d’Angers. Il s’est fait représenter par Jean Pancelot, avocat à Angers. Comme quoi, les avocats eux aussi faisaient un peu de tout.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 19 juin 1602 après midy, en la cour du roy notre sire Angers endroict pardavant nous (Jean Chevrollier notaire Angers) personnellement establys honorable homme Me Jehan Pancelot sieur de Ferrière, advocat Angers et y demeurant paroisse de St Maurille au nom et comme procureur du chapelain de la chapelle de Saint Gilles desservie en l’église saint Maurille d’une part,
et Fleury Lecommendeux marchand tonnelier et Perrine Maznau sa femme demeurants près la fontaine de Pygeon paroisse de St Michel du Tertre, ladite Perrine de luy deuement et suffisament authorisée par ces présentes quant ad ce, d’autre part,

lesquels audit nom et mesme ledit Lecommandeux et sa femme eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division confessent avoir fait et encores font entre eux le marché de ferme tel que s’ensuit c’est à scavoir que ledit Pancelot audit nom a baillé et baille et par ces présentes baille auxdits Lecommandeux et sa femme qui ont prins et accepté audit tiltre de ferme seulement non autrement pour le temps et espace de 7 années et 7 cueillettes entières et consécutives et parfaites et continues l’une l’autre sans intervalle de temps à commencer au jour et feste de Toussaints année passée et finiront à pareil jour scavoir est une petite maison jardin appartenances et dépendances avecq les hayes fossés murailles et cloisons qui environnent ladite maison et le jardin, le tout situé près ladite fontaine paroisse de saint Sanxon (faudrait savoir : tout à l’heure c’était sur la paroisse de saint Michel du Tertre, et n’en doutez pas j’ai vérifié ma lecture, et il y a bien un changement brutal de paroisse ! sans doute un endormissement du notaire ?) dépendant de ladite chapelle saint Gilles tant que lesdites choses se poursuivent et comportent et que lesdits preneurs en ont jouy auparavant audit tiltre de ferme qu’ils ont dit bien cognoistre,
à la charge desdits preneurs de jouir et user desdites choses comme un bon père de famille sans malverser
de tenir et entretenir les maisons baillées de couverture et terrasse hayes cloisons couraulx et vollières et fossés en bonne estait de réparation et les rendre à la fin du présent marché ainsi qu’ils sont par leur précédent marché
et pour le regard des murailles dudit jardin les feront réparer sablées …
etc…
et est fait le présent bail à ferme pour en payer et bailler par lesdits preneurs audit bailleur audit nom par chacune année outre les charges ci-dessus la somme de 18 livres tz au jour et feste de Toussaintz le premier terme et payement commençant au jour et feste de Toussaintz prochaine et à continuer etc…

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Vente puis réméré de la maison de la Corne de Cerf, Angers, 1617

Nous retrouvons Philippe Chevalier et Françoise Tessard. En 1617 il vend la maison de la Corne de Cerf rue de la Fromagerie à Angers la Trinité à Jean Pouriatz sieur de la Hanochaie pour 320 livres, avec faculté de réméré dans les 5 ans.
Et en 1621, Philippe Chevalier étant décédé, sa veuve, Françoise Tessard fait jouer la faculté de réméré, et rachète pour la même somme de 320 livres à Jean Pouriatz la maison en question.

Cet acte est troublant, s’agissant d’un couple de Combrée. En effet, Chevalier avait achetée cette maison, et on peut se demander pourquoi un tel placement à Angers. D’ordinaire on fait ses placements au plus près de son lieu d’habitation.
Et le réméré en 1621 par Françoise Tessard sa veuve est encore plus troublant. Pourquoi ce couple avait-il intérêt à investir à Angers ?

Réméré s. m. Terme de Palais purement latin, qui n’a d’usage que dans cette phrase, Faculté de remeré, pour dire, La faculté de racheter dans un certain temps la chose qu’on vend (Dict. de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 8 avril 1617 avant midy, devant nous Guillaume Guillot notaire du roy à Angers, fut présent en personne soubzmis et obligé honneste Philippe Chevallier marchand demeurant au bourg de Combrée
lequel a recogneu et confessé avoir ce jourd’huy vendu quitté ceddé et transporté et par ces présentes vend cèdde quitte et transporte dès maintenant et promet garantir
à honorable homme Me Jean Pouriaz sieur de la Hanochaie advocat au siège présidial d’Angers et y demeurant paroisse St Michel du Tertre présent et acceptant qui a achepte pour luy savoir une maison logis et appartenances ou pend pour enseigne la corne de cerf située au bas la rue de la Fourmaigerie paroisse de la Trinité de cette ville composée de salle basse chambre à costé une court et estable chambre haulte grenier et superficie joignant d’un costé (blanc) d’un bout sur le pavé de ladite rue de la Fromagerie et d’autre bout (blanc) tout ainsi que ladite maison se poursuit et comporte qu’elle appartient audit Chevallier par acquestz qu’il en a fait de Meslet qui l’occupe présentement par ferme et en jouy …
tenu du fief et seigneurie aux cens et rentes seigneuriaux et féodaux quitte du passé …
la présente vendition et transport faite pour et moyennant le prix de 320 livres payée et baillée manuellement en présence et au vue de nous par ledit Pourriaz audit Chevallier qui la eue et receue en monnaie bonne et de poids selon l’édit
o grâce et faculté donnée et concédée par ledit acquéreur audit vendeur de pouvoir rémérer lesdites choses vendues d’huy en 5 ans prochains

PS à l’acte ci-dessus, qui est le réméré de ladite maison : Et le 19 janvier 1621 avant midy devant nous notaire susdit fut présent en personne Me Jehan Pourriaz acquéreur mentionné au contrat cy dessus lequel a présentement eu et receu de Françoise Tessard veufve dudit défunt Chevallier vendeur audit contrat, absente, et de ses deniers par les mains de Me Briand Guybelais notaire demeurant à Combrée à ce présent et acceptant la somme de 320 livres tz en monnaie ayant cours pour la rescousse et réméré des choses vendues par ledit contrat dont ledit Pouriatz s’est tenu contant bien payé et en quitte ledit Tessard, de laquelle il a présentement reçu par les mains dudit notaire la somme de 16 livres 4 sols pour la ferme et jouissance desdites choses vendues à compter du 8 avril dernier jusques huy, l’en quitte présentement sont et demeurent lesdites choses vendues bien et duement rescoussées et rémérées par ledit contrat
fait à Angers en notre tablier présents Pierre Hardy et François Martin clerc tesmoins

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Contrat de mariage Ayrault Boylesve, Angers, 1600

Contrats de mariage retranscrits et analysés sur ce blog.

Voici un contrat de mariage bien doté. Et vous en verrez d’autres encore, de toutes fortunes… J’ai pensé qu’il serait pas utile que ce site-blog possède une page HTML (terme informatique qui désigne le format de langage ordinaire des sites, alors que le langage des blogs est généralement WIKI) qui récapitulerait en ordre de fortune croissante les contrats déjà parus.
Le tout bien sur, avec moult liens !
Je suppose que cela vous permettrait d’y voir plus clair. Enfin, j’y songe, YAKA (cela, ce n’est pas du format de langage informatique, mais c’est la bonne à tout faire de ce site-blog). La voici :

    Contrats de mariage retranscrits et analysés sur ce blog.

Mieux, j’ai trouvé d’autres sites sur Internet qui donnaient gratuitement des contrats de mariage, et vous aurez les liens bientôt.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 18 novembre 1600 après midy, en la cour royal d’Angers en droit par devant nous François Prevost notaire d’icelle personnellement establys chacuns de messire Marin Boylesve chevalier sieur de la Maurouzière conseiller du roy lieutenant général d’Anjou et dame Renée Nicolas son espouse de luy autorisée et encores damoyselle Anne Boylesve leur fille, demeurants en ceste ville d’Angers paroisse de St Michel du Tertre, d’une part
et nobles hommes Me Pierre Ayrault sieur du Rochay naguères lieutenant criminal en la sénéchaussée et siège présidial dudit Angers, Jehan Ayrault conseiller du roy et président en sa chambre des Comptes de Bretagne et Pierre Ayrault à présent lieutenant criminal en ladite seneschaussée et siège présidial, fils aisné dudit sieur du Rochay et de déffunte damoisse Anne Desjardins aussi demeurants en ceste dite ville paroisse de St Michel d’autre part
soubmettant etc confessent etc traitant et accordant le mariage dudir sieur Ayraut fils et de ladite damoiselle Anne Boylesve, avoir faict et par ces présentes font les accords pactions et conventions qui ensuivent
c’est à scavoir que ledit sieur de la Maurouzière lieutenant général et sadite espouse, chacun d’eux seul et pour le tout, donneront à leur dite fille en faveur dudit mariage en advancement de droit successif la somme de 6 000 escuz payables dedans le jour des espousailles en livres ou contrats bien garantiz et oultre le fief et seigneurie de Cordé cens rentes et debvoirs qui en dépendent sis en la paroisse de Challonnes avecques la mestairie de la Myoterye paroisse de Neufvy et 4 septiers de bled de rente foncière deus sur la mestairie de la Petite Ramée sise en la paroisse de la Poitevinière, tout ainsi que lesdites choses se poursuivent et comportent sans aulcune réservation

    6 000 écus font 18 000 livres, auxquelles il faut ajouter la seigneurie, la métairie et la rente. J’estime donc le tout à environ entre 25 000 et 30 000 livres

de laquelle somme de 6 000 escuz ledit sieur lieutenant général et sadicte espouse en mettront et convertirons la somme de 4 800 escuz en rentes constituées ou acquestz d’héritages en ce pays d’Anjou pour et au nom de leurdite fille censez et réputez son propre patrimoine et matrimoine immeuble dont ils bailleront les contractz auxdits futurs conjoints le jour de leurs espousailles sans que ladite somme et acquestz ne aultres immeubles de ladicte Boylesve puissent entrer en leur communauté
et le surplus de ladite somme de 6 000 escuz montant 1 200 escuz sera et demeurera de nature de meuble commun entre lesdits futurs conjoinctz, laquelle communaulté sera acquise du jour de leurs espousailles,
lesquels sieur lieutenant général et sadite espouse habilleront leurdite fille d’habits honnestes et luy donneront trousseau selon sa qualité,
et au regard du sieur Ayrault père, il a aussi en faveur dudit mariage donné et donne à sondit fils en advancement de droit successif ledit estat de lieutenant général civil duquel il aurait esté cy-devant pourveu à sa résignation, et receu en icelle en la cour de parlement à Paris pour luy demeurer en propre sans qu’il puisse en aulcune faczon entrer en leurdite communauté,
moyennant lesquelles pactions et conventions cy-dessus ledit Ayrault fils du vouloir et consentement dudit sieur du Rochay son père et dudit sieur présidient son oncle et ladite damoiselle Anne Boylesve aussi du vouloir et consentement de sesdits père et mère et de damoyselle Philippes Prioulleau veufve de deffunt noble homme François Boylesve vivant sieur de la Brisardière son ayeulle, noble homme Maurice Boylesve sieur de la Brisardière conseiller du roy en son parlement de Bretagne, messire Françoys Boylesve sieur de la Bourdinière prothonotaire du St Siège apostolique et conseiller et aulmonnier du roy, et noble homme Charles Boylesve sieur de la Gillière aussi conseiller du roy audit parlement de Bretagne, oncles de ladite future espouse, se sont réciproquement promis et promettent mariage et iceluy solemniser en face de saincte église catholique apostolique et romaine quand l’un en sera requis par l’autre
et ont lesdits sieurs Ayrault père et fils constitué douaire coustumier à ladite future espouse sur tous et chacuns les propres dudit Ayrault fils cas de douaire arrivant,
tout ce que dessus stipullé et accepté par lesdites parties, dont elles sont demeurées d’accord, auxdits accords promesses de mariage et tout ce que cy-dessus tenir … obligent lesdites parties et mesmes ledit sieur de la Maurousière et sa dite espouse eux et chacun d’eux seul et pour le tout renonczant au bénéfice de division d’ordre etc et mesme ladite dame Nicolas au droit vélléien à l’espitre divi adriani a l’authentique si qua mulier et à tous autres droictz faits et introduictz en faveur des femmes, lesquels nous luy avons donné à entendre et qu’elle a dit savoir estre tels que femme ne peut s’obliger intervenir ne intercéder pour personne quelconque et fust mesme par son mary sans avoir expressement renoncé auxdits droits …
fait et passé audit Angers en la maison dudit sieur lieutenant général en présence de nobles hommes René Lefebvre conseiller et advocat du roy, Françoys Lefebvre lieutenant en la prévosté, nobles hommes François Bitault sieur de la Remberdière, François Bitault sieur de Chizé conseiller du roy en ladite court de parlement, Hierémie Caillé sieur de la Bonnière, Pierre Levayer Sr de la Morinaye, Loys de Chevrue Sr de la Lande, noble homme André Eveillard sieur de Chemant conseiller du roy et juge au siège présidial, en encores Me Jehan Coustard, François Pasqueraye et autres, Jehan Bardin, ladite Prioulleau

Cliquez l’image pour l’agrandir. Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.

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Création de rente obligataire par Jacques Pouriatz, Angers, 1641

Je poursuis la trace des Pouriatz.
En voici un qui est manifestement fermier du Gaufouilloux à Challain, au sens d’intendant de cette terre, car il demeure en 1641 dans la maison seigneuriale, or, à cette époque le Gaufouilloux appartient à René de la Marche qui vit à la Ramée à Vritz.

Ce Jacques Pouriatz doit être assez jeune, car sa femme est encore mineure, c’est à dire âgée de moins de 25 ans.
Il est dit à la fin de l’acte qu’il a déjà d’autres obligations en cours sur feu Jean Pouriatz Sr de la Hanochaie, et comme ici il emprunte encore à la fille de ce dernier, je suppose que ce Jacques Pouriatz est de la famille des Pouriatz de Bouillé-Ménard, qui sont des marchands fermiers, et qui ont emprunté à Jean Pouriatz sieur de la Hanochaie.
Cela montre au passage que le lien de ces familles se poursuit à travers les générations, bel exemple de solidarité familiale !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici la retranscription de l’acte : Le 5 août 1641 avant midy, par devant nous Louis Coueffé notaire royal Angers fut présent estably et deuement soubzmis Jacques Pouriaz marchand demeurant au lieu et maison seigneuriale du Gaufouilloux paroisse de Challain, tant en son privé nom que au nom et soy faisant fort de Louise Biet sa femme, à laquelle il promet faire ratiffier ces présentes et obliger avecq luy à l’effet et entretennement d’icelles et fournir et bailler à l’achapteresse cy-après nommée ratiffication et obligation vallable si tost qu’elle aura atteint son âgé de majorité à peine de restitution et de toutes pertes despens dommages et intérests, lequel esdits noms et en chacun d’iceux seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens ses hoirs renonçant au bénéfice de division discussion et ordre etc a confessé avoir ce jourd’huy vendu créé et constitué et par ces présentes vend créé et constitue par hypothèque général et universel promis promet garantir fournir et faire valoir tant en principal que cours d’arrérages
à damoiselle Françoise Pouriaz veufve de Me René Bascher vivant Sr du Soreau advocat au siège présidial de ceste ville et y de meurant, à ce présente et acceptante et laquelle a achapté et achapte pour elle ses hoirs la somme de 11 livres 2 sols 3 deniers de rente hypothécaire annuelle et perpétuelle payable et rendable franche et quitte par ledit vendeur esdits noms ses hoirs à ladite achapteresse ses hoirs chacun an en sa maison en cestedite ville, à pareil jour et date des présentes à commencer le premier payement d’huy en un an prochain venant et à continuer, et laquelle somme de 11 livres 2 sols 3 deniers tz de rente ledit vendeur esdits nom solidairement etc par ces présentes assize et assignée assied et assigne généralement sur tous et chacuns ses biens meubles et immeubles rentes et revenuz quelconques présents et futurs quelque part qu’ils soeint situés et assis avecq pouvoir audit achapteur ses hoirs d’en demander et se déclarer toutefois et quantes plusparticulière assiette qu’il sera ladite baillée et fournie deschargée de toutes autres hypothèques sans que ledi général et spécial hypothèque se puissent préjudicier ains confirmant et approuvant l’un l’autre,
et audit vendeur esdits noms ses hoirs de l’admortir quand bon lui semblera,
et est faite ladite vendition création et constitution de rente pour la somme de 200 livres payée contant en nostre présence par ladite achapteresse audit vendeur qui l’a receue en or et monnaye le tout bon et ayant cour suivant l’édit, s’en tient contant et l’en quitte, ce qui a esté stipullé et accepté par lesdites parties etc… et ce fait sans desroger ni préjudicier par ladite achapteresse à autres rentes que ledit vendeur lui doibt comme héritière de défunt Me Jehan Pouriatz vivant Sr de la Hanochaye son père
fait et passé audit Angers au tablier dudit Coueffé présents Me René Denyon et Michel Housset clercs

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Location d’une chambre par un baudroyeur, mégissier, Angers, 1613

Aujourd’hui, les 2 articles sont liés, car l’un donne l’acte notarié, l’autre une numérisation d’un ancien ouvrage illustrant un peu le travail du baudroyeur.
En 1613, le baudroyeur est un terme en voie de disparition. C’est probablement la raison pour laquelle il est ici qualifié de « bauldroyeur mégissier », en quelque sorte les deux termes étant alors usités, l’un vieilli, l’autre qui perdurera.

BAUDRIER : cuir de grain de forte vache, luisant, poli et lissé, et espais, et par apres teint. De telle couleur qu’on veut, qui sont toutes façons du Bauldroyeur, duquel on fait les ceintures, bandolieres, celles des veneurs à porter leurs trompes, et plusieurs autres choses, comme colliers à levriers d’attache et à dogues. Ce cuir au sortir des mains du tanneur est baudrié par le baudrieur, en ceste sorte apres l’avoir mouillé, est par luy à force de bras travaillé, avec un fer quarré emmanché d’une poignée couchée, appelé Estire, pour le vuider de l’eau dont il est mouillé, et puis estant seiché, et lissé avec un rouleau massif de voirre (verre) plat par dessous, appelé Lisse, qui est une autre façon à force de bras, et apres y avoir passé l’estamine, et peu d’autre menu appareil, teint de telle couleur qu’on la demande (Nicot, Thresor de la langue française, 1606)

BAUDROYER, v. act. vieux terme synonyme à courroyer ou préparer les cuirs, colorés seulement.
BAUDROYEUR, s. m. ouvrier qui courroyoit les cuirs de couleur. La communauté des Baudroyeurs est unie à celle des Courroyeurs, qui se qualifient maîtres Baudroyeurs-Courroyeurs. (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)

MÉGISSIER, s. m. celui qui prépare les peaux de moutons, d’agneaux, de chevres, lorsqu’elles sont délicates & fines. Voyez GANT, PEAU, &c. Ce sont aussi les Mégissiers qui préparent les peaux dont on veut conserver le poil ou la laine, soit pour être employés à faire de grosses fourrures, ou pour d’autres usages. Ils apprêtent aussi quelques cuirs propres aux Bourreliers, & font le négoce des laines. Ce sont encore les Mégissiers qui donnent les premieres préparations au parchemin & au vélin avant qu’ils passent entre les mains du parcheminier. etc… (idem)



Coffre couvert de cuir, fabrication 2008. Les inventaires après décès de la bourgeoisie, que j’ai dépouillés, montrent la présence du cuir sur le coffre. C’était une des applications du travail de notre baudroyeur mégissier, entre autres.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de Pierre Grelier : Le 25 février 1613 par devant nous Pierre Richoust notaire royal héréditaire à Angers, personnellement establis honorables personnes Etienne Grandière Me bauldroyeur mégissier d’une part,
et René Lebonnier Me carreleur savetier (c’est notre cordonnier) d’autre part, tous demeurant en cette ville d’Angers paroisse de la Trinité soumettant etc confessent avoir fait et font entre eux le bail à louaige qui s’ensuit,

c’est à scavoir que ledit Grandière à baillé et par ces présentes baille audit Le Bonnier qui a pris et accepte de luy audit titre de louage et non autrement pour le temps et espace de 3 ans qui commenceront au jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant scavoir est une chambre haulte à cheminée située au hault de la maison dudit Grandière en laquelle il est à présent demeurant, sis sur la rue St Nicolas de cette dite ville et passage par l’allée et vie de ladite maison pour exploiter lesdites choses, et usage aux puits et privés (eh ! c’est le petit coin ! ce qui signifie tout de même au passage qu’il y en a un, car il pourrait très bien ne pas y en avoir. Ceci dit il ne doit pas être bien loin du puits, et doit bien contribuer à la pollution bactériologique de l’eau.) de ladite maison par la cour et chambre basse de ladite maison, laquelle chambre ledit preneur entretiendra en bonne réparation de carreau vitre et terrasse et les y rendra à la fin dudit présent bail que ledit bailleur y fera mettre au commencement d’iceluy et est fait pour en payer et bailler par ledit preneur audit bailleur par chacune desdites années la somme de 8 livres aux termes de Noël et Saint Jehan Baptiste par moitié, le premier terme de payement commençant au jour et feste de Noël prochain et à continuer etc
ne pourra ledit preneur céder ni transporter le présent bail à autres personnes sans le congé dudit bailleur
à ce tenir etc et à payer etc obligent etc ses biens prendre, vendre etc renonçant etc foye jugement condamnation etc
fait et passé audit Angers en notre tabler avant midy en présence de Allain Gaultier et Pierre Fresneau demeurant audit Angers témoins etc
Signé R. Grandière, R. Lebonnier, A. Gaultier, P. Fresneau

Plus de détails sur le travail du cuir, sur l’autre article de ce jour.

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Quitance de paiement de la Hanochaie, 1605

Hier nous avions vu que pour acheter la Hanochaie, Jean Pouriatz avait dû se rendre au Mans, où demeuraient les demoiselles qui vendaient leur métairie.

Je reste toujours pleine d’admiration pour cette circulation de l’offre et la demande, sans Internet, sans téléphone ! Il faut dire que les messageries fonctionnaient bien ! Donc le notaire des demoiselles, demeurant au Mans, avait dû envoyer un message par messagerie à cheval entre Le Mans et Angers, à un de ses confrères à Angers, lequel avait aussitôt envoyé un gagne-denier de confrère en confrère les avertir de l’offre et ils avaient rapidement mis la demande en face de l’offre.

Il n’en reste pas moins que Jean Pouriatz a dû aller d’abord au Mans le 7 juillet. Je pense que le montage financier compliqué avait été monté auparavant par autre échange de messagerie. En effet, il faut aller à Laval verser 1 500 livres au nom des demoiselles qui vendent la Hanochaie, et un tel montage financier se prévoit.
Puis, il est parti au Mans avec les 125 livres payées comptant, ce qui est déjà une belle somme sur soi par les chemins. Je peux la comparer à 10 000 euros de nos jours. Franchement, je me vois mal transportant une telle somme sur moi ! Et pour tout dire, je ne m’imagine même pas quelle place cela prend dans un sac !

Mais le plus dur restait à faire, et le voici donc le 5 août suivant à Laval pour payer les 1 500 livres.
J’ai beau regarder les témoins, je ne vois aucun angevin qui serait venu avec lui, histoire de ne pas transporter seul une telle somme.
Je ne me vois pas de nos jours transportant le prix d’achat d’une maison en liquide chez le notaire. Quoiqu’en 1970, j’ai eu connaissance d’un cas semblable sur Nantes. Pour ne pas attirer l’attention ils avaient (un couple) enveloppé le tout dans du papier journal, et posé ce paquet sur des vélos assez miteux, eux-mêmes costumés de même. Depuis, un tel mode de paiement est interdit pour cette somme de nos jours.

Bref, je suis restée toute la journée songeuse, à Jean Pouriatz, sur son cheval, ses pistolets d’arçon, et la grosse bourse. Je ne peux pas me résoudre à l’imaginer seul, car cela aurait été folie de sa part ! Dans tous les cas, il valait mieux que ce soit lui que les 2 demoiselles du Mans, et il leur a rendu ainsi un fier service, car elles devaient ces 1 500 livres à Laval.
C’est tout de même bien pratique d’avoir la banque !

Mais au fait, quelqu’un peut-il nous indiquer le poids de la bourse qu’il lui a fallu. Il a payé en pièces de quart d’écu à 16 sols.

    ATTENTION, l’acte qui suit est extrait d’Archives Privées, qui m’ont été communiquées, avec autorisation de les exploiter. Mais vous n’avez pas le droit de les exploiter à votre tour. Copie interdite sur autre endroit d’Internet.

Voici le début de la retranscription de cette quitance : Le vendredy 5 août 1605 par davant nous Michel Pottier notaire de la court et juridiction de Laval et y demeurant a esté présent et personnellement estably maistre Jehan Pouriaz advocat à Angers et y demeurant paroisse de Sainct Michel du Tertre lequel en exécution du contrat d’acquisition par luy faict de damoiselles Renée et Anne les Brahiers du lieu et metairye de la Hanochais situé en la paroisse de Challain pays d’Anjou par davant Gilles Leroy notaire royal au Mans le 7 juillet dernier a présentement fourny à Jehan Lenain marchant de ceste ville à ce présent la somme de 1 500 livres tz en pièces de quarts d’écu à 16 sols pièce
de laquelle somme, après que ledit Lenain l’a eue receue et s’en tient à comptant et soubmis et obligé l’a prise pour et au profit desdites damoiselles et icelle employer pour et en leur profit etc…

On trouve ainsi dans les actes notariés de nombreuses quitances, et j’admire nos ancêtres de les avoir conservées, car elles nous aident à comprendre par le menu, comment ils fonctionnaient sans banque.

Demain, nous voyons l’aveu, qui donne toute la description, et je vous ai calculé la superficie comparée aux superficies actuelles. A votre avis, plus grande ou plus petite, vous avez 24 h pour réfléchir. A demain

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