Les nappes de feu Jean Jallot, tanneur à Ampoigné 1714

Selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, le linge de maison était plus important que le linge de corps, et j’ai donc fait le total des nappes, et je vous épargne les draps, serviettes et essuie mains, tant ils sont nombreux.
Jean Jallot, tanneur, décédé dans la force de l’âge, en possédait beaucoup. J’ai même été frappée par le nombre de serviettes et essuie mains, par contre l’abscence de mouchoirs. Je trouve cela curieux.

L’inventaire donne :

15 nappes de toile de réparon en réparon 15 livres
12 aultres nappes de toile de brin d’une aulne et demie chasque 12 livres
Une aultre douzaine de nappes 10 livres
7 nappes de mesme toile d’une aulne et demie 7 livres
soit au total 46 nappes estimées 44 livres

La vente donne :

6 nappes de 2 aulnes chacune à ladite Lemersier 8 livres 6 sols
6 autres nappes audit Arthuis 7 livres
6 nappes de 2 aulnes chacune au sieur Aubin hoste à Château-Gontier 10 livres
6 autres nappes audit Pinault 7 livres
6 grandes nappes à madame Chevron 8 livres 11 sols
8 nappes au sieur Aubin de Château-Gontier 12 livres 15 sols
8 nappes de toile neufve de réparon à madame Fauveau 10 livres 10 sols
Une nappe audit Girardier 25 sols
3 nappes à ladite Jallot 35 sols
6 autres nappes audit Leroux 2 livres
soit au total 50 nappes vendues 66 livres 7 sols

Comme vous le voyez, il y a encore plus de nappes lors de la vente que lors de l’inventaire quelques jours auparavant. C’est vraiement incompréhensible, et il est vraisemblable que tout est ainsi, et qu’il faudrait établir un immense tableau comparatif. Immense car l’inventaire est long et riche.

Mais le nombre de nappes est sincèrement important, car il y en a plus que de chemises, autrement dit on pouvait changer de nappe plus souvent que de chemise !!!
Mais surtout tout remettre en ordre, car l’inventaire est toujours fait dans le plus grand désordre, mais c’est bien pire pour la vente, et elle dure plusieurs jours dans le plus grand désordre.
Odile

Les chemises de feu Jean Jallot, tanneur à Ampoigné 1714

Selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, le terme de linge a pendant longtemps désigné le linge de maison : draps, nappes, serviettes. « Dès le XIIIème siècle, on observe dans les inventaires la présence de la chemise. Mais celle-ci est restée longtemps de l’ordre de l’unité, au milieu d’une abondance de linge de maison et de vêtements…. A partir du XVIème siècle, la propreté en France s’apprécie à la blancheur. Le port de la chemise se généralise et l’entretien du linge dans la blancheur s’inscrit dans les préceptes de civilité et des convenances. Être propre c’est avoir du linge »

Pour ma part, j’ai déjà dépouillé un grand nombre d’inventaires après décès, et je constate bien la rareté des chemises, seul sous vêtement de l’époque.
Jean Jallot, tanneur, décédé dans la force de l’âge, en possédait beaucoup. Nous avons la chance de disposer, outre l’inventaire, de la vente, quelques jours plus tard.
Si l’inventaire a été bien fait, on doit trouver la même quantité à la vente. Il n’en est rien, et j’ai revérifié.

L’inventaire donne :

2 douzaines de chemises à l’usage dudit deffunt Jallot 20 livres

Et la vente donne :

6 chemises à usage d’homme au sieur Bourse marchand à Ampoigné 10 livres 15 sols
6 chemises à usage d’homme à Michel Lannion tirier demeurant à Mée 8 livres 10 sols
6 autres chemises à usage d’homme au sieur Chanteloup demeurant à Craon 12 livres
6 chemises à usage d’homme audit Latouche 7 livres
2 chemises à usage d’homme audit Lemelle 2 livres
10 autres chemises à usage d’homme au sieur Mahié boullanger 12 livres

Autrement dit, on a dû se tromper en faisant l’inventaire d’une douzaine de chemises, et au final la valeur n’est pas de 20 livres, mais de 44 livres 5 sols. Les chemises se sont bien vendues. Les acheteurs sont des artisans, sans doute heureux d’acquérir des chemises probablement ayant déjà servi, mais on peut supposer qu’ils n’ont pas les moyens d’en acquérir de neuves.
Lors de son mariage, Jean Jallot a donc reçu 2 ou 3 douzaines de chemises neuves, ce qui est la marque d’un bon bourgeois, bien au dessus d’un artisan.

Selon d’autres sources, dont l’ouvrage que je vous ai cité ci-dessus, on allait chaque semaine au lavoir du village, enfin la domestique par l’épouse de Jean Jallot. Donc j’en conclue que Jean Jallot changeait de chemise chaque jour.

Odile

La fin tragique de la tannerie de la Grihoulière : Ampoigné 1714

La tannerie était une industrie malodorante et si vous avez bien remarqué mon texte d’hier, elle était au bord d’une rivière car elle nécessitait de l’eau, beaucoup d’eau pour le lavage des peaux : elle polluait donc les rivières.

De leur côté, les tanneurs, ou du moins les lignées que j’ai étudiées, étaient probablement un des rares métiers à pouvoir transmettre à plusieurs enfants, alors que l’immense majorité des artisans ne pouvaient transmettre leur activité qu’à un descendant, et les puinés étaient priés de prendre leur baluchon sur leur dos et aller voir ailleurs trouver un emploi, souvent très loin, en fait de l’immigration.

Mais Guillaume Jallot avait très fort : non seulement il avait fait 13 enfants à 2 épouses, mais 9 d’entre eux atteignent l’âge adulte. Tous casés, et tous dans le même milieu.
Jean Jallot, son 10ème enfant, perd son père à 10 ans, mais sa mère et ses frères aînés veillent sur lui. Et, arrivé à l’âge adulte c’est tout naturellement qu’il épouse la soeur de la femme de son frère aîné, toutes deux filles de Pierre Crespin et Louise Chesneau, qui n’avaient laissé que 3 filles pour héritières, bien sûr toutes 3 mariées à des tanneurs.

On ne saura sans doute jamais pourquoi Jean Jallot et Marie Crespin installent à la Grihoullière à Ampoigné une tannerie importante par le nombre de peaux (que nous verrons plus tard). Certes ses frères aînés avaient eu une meilleure installation, donc celle de leur père.

Mais ce que je peux vous dire, c’est que les rivières doivent déjà être assez monopolisées et disputées entre tanneurs de Château-Gontier et tanneurs de Noëllet et de Craon, qui luttent entre concurrents.
Certes, les parents de Marie, Pierre Crespin et Louise Chesneau ont déjà tannerie à Ampoigné, à la Sablonnière, et Louise Chesneau descend de son côté des tanneurs de Saint Quentin.

Mais je vous demande maintenant d’examiner attentivement les 2 vues qui suivent :

Carte de Cassini


Carte IGN actuelle

Aucune rivière, juste un petit ruisseau, qui me fait penser au petit filet d’eau que je franchis chaque jour en direction de mon bourg, où l’on devine à peine un cm d’eau sur les pierres et encore, en été, plus rien.
Certes, sur la carte de Cassini on voit 2 étangs, qui ont disparu aujourd’hui, mais les étangs ne sont pas eau courante, et sont donc vite polluables. Et j’ajoute que l’abbé Angot, dans son Dictionnaire de la Mayenne, donne bien un ruisseau, et pas de rivière.

Alors, souvenez-vous de mon billet d’hier, et des odeurs nauséabondes qui entouraient une tannerie. Les 2 étangs de la Grihoullière n’étaient pas capables de supporter une telle pollution, et ce qui arriver arriva : le couple disparaît jeune, laissant 3 orphelins.
La pollution a eu raison d’eux, et d’ailleurs la pollution des eaux par d’autres voies de pollution (le fumier par exemple…) a eu raison de bon nombre de nos ayeux.

Nous disposons aux archives de mieux qu’un inventaire des meubles après décès, car nous avons aussi la vente des meubles, le tout en 1714, et comme ils sont jeunes, le trousseau est en bon état, et contrairement à ce que lis dans la majorité des inventaires, rien n’est méchant, mauvais, usé etc…

Demain, je vous mets le nombre de chemises, car les tanneurs sont aisés, donc tentez de découvrir combien de chemises ?

Odile

La jument aveugle de la tannerie Jallot x Crespin : Ampoigné (53) 1714

Les passionnés actuels de sport équestre connaissent plusieurs chevaux borgnes, dont l’un s’est illustré dans le haut niveau de compétition avant de prendre à 16 ans une retraite bien méritée.
Le sport équestre est un sport exceptionnel, puisque sont sur le même plan homme et femme, handicapés ou non handicapés, cheval entier et jument, et même le cheval borgne. Merveilleux sport n’est-ce pas ?

Alors, que devenaient autrefois les animaux handicapés ???
Vous me direz « l’abattoir n’était pas loin ! »

Eh bien, voici un cas probablement rarissime. Il est extrait de l’inventaire après décès Jallot x Crespin en 1714 à Ampoigné, marchand tanneur. C’est cet inventaire qui m’occupe depuis des semaines et dont je vous parlais hier.

12 livres de sain noir 4 livres 7 sols
2 lampes, 2 chandeliers et une lampe de cuivre 3 livres
2 grands cochons de l’an et 2 petits 70 livres
Un cheval poil rouge avec une jument aveugle avec leurs équipages 100 livres
5 mères vaches 140 livres

Alors, je me suis demandée, comme vous, pourquoi la jument aveugle ? Et j’ai supposé qu’elle ne valait plus grand chose, mais par contre qu’elle étant sans doute très capable de faire des poulains…

Droit de preciput de Louise Chesneau sur le lieu de Langevinière tombé en tierce foi : Ampoigné 1694

Depuis ma longue étude sur la famille Cevillé, qui avait une succession contenant un bien hommagé tombé en tierce foi, j’ai déjà rencontré, et mis sur ce blog plusieurs cas de biens hommagés tombés en tierce foi.
Les partages contenant un bien hommagé ont la particularité de ne plus être égalitaires poiur le bien hommagé, qui lui subit le parage de type noble soit 2/3 pour l’aîné et le 1/3 restant pour les puinés, mais cela ne signifie EN AUCUN CAS que la famille est noble et qu’il s’agit d’un partage noble, même si souvent cela peut y ressembler. Ici, cela n’y ressemble pas beaucoup, car les biens sont nombreux et la majorité d’entre eux censifs et non hommagés. Seule un partie de Langevinière est hommagée tombée en tierce foi.
Cette famille Chesneau, qui est à Saint Quentin les Angers vers 1600 avec des biens à Ampoigné aussi, s’allie aux Crespin, et en descendent, outre ma personne, l’ex président de l’AGENA Jacques Chopin, que j’avais rencontré il y a environ 4 ans aux archives à Angers, et m’avait seulement dit la chose merveilleuse « on survit ! » et s’il vit encore saluez-le de ma part. Je précise par ailleurs que la branche dont descend Jacques Chopin était très aisée, et que je vais vous mettre à suivre, dans les jours qui viennent d’autres successions attestant cette aisance.
Jamais le métier de Chesneau n’est indiqué, uniquement dit « marchand », mais un marchand aisé car il laisse plusieurs closeries. Soit il est marchand de fil, soit marchand tanneur, car nous allons voir ici l’aisance des marchands tanneurs.

Je signale aussi la présence d’un témoin en fin de l’acte nommé Gabriel Lemanceau, et je témoigne ici toutes mes amitiés à leur descendante qui se reoonnaîtra, mais ne sait pas utilise un clavier comme beaucoup de mes lecteurs, que je salue amicalement tous

Acte des Archives de la Mayenne AD53-3E63-349 Voici ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
« Le 19 mars 1694 (Jean Gilles notaire à Château-Gontier) , partages en 3 lots des biens immeubles de la succession de deffunts honorables personnes René Chesneau vivant marchand et Louise Pean vivante sa femme, entre honorables personnes Pierre Crespin marchand et Louise Chesneau sa femme font et présentent à honorables personnes Mathieu Bodin aussi marchand et Renée Chesneau sa femme, à Me Martin Hardy sieur de la Pry advocat au siège présidial de Château-Gontier, père et tuteur naturel de Louise Hardy sa fille et de deffunte damoiselle Jacquine Bodin vivante son épouse, laquelle Bodin était fille de deffunts honorables personnes Morice Bodin et Jacquine Chesneau, lesdites Chesneau filles et héritières desdits deffunts René Chesneau et Louise Péan, pour estre procédé à l’obtion et choisie desdits lots suivant la coustume – 1er lot (resté à Louise Chesneau et Pierre Crespin, non choisissant) : la closerie des Maisons Longues située au village des Réhardières paroisse de Saint Quentin, comme il se poursuit et comporte avec ses appartenances et dépendances, et est à prèsent exploité par Thomas Ragot, avec les bestiaux et sepmances dépendant de ladite succession estant sur ledit lieu, lequel avoit esté baillé par advancement de droit successif à ladite deffunte Jacquine Chesneau, y compris 3 planches de jardin, l’une située au jardin de derrière la maison dudit lieu, contenant 5 à 6 cordes, et les 2 autres situés au jardin de devant ladite maison contenant 4 cordes ou environ, lesquelles 3 planches de jardin dépendeient cy devant de la maison que ledit deffunt Chesneau occupait audit village, ladite planche de jardin de derrière à prendre de haye en haye au travers dudit jardin depuis un poirier estant sur la haye (f°2) dudit jardin proche la pièce de terre nommée la Preaudière jusques à une petite ante qui est sur l’aire à droite ligne de sorte que la grosse ante qui est au milieu demeure comprise en ladite planche, compris aussi un petit cloteau de terre contenant 2 boisselées ou environ estant au bout de la pièce de devant, lequel cloteau ledit deffunt Chesneau avoit acquis de Pierre Cusson – Item le lieu et closerie nommée la Douve située en la paroisse de St Sauveur de Flée aussy comme il se poursuit et comorte avec ses appartenances et dépendances, comprins aussy les bestiaux et sepmances estant sur iceluy dépendant de ladite succession, ledit lieu exploité par (blanc) collon y demeurant – Item le lieu et closerie des Festeaux situé au village des Fovaux paroisse de Ménil aussy comme il se poursuit et comporte avec ses appartenances et dépendances et estoit cy devant tenu à ferme par ledit Bodin sans aucune réservation en faire – Item une maison sise au bourg d’Ampoigné nommée le Porche avec le jardin en dépendant comme l’exploire la veuve Sesbouets – 2e lot (choisi par Renée Chesneau et Mathieu Bodin, 2e choisissant) : le lieu et closerie nommé Lunil d’en avoir ?? [lieu non identifié et le village est aujourd’hui les Hardières] au village des Rehardières paroisse de St Quentin comme il se poursuit et comporte et est à présent exploité par collon y demeurant avec les bestiaux et sepmances estant sur ledit lieu dépendant de ladite succession et que ledit Bodin en a jouy par advancement de droit successif compris aussy un cloteau contenant une boisselée et demie de terre, joignant d’un costé la terre dudit lieu et abutté d’un bout le chemin tendant des Rehardières à Monfollon, et d’autre bout la terre dudit lieu de Monfollon, aussy acquis par ledit deffunt Chesneau dudit Cusson (f°3) – Item le lieu et closerie situé au village de la Trilloterie dite paroisse de St Quentin aussy comme il se poursuit et comporte avec ses appartenances et dépendances bestiaux et sepmances estant sur iceluy aussy appartenant à ladite succession, ledit lieu à présent exploité par collon y demeurant, sans aucune exception ni réservation en faire – Item le lieu et closerie de la Beurevrie située en la paroisse de Bazouges lez Château-Gontier aussy comme il se poursuit et comporte et est exploité par Patou collon y demeurant – Item une maison sise au village des Rehardières ou demeurait anciennement ledit Chesneau avec les jardins prés et terres en dépendant à présent exploité par Jean Ragot fors et excepté les 3 planches de jardin et un cloteau de terre cy-dessus employé – Item 7 livres 10 sols de rente foncière de 10 s due par ledit Jean Ragot à cause d’héritages situés audit village des Réhardières – Item 4 livres 5 sols de rente foncière due par Jean Marie sieur de la Touschardière au terme de la Toussaint à cause d’héritages situés au lieu de la Piletière paroisse de Chemazé – Item 30 sols de rente foncière due par les héritiers de Jacques Couet à cause d’une portion de pré sise au pré de la Quantinière dite paroisse de Chemazé suivant le contrat du 28 octobre 1625 passé par Me Nicolas Girard notaire – 3e lot (choisi par Martin Hardy gendre de Jacquine Chesneau, 1er choisissant) : la maison manable et le lieu et closerie de la Sablonnière situés en la dite paroisse d’Ampoigné, comme lesdites choses se poursuivent et comportent (f°4) avec leurs appartenances et dépendances comme ledit deffunt Chesneau et collon y demeurant ont accoustumé d’en jouir, sans en excepter ny réserver, compris les bestiaux et sepmances dépendant de ladite succession – Item le lieu et closerie de Langeviniere dite paroisse d’Ampoigné dépendant de ladite succession à présent exploité à tiltre de ferme par Gervais Cradyne ? sans réservation en faire – Item un cloteau de terre contenant 16 cordes ou environ situé près ledit bourg d’Ampoigné à présent exploité par ledit Crespin – Item une boisselée de terre dans un cloteau dont le surplus dépend du lieu des Founnes dite paroisse d’Ampoigné, ladite boisselée à prendre du costé du vieil ciel, joignant d’un costé la terre du lieu de la Cherollerie et abutté d’un bout le pré du lieu de la Beureurie de l’autre bout le chemin tenant de la Chevrollerie audit Ampoigné – Item la somme de 13 livres de rente foncière due à ladite succession par Jacques Lebrec et Nicole Meignan à cause d’héritages situés au village de la Fourmentière paroisse de Bazouges lez Château-Gontier suivant le contrat du 16 juin 1674 et acte de tiltre nouveau du 30 mai 1691 passé par Me Jean Gilles notaire royal – Item 25 sols de rente foncière due par Mathurin Croissant à cause d’héritages situés au village de la Fourmenterie – A la charge de celui auquel le présent lot eschera de payer chacuns ans à l’advenir audit Crespin et sa femme la somme de 20 livres de rente pour les droits d’hommage (f°5) et preciput appartenant à ladite Louise Chesneau à cause dudit lieu de l’Angevinière et de deux journaux de terre dépendant dudit lieu des Festeaux de nature hommagée et tombés en tierce foy, et pour le fond d’une planche de terre qui fut en vigne laquelle dépend du lieu de la Grihoullière appartenant auxdits Crespin et femme en particulier à tiltre de rente foncière qu’ils déclarent par ces présentes relaisser et amener audit lieu de l’Angevinière à commencer du jour de Toussaint dernière – A la charge des partageans de se garantir respectivement les choses desdits lots, les relever et tenir de la nature qu’ils sont des fiefs et seigneuries dont ils sont mouvant aux charges services cens rentes et debvoirs seigneuriaux et féodaux anciens et accoustumés tant en espèces, grains, argent qu’autrement, en fraresche ou hors fraresche, que chacun des partageans payera et acquitera à l’advenir pour raison des choses de son lot à commencer du jour de Toussaint prochain duquel temps ils jouiront séparément des choses desdits lots, lesquelles choses seront mises en estat de réparation et réffection par chacun des partageans à raison des choses qui leur avoient esté baillées en advancement de droit successif mesmes les pressouers, de souffrir les passages et servitudes sy aucunes ont esté cy devant constituées sur lesdites choses et d’entretenir les baux pour le temps qui en reste à expirer ou les faire résouldre chacun pour raison aussy des choses desdits lots, toues lesquelles choses contenues esdits partages sont au dessous de 10 000 livres – Auxquels lots et partages en la forme cy dessus lesdits Crespin et Louise Chesneau sa femme de luy (f°6) autorisée par devant nous Jean Gilles notaire royal à Château-Gontier en présence de Michel Lemanceau et Gabriel Gigon praticiens demeurant audit Château-Gontier tesmoins »

René Dutertre vend la métairie du Mortier : Ampoigné 1618

C’était un bien de son père, et c’est en fait une ancienne maison seigneuriale.
J’ai fait un gros effort, car je vous ai calculé les hectares.
Mais par contre j’ai un passage incompris. Il s’agit manifestement d’un don en nature à la Saint Barnabé en guise de devoir seigneurial. Mais je ne parviens pas à le déchiffrer correctement. Alors je vous ai mis les vues.

Acte des Archives Départementales de Mayenne 3E63/1120 – Voici sa retranscription (ma propriété intellectuelle) :

Le 26 juillet 1618 avant midy, devant nous Nicolas Girard notaire royal à Château-Gontier fut présent et personnellement estably René Dutertre escuier sieur du Bois Joulain demeurant au lieu de la Bonnefillaie paroisse d’Angrie tant en son nom que comme soy faisant fort de damoiselle Renée Decha… (papier mangé) son épouse à laquelle il a promis faire ratiffier et avoir agréable ces présentes et en fournir lettres de ratiffication en bonne forme à l’acquéreur cy après dedans la feste de Toussaint prochainement venant à peine etc ces présentes néanlmoings etc lequel esdits noms et en chacun d’iceux seul et pour le tout renonczant au bénéfice de division et d’ordre a vendu quité ceddé et transporté et par ces présentes vend et promet garantir de tous troubles et empeschements, acquiter et descharger de tous hypothèques évictions et interruptions à peine de tous despens dommages et intérests du jourd’huy stipulés
à noble Jacques Desmoulins grenetier au grenier à sel de ceste ville de Château-Gontier y demeurant, qui a achepté pour luy ses hoirs etc savoir est le lieu et closerie du Mortier sis en la paroisse d’Ampoigné, composé de maison manable, salle cuisine chambres haultes caves et greniers avec ses rues et issues de devant, esquelles est situé ung puiz, contenant une boisselée de terre ou environ (= 1 318 m2 soit 13,18 ares)
ung jardin contenant 14 hommées de terre ou environ joignant d’un costé et bout la chesnaie maison et issues du lieu mestairie du Mortier appartenant audit acquéreur, d’autre costé et bout le vinier et cloteau dudit lieu (14 x 39,67 ares = 555,38 ares ; sous-total = 568,56 ares)
Item ledit vinier estant de présent en pré contenant une hommée ou environ joignant des coustés et bouts les terres dudit lieu (= 39,67 ares ; sous-total 608,23 ares)
Item ung cloteau de terre contenant 4 boisselées ou environ joignant d’un cousté au chemin tendant dudit lieu à la Pouretière et d’autre costé audit pré qui fut en vinier et d’autre bout au pré de ladite mestairie (= 4 x 1 318 m2 soit 5 272 m2 soit 52,72 ares ; sous total 660,95 ares)
Item ung cloteau de terre contenant 3 boisselées ou environ joignant d’ung costé le chemin cy dessus d’autre costé et bout les terres cy dessus et d’autre bout au pré de la Pourettière (= 3x 13,18 soit 39,53 ares ; sous-total 700,48 ares)
Item 2 boisselées et demie de chesnaie ou environ environnée de toutes parts des terres de ladite mestairie et closerie du Mortier, au hault de laquelle chesnaie y a ung petit vinier (= 2,5 x 13,18 ares soit 32,95 ares ; TOTAL = 733,73 ares soit 7,33 ha « ou environ » comme dit le notaire)
avec le droit de banc en l’église et autres droits dépendant dudit lieu, avecques aussi toutes ses appartenances sans aulcune réservation, mesmes les meubles estant en ladite maison audit vendeur appartenant ; tout ainsi que lesdites choses appartiennent audit vendeur à titre successif de deffunt François Dutertre escuyer son père, et qu’elles ont esté tenues et exploitées par les closiers dudit lieu ; ledit lieu tenu du fief et seigneurie d’Ampoigné à foy et hommage simple aux charges d’une longe de soie

longe : Lanière servant à attacher un cheval ou à le mener à la main
ou [Viande de boucherie] « Moitié de l’échine d’un animal »

et voici le passage, qui sera répété ci-dessous en fin de l’acte car à cette époque lorsqu’ils avaient raturé les notaires réécrivaient lisiblement le passage à la fin de l’acte juste avant les signatures, donc voyez aussi les signatures ci-dessous.

desservie au jour st Barnabé pour toutes charges que l’acquéreur acquitera à l’advenir quite du passé. Et est faite ladite vendition cession et transport pour le prix et somme de 1 200 livres tz, sur laquelle ledit acquéreur a présentement solvée et payée audit vendeur la somme de 630 livres tz qu’il a prinse et receue en notre présence en quarts d’escu et autre monnaie ayant cours suivant l’édit du roy, s’en est tenu à content et l’en a quité ; et le surplus montant 570 livres ledit acquéreur a promis et demeure tenu et obligé icelle somme payer audit vendeur en ceste ville dedans le jour et feste de Toussaint prochaine fournissant par lesdits vendeurs de ratiffication comme dit est ; jusques auquel paiement demeurent lesdites choses sans novation de nature ; à laquelle vendition et tout ce que dessus est dit tenir etc oblige ledit vendeur audit nom et en chacun d’iceux seul et pour le tout renonczant au bénéfice de division discussion et ordre etc et ledit achapteur au paiement d eladite somme ses biens et choses à prendre vendre etc foy jugement condemnation etc fait audit Château-Gontier en présence de honorable homme Me Martin Hardy advocat au siège royal de ceste dite ville et y demeurant, et de me Olivier Simon aussi notaire demeurant à Mesnil tesmoings ; en vin de marché payé par ledit achapteur du consentement dudit vendeur 12 livres tz