histoire de la famille de Cevillé 
par Odile Halbert Travaux personnels relevant de la propriété intellectuelle
la chronique des Cevillés écrite en 1638 | notes historiques | le fief de Cevillé | le dépié de fié | une famille roturière | Thieurine la reine des femmesfamilles alliées | preuves | Châtelais

 papiers perdus, retrouvés

la chronique des Cevillé en Châtelais

leurs parents et alliés recueillis par Jean de Cevillé prêtre en 1638

Jean Cevillé naît en 1606 de René Cevillé notaire à Châtelais puis à Craon. Il est neveu de François époux de Jeanne Cohon dont je descends. Il est ordonné prêtre de l’Oratoire en 1637, et part chez ses parents pour une année sabatique, durant laquelle son père lui confie la gestion de ses biens puiqu'il est de fait l'aîné donc appelé à hériter du fief de Cevillé. Durant cette gestion il aura à transiger avec ses oncles Chesnais la succession de son grand père Chesnais, en procès depuis des années. Il met à profit ce temps près de sa famille pour écrire un mémoire sur les Cevillé. Son cadet, Pierre, âgé de 19 ans « l’a aidé à la recherche et composition de cette présente famille ». Jean Cevillé s’est basé sur :
  1. le journal de René Cevillé son père, qu'il s'est empressé de détruire, sans doute parce qu'il a pris des libertés avec le contenu qu'il ne souhaitait pas voir transmis
  2. le journal de Mathurin Cevillé Sr de la Sorinière son oncle, et je fais la même remarque que ci-dessus, à savoir que ce journal a été partiellement copié et probablement censuré par le chroniqueur Jean de Cevillé
  3. l’interview de survivants, en particulier les valets, dont Guillaume Eveillard 95 ans et toute sa tête. Mais ces chroniques familiales sont toujours entachées d'erreur, d'ailleurs, Jean de Cevillé s'en rend compte lui même à plusieurs reprises, à titre d'exmple f°65 « est à remarquer que suivant ce que dessus il serait impossible de dire ce que nous avons écrit en l’article de Jeanne Cevillé touchant Jeanne Vignais, et que la table précédente fut légitime » ou f°96 « Le 28.9.1638 moi Jean de Cevillé prêtre de l’Oratoire et auteur de ce recueil, passant au bourg de la Jaillette, j’ai salué Catherine Juffé ma cousine à présent âgée de 76 ans, laquelle parlant des familles des Bretonnièrs et des Juffés m’a dit que Michel Bretonier fut père d’Etienne, Jeanne, François, Anthoine, Marie, Françoise et Françoise les Bretonnièrs ce qui n’est pas tout à fait conforme à ce que j’en avais ci-devant écrit. Il faut tirer le trait de l’un et de l’autre l’adjustant toutefois plus de croyance à ceci là ou elle se contredirait » etc... Malheureusement, l'auteur n'a pas repris son manuscrit pour éliminer toutes les indications contradictoires donc non crédibles, aussi le document est à prendre avec beaucoup de précautions car toutes les données filiatives ne sont pas crédibles
  4. de très nombreux actes notariés toujours cités, qu'il a trouvées dans les archives notariales de son père et ses oncles. Cette méthode, aujourd'hui interdite par la loi, a certainement été pratiquée dans de nombreuses familles de notaires autrefois.
  5. quelques actes notariés de succession qui sont joints au dossier, entre 1572 et 1650. Il s'agit de preuves de partage noble 2/3 1/3 du fief de Cevillé (cf ci-dessous) faute desquelles ils pouvaient être soupçonnés de partage roturier
  6. le registre paroissial de Châtelais, qu'il a soit reconstitué par suite de disparition du (ou des) registre pendant les troubles de la Ligue, soit substitué pour n'y faire apparaître que ce qu'il voulait par censure de quelque info. Il ne serait pas le premier à avoir trafiqué un registre, il y des cas célèbres en Loire Atlantique. Dans l'hypothèse d'une disparition, rappelons que dans de nombreuses paroisses de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, la Révolution a vu disparaître des registes paroissiaux. Toutes les disparitions de registres ne sont cependant pas imputables à la période révolutionnaire. Les troubles de la Ligue ont eu le même effet, et plus récemment, il en disparaît encore, ainsi en Anjou citons Andigné, La Boutouchère… Si c'est une disparition due aux troubles de la Ligue, on peut regretter qu'au début du registre ne figure aucune mention de reconstitution. Or, il est reconstitué puique seuls les notables y figurent, et les actes Cevillé sont calqués sur ceux de la chronique, et non l'inverse, car ce sont les seuls actes qui donnent avec précision l'heure de la naissance, extraite du journal de son père et de son oncle. Jean de Cevillé sut cependant ne pas y recopier son intérêt pour les planètes, au point de noter sur plusieurs baptêmes dans sa chronique la planette dominante « la planette Mars dominait ». La sortie de registre paroissial, hors du presbytère, fut une pratique courante avant la Révolution, souvent pour ne jamais y revenir. Citons Champteussé-sur-Baconne « Ce sont icy les noms de ceux et celles qui ont esté baptizez en l’église de Champteussé et qui n’avaient été mis sur ce présent registre parce qu’il avait esté transporté à Paris. Tirez ces mémoires sur lesquels ils avaient esté escrittes. Suivent des baptêmes de 1641 à 1666, venant après ceux de 1666.
  7. et enfin une bonne dose d’hypothèses pour les générations les plus anciennes, pour lesquelles il s’exprime en disant « je crois que » et non « je remarque que … dans… ».
  8.  
    Ce document de 162 pages permet de remonter l’ascendance de François de Cevillé, époux en 1561 de Jeanne Cohon, sur 2 générations fiables, jusqu’à Gilles de Cevillé époux d’Ollive Maillot. Au-delà il n’y a aucun acte notarié et seulement une jolie biographie, dans laquelle rien n’est crédible sur le plan ascendant. Il y a même des fantaisies généalogiques… Puis en redescendant depuis ce couple fiable, on retrouve la branche aînée, qui fait les Bouchard, Vallot, Marie Rousselière etc… dont nombreuse postérité actuelle.la chronique de Jean de Cevillé
    La langue française a quelque peu vieilli depuis aussi dans ma retranscription j'ai banni tout archaïsme inutile, pour permettre au lecteur de 2005 une compréhension aisée. Cette règle est aujourd’hui communément acceptée, et je renvoie le lecteur à la magnifique traduction, enfin compréhensible, qu’Aline Schuman a réalisée de Don Quichotte de la Manche (La Seuil, 1997) . Ainsi, « en la choisie desdits leurs partages » devient « en la choisie de leurs partages » etc… Même chose pour l’orthographe ancienne des mots, qui a souvent été remplacée par la moderne.
    Enfin, malgré ses longues études, Jean de Cevillé a une orthographe parfois approximative, voire fluctuante. « la ritmetique » a donc été remplacée par « l’arithmétique »
     

      notes historiques 

    Jean Cevillé dépeint la vie de chacun, souvent aussi son éducation. Ainsi, on peut appréhender la formation d'un notaire, le trafic du vin. Les détails financiers attestent que bien des fortunes se défont aussi vite qu'elle se font, mais cependant elles restent modestes n'atteigant pas la grande bourgeoisie des villes.  
     
    Les guerres de religion ont dans la région et à Châtelais, et la chronique relate quelqes victimes, où l'on voit que les familles étaient touchées de près par ces guerres. Voici quelques extraits marquants :
  1. Gilles Cevillé prêtre alla au château de Guillebault en Bourbonnais appartenant à Pierre de Rochefort Sgr de la Roche Guillebault et Gouson, sous la tutelle de François de Rochefort écuyer Sr de Salvert et St Geroix, duquel château il était fermier à 400 L/an et où il fut volé et tué avec un sien proche parent le 1er avril 1566
  2. Le 22 Février 1607 René Cevillé eut lettres et permission signée Pierre de Rohan, portant qu’au lieu de Jean Gerard déchu du pouvoir de Nre des juridictions de Mortiercrolles, Flée, Châtelais et autres à cause de crime, il était subrogé audit office de Nre au lieu dudit Gerard
  3. Le mercredi 2 Mars 1616 sur les 8 h du soir au grand chemin du Bourgneuf à Chérancé près la Gaullerie, Jean Moreau fut tué par icelui Lemanceau foulon à la Faucille et avec lui Jacques Milleteau Md beurrier de Doüe par Jean Eveillard dit Chevillerie à coups d’arquebuse et par méprise pensant avoir à faire à des soldats dont tout le pays était couvert, à faute qu’ils firent de répondre promptement au « qui va là St Julien bonne rencontre » comme ils l’avaient résolu, allant secourir Anne Legauffre à Cevillé contre les soldats Vendômistes. Jérémy forcea les prisons de Château-Gontier Eveillard fut condamné aux galères pour 10 ans. et (f°104) Sa fille Anne Moreau  fut née le 5 Mars 1616 pendant la guerre des Vendômistes. Elle fut baptisée aux Anges par Jean Vignais curé de l’Hotellerie de Flée à cause que son père et sa mère étaient réfugiés au château de Mortiercrolle et son parrain fut François Benard le Jeune Sr du Moulin Neuf et Marguerite Deprés ainsi que l’a cotté en son journal René Cevillé et est à remarquer que son père, Jean Moreau, fut tué 3 jours auparavant qui fut le 3.3.1616 comme je l’ai dessus dit en l’article de ladite Anne Cevillé
  4. Ledit Sr de la Tremblays obtint au parlement qu’il porterait les armes de Criqueboeuf et serait noble. Il fut assassiné en sa maison de Champagné par un voleur nommé La Fosse.
  5. René Chesnays A ce que m’a dit Ambroise Lemasson il était fort somptueux. Il hantait la noblesse, entr’autres Mathurin de Montalais Sr de Chambellay et de Fromentières, lorsqu’il cherchait à se marier. On dit qu’il était de très bonne mine, et qu’on pense qu’il fut empoisonné.
  6. Roland Lemasson en la recherche du meurtre commis en la personne dudit Mathieu Lemasson, lequel s’était retiré à la Chapelière où il vivait aux dépends dudit Louis Le Cercler et en récompense le servait en ses affaires et bâtiments, qu’un jour il fut assassiné par 2 des closiers dudit Le Cercler dans les vignes de la Chapelière, que lesdits Le Clercler et Lemasson auraient quitté Fromentières à cause qu’ils étaient soupçonnés d’être hérétiques et les soldats du parti contraire les cherchaient à raison que ledit Mathieu n’avaient pas grands biens, quant à ses meubles, qu’il les avait cachés au Chalonge et au bourg de Châtelais ou ils furent pillés et dissipés, tellement que Robert Lemasson faisant vente du reste n’eut pas plus de 6 L, que ledit Robert fit enterrer sondit frère au cimetière de Châtelais, qu’il fit condamner et pendre en effigie les deux meurtriers. Tellement que j’y ai remarqué que ledit Mathieu fut tué comme dit est en l’an 1570 par Guillaume Cerbert et Jean Cherré.
  7. Moreau.1.JPGet, dans les actes notariés à Angers : Le 7.12.1602 h.h. Guillaume Moreau Sr de la Villatte Dt à Chatelays reconnaît que pendant les troubles derniers, réfugié au chateau de Bouillé, où était aussi réfugié son gendre Guillaume Peheu Sr de la Grée, le château fut pris par le capitaine Cheneviere. Il fut retenu prisonnier avec son gendre par Chenevière. Peheu fut élargi sous sa parole de se représenter, et caution de son beau-père Moreau qui, par la faveur de ses amis, fut lui même déclaré de mauvaise prise par le feu duc de Mercoeur. La rançon de Piheu était de 400 écus mais celui-ci ne s'étant pas représenté, Moreau fut contraint de payer les 400 écus. Ne les ayant pas sous la main, il dû les emprunter à Perrine Leroyer dame de la Fracquetière. N'ayant pas été remboursé par son gendre, il entend que cette somme soit prise sur les biens propres de Piheu et sa femme, et non sur les biens de lui; Moreau, et de Catherine Lemanceau sa femme (AD49 Grudé Nre Angers)
  8.  
    Voici maintenant un guérisseur à Châtelais, comment gagner de l'argent en temps de peste (si on en réchappe), et un voyage de noces :
  1. Le 10.9.1638 Pierre Cheminart Sr du Chalonge m’a dit que Louise Cheminard sa fille a épousé Pierre Cheminart qu’ils ont eu 7 enfants mâles. Le septième, qu’on nommera Raphael, à cause de sa vertu à donner guérison à l’exemple de Saint Raphael.
  2. Macé Chesnays frère de Pierre Chesnays ci-dessus, demeurait au faubourg d’Azé à Château-Gontier. Il épousa Renée Hamelin à cause de son bien, lequel son père (blanc) Hamelin avait comme on m’a dit amassé lors d’une contagion audit Château-Gontier où il servit longtemps les pestiférés en qualité de valet.
  3. René Chesnays « notre affection se confirma étroitement jusqu’au jeudy 11.6.1631, que nous fûmes épousés de nuit en l’église de Fromentière ... J’emmenais ma femme hors de la vue de ses parents », suit l'équipée d'un voyage de noces...
  4.  
    les sépultures : Le journal de Jean de Cevillé relate ses sépultures, en présence d’un nombre impréssionnant de prêtres. Voici, en ordre décroissant de ce nombre de prêtres :  
  1. Macé Goucet le 17 Janvier 1554 :  il assista à ses obsèques 47 prêtres et reçu chacun 2 s
  2. Mathurin de Cevillé Sr de la Sorinière le 14.3.1603 il assista 45 prêtres, auxquels on donna chacun 8 s et à diner. Les dépenses de ses funérailles montèrent à 24 L 12 s
  3. Jean Goucet de Cevillé, prêtre, le 5 Janvier 1544 à Châtelais y assista 31 prêtres
  4.  Michelle Gerard, épouse de Macé Goucet de Cevillé,  fut enterrée à Châtelais sous le balet (galerie couverte précédant la porte de l’église) de l’église. Il y eut chanterie à tous venants, où y assista 26 prêtres qui reçurent chacun 2 s 6 d, et mourut avant son mari par acte du 22 Décembre 1534
les récoltes bonnes ou mauvaises
  1. 1612 : cette année fut grandement fertile, ainsi qu’a cotté ledit René Cevillé mon père en son journal
  2. 1615 : Cette année est remarquable pour avoir eu la nuit de la Saint Mathurin une telle grelle que tous les blés et les vignes furent perdus, ainsi qu’il est marqué audit journal de mon père.
Le trafic de vin, comprenez commerce car le terme est devenu moins honnête entre temps. Il est lié à l'existence de vignes sur les côteaux à Châtelais, et le vin était de qualité reconnue et produit en quantité bien supérieure aux besoins locaux, donc vendu au loin. Il apparaît que ce trafic rapporte plus que le notariat  et que les vins blancs d'Anjou sont apparus à Laval seconde moitié du 16e siècle grâce à Gervais Chesnais. 
  1. Catherine Moreau née le jeudi 21 Septembre 1606 fut mariée à Pierre Chevalier Sr de la Jannerye neveu de Claude Chevalier Sr de la Rougerie. Il fait trafic de vin en gros. Ils demeurent au bourg de Châtelais
  2. Gervais Chesnays Il fut le 1er qui ouvrit la route des vins blancs d’Anjou à Château-Gontier et Laval
  3. René Yvon fut notaire royal sous la court de St Laurent à Château-Gontier, il se désista de son office de Nre royal à cause des impositions qu’on y voulait imposer pour lors. Il devint puis après Md en gros de toiles.
  4. Robert Lemasson s’adonna à la chirurgie et pour y devenir expérimenté, il voyagea entre les maîtres et villes de France l’espace de 21 ans. Après son retour il eut peine à se faire reconnaître et avoir son partage. ...  Il fut sergent, notaire et receveur de la terre de Fromentières.
  5. Pierre Mondière fils et frère des susdits, a suivi le trafic en Espagne. Il y est marié, il y a bien 15 ou 16 ans. Il a fait aux Indes et en la Marguerite plusieurs et heureux voyages
  6.  le fief de Cevillé

    Ceville-Cassini.jpgLe fief de Cevillé en Châtelais relevait de la Trourie en Chérancé, qui relevait du château d’Angers. Il comprenait les villages de Cevillé et Marsillé, mais non le moulin de Cevillé. Le domaine appartient en 715 à l’abbaye de Saint-Serge d’Angers sous le nom de « curtis silviliacus » (1er cartulaire f°4) Le cartulaire de la Roë le mentionne en 1145-1150 « sivillerium » (ch 104) En 1110-1150 la domaine appartient à l’abbaye de Saint Nicolas : « terra et feodum de Sivilliaco » (Cartulaire St Nicolas, p 257) On ignore à quelle époque cette abbaye l’aliéna.
    « le fief hommes et subjects de Cevillé cens rentes et debvoyrs qui y sont deubz, avecques les droicts de garennes chasses et pêcheries dans la rivière du Don en endroits tels qu'ils despendent dudit fief, avecques vingt sept pintes de vin et neuf fouasses de froment rouge appellées fouilles que doit le prieur du prieuré Saint Julien Lardent de Chastellays chascuns ans au seigneur dudict fief de Cevillé aulx jours et festes de Toussainctz Nouel et Pasques tiers à tiers, lesdits fouasses de troys demyers piecze, charge de cheval dudit fromant et quinze soubz à cause des dixmes qu’il prend sur les terres dudict lieu de Cevillé »
    En furent seigneurs : André Goucet au début du 15e siècle - son fils aîné Jean, prêtre, mort sans hoirs - son frère puiné Macé Goucet - sa fille Thieurine Goucet qui l'apporte à Mathurin Cevillé - Son fils Mathurin Cevillé Sr de la Sorinière, †1603 sans hoirs - le frère puiné du précédent, Jean de Cevillé †1618 - son fils René de Cevillé †1642, qui n’est pas l’aîné, mais l’ainée est une fille que la coutume exclue comme le fut la fille de Thieurine en 1589 - son fils aîné Jean Cevillé †1669 prêtre, et le chroniqueur de la famille, sans hoirs - son frère puiné René - sa fille Claude de Cévillé qui l'apporte à Toussaint Bouchard
    Ceville-Jean_1618 (1).JPGLe fief de Cevillé « était tombé en tierce foi » aussi ses détenteurs, roturiers, devaient partager noblement sans être noble. La tierce foi est une coutume d'Anjou, Maine, Loudunois et Tours : un fief ou héritage noble ou tenu à franc devoir, se partage noblement entre rôturiers, lorsqu'il tombe en tierce-foi. L’aîné héritier succèdera par les deux parts, et fera la foi et hommage, et garantit à ses puinés le tiers en lui faisant devoir (Encyclopédie Diderot, Beautemps-Beaupré et Poquet de Livonnière)
    le dépié de fié : Faute de partage noble des biens tombés en tierce-foy, la sanction était sévère, car on considérait qu’il avait dépié de fiet et le seigneur pouvait confisqué les biens. Le « depié de fief » est le démembrement c’est à dire le dépiecement, qui met le fief en pièces, dans les coûtumes d'Anjou, du Maine, & Touraine. Il y a dépié de fief quand le vassal aliène une portion de son fief sans retenir aucun devoir sur la chose aliénée, ou quand il aliène plus du tiers. Il est alors privé de fief & de la justice, et le tout est dévolu au seigneur dominant. (Diderot, Pocquet de Livonnière, Beautemps-Beaupré…) Cette coutume imposait donc la conservation des justificatifs des partages aux 2/3 1/3

    une famille roturière

    Les Cevillé et leurs alliés sont tous tanneurs, notaires, et parfois marchands de vin ou de fil, c'est à dire une famille roturière qui devait partager noblement (2/3 1/3) les biens relevant de la tierce-foi, à savoir le fief de Cevillé, et roturièrement les autres biens. L'aîné possédait le fief et les droits nobles qui y étaient liés : garennes, chasses et pêcheries, et à ce titre il vivait donc comme les nobles. Cependant la chronique décrit un train de vie modeste, souvent tous en une seule pièce, le fumier pas très loin, les cochons et les oies aussi... mais un pressoir et des vignes de qualité !
    L'existence de ce partage noble et des droits qui y sont liés, a dû cependant prêter à confusion chez certains de leurs alliés au 17e siècle, ajoutant qui une particule, qui des armoiries. Jean Cevillé le chroniqueur ajoute parfois la particule, rarement il est vrai, mais ne parle jamais d'armoiries, or, son récit est si précis, que si elles avaient existé il en aurait parlé. Il raille même René Chesnays, son grand oncle maternel « fort somptueux, il hantait la noblesse, entr’autres Mathurin de Montalais Sr de Chambellay et de Fromentières, lorsqu’il cherchait à se marier ».
    Les Cevillé ne figurent dans aucun des manuscrits des anciennes montres d'Anjou, détenus à la B.M. d'Angers, et repris pour impression par Denais dans son Armorial d'Anjou. En 1668, lors de la recherche des gentilshommes, même le possesseur du fief (l'aîné) n’entreprend aucune demande de titre de noblesse (Voisin de la Noirays, Catalogue des gentilhommes d’Anjou). L'Armorial Général de France, Généralité de Tours, 1696 au Cabinet des Manuscrits de la BN, attribue pour  20 L à  Renée de Civile femme de Louis de Dieusie, écuyer sieur de la Rivière  « d'azur, à un dextrochère habillé et ganté d'un gant de fauconnier d'argent portant un épervier (faucon de chasse) de même ». Il s'agit bien de Renée de Cevillé, issue des Cevillé et mariée à un noble. Les armoiries qu'elle a obtenues ressemblent à celle des De Fréval, d'origine Normande qui portaient  « d'azur, au dextrochère ganté d'argent tenant un épervier de même, becqué et onglé d'or ».
     

    Thieurine, la reine des femmes

    A la base de la plupart des Cevillé, une femme, celle qui apporte le fief de Cevillé, Thieurine Goucet alias de Cevillé. Mère des Cevillé, elle était appellée « la reine des femmes »,  et répondait au joli prénom de Thieurine. Mais, alors qu'au dire du chroniqueur, les Cevillé étaient généralement grands beaux puissants etc... Thieurine donna tout à ses aînés et ne sut rien garder pour le dernier. François, c'et lui, commença mal, puisqu'il naît 6 mois après le décès de son père. Il fut mauvais en tout, avant de finir tragiquement noyé (ci-dessus sa mère le cache !).  
    Thieurine Goucet avait épouse en premières noces Jehan Cheviller, dont elle a eu Ollive CHEVILLER x Gervais HAIREAU Dont postérité., et en 2e noces Mathurin CEVILLÉ dont :
         1-Mathurin de CEVILLÉ Sr de la Sorinière °[1534 †Châtelais 14.3.1603]* SA, SP
         2-Guyone de CEVILLÉ °[Châtelais 13.2.1537 †sans doute 28.10.1598]* x Pierre COHON Dont postérité
         3-Jean de CEVILLÉ °[Châtelais 10.1.1540]* x Anne LEGAUFFRE Dont postérité
         4-Macé de CEVILLÉ [†19.7.1567 à 20 ans]* SP (cf sa biographie)
         5- François de CEVILLÉ  x [Angers St Laurent 24.12.1570]* Jehanne COHON Dont postérité
     

les familles et leurs alliés

Histoire de la famille Goucet alias de Cevillé (chronique de Jean Cevillé en 1638 avec notes critiques et compléments généalogiques depuis 4 siècles) : Besnefray Boisramé Cadots Cevillé Cheviller Desprez Eveillard Foucault Gassit Genet Gerard Goucet Gousset Guinefolle Haireau Hallay Houdemon Jegu Jouanneau Jousselin Lemanceau Lemousnier Leseure Lesnard Moreau Peslier Rigolet
Histoite de la famille Boisramé (épouse d'André Goucet alias de Cevillé) (chronique de Jean Cevillé en 1638 avec notes critiques et compléments généalogiques depuis 4 siècles) : Boulay Crochery Cusson Denis Denouault Guillet Heron Labbé Letraumier
Histoire de la famille Cevillé alias de Cevillé (chronique de Jean Cevillé en 1638 avec notes critiques et compléments généalogiques depuis 4 siècles) : Anger Bancelin Baranger Baron Bazin Beauchesne Bellanger Bellier Bellouis Besnard Bessin de Bonneval Boreau Bossu Bouchard Bouildié Boulay, de Bourbon-Grammont, Bourdais Boury Bouvery Carré, de Champagné-Giffart, Charlery Chesnais Chevalier Cohon Cordion Couenne Courcier Courtais Dean Delanoë Delaporte Deschères Desprez de Dieusie Drouineau Dry Dugrais de Durat d'Estriché Faultrier Forest Galerneau Gareau Gasnier Gault Genet Gendron Georget Godard (alias Godard-Faultrier) Goucet (cf ci-dessus) Goullier Grésil Guillet Guillorit Guillot Guillouard Halbert Halnault Houdmon Houesnard Hubert Hudline Jallot, Jamet, de La Broise, de La Chapelle, de La Chesnaye, Lebreton Legauffre Lenfantin  Leseure Letessier, Loncle de Forville, Louison Maillot Marie Maumusseau Meslay de Mondière Moreau Mouteul Neret Pelletier Peton Poirier Planchenault Queruau-Lamerie de Rasilly Repuceau Rogeron Rouger Rouzière Saulou Sigay Texier Turgis Vallas Vallot Vetault Vignais
Legauffre (f°83-88, que je ne publie pas) : Cevillé Challiant de Gouyon Hayau Helie Leclerc Tremblais (de La, St de Criqueboeuf) Morineau Peccot Roulière
Bretonnier (f°89-98, que je ne publie pas) : Ballüe Boulay Chantepie Cheminart Drouet Godereau Hallay Houdebine Juffé Martin Patry Scépeaux (de) Trochu
Hallay (f°94-95, publié dans les Cohon) : Cohon, Bretonnier
Chesnais (f°106-131, que je ne publie pas) : Chesneau Godier Yvon
Amy (f°132-134 que je ne publie pas) : Delauné Joly Jouault Le Bigot Lemasson Loyault Plessis Roisné
Lemasson : Arthuys Chesnais Husson Mondière Pertué
 

preuves

Les partages qui suivent illistrent le partage roturier (à part égale) des biens non hommaigés (les 5 lots en 1589 des biens de Thieurine), le partage deux tiers un tiers des biens hommagés (1618 de Jehan de Cevillé) et du tiers des biens hommagés resté au puinés se partageant entre eux (1603 de Mathurin de Cevillé). On remarque que la famille possédait plus de biens que ceux hommagés, ainsi la maison à Craon acquise par Thieurine, donc les puinés avaient tout de même un peu plus que le tiers à se partager entre eux.
Ceville-Jean_1564-Ctm1.jpgLe contrat de mariage de Jehan de Cevillé est mentionné dans le livre de raison « ils s’obligèrent tous deux à faire valoir le bien d'Anne Legaufre 700 L en principal Ct en son Ct de mariage Dvt Jean Le Gaufre Nre à Angers le 19 Septembre 1564 » (f°89). Ceci a pu être vérifié et est exact. L'époux signe Jehan de Cevillé et son frère aîné, Mathurin Cevillé, ce qui montre l'intérêt alléatoire de la particule, mais tous deux, comme dans toutes les signatures des membres de la famille, mettent un C et non un S à Cevillé. Le S mit par le notaire montre qu'il n'est pas natif de Châtelais, d'ailleurs il prénome Thieurine Thienette alors que personne à Châtelais n'aurait pris cette liberté.
Thieurine_1589 (1).JPGLe 11.2.1589, partages en 5 lots des biens de †Thieurine Gousset dame de Cevillé après avoir avoir partagé et divisé les acquêts faits par ladite Goucet avec Jehan Cheviller son 1er mari et Mathurin Cevillé son 2e mari, lots faits par Jean Jousselin mari de Mathurine Haireau tant en son nom que comme curateur par justice de Marie Besnefray fille de †Louis Besnefray et Marguerite Hayreau et encore Jehan Hayreau curateur de ladite Besnefray, lesquelles Mathurine et †Marguerite fille de †Ollive Cheviller fille de ladite †Goucet, pour être présentés à h. personnes Me Mathurin Cevillé Sr de la Sorinière, Jehan et François Cevillé, et Pierre Cohon mari de Guyonne Cevillé - Thieurine a eu 2 lits et ceci est le partage de ses biens propres hors bien communautaires des 2 lits, déjà partagés, et hors fief en tierce foi qui va au fils aîné. Ses 5 enfants (1 du 1er lit et 4 du 2e) sont sur un pied d'égalité pour ce qui reste de ses biens propres, objets du présent partage. Ce document atteste sa fortune, relativement aisée, et surtout la diversification de ses biens fonciers en vignes, châtaigneraies, vergers, maisons, dont l'une à Craon. 
Hayreau_1590 (1).JPGLe 15.3.1590 partages du 1er lit de Thieurine Goucet en 2 lots entre Jehan Hereau oncle paternel au nom et comme curateur de Marie Besnefray mineure issue du mariage de †Louis Besnefray et Marguerite Hayreau d’une part, et Jehan Jousselin mari de Mathurine Hayreau d’autre part. tant de la succession de †Thyerrine Gousset dame de Cevillé femme en 1ère noces de †Jehan Cheviller et par représentation de ladite †Ollive Cheviller vivante femme de Gervays Hereau, ladite Olive fille unique et héritière dudit Cheviller, en encore ledit Jousselin audit nom et Besnefray héritiers pour 1/5e de ladite †Goucet, que de la succession desdits †Gervays Haireau et Olive Cheviller leur père et mère
Ceville-Mathurin-partages_1603 (1).JPGMathurin Cevillé Sr de la Sorinières décéde en 1603, sans hoirs. Il était le fils aîné de Mathurin de Cevillé et avant de procéder au partage de ses biens, ceux-ci ont été cordelés et estimés, et ce précieux document nous est parvenu. Il est précieux, car les estimations sont très rares. Or, elles seules permettent de se faire une opinion de la valeur des biens, et qui plus est de la valeur de chaque parcelle de terre selon sa destination. Mon ancêtre François Cevillé est l'un des héritiers du tiers laissé par son frère aîné Jean (ci-dessous). Ce partage concerne le tiers des biens hommagés à partager entre les puisnés 
  • Ceville-Jean_1618 (1).JPGle 22.3.1618 succession de †Jehan de Cevillé partagée noblement deux tiers / un tiers. Ce document contient une description des droits du fief de Cevillé (cf ci-dessus) et que les lots sont faits par l'aîné selon la coutume d'Anjou, donc c'est celui qui aura les deux tiers qui présente à ses puinés le tiers lot. Après ce partage on arrive dans la période des généalogies sur registre paroissial, vérifiées ainsi. Ce partage concerne les deux tiers que l'ainé, René de Cevillé, se reserve. Après lui, le fief passera à sa fille aînée Marie Claude faute de garçon, donc à la famille Bouchard par alliance, dont postérité actuelle
  • Cohon-G_1615 (1).JPGle 25.7.1615 succession de †h.h. Guillaume Cohon Sr de Pinceloup décédé sans hoirs, en 4 lots échus à Sébastien Cohon docteur en la faculté de Paris, chanoine prébendé en la cathédrale de Nantes, Me Pierre Ledin Sr de la Brunellière mari de Claudine Cohon, Yves Hunault Sr de la Mothe mari de Françoise Cohon, et à Julien Cohon Sr du Parc, et ce après avoir fait les précéddantz partaiges entre lesdites partyes et Claude Genet et Catherin Cohon (tous deux du 1er lit) le 10.6. dernier avec h.h. Catherin Cohon Sr de la Tarouettière et Claude Genet Sr de la Haustebeurière mari de Françoise de Cevillé Cette succession est collatérale et concerne la descendance de Pierre Cohon qui eut 2 lits.  
  • Cohon-F_1619 (1).JPGle 17.6.1619 succession de Françoise Cohon épouse de Yves Hunault, décédée sans hoirs, en 3 lots échus à Pierre Ledin mari de Claudine Cohon, Sébastien Cohon scolastique à St Pierre de Nantes, et Julien Cohon Sr du Parc Cette succession est collatérale et concerne la descendance de Pierre Cohon qui eut 2 lits. Ces deux actes nous donnent une présence ancienne des Cohons par un close de vigne dit le clos aux Cohons, une vieille maison à la Haute Beurière dite la maison aux Cohons ainsi que  le petit pré des Merouzayes car dans la généalogie manuscrite des Cohons, non crédible par beaucoup de points, il est question de remonter Genet_1692.01.jpgà un sieur de la Merouzaie
  •  En 1692 partages en 7 lots de la succession de †Renée Bauxamis, ladite Bauxamis fille et héritière de †René Bauxamis et Louise Genet, ladite Genet fille de †Claude Genet et de Françoise de Cevillé, ladite de Cevillé fille de †François de Cevillé et de Jeanne Cohon, ladite Cohon fille de Pierre Cohon et de Anne Gerard, et sœur de Me Sébastien Cohon scolastique de St Pierre de Nantes fondateur de la chapelle de St Marq (Duroger Nre Craon) cette succession collatérale donne tous les Genet
  •  les 162 folios du manuscrit sont sur ce site, avec retranscription

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    photos : Stanislas David