Manifestants empêchant la procession à Notre Dame du Ronceray, pour la détourner vers saint Aubin : Angers 1528

les notaires étaient parfois appelés pour enregistrer des faits divers litigieux, ici ils sont deux à relater un curieux fait divers.
Pour une raison qui ne nous sera pas connue, certains manifestants veulent détourner la procession, et utilisent bâton et violence, au point de briser les croix portées lors de la procession, et de réussir à en détourner une partie.
Le bâton est alors l’outil du bâtonnier, et vous allez trouver ci-dessous la définition de l’époque, qui relève plus de la matraque d’un vigile anti-débordements des manifestations, que de l’arme d’un manifestant. Donc ces bâtonniers étaient commandés par des religieux pour cette intrusion dans la procession.
Enfin, l’évêque nommé au début, semble avoir tant de titres et notamment à l’autre bout de la France, qu’il n’est manifestement pas résident à Angers, du moins à la date de ces évennements troublés.


Fleur de vertu – BNF Fr1877 François de Rohan

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :


(Jean Huot notaire Angers) A tous ceulx qui ces présentes lettres verront la garde du scel estably aux contrats royaulx d’Angers salut, scavoir faisons que aujourd’hui dimanche 22 mars 1527 (avant Pâques qui est le 21 avril, donc le 22 mars 1528) maistre René Fourmy secrétaire ordinaire de très révérend père en Dieu monseigneur François de Rohan arcevesque et conte de Lyon, primat de France et évesque d’Angers a déclaré à Gervaise Lepelé et Jehan Huot notaire desdits contrats que messieurs les vicaires dudit seigneur évesque auroient ordonné et commandé procession générale estre faite à l’église de Notre Dame du Ronceray dudit Angers tant pour la prospérité du roy notre sire madame et leurs enfants que pour la paix et union du royaulme et la disposition du temps et que depuis auroit esté adverty que les doyen et chanoines de l’église d’Angers et autres vouloient divertir les couvens et collège dudit Angers de non aller audit jour de Notre Dame et les contraindre aller à l’église et couvent saint Aulbin dudit Angers, pour quoy ledit Fourmy au nom et comme procureur dudit seigneur évesque d’Angers pria et requist lesdits notaires soy transporter avecques luy au carrefous et place vulgairement nommée et appellée la Porte Angevyne en ceste dite ville d’Angers, auquel lieu fault tourner à dextre pour aller à la dite église st Aulbin et pour aller à ladite église de Notre Dame fault aller à senestre, pour luy donner acte et instrument vallable de ceulx qui empescheront lesdits couvens et collègent d’aller audit lieu de Notre Dame, en obéissant à laquelle requeste lesdits notaires se sont transportés audit lieu au carrefour de la Porte Angevyne en la compaignie dudit Fourmy, auquel lieu de la Porte Angevyne estans arrivèrent les Cordeliers de ladite ville d’Angers marchans processionnellement davant lesquels précédoit et alloit davant l’un d’eulx qui portoit la croix desdits Cordeliers, et près de celui qui portait la croix estoient Yvon Berard et Lucas Lemaczon appariteurs dudit seigneur évesque d’Angers, et comme celui qui portoit ladite croix fut audit carrefour et voulut aller vers ladite église de Notre Dame ung nommé Jehannot de Villiers qu’on appelle le chevalier de Rhodes accompagné de plusieurs autres estans avecques luy s’efforcza le repousser pour le faire tourner vers le chemin dudit saint Aulbin, et semblablement ung nommé maistre Georges autrement appellé Rubisson prist et arresta la croix desdits Cordeliers par force et violence disant ledit Roubisson « vous ne yriez point à Notre Dame vous tournerez à Saint Aulbin » ou autres paroles semblables, laquelle croix tantost après fut ostée audit Roubisson par plusieurs personnes illecques présentes et fut portée par ledit Cordelier vers ladite église Notre Dame, et suivirent ladite croix les autres Cordeliers, et après eulx marchèrent processionnellement les Jacobins Carmes Augustins les collèges chanoines et chappelains saint Jehan Baptiste, saint Mainbeuf, saint Maurille, saint Pierre, les religieux de Toussaints et de saint Jehan l’Evangéliste dudit Angers chacun en son ordre, ainsi qu’ils ont accoustumé de faire et allèrent processionnellement vers ladite église Notre Dame, et après les dessus dits collèges et religieux marchèrent les collèges de saint Martin et saint Lau jusques audit lieu de la Porte Angevyne ensemblement, et pour leur empescher qu’ils ne suyvissent les précédents collèges et religieux allans audit lieu de Notre Dame surviendèrent et accoururent audit carrefour monsieur Jehan Lefrère bastonnier du chapitre de l’église d’Angers portant ung baston vulgairement appellé une masse

Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf/
BASTONNIER, subst. masc.
A – « Celui qui a en dépôt le bâton d’une confrérie et le porte, lors des processions »
B. – « Homme muni d’une arme »
C. – « Officier municipal »
D. – « Bedeau »

qui dist aux deux qui portoient les croix desdits saint Lau et saint Martin qui alloient ensemblement « tournez » et s’efforcza de son pouvoir destourner lesdites deux croix de saint Lau et saint Martin pour les faire aller audit saint Aulbin, faignant frapper dudit baston ou masse ceulx qui vouloient faire aller lesdites deux croix audit lieu de Notre Dame, audit carrefour maistres Loys Leroux et Nicolas de Chambriand chanoines de ladite église d’Angers qui par force et violence prindrent lesdites deux croix de saint Lau et saint Martin tellement qu’ils démanchèrent et rompirent l’une desdites croix ou baston d’icelles tant que l’un desdits Leroux et Chambriand tinrent le manche et l’autre la croix, et estoient avecques lesdits de Chambriand et Leroux maistre Julien Regnard Gilles Salmon curé de Sapvenières et chapelain en l’église de saint Lau, et Mathurin (blanc) serviteur domestique de maistre Jehan Deloblay aussi chanoine de ladite église d’Angers, lesquels tous ensemble par force et violence empeschèrent ceulx qui portoient lesdites deux croix de saint Lau et saint Martin de non aller audit lieu du Ronceray et fut rompue, et brisée ladite croix de saint Lau par lesdits Leroux et Chambriand et les dessus dits, et tellement furent empeschez et destournez ceulx qui portoient lesdites deux croix de saint Lau et saint Martin qu’ils laissèrent à suivres les autres précédents collèges et religieux et se détournèrent au chemin vers ledit lieu de saint Aulbin, au moyen de la force violence et empeschement qui leur fut faite et donnée par les dessus dits, lesquels faignèrent ou faisoient semblant de vouloir frapper et oultrager ceulx qui vouloient induyre lesdites deux porteurs desdites deux croix de saint Lau et saint Martin de aller audit lieu de Notre Dame après les autres précédents collèges et religieux et ceulx qui ne vouloient faire place auxdits habitués de saint Lau et saint Martin pour tourner audit saint Aulbin, et pour ledit debat arma la croix des doyen et chapitre de ladite église d’Angers, davant laquelle estoit maistre Olivier Fradin et Jehan Lefrère bastonniers et sergents de ladite église qui feront faire voyr pour faire passer ladite croix et lesdits doyen et chanoines et habitués de ladite église d’Angers, lesquels s’en allèrent vers ledit lieu de saint Aulbin, et néantmoins les précédents collèges et religieux allèrent vers ledit lieu de Notre Dame, ce jourd’huy 28 mars l’an susdit davant nous notaires susdits

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François Lenfantin et Pierre Duval, maîtres jurés selliers bahutiers, réclament les torches dues pour la procession du Sacre, Angers 1588

et je descends de Lenfantin, dont celui-ci pourrait être lié, car le milieu social est équivalent, donc les alliances possibles.

Il est maître juré sellier bahutier, et comme je pensais que le sellier était lié au cuir et le bahut au coffre, j’ai regardé l’excellent dictionnaire du monde rural, qui me sert tant, et miracle, je découvre que le bahut est garni de cuir. Donc je comprends désormais le métier de ce François Lenfantin.

collection particulière, reproduction interdite
collection particulière, reproduction interdite

bahutier : ouvrier qui fait des bahuts, des coffres, des malles (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)
bahut : grand coffre garni de cuir dont le couvercle est légèrement bombé, coffre de voyage (idem)

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 20 juin 1588 avant midy par devant nous François Revers notaire royal à Angers et des tesmoings cy après nommés honnestes hommes François Lenfantin et Pierre Duval Me Jurés et gardes des privilèges des selliers bahutiers demeurant audit Angers se sont ce jour exprès transportés vers et à la personne de Julienne Gurye veufve de deffunt Maurice Ynay vivant ciergier audit Angers trouvée en sa maison à laquelle parlant lesdits Lenfantin et Duval l’ont sommée et requise à ce qu’elle eust à leur bailler et delivrer présentement le nombre de 105 livres de cire jaulne neufve de Bretaigne poids de marc qu’elle est tenue rendre et fournyr et bailler auxdits Lenfantin et Duval
avec deux torches de cyre jaulne d’une livre chacune que ladite Gurye doibt auxdits jurés comme présentement ils nous ont fait aparoir par marché de ce fait entre les partyes par devant Bertran notaire de ladite cour le 29 janvier 1585, offrant lesdits Me jurés payer à ladite Gurye la somme de 10 escuz ung tiers pour la faczon de la grosse torche de la communauté desdits Me selliers bahutiers par elle faite ou fait faire pour la feste du Sacre dernière laquelle somme lesdits Me jurés ont mise au descouvert et ont protesté et protestent contre ladite Gurye de toutes pertes despens dommages et ingérests à faute qu’elle fera d’obéyr à la présente sommation et de ce pourvoir contre ladite Gurye ainsi qu’ils verront estre à faire par raison
laquelle Gurye a fait response auxdits Me Jurés cy dessus nommés qu’elle ne leur doibt encores ledit nombre de cyre ce que lesdits maîtres ont prins pour reffus et luy ont monstré et fait aparoir par ledit marché passé par ledit Bertran et autre marché passé par Lory notaire de ladite cour le 1er février 1584 qu’elle doibt ladite cire et torches cy dessus mentionnés par lesdits marchés et qu’à la fin d’iceulx ou de chacun d’eux elle doibt ledit nombre de cyre et torches que dessus, et luy ont offert la somme de 10 escuz ung tiers leur baillant et delivrant ladite cire et torches ce que ladite Gurye a refusé comme dessus
offrant néantmoins ladite Gurye recepvoir ladite somme de 10 escuz ung tiers et leur deslivré sur ladite somme la valeur de deux torches ce que les dits maistres jurés ont derechef offert leur baillant et délivrant ledit nombre de 105 livres de cyre ce qu’elle a refusé
au moyen de quoy lesdits maistes ont protesté et protestent comme dessus dont et de laquelle sommation et tout ce que dessus nous avons auxdites parties ce requérant delivré ce présent acte pour leur servir et valloir en temps
fait Angers maison de ladite Gurye en présence de Pierre Guyard praticien en cour laye et Charles Heriz cordonnier demeurant audit Angers tesmoings
ladite Gurye a dit ne savoir signer

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Fondation de la procession du Sacre à Saint Maurille, Angers 1618

Aujourd’hui, dimanche de la Fête-Dieu pour les catholiques. Nous avons déjà vu sur ce blog, la fête du Sacre à Angers.
Voici l’acte de fondation de la procession de Saint Maurille. Cette procession ressemblait à celles que j’ai connu dans mon enfance, et qui ont disparu avec l’automobile, puisque la rue est désormais réservée à l’automible et aux grévistes.

la Fête-Dieu à Guérande, collections personnelles, reproduction interdite
la Fête-Dieu à Guérande, collections personnelles, reproduction interdite

J’ai trouvé l’acte qui suit est aux Archives du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici ma retranscription : Le 24 avril 1618 (Julien Deille notaire royal à Angers). Comme ainsi soit que cy devant aulcuns notables bourgeoys et habitants de la paroisse Saint Maurille d’Angers eussent tant en public d’assemblée des habitants que en particulier recherché les moyens soubz le bon plaisir de messieurs les chanoiones et chapitre de l’église dudit lieu d’instituer et fonder une procession générale du saint Sacrement en l’octave du Sacre et à cest effet prié lesdits sieurs du chapitre l’accepter et s’en charger, offrant lesdits paroissiens leur payer la somme de 1 000 livres tz provenue et recueillie en partie de dons et gratiffications d’aulcuns desdits habitants, pour estre par lesdits du chapitre employe en rente constituée au profit d’iceluy
à quoi lesdits sieurs du chapître inclinant se sont accordés ainsi et en la forme cy-après déclarée
pour ce est-il que par devant nous Julien Deillé et Guillaume Guillot notaires royaux à Angers furent présents establis et deumenet soubzmis lesdits les du chapitre deument congregés et assemblés en leur chapitre ordinaire ès personne de vénérables et discrets Me Pierre Jarry, Pierre Faisseu, Jehan Perdrix, Estienne Benault chantre, Nicollas Bellanger, Anthoine Bariller, Pierre Guerin et René Gouezaud tous chanoines de ladite église d’une part
et messieurs maistres Jacques Gourreau sieur de la Blanchardière conseiller du roy doyen de messieurs les conseillers du siège présidial d’Angers, Michel Chotard sieur de Lansonnière aussi conseiller audit siège, députés de ladite paroisse, Me Françoys Piculus sieur du Lattay advocat, Pierre Ragaigne commis au greffe de la Prévosté procureurs de fabrice de ladite église et aussy députés par conclusion du dimanche 25 mars dernier dont l’extrait signé Berruyer est demeuré attaché à ces présentes pour y avoir recours, et encores Jehan Bodin escuyer sieur de Brezé aussi conseiller audit siège et noble homme Claude Menard sieur du Tertre, tous demeurant en ladite paroisse saint Maurille en présence de noble homme maître Pierre Lemarchand sieur de Loué docteur ès droits aussi paroissien de ladite paroisse d’autre part
lesquels pour parvenir à l’institution et fondation de ladite procession ainsi qu’elle sera cy après exprimée a esté par lesquels Gourreau Chotard Piculus et Ragaigne présentement baillé et délivré auxdits sieurs du chapitre la somme de 1 000 livres qu’ils ont en notre présence receue en pièces des 16 sols et autre monnaye ayant cours suivant l’édit et s’en contenent, ladite somme provenue tant de dons et gratiffications d’aulcuns desdits habitants particulièrement 300 livres données par ledit sieur benault chantre et 200 livres par nous Deillé et la somme de 266 livres 10 sols faisant partie du reliquat des comptes rendus par Renée Fauveau veufve feu Me René Vollière et Me Jehan Eslus sieur de Guilleron cy devant procureurs de la dite fabrique
moyennant le payement de laquelle somme de 1 000 livres lesdits sieur du chapitre se sont chargés et obligés et leurs successeurs faire à perpétuité chacun dimanche de l’octave du Sacre ladite procession du saint sacrement autour de ladite paroisse à descenddre par la rue de la Roë et contournant par celle de la Jaille à aller de la rue du Cernet par le Pilory et dudit Pilory par la rue et devant l’huys de fer pour retourner devant et à costé l’église saint Pierre
à laquelle procession assisteront tous lesdits chanoines, curés, chapelains et psalteurs de ladite églises, deulx des couvents des Mandiens et ceste ville au choix desdits du chapitre, avecq leur croix chandeliers d’argent, et seront ceulx qui porteront leurs croix et novices qui porteront lesdits chandeliers revestus d’aulbes et tunicques et aulx costés du saint Sacrement seront portés 4 torches de cire blanche et 4 cierges scavoir 2 devant le sacrement et 2 au devant de la Crois par 4 enfants aussi couverts d’aulbes et tunicques et sera le Sacrement porté par 2 desdits chanoines revestus de chappes et le poisle par 4 des plus notables de ladite paroisse qui seront choisis et priés par lesdits sieurs du chapitre,
faisant laquelle procession sera fait 2 stations aulx lieux les plus commodes qui seront advisés par lesdits sieurs du chapitre et procureurs de la fabrice, lesquels procureurs feront préparer en chacun desdits endroits un reposoir en forme d’autel esquels lieux sera chanté ung motet ou autre suffrage du saint Sacrement en musique ou pleine voilx, et lesquels sieurs du chapitre le jour de devant ladite procession diront en ladite église sollempnellement à 5 chappes doubles premières vespres et avanceront matines dès le soir aussi à 5 chappes pour donner lieu à ladite procession le lendemain qu’ils diront très sollempnellement avant ladite procession et au retour d’icelle la grande messe et après disner vespres le tout sollempnellement et à 5 chappes doubles
à toutes lesquelles heures et procession fors aulx matines et tierces y aura musique
et ad ce que lesdits paroissiens soient advertis de ladite procession y aura au devant d’icelle trompette, tambours et phiffres de la ville et y aura fouilles en l’église le tout aux frais et despends desdits sieurs du chapitre fors la somme de 4 livres qui sera chacun an payée et délivrée le jour devant de ladite procession par les procureurs de fabrice ès mains du recepveur ou fabriqueur dudit chapitre jusques ad ce que les paroissiens ayent admorty ladite rente de 4 livres qu’ils pourront faire en payant auxdits du chapitre la somme de 64 livres tz
et seront lesdites procession et service en la forme dessusdite faits et commencés dès le sabmedy et dimanche de l’octave de ladite fête du Sacre prochain
et pour ce faire a esté aussi présentement payé contant par lesdits procureurs de fabrice des mains de Me Jehan Gazou recepveur d’iceluy ad ce présent la somme de 32 livres 10 sols par une part et 4 livres par autre à l’effet de ladite procession et service de ladite octave du Sacre prochaine et en après lesdits du chapitre en feront les frais sauf ladite somme de 4 livres qui sera aussi payée et continuée par lesdits procureurs de fabrice jusques audit admortissement
et quant audit sieur Bodin meu et affectionné à ladite fondation a donné et donné le poisle pour servir audit saint Sacrement estant de velours violet cramoisi parsepmé de fleurs de lys qui a servy à la réception en ceste ville de la Royne mère du Roy Louis XIII à présent régnant à l’entrée dudit seigneur Roy en l’année 1614, en laquelle année ledit sieur Bodin estoit maire capitaine général de ladite ville, et lequel poisle ledit sieur Bodin auroit rachapté de ses deniers d’aulcuns officiers de sadite Majesté auxquels il appartenait pour droit d’entrée et de réception de sadite Majesté, prometant ledit sieur de Brizé à cest effect mettre ledit poisle tout aruplant et parfait armoyé des écussons tant de ses armes entières que mi parties de luy et de damoiselle Jacqueline Jouet son espuse ès mains desdits du chapitre,
et pour le regard dudit sieur Menard en continuant les affections et bienveillances à ladite église et pour le désir qu’il a aussi à ladite fondation comme le salut qu’il a cy devant fondé en ladite église sur les 6 heures du soir le jour de la procession au désir du tiltre par nous Deillé passé, lequel salut lesdits sieurs du chapitre célèbreront aussi en musique, a fondé et ordonné, fonde et ordonne par ces présentes le sermon et prédication estre dict en ladite église le mesme jour à une heure après midi se réservant pendant son vivant de nommer celuy qui fera ledit sermon, et après son décès, lesdits sieurs du chapitre y pourvoyront, et sera celuy qui fera ledit sermon chacun an adverty de inviter les auditeurs qu’il y aura salut à ladite heure cy dessus destinée et de prier Dieu pour les fondateurs et bienfaiteurs tant desdites procession, sermon, que salut
pour la dotation et entretien duquel sermon, ledit sieur Menard a donné et donne auxdits du chapitre la somme de 64 sols tz de rente foncière annuelle et perpétuelle qu’il a assise et assignée assiet et assigne généralement sur tout et chacuns ses biens meubles et immeubles présents et à venir promet et s’oblige la payer ès mains du recepveur dudit chapitre chacun an ledit jour de sabmedy devane ledit jour de la procession et sermon, premier paiement commençant le sabmedy de l’octave prochaine et à continuer en après à l’advenir, retenant néanlmoings ledit sieur Menard la faculté pour luy et les siens de pouvoir admortir ladite rente toutefois et quantes en payant audit chapitre la somme de 52 livres tz,
et seront les vicaires perpétuels de ladite église advertis par lesdits procureurs de fabrice d’inciter lesdits paroissiens de donner de leurs biens et moyens pour faire des angelots d’argent doré ad ce qu’on puisse porter commodément et avecq honneur le saint Sacrement sur des branquarts, attendu que lesdits du chapitre ont dit n’en avoir autre, et de porter torches cierges chandelles pour davantage honorer ladite procession, et seront pour une fois seulement baillé auxdits du chapitre par lesdits procureurs de fabrice 8 écussons de fer blanc, 4 grands et 4 petits, esquels seront représentés la figure d’une calice, et d’une hostie pour attacher aulx torches et cierges, et à l’effet de ladite procession seront lesdits paroissiens tenus faire tendre chacun endroit soy et mesmes ciels où faire se pourra, et seont les paroissiens de Saint Pierre et Saint Michel du Tertre en ce qu’il y en a qui ont maisons sur aulcunes desdites rues par lesquelles passera ladite procession priés par l’ung desdits sieurs du chapitre et députés procureurs de ladite paroisse faire tendre à l’endroit de leur maison en la forme cy dessus, et quant à l’entrée de ladite église, sera tendu de tapisserie par la diligence desdits procureurs de fabrice, et feront lesdits sieurs députés et procureurs de fabrice ratiffier ces présentes auxdits paroissiens dans un mois,
car ainsi les parties ont le tout voulu, consenty stipulé et accepté, et à ce l’entretenir et accomplir mesmes aulx dommages intérestz amendes rendre et restituer en cas de défaut se sont respectivement obligés et obligent scavoir lesdits du chapitre eulx et leurs successeurs biens et choses d’iceluy, et lesdits sieurs députés et procureurs de fabrice aussi eulx et leurs successeurs procureurs et paroissiens de ladite paroisse biens et choses prendre et vendre renonçant à toutes choses à cest effet contraires dont à leur requeste et de leur consentement les avons jugés et condemnés par le jugement et condemnation de ladite court
et fut fait et passé audit chapitre par devant notaires

Pièce jointe : acte extrait des registrs des conclusions des paroissiens de saint Maurille d’Angers, portant délégation et procuration pour la fondation ci dessus

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Rôle de la torche des Poissonniers à la procession de la Fête-Dieu, Angers 1658

Il existe dans les minutes notariales des rôles très intéressants car ils nous offrent le reflet d’une profession, ainsi ceux qui concernent le paiement de la torche pour la procession de la Fête-Dieu, par corporation. Cette fête était un évennement important à Angers, nommé le Sacre, et vous trouverez sur ce blog :

    La fête du Sacre à Angers, avant la Révolution
    Marché pour porter la torche des tanneurs à la fête du Sacre, Angers, 1591

et vous allez bientôt voir ici le rôle de la torche des corroyeurs.

Le notaire met en titre le rôle des Poissonniers, mais en fait, la majorité des poissonniers sont des marchandes de poisson, dont un nombre très élevé de veuves.
Sur 143 contributeurs payant moyenne 12,7 sols, il y a une grande disparité, puisque beaucoup ne paient que 2 sols tandis qu’on trouve de gros poissonniers payant 55 sols. L’écart-type, reflet de cette disparité, est donc très élevé :12,1

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici la retranscription de l’acte : Le 28 juin 1658 (Claude Garnier notaire royal à Angers) Taux roolle égail et département fait par Christofle Guillemaud René Leroy et Charles Voisin marchands poissonniers Angers des sommes de 75 livres faisant moitié de sept vingt dix livres (150) pour la façon de la grosse torche desdits marchand poissonniers et pescheurs de la ville et fauxbourgs d’Angers Reculée et Lesvière qui a esté portée à la procession du jour et feste Dieu dernier, 14 livres 10 sols tournois faisant moitié de 29 livres qu’il convient payer à Phelipon portefaix pour le port et raport de ladite torche à la procession et autres lieux, 60 sols pour la minute et copie de l’esgal, 10 sols pour l’acte de nomination des assayeurs et collecteurs du présent esgail, 10 sols pour la façon et signature du mandement de monsieur le lieutenant de la prévosté d’Angers en vertu de quoy a esté fait l’assemblée pour nommer lesdits assayeurs collecteur 5 sols pour la signature d’un autre mandement qu’il convient obtenir pour la copie du présent esgail pour contraindre les refusants à payer leur collecte, le tout revenant à la somme de 96 livres y compris 25 sols pour les audits qui se trouvent audit esgail, et a esté nommé pour collecteur du présent esgail Pierre Jammeu auquel esgail et département a esté procédé comme s’ensuit :
Premier
la veufve Bousequet 15
François Hareau et sa femme 8
Renée Rocher veufve Toussain Doué et sa fille 10
la veufve Pierre Duchemin 20
Jean Goussault et sa femme 14
Mathurin Moulinera et sa femme 10
Jean Prudhomme 30
la veufve Maurice Lecou 5
la veufve Jean Placé 40
la veufve Guillaume Drouet 8
la veufve Jean Flanchet 15
la veufve Estienne Saulaye 15
la veufve Allard 15
Jean Condiet gendre de Mace 8
la veufve Jean Jallet 30
Jean Macé et sa femme 50
la femme de Nicollas Loyer dit Lepetit Pré 10
la femme de Germain Bedouesneau et sa fille 5
la veufve Philipes Goubeau 25
Jean Hiart et sa femme 8
la femme Drouette 8
la veufve Jean Brillaud 8
la veufve Michelet 5
Jean Aubinet et sa femme 10
la femme de Bedasne et la veufve Chesneau sa patronne 50
François Fresneau et sa femme 25
la veufve Fairon 45
la fille de ladite Ferron femme du voyeur 10
la veufve Baillif 40
la veufve Mathurin Mesnaiger lesné 50
René Priolleau et sa femme 15
la veufve Jacques Guerier 5
la femme de René Lemonnier 5
la veufve Macé Gouiz 5
Perrine Gentil femme de Bodet 3
la veufve Jacques Dubourg 10
Jean Rahier et sa femme 15
la veufve Jean Hiayer et sa fille 3
la veufve Seraud 3
la veufve Pierre François 4
Aignan Patry et sa femme 3
Marye cy devant servante à la Jouarde 15
Jeanne Huguet sœur du nommé Lesergent 10
la veufve Jean Triquet et sa fille 15
la veufve Miot 12
la femme de René Heux 10
la veufve Apvrillon 5
Charles Voisin et sa femme 15
la veufve de Goret 10
Laubry rue de l’Ecorcherye 40
la femme de Berthelot boucher 55
la veufve Lemonnier 5
la femme de Jean Turpin 50
la veufve Guillaume Bedouesneau 30
la veufve Nicolas Pontigné 10
la femme de Belot 12
la veufve Jean Duport la Fougère 10
la veufve Blanchet 10
Pierre Perrault et sa femme 10
la veufve Jean Jouard 35
la veufve Burgevin la Grange 5
la femme de René Cyret 10
François Guillemaud 20
la veufve Pasquer Rouault 8
Pierre Lebrun et sa femme 15
la femme René Doneau Rondinière 2
la veufve Pierre Soutif 5
la veufve Thomas Testier 20
Charles Aumont et sa patronne 10
Jacques Leroy gendre d’Aignan Patry 20
la femme de Pasquer Bernard 3
Jacques Berthault rue Toussaint 5
la veufve Chaudet 3
Mathurin Proche et sa femme 3
la veufve Masson 5
la veufve Beaumont et sa fille 3
la femme de Gaucher la Rivière 50
la femme de Gaunard 35
René Hiait et sa femme 25
Guillaume Vacher et sa femme 15
la femme d’Estienne Moreau 2
la femme de la Rivière charpentier 2
la Gladas et ses filles 20
la veufve Mathurin Mesnage le jeune 25
la femme Guy Nepveu 5
Renée Lameslaude 2
la femme de Pierre Boucher 10
Nicolle Labouillonne 3
la femme d’Anthoine Coucgné 2
Mathurin Reby et sa femme 20
Jean Daburon 10
Thomas Bedouesneau 8
Guillaume Gaudain 15
René Soutif 15
la femme de Jean Barateau 4
Jean Oger 15
la femme de Robuchon 2
la femme de Pierre Joyau 2
le sieur Franois Thorode dit Lacroix et sa femme 30
René Leroy 15
René Beaujouan 30
François Miglet 2
Marie Vilgaignée femme de Serizeraye 10
Cady demeurant en la Bedouenelle à la Motte Berault 10
la veufve Lagache 6
Pierre Poupin 8
Deboue et sa femme 10
Pierre Menard et sa femme 10
Jean Laguette 5
la femme de Nicolas Crolleau 8
Pierre Jamme 30
la veufve Lagrousse sur le port Ligner 10
René Martin et sa femme 2
Nicolas Martin 2
Mathurin Doussard dit Binault 8
la femme de Pierre Baratteau 8
Jullien Coquereau 12
Estienne Richard sur la Motte de la Poissonnerie 5
Christophle Guillemaud 20
la fille dudit Guillemaud femme de Jean Mesquin 2
Gabriel Brunneau 5
Jean Loyer 10
Jean Trouette 5
Nicollas Martin 3
la veufve Tourbillon à présent femme Lafleche 5
Mathurin Marquais 3
René Leduc 5
Catherine Meslet femme de Michel 5
la femme de Marpault 5
la Bachelotte 2
René Minsonneau 20
Louis Rousseau 5
Jean Patry 5
Michel Doussard 5
Jean Celier et sa femme, la Trinité 5
Lorant Levesque, la Trinité 5
la fille de Magdelaine Lalongue, la Trinité 5
la veufve Levesque et son essouée ?, la Trinité 8
la veufve Poirier, la Trinité 3
la fille de la Poybelle, la Trinité 5
la Pautrelle, la Trinité 3
la veufve Pierre Leroy, la Trinité 5
la femme de Guillaume Lhomme tonnelier, la Trinité 8

Fait et arresté le présent roolle par lesdits Guillemaud Levoyer Voisin qui ont déclaré avoir fait le présent taux 64 livres que ledit Jammet collecteur du présent esgail prendra et recepvra de Mathurin Duvau et sa femme sur la rente qu’ils doibvent à la communauté des dits poissonniers et pescheurs et à faulte de paiement les pourra faire contraindre en vertu de l’acte passé par nous notaire le (blanc) mars 1657, à la charge de faire la collecte dudit égail par ledit Jammet et dans 8 jours prochains en délivrer l’argent à la veufve Marhat Legouz et autres ainsi qu’il est porté audit esgail dont lesdits assayeurs ont recogneu estre jugés, par nous notaire royal à Angers soussigné présents Jean Oudin et François Hulin clercs demeurant audit Angers tesmoins le 28 juin 1658, lesdits Guillemaud, Levoyer et Voisin ont dit ne savoir signer

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Marché pour porter la torche des tanneurs à la fête du Sacre, Angers, 1591

Hier, nous avons vu la fête du Sacre à Angers. Chaque corporation avait sa torche, et je pensais, assez naïvement, que dans ces corporations on se disputait l’honneur de porter la torche.
Il n’en est rien, sans doute parce que la torche devait un tel monument que la porter toute la journée devait relever de l’exploit physique exceptionnel !

Voici ma trouvaille du jour, qui est un marché pour faire porter la torche des tanneurs. Le porteur est dit maître de harnois, et je suppose qu’il s’agit d’un homme d’armes, c’est du moins ce que j’ai trouvé dans les dictionnaires anciens.
En 1591, la fête de la Fête-Dieu était le 16 juin, et ce marché est passé fin mai, quelques jours auparavant.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 27 mai 1591 en la court du roy notre sire Angers endroit par davant nous (Lepelletier notaire Angers) personnellement establyz honnestes personnes Charles Mahé, Loys Lebec et Jehan Ballisson maîtres jurés et gardes du mestier de tanneur demeurans en ceste ville d’Angers paroisse de la Trinité d’une part
et Jehan Beauvoys marchant Me de harnois, aussy demeurant en ceste ville d’Angers paroisse de Saint Pierre d’autre part
soubzmetans etc confessent etc c’est assavoir que ledit Beauvoys a promins et promect audit jurez stipullant et acceptant pour toutte la communauté dudit mestier de tanneur de leur porter la torche desdits maîtres tanneurs de ceste ville du jour et feste du Sacre prochain à la procession qui de coustume se faict en ceste ville tant à aller que retourneur ainsy et en la forme et manière que ladite torche et plusieurs autres torches ont de coustume de se porter à ladite procession et en descharger et acquiter lesdits jurez et communauté dudit mestier de tanneur tant vers la Justice que tous autres et en sorte qu’ilz n’en puissent estre inquiéttés ne recherchez et outre promet ledit Beauvoys de faire porter la chasse et botte de ladite torche cheulx le sierger quant il en sera requis et la vigille de ladite feste du Sacre de faire aussy porter ladite torche à la matinée de la vigille dudit jour du Sacre au dedans de ceste ville d’Angers et la procession faicte raporter ladite torche cheulx ledit sierger ou quoy qui soyt au lieu ou elle sera faicte et la couare estant ostée de ladite chasse et botte ledit Beauvoys la fera aussy reporter audit lieu où il l’auroyt prins en l’églize du Ronceray en ceste ville,
et est tout ce faict pour la somme de 7 escuz sol sur laquelle somme lesdit jurez ont payé contant la somme de 40 sols dont il s’est tenu à contant et le surplus montant la somme de 6 escuz ung tiers lesdits jurez ont promis et promectent paier audit Beaunoys leidt jour du Sacre prochain et après avoir porté ladite chasse et botte dudit lieu du Ronceray

    le salaire de 7 écus pour quelques jours, soit 21 livres, est très élevé. La torche devait être bien lourde pour que les tanneurs déboursent une telle somme !

à ce tenir etc obligent etc lesdites partyes respectivement et mesmes ledt Bauvoys son corps à tenir prinson comme pour les deniers du roy etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers au tablier de nous notaire avant midy à ce présents Pierre Richoust et René Arondeau demeurant Angers tesmoings, ledit Beauvoys a dict ne scavoir signer.
Signé : Mahé, Lebec, Balisson, Richoust, Lepelletier

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saint Loup, évêque d’Angers, honoré le 17 octobre

Petit avertissement : lisez la page A PROPOS (à droite) dans laquelle je vais mettre les réponses à vos questions techniques au fur et à mesure.

Dans mon billet du 2 avril 2008, qui était un extrait du Cahier d’Etienne Toisonnier, on lisait :

Le 13 (mai 1685) il se fit une procession générale de St Maurice à St Aubin. On y porta le chef de Saint-Loup. Monsieur d’Angers y célébra la messe. C’était pour la disposition du temps et à cause de la grande sécheresse. Il plut abondamment le lendemain, grâce à Dieu.

Monsieur d’Angers désigne l’évêque d’Angers, car en 1685, du moins dans la bourgeoisie angevine, c’est ainsi qu’on s’exprimait.
J’avais alors ajouté : Si vous savez ce qu’était le chef de Saint Loup, merci de le raconter. Personne n’ayant répondu, j’ai tenté de comprendre et publié le 29 juillet un premier billet, que celui-ci reprend plus logiquement.
La réponse était compliquée (au premier abord) parce que plusieurs saints ont porté ce nom, d’ailleurs beaucoup de communes sont dédiées à Saint Loup. Le dictionnaire des Communes en dénombre par moins de 33, dont les plus proches sont en Mayenne avec Saint-Loup-du-Dorat, et Saint-Loup-du-Gast. Le Dictionnaire de l’Abbé Angot (Mayenne), si riche par ailleurs, ne donne aucune indication relative au saint honoré, il faut en conclure que c’est le plus grand et le plus connu des Saint Loup, que nous allons voir ci-dessous.

Le journal d’Etienne Toisonnier faisant allusion à une relique vénérée, portée en procession à Angers, j’aurais dû commencer par regarder l’ouvrage de Célestin Port, ce que j’avais totalement oublié de faire dans mon premier billet. Où avais-je la tête ? pourtant pas échauffée par la canicule ? Voici donc ce saint Angevin entre tous, traité dans le plus angevin des dictionnaires, celui de C. Port :

Saint Loup est inscrit sur les plus anciens catalogues des évêques d’Angers, dont un du 9e siècle (Bibliothèque Nationale, fonds latin 3837, f°193) entre Niulphus et Agilbert (7e siècle). C’est donc à tort et seulement pour établir quelque concordance avec le récit sans valeur historique du « Retour des cendes de St Martin » par l’apocryphe Odon, qu’Arthaud, Ste-Marthe, Roger, Rangeard, Travers, Lehoreau et de nos jours Godard-Faultrier et D. Chamard, l’on reporté à la fin du 9e siècle ou au 10e siècle et fait voyager avec le comte Ingelger en Bourgogne. – Le saint prélat est fêté le 17 octobre. Il avait été inhumé dans un cimetière qui porta depuis son nom, au nord et près du choeur de l’église St Martin d’Angers qui quelque temps lui fut dédiée. On retrouva son tombeau de pierre en 1012, d’où les reliques furent recueillies dans une châsse d’argent. Le chef, mis dans une chasse particulière, était porté aux processions solennelles, qui avaient pour but d’obtenir la cessation des pluies ou des sécheresses. (Dict. du Maine-et-Loire, C. Port)

Ainsi, C. Port nous apprend 3 éléments remarquables :

1-saint Loup faisait venir aussi bien la pluie que la sécheresse. Je suis en admiration devant une telle performance ! enfin devant une telle crédulité !
2-Beaucoup d’auteurs ont écrit des choses contestées ou contestables, même sur le saint Angevin de ce nom. C’est dire la complexité des biographies de cette époque, et de revoir de nos jours tous ces auteurs.
3-saint Loup était honoré le 17 octobre. Nous verrons en fin de ce billet que le 29 juillet honore un autre saint Loup, celui qui fut évêque de Troies, et qu’il ne faut pas confondre avec le saint évêque Angevin. Comme quoi, un saint peut en cacher un autre dans le calendrier des saints

La procession évoquée par Toisonnier eut lieu le 13 mai 1685 : cette date n’est pas celle de la fête du saint, mais celle d’un pélerinage pour implorer le saint de faire tomber la pluie, par suite d’une grande sècheresse.

Voici ce que cite en 1996 l’historien Mr Matz :

17 octobre S. Lupi ep. (ABCDEF) : 17e évêque d’Angers, saint Loup est absolument inconnu ; son épiscopat se place vers le milieu du 7e siècle. Enterré au plus près du chœur de la collégiale Saint-Martin d’Angers, son corps fut levé par son lointain successeur, Hubert de Vendôme. Saint Loup ne fait que l’objet d’une mémoire. (A et F seulement) (J.M. MATZ, Le Calendrier et le culte des saints : l’abbaye Saint-Aubin d’Angers 12-début 16e siècle, Revue Mabillon, 1996, n.s. t.7 p.127-155)

Dans cette précieuse étude les références ABCDEF renvoient à tous les calendriers de l’abbaye Saint Aubin d’Angers étudiés par l’auteur. On voit donc que Saint Loup, évêque d’Angers, était honoré le 17 octobre à Angers, au moins du 12e au 16e siècle.

Je trouve également sa trace dans :
Un livre liturgique « le Processionnal de Saint Aubin », livre sur papier (BMA, ms 81 (73), 341 p.) indique les processions et les stations accoutumées pour les fêtes de l’année. –
X. BARBIER DE MONTAULT, Un processionnal de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1885, p.132-141
« Lieux de pèlerinage au début du 17e siècle, les plus chers au cœur des Angevins. BRUNEAU DE TARTIFUME, Des Principaux voyages d’Angers et du pays d’Anjou »

Selon Toisonnier, on porta le chef de Saint-Loup. Or, selon le dictionnaire Littré :

Tête. exemple : Le chef de saint Jean-Baptiste.

En conclusion, il a existé un saint Loup évêque d’Angers, honoré autrefois le 17 octobre, localement, à ne pas confondre avec le saint Loup honoré le 29 juillet. Les processions, telles que celle racontée par Etienne Toisonnier sont oubliées depuis longtemps. Toisonnier nous a laissé un témoignage de l’époque : On peut être certain qu’il y eut une sécheresse importante en 1685, et que la pluie est apparue le 14 mai, et je n’irai pas jusqu’à dire que saint Loup y fut pour quelque chose

J’ai un puissant souvenir personnel sur un tel sujet. Il y a environ un trentaine d’années, j’étais partie en vacances à Pâques en Allemagne rejoindre mon amie Hildegarde. Je venais d’essuyer des semaines de pluie incessante sur Nantes. Le lendemain de mon arrivée étant un dimanche, nous allons à la messe dans cette splendide chapelle baroque de campagne. Soudain, pendant l’homélie, j’entends le prêtre du haut de la chaire, à haute et intelligible voix, exhorter tous les fidèles à prier pour obtenir enfin la pluie ! Ils venaient de vivre la sécheresse (l’ouest de la France avait dû tout garder !) et dans ce lieu agricole, l’inquiétude était grande. Bien entendu, je n’ai pas prié du tout, car mon enthousiasme était assez modéré. Donc ce n’est en aucun cas ma prière que Dieu a entendu. En tout cas, vous avez déjà deviné la suite : j’ai eu le droit à la pluie non-stop et abondante, durant les 15 jours ! Ceci dit je ne crois absoluement à l’intercession de qui que ce soit pour obtenier la pluie, je crois dans le meilleur des cas, que c’est moi qui devait trimballer la pluie avec moi…

Voici les commentaires du précédent billet :
Je crois me souvenir que Stanilas avait mentionné pour ce billet du 2 Avril = »chef » = tête , et que cette relique devait avoir été portée en procession pour produire la pluie.Comparable à la « rain dance » des Indiens d’Amérique…La pluie pendant 40 jours si il pleut à la St Médard…En GB, c’est pour la St Swithin…En fin d’été, dans le Derbyshire, comté qui souffre de sécheresse , il y a des cérémonies de « Bénédiction « des puits et des sources, qui sont tout décorés avec des pétales de fleurs reproduisant une sorte de « mosaique » , (mais placée verticalement comme un « vitrail »)llustrant une scène de la Bible.

Commentaire de Marie Laure, le 21 août : La mention de Célestin Port sur le chef de St Loup, porté en procession pour obbtenir la pluie, est une solution parfaite. Je vous remercie de l’avoir ajoutée à votre billet du 29.7.2008. Bien cordialement, Marie-Laure.

Enfin, pour l’anectote seulement, puisque notre Angevin est désormais bien identifié, voici un aperçu sur un autre saint Loup., sand toute le plus connu en France, honoré le 29 juillet, qui a donné probablement donné son nom a une partie des communes qui l’honorent :

LOUP (Saint), Lupus, évêque de Troyes, au cinquième siècle, honoré le 29 juillet.— Saint Loup, d’abord religieux au monastère de Lérins, fut élu malgré lui, évêque de Troyes, et conserva dans cette haute dignité l’esprit de pauvreté et de mortification qui l’avait distingué parmi ses frères. La renommée de ses talents et de ses vertus était déjà si grande que l’assemblée des évêques des Gaules le choisit pour aller, avec saint Germain d’Auxerre, combattre l’hérésie des Pélagiens, dans la Grande-Bretagne. Quand il eut heureusement accompli cette mission, il revint dans son diocèse et continua de se livrer avec le plus grand zèle aux fonctions pastorales. Ce fut à cette époque que le terrible Attila, roi des Huns, après avoir envahi la Gaule et ruiné plusieurs cités florissantes, marcha vers la ville de Troyes pour lui faire subir le même sort. Les habitants étaient consternés. Saint Loup ranima leur courage, et, leur disant de mettre leur confiance dans la protection divine, il prescrivit un jeûne général et des prières publiques. Ensuite, révétu de ses ornements pontificaux, accompagné de tout son clergé et précédé de la croix, il sortit de la ville et se rendit au camp d’Attila. Admis en la présence du conquérant, il osa lui adresser le premier la parole en lui demandant qui il était. « Je suis, dit Attila, le fléau de Dieu. — Nous respectons, reprit le saint évêque, tout ce qui nous vient de Dieu ; mais si vous êtes le fléau avec lequel Dieu veut nous châtier, souvenez-vous de ne faire que ce qui vous est permis par la main toute-puissante qui vous meut et vous gouverne. Le roi barbare, étonné de ces paroles, s’adoucit et promit d’épargner la ville de Troyes. Il se retira en effet avec son armée. Saint Loup mourut en 477 après avoir, glorieusement gouverné son église pendant cinquante deux ans. (Beleze, Dict. des noms de baptême, 1863)

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