beurre et lard pendant la seconde guerre mondiale, et les années qui suivirent 1945.

Les matières grasses animales, aujourd’hui critiquées pour leur rôle dans le cholestérol et les maladies cardiovasculaires, sont très contingentées.
100 g par personne par mois disent les tickets de rationnement.

Mais la pénurie de matières grasses saturées avait un effet positif sur notre santé.

Dans les années 1980, j’assistais dans le cadre de mon travail à un congrès de nutrition critiquant vivement les matières grasses saturées dont les matières grasses animales.
Un médecin, plutôt en fin de carrière, ayant pratiqué dans les années 1940, se lève pour faire remarquer :

  • « Pendant la guerre ces maladies avaient disparu ! »
  • Silence dans la salle.
    Tout le monde d’accord.
    Mais comment exprimer de nos jours de telles vérités, et dire tout haut que notre alimentation est trop riche et que la pénurie de matières grasses saturées dont le beurre et le lard, avait un côté positif sur notre santé. En effet, bien d’autres pénuries sur lesquelles je reviendrai, étaient négatives.

    Sur le plan gustatif, l’absence de beurre pendant la guerre et quelques années après, se faisait d’autant plus sentir, que le pain était mauvais et aurait été plus appétent beurré ! Je vous ferai un billet pain noir, alors patience pour vos commentaires sur le pain.

    La poêle était tout sauf antiadhérente, et elle devait se contenter d’un bout de lard planté sur une fourchette rapidement frottée. C’était le seul expédient lorsque le saindoux aussi était consommé. Le beurre, n’en parlons pas, il était réservé aux utilisations plus nobles, surtout pour les enfants.
    Une fourchette trônait toujours majestueusement sur la cuisinière entre 2 utilisations, fière de conserver son morceau de lard roussi et usé jusqu’à plus rien.

    Pas de plaquettes !
    D’ailleurs aucun emballage actuel, car l’invention des emballages est postérieure.
    Je n’ai jamais vu de motte de beurre à cette époque. Et j’étais si jeune que j’avais du mal à suivre les conversations des adultes, qui eux, avaient parfois conservé le sens de l’humour. Cela au moins c’était bon pour leur moral !
    Alors, les plaisanteries sur le fil à couper le beurre allaient bon train à Guérande, empochée d’août 1944 à fin mai 1945, et manquant de nourriture sauf trains spéciaux envoyés par la préfecture au secours des « empochés », qui étaient au 124 000 civils, auxquels il convient d’ajouter 32 000 Allemands. Voici ce qu’on peut lire dans L’espoir n°216, 28 mars 1945 (passage de ce journal clandestin extrait des Cahiers du pays de Guérande 2008 n°47 par Louis Yviquel & Coll.) :

    « Le train de secours sera distribué vendredi et samedi, sauf le beurre, personne n’étant ca-pable de peser les rations. Pour obvier à ce fâcheux contre temps (un peu de beurre pour Pâ-ques serait le bien venu et l’état de fraîcheur de la marchandise est fort douteux). On cherche personne (homme ou femme) susceptible d’assurer ce service. Condition expresse requise : se présenter avec le fil à couper le beurre »

    De sorte que j’entendais de curieuses histoires de fil à couper le beurre !
    Il est vrai que le beurre arrivait par tonnes en mottes de 20 kg et qu’il fallait toute une organisation pour le couper et peser pendant la poche.

  • Données sur la consommation de beurre
  • En 2011 la France est championne d’Europe avec 7,9 kg/an par habitant.
    C’est diététiquement trop.
    La Sécurité Sociale pourrait rationner le beurre pour faire des économies sur les maladies cardiovasculaires.

    Pendant la seconde guerre mondiale 1,2 kg/an
    C’était peu, compte-tenu du reste de la ration alimentaire, lui aussi peu riche.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

    4 réponses sur “beurre et lard pendant la seconde guerre mondiale, et les années qui suivirent 1945.

    1. J’ai un bon souvenir des tartines de pain « beurrées au saindoux », qui avaient un petit goût salé comme le beurre que nous mangions dans l’ouest avant la guerre;
      Dès 1940 les cartes d’alimentation sont apparues et suivant les catégories (enfants, jeunes, adultes, travailleurs, vieillards) et le déblocage des tickets, on avait droit en moyenne à 8 gr de matière grasse par jour.
      La graisse de lard piquée au bout de la fourchette était effectivement en usage dans toutes les maisons
      Quand nous allions au ravitaillement, le fermier nous donnait quelquefois du beurre moulé dans des moules en bois, ayant une sculpture en creux dans le fond du moule, ce qui donnait une fois démoulée une plaquette de beurre avec un décor, souvent une vache, ou des fleurs.Le morceau de beurre une fois démoulé était enveloppé dans une sorte de mouchoir.
      Le beurre était fabriqué dans une baratte, sorte de grand pot en grès ou en bois à l’interieur duquel une grande tige en bois muni de rondelles également en bois, agitée de haut en bas, permettait de transformer mécaniquement la crème de lait en beurre, crème de lait qui avait été récupérée par la fermière dans une écrémeuse.
      En 1940 comme nous ne pouvions plus aller au bord de la mer pour les vacances, nous allions souvent dans la ferme des parents de notre employée de maison, et j’ai eu bien des fois l’occasion de participer à la fabrication du beurre. J’ai encore à Nantes une baratte, malheureusement n’étant pas sur place je ne peux vous en envoyer une photo.

        Note d’Odile :

      Concernant le bord de mer, je suis surprise d’apprendre que vous ne pouviez plus y aller. Est-ce que Sainte Marie était réquisitionné ?
      Car de mon côté, je ne m’en souviens pas (javais 2 ans l’été 1940) j’ai des photos de moi les pieds dans l’eau à la Bernerie en famille.
      Pour la quantité de beurre, je pense effectivement que pour les enfants il y avait un peu plus.
      Merci
      Odile

    2. Notre villa étant en bordure de mer avait été réquisitionnée et occupée par les allemands.

        Note d’Odile :

      OK
      Merci
      Je comprends mieux.
      La villa de mes grands parents au Pouliguen avait été réquisitionnée, mais mes parents louaient à la Bernerie et pas en front de mer. De toutes manières, je pense que votre cote était plus haute, donc préférée des Allemands pour leur Mur Atlantique.

    3. -Aussi le souvenir de la livre de beurre, préssée dans le moule de bois au bord cannelé,avec décor vache ,emballée dans une feuille de choux, qui était du plus bel effet !.

        Note d’Odile :

      Merci pour a feuille de choux, car je me demandais bien dans quoi parfois on emballait, d’autant que j’ai souvenir du papier journal partout, des toilettes aux emballages au détail.
      Et vous allez rire de moi. J’ai fait hier mes courses et tenté en vain de trouver du saindoux au rayon du beurre et des matières grasses à frire. Je pensais en effet qu’il avait aussi servi à la friture.
      De retour chez moi, j’ai donc cherché sur Internet, et on dit qu’il faut le trouver au rayon charcuterie, donc la semaine prochaine, je ferai une nouvelle recherche.
      Mon but était de savoir quel goût cela a

    4. Pendant que nous étions réfugiés à la campagne après les bombardements de Nantes, j’ai participé à la fabrication par la fermière de tous les produits issus du cochon: paté, boudins, saucisses, saindoux, grillons etc.
      Le saindoux était fabriqué à partir de morceaux de lard gras fondu à feu doux puis passé pour oter les petits morceaux de viande surnageant au dessus du gras fondu.
      Ces petits morceaux de viande que l’on appelle suivant les régions grattons ou grillons, assaisonnés avec un peu de sel sont délicieux, mais il ne faut pas en abuser pour ceux qui craignent le cholestérol .
      On en trouve encore dans certaines charcuteries.

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