Réméré croisé après transaction entre Bellanger et Cadotz, Cantenay 1596

j’ai écrit « réméré croisé », car à travers le financement il s’avère que les biens vendus reviennent à tiers;
Et il s’agit d’une transaction, car entre temps l’acquéreur du contrat d’engagement est passé outre la condtion de grâce qui durait encore, et payé les ventes. Les ventes sont les impôts sur les contrats de vente autrefois payés au seigneur, mais rassurez vous toujours payés de nos jours, le seigneur étant l’état.
Pire, l’acquéreur a entamé une procédure contre les vendeurs prétextant que le prix était deux fois trop élevé. Il aurait sans doute dû s’en apercevoir plus tôt !
Enfin, l’un des témoins de cet acte excerce le métier de Me poudrier. Il fabrique de la poudre, mais probablement toutes sortes de poudre, avec un mortier sans doute en agathe. Je précise l’agathe car je crois me souvenir que c’est le mortier le plus résistant qui peut même faire de la poudre de verre, bien sûr en dépensant son huile de coude.

Cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 6 décembre 1596 (Jean Lecourt notaire Angers) sur les procès et différends meuz pendans et indécis entre Mathurin Bellanger et Mathurin Cadotz demandeurs d’une part, et Jacques Cadotz deffendeur d’autre part
de la part desquels demandeurs estoit dit qu’ils auroyent vendu audit deffendeur dès le 11 avril 1594 certains héritages appartenans à Jehanne et Michelle Cadotz mineures sis en la paroisse de Cantené pour la somme de 102 livres ung sols o grâce d’ung an comme apert par contrat passé par nous notaire le dit 11 avril 1594 et quelle grâce se poursuit encores dont ils voulloyent faire rescousse desdites choses estant advertis que ledit Jacques Cadotz deffendeur concluant que ladite grâce estoit expiré auroyt poyé les ventes dudit contrat qu’il voulloit … desdites choses et auroyt obtenu lettres … dudit contrat par lesquelles il prétendoit lesdites choses valloir deux fois de moings le prix dudit contrat et avoir esté laisé et deceuz de plus de moitié du juste prix et partant concluoit à ce que ledit contrat soit déclaré pignoratif et que ils seroient receuz à faire la rescousse desdites choses offrant de paier le sort principal avecq les despens loyaulx cousts frais et mises raisonnables ce que ledit Jacques Cadotz auroyt bien voullu accepter … au moyen que lesdites ventes luy soient payées et remboursées et pour ce faire … ont lesquelles parties de tout ce que dessus transigé et accordé ensemblement comme s’ensuit
pour ce est-il que en la cour du roy notre sire à Angers endroit par devant nous personnellement establis lesdits Mathurin Bellanger et Mathurin Cadotz d’une part et ledit Jacques Cadotz tous demeurant en la paroisse de Cantené deument soubzmis confessent avoir transigé et accordé de tout ce que dessus par transaction irrévocable comme s’ensuit c’est à savoir que ledit Jacques Cadotz a consenty et consent par ces présentes que lesdits Bellanger et Mathurin Cadotz fassent recousse et réméré desdites choses et partant ont iceulx Mathurin Bellanger et Mathurin Cadotz payé et remboursé manuellement content audit Jacques Cadotz ladite somme de 102 livres ung sol par une part 8 livres 10 sols pour les ventes dudit contrat 50 sols pour la grosse minutte et copie dudit contrat et frais paié aux assises de Chastillon pour raison desdites choses la somme de 119 sols 6 deniers le tout revenant à la somme de 119 livres ung sols 6 deniers
savoir par les mains de vénérable et discret Me Jehan Boullay prêtre chapellain de la chapelle ste Catherine desservie en l’église de la Trinité d’Angers la somme de 110 livres tz qu’il debvoit auxdits Bellanger et Mathurin Cadotz et à Michel Cadotz par contrat fait entre eux passé par nous notaire de certaine portion de maison qui appartenois audit Michel Cadotz sise au Tertre Saint Laurent de ceste ville d’Angers et le surplus 9 livres ung sol 6 deniers ledit Mathurin Bellanger l’a payé content audit Jacques Cadots le tout pour la rescousse et réméré desdites choses portées par ledit contrat du 11 avril 1594 lesquelles au moyen des présentes demeurent bien et deument rescoussées et rémérées au profit dudit Michel Cadotz et comme son propre au lieu desdites choses que ledit Boullay auroit achaptées qui luy appartenoient de l’accord dudit Michel Cadotz
au moyen de laquelle somme de 119 livres ung sol 6 deniers ledit Jacques Cadotz s’en est tenu à content et en a quité et quite lesdits Boullay, Bellanger et Mathurin et Michel les Cadotz ce stipulant et acceptant et par ces présentes ledit Jacques Cadotz a subrogé et subroge ledit Boullay en son lieu droits et actions pour la date priorité et l’autenticque dudit contrat dudit 11 avril 1594 et consent qu’il s’en fasse subroger par justice et au moyen des présentes demeure le procès pendant entre lesdites parties nul et assoupy et icelles parties hors de cour et de procès sans despens dommages et intérests d’une part et d’autre
ce qui a esté stipulé et accepté et à laquelle transaction recousse et tout ce que dessus est dit tenir les dites parties obligent respectivement etc renonçant etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers par devant nous en présence de Me Pierre Mabilleau Me pouldrier Gatien Besnard et Michel Tomasseau demeurant Angers et Pierre Malin demeurant au bourg saint Jacques lez Angers

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

3 réponses sur “Réméré croisé après transaction entre Bellanger et Cadotz, Cantenay 1596

  1. -Maître Mabilleau Me Pouldrier,fabriquait il les poudres pour l’apothicaire ?
    -La mode des perruques poudrées étant plus tardive…
    http://thehistoryofthehairsworld.com/cheveu_18e_siecle.html

      Réponse d’Odile :

    Je pense que le pharmacien avait un petit mortier d’agathe et se débrouillait tout seul pour les drogues, y compris pour les épices.
    Pour la poudre à cheveu, je pense avoir déjà lu et mis sur mon blog qu’elle était réservée à la noblesse et plus tardive, et donc il ne devait pas y en avoir beaucoup à Angers en 1596.
    J’avais pensé aux poudres comme la poudre à canon etc… qui étaient fabriqué sur place probablement, et la poudre à fusil etc…

    selon le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur http://www.atilf.fr/dmf

    POUDRE, subst. fém.
    A. – « Poussière ; cendre »
    1. « Poussière »
    2. « Cendre »
    B. – « Substance finement broyée et pilée »
    1. [Utilisée en cuisine]
    2. [Utilisée en parfumerie]
    3. [Utilisée comme médicament ou comme poison]
    4. [Autres usages]
    C. – « Mélange explosif dont on charge les armes à feu »

  2. selon le Dictionnaire de l’Académie française, 1st Edition (1694)

    Poudrier. s. m. Celuy qui fait de la poudre à canon. C‘est un mestier bien dangereux que celuy de Poudrier.

    On me confirme que dans les minutes de Nantes, on rencontre le métier de poudrier qui travaille au château, à la poudre à canon, qui était alors stockée dans l’une des tours, d’où la célèbre explosion.
    Il travaillait non pas au mortier mais comme les meuniers si je peux dire ainsi, avec un moulin.
    Il y a fort à parier que le poudrier de l’acte ci-dessus travaillait au château d’Angers et non dans la ville, compte-tenu de l’aspect dangereux, et militaire.
    Odile

  3. -Merci beaucoup.
    -Beaucoup plus sérieux,que mes futiles histoires de perruques poudrées,dont la poudre était sans doute fabriquée par le parfumeur ou le barbier,avec le mortier d’agathe !
    -Me revient le souvenir de la « poudre de riz »,au subtil parfum, utilisée par nos mères ou… grands-mères,destinée à éclaircir le teint,velouter la peau et dissimuler les imperfections.
    -Dans le sac des dames à cette époque,un poudrier,avec sa petite glace et la houpette qui allait avec…

      Réponse d’Odile :

    Bonjour Madame
    et si vous allez sur les livres en ligne sur Google, à DIDEROT et son encyclopédie, aux articles POUDRE d’une part, et SALPETRE d’autre part, on vous y explique en long et en large la fabrication de la poudre à canon d’alors.
    Bonne lecture
    Odile
    PS l’explosion au château de Nantes avait fait des victimes dont l’ancêtre d’un de mes proches parents, c’est pourquoi je le connais par le menu historiquement.

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