Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

Nous avons vu que le l’apprentissage d’un serrurier durait 4 ans, passons au chef-d’oeuvre.

  • Et d’abord, pourquoi un chef-d’oeuvre ?
  • Les maîtres serruriers étaient regroupés en corporations ayant des statuts, et pour y être admis il fallait réaliser un chef-d’oeuvre, fixé par les confrères.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 20 mai 1758 Dvt Nre royal à Château-Gontier, Pierre Gambier, compagnon serrurier à Château-Gontier, prie Michel Ribay, Estienne Perrel, Jean Ricou, René Bonnomet, et Pierre Houdbine, maîtres serruriers, Dt à St Rémy, St Jean et faubourg d’Azé, de bien vouloir le recevoir dans leur corps et communauté promettant pour cet effet de leur porter respect et confraternité en véritable confrère,
    lesquels acceptent à condition que ledit Gambier fasse un chef d’œuvre qui consistera en une serrure dont la clef sera forée et encavonnée, dont la ferrure représentera une fleur de lys, laquelle serrure sera de 7 pelles séparés et un demi tour au milieu. (j‘ai découvert en tappant ce texte la notion de décor dans ce métier, et j’ai aussitôt été voir les planches de l’Encyclopédie Diderot. C’est extraordinaire tout ce qu’un serrurier faisait : depuis les fenêtres lorsqu’elles avaient des vitres, les espagnolettes des fenêtres, les innombrables serrures d’armoires, coffres, portes, les barreaux aux fenêtes, comme la fenêtre que nous avons vu dans le billet sur le prix du lit, etc…et le tout avec ferrures décoratives, et je vous ai mis quelques exemples, puis j’ai pesé la seule clef en ma possession, sur mon armoire, et elle pèse 60 g, et je pense donc que la plupart des clefs de coffre et armoire étaient de cet ordre, les portes allant surement jusqu’à 100 g et au delà dans les châteaux)

    Le 30 décembre 1757 Joseph Jolly, compagnon serrurier, de présent à Château-Gontier chez Lucas Jolly son frère, marchand, demeurant rue de la Poislerie, demandait la même chose aux mêmes. Jolly s’oblige faire un chef d’œuvre qui consistera en 6 pelles séparées, clef forée formant un trèfle partant sa queue et encouronnée, le tout en parement.

    Mais au fait, je viens de réaliser que le serrurier possédait autrefois une forge, que son travail de serrurier fabriquant les serrures, etc…, était à la forge. Les planches de l’Encyclopédie Diderot m’ont éblouie sur le sujet, tant les oeuvres étaient élaborées (serrures multiples et complexes) et artistiques (on vient de voir la fleur de lys sur une serrure, un trèfle sur une autre).

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    2 réponses sur “Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

    1. Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
      Marie-Laure, le 5 mai : les serruriers étaient des artisans- artistes car souvent leurs clefs et serrures étaient des oeuvres d’art qui devaient fonctionner avec précision.C’étaient des orfèvres du fer etc…

      Marie, le 5 mai : J’ai vu dans un château ,un cabinet à tiroirs secrets ( meuble à secret) avec une serrure à mécanisme caché, qui ne jouait que dans des conditions connues de certaines personnes.

      Marie-Laure, le 5 mai : j’adore tout cela. Les ébénistes aussi pouvaient être très habiles lorsqu’ils créaient des meubles compliqués qui pouvaient se transformer et avoir plusieurs fonctions et secrets.Dans une émission sur les meubles antiques il y avait eu un coffre fort du Moyen Age énorme coffre de métal tout clouté et avec 2 serrures géantes , l’une d’entre elle n’était qu’une sorte de de piège.Etait ce Louis XVI qui aimait faire des serrures ?Ici un exemple de la grande variété des tailles de clefs = les petites clefs des « tea cady »le thé étant précieux au XVIII ème siècle les boites de beau bois le renfermant étaient fermées à clef par la maitresse de maison…

    2. Chefs- d’oeuvres gourmands !
      E 4418.( carton.)- 13 pièces, papier;1 pièce, parchemin.
      1593-1772- Pâtissiers- Rotisseurs de Saumur.
      Projet de statuts proposés par la communauté et copie des statuts approuvés par lettres patentes de juin 1593.
       » Nul ouvrier ne sera receu à tenir ouvrouer jusques à ce qu’il ayt fait chef- d’oeuvre, assavoir daryolles de crême, deulx pastez de chappons de haulte graisse, quatre pastez de veau d’ assiette, dressez à ung coup, de quatre doigtz de haulteur et quatre tertres de diverses sortes, quy luy seront désignées par les jurez, une fleur de lys de crême,un daulphin renversé farcy de crême, une ermyne en crême noyre et une tertre seiche, rolletz, estriers ,bastons, et gros mestier doublairie »-quittances de rentes hypothécaires dues par la communauté pour le rachat des trois offices d’inspecteurs, au Roi et aux sieurs Maupetit et Blondeau.
      (Point question de régimes à cette époque !)

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