Paléographie : lettre I et J

Le Robert 2009 dépoussière l’orthographe traditionnelle avec de nombreux mots écrits de manières différentes.
Exemple : on pourra choisir entre «charriot» et «chariot»
Si j’ai bien compris le raisonnement, il s’agit de constater que la langue française a évolué, et il n’y a pas de raison que cela s’arrête.

Je lis si souvent le 16e et le 17e siècle que je suis bien d’accord avec ce point de vue : cela a beaucoup évolué par le passé. Alors pourquoi s’arrêter là ?

Ainsi, aujourd’hui, je réponds à une demande qui va concerner l’histoire des lettres I et J autrefois.
Voici d’abord la demande de lecture du prénom, suivie de ma réponse, et enfin l’histoire des lettres I et J pour comprendre comment elles ont évolué.


Cliquez dessus pour agrandir. Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire.

Le vingtsixiesme septembre l’an mil six cens
trante deulx a esté baptisé sur les fons
de l’église de Pruillé Jves fils de Mathurin
Gillet et Jacquine Rosais demeurans au
bourg dudit Pruillé est parain Jve Justeau
et marainne Jehanne Bonnin lesquelz ont dict
ne scavoir signer baptisé par moy soubz
signé

Pour comprendre comment Jve pour notre Yves moderne, voyons l’histoire du J

  • Petite histoire de la lettre J
  • Selon le Dictionnaire Encyclopédique Larousse, 1983

    Les latins utilisaient une forme allongée du I pour marquer soit la quantité longue de la voyelle, soit la nature consonantique.

    Au Moyen-âge, dans la plupart des cas, le J a été confondu avec le I dans la graphie.

    A partir du 13e siècle, on tend à noter par un I allongé ou J la semi-voyelle, sans que cela devienne une règle.

    En 1542, le grammairien Meigret proposa d’utiliser systématiquement la lette J pour noter le son (j) mais son conseil ne fut adopté que très lentement par les imprimeurs.

    En 1718, le Dictionnaire de l’Académie mélange encore les nom qui commencent par I et ceux qui commencent par J.

    Lorsque je vous retranscris un texte, je rencontre souvent par exemple iamais etc.. etc…
    La retranscription officielle admet qu’on écrive alors jamais, compte tenu de tout ce qui précède et de la lisibilité du texte, par ailleurs bien assez compliqué comme cela.
    Donc vous ne voyez jamais le mélange, que je rectifie conformément à ce qui précède.

    Revenons à notre JVE : il est dont IVE qui est notre YVES moderne.

    Et si vous voulez vous distraire allez lire en ligne voir des ouvrages du 16e et du début du 17e siècles, ils sont imprimés avec le I au lieu du J
    Vous allez par exemple sur le site des Bibliothèques Virtuelles Humanistes, qui est un vrai régal, et Français ce qui est encore mieux. D’ailleurs, en revisitant ce site magnifique pour vous, j’ai vu qu’il avait mis en ligne des retranscriptions de notaires de Touraine.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    4 réponses sur “Paléographie : lettre I et J

    1. Merci pour cette note : je n’avais pas envisagé ce prénom que je n’ai pas rencontré dans ce registre paroissial …

      Note d’Odile : le prénom Yves est rare en Haut-Anjou, mais existant. Je l’ai rencontré dans la région du Lion-d’Angers, et comme tout prénom, il est contagieux : la transmission se fait par parrainage, aussi lorsqu’on a un Yves on peut filer les autres.

    2. Merci pour ce billet très éducatif.J’avais remarqué que Montjean était écrit = Montian dans les registres Archives 53 , parfois , et Jean = Ian.Ian est un prénom actuel en GB , comme Yan prénom Breton , ainsi que Yves d’ailleurs. En Cornwall ,il y a la ville de St Ives…

    3. Merci pour l’adresse du site des Bibliothèques Virtuelles;
      J’espère que beaucoup d’autres minutes de notaires seront ainsi répertoriées

    4. Une question, à propos du filage des personnes : je trouve à Pruillé un couple René BERTHELOT X Catherine JOUIN, vers 1628 et à Feneu, je découvre en 1650 un baptême d’André fils de René BERTHELOT et de Catherine JOUIN, pauvres passans. Que pensez-vous de cette expression ?

      Note d’Odile : je crois que les pauvres ont été nombreux dans chaque paroisse, à ne pas avoir assez pour se nourrir et qu’ils allaient probablement de métairie en métairie, dormant le plus souvent dans l’étable ou la grange. Je vais regarder ces jours-ci mes auteurs préférés et je reviendrai là dessus, mais pendant quelques jours je suis mobilisée sur la mise en ligne de mon ouvrage de 1990 sur le culte clandestin à Saint-Julien-de-Concelles, qui est volumineux. A+

    Répondre à Marie-Laure L. Annuler la réponse

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