Les prénoms non genrés à Provins en 1558 : beaucoup de Claude, Dominique, et même Anne, Philippe, et voici Christophe

Mon cerveau vieillissant a du mal à admettre les prénoms masculins (du moins pour ce qui est ma culture) donnés aux femmes et vice-versa. A Provins, depuis quelques mois j’ai relevé beaucoup d’Anne chez les hommes, et de Claude, Dominique chez les hommes comme chez les femmes, et même des Philippe aussi chez les femmes, ce qui était pour moi une nouveauté dans le cas de Philippe.

Comme vous l’avez vu hier sur mon blog, mon cerveau a totalement bloqué devant Christophe chez une femme. J’avais écrit « Christophe » lors de ma première frappe, et au moment de mettre en ligne j’ai eu honte d’écrire Christophe pour une femme, cela me semblait totalement impossible. Car dans mes innombrables relevés et retranscriptions anciennes j’ai trouvé certes Christophlette aliàs Christoflete mais je n’avais jamais rencontré le prénom masculin donné à une femme…

Suite au commentaire reçu sur ce sujet, j’admets que mon cerveau était bloqué, et que je dois revenir à ma retranscription de Christophe pour une femme. Je remercie la personne qui a débloqué mon cerveau en matière de prénom non genré.  Donc, quand je retranscris il faut que je ne pense surtout pas au genre… et que je me contente de taper ce qui est écrit sans y penser… J’ai tapé des miliers de Christophe abrégés avec le tilt sur le X depuis 30 ans que je retranscris mais je n’étais pas capable hier de l’écrire pour une femme…

Et voici à Provins à la même époque les Christophe hommes que j’ai déjà relevés, et tous avec la même écriture. Voyez pour cela mon relevé en ligne il y a quelques semaines. 

Le 3 décembre 1557 Missire Christofle Bondis prêtre Mathurin Bondis cordonnier, Marin Sachot à cause de Nicole sa femme soy faisant fort d’elle prometant faire ratiffier ces présentes et Jacques Gaultier et Jehan Jaumereau esdits noms et comme tuteurs d’Antoine et Louet Bondis enfants mineurs de feu Ayoul Bondis reconnaissent avoir baillé cédé et promis garantir … à Nicolas Otimot manouvrier à vignes demeurant à Provins ad ce présent preneur une maison et jardin en ceste ville rue de Chasteauffort tenant d’une part à une ruelle par laquelle on va à la rue de Voulsier d’autre à Pierre Corbeil … par devant à ladite rue de Chasteaufort .. pour 16 sols 8 deniers tournois de rente annuelle et perpétuelle paiable chacun an au jour et feste de St Jehan

Le 27 juin 1558 furent présents en leurs personnes Jehanne veufve de feu Guillaume Camuset en son nom pour la moictié et soy faisant fort de Jehan et Pierre Camusets ses enfants et de Guillaume Charron dit Deberges à cause de Suzanne sa femme fille de ladite Jehanne, Anthoine Hure la-boureur demeurant à St Ylier au nom et comme tuteur et curateur de Jacques et Jehanne et Christophe enfants mineurs dudit deffunt et de ladite Jehanne, recognaissent avoir baillé dé-laissé par manière de partaige à Guillaume Camuset laboureur demeurant à Rouilly ad ce présent et acceptant pour sa part et portion des biens immeubles à luy advenus et escheuz par le décès et trespas de Guillaume Camuset …

Le 27 octobre 1558 Galet Demonteurain sieur (> scieur avec un scie dans les mains et pas une terre) de long et Jehanne sa femme demeurant à Chenoise recognaissent avoir prins et retenu à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de Chris-tophle ? Guillerte Colin Bouyn à cause de sa femme Denis Boucher aussi à cause de sa femme Gilles Lesve soy faisant et portant fort en cette parie de Jehan Pierre et Colas Guillaumes ses enfants auxquels il promet faire ratiffier … c’est à savoir une maison et jardin comme il se com-porte à Chenoise …

1582.03.03 BLANOT Pierre « fils de Laurens Blanot et Georgette Millert parrain Pierre Lafosse et Christophle Cousin -p361 »

1581.06.01 CHAMPYON Christophle « fils de Loys Champyon et Claude Chapetet parrain Christophle Laure (s) et Philippe Herault (s) marraine Genevieve femme de Constantin Farouel -p341 »

L’accent à Provins au 16ème siècle : le B et le V se confondaient

Notre IA actuelle, celle de Google, ne connaît que l’accent espagnol, rien sur le vieux français. Mais nous avons eu autrefois, sans doute plus ou moins selon les régions de France, une tendance à confondre le B et le V dans la prononciation et l’écriture qui s’ensuivait. Ainsi je vous livre Provins (77) province de la Brie en 1558 selon un acte notarié, donc c’est écrit par un notaire, sachant cependant qu’il écrivait ce qu’il entendait. Ainsi la paléographie devient assez troublée par l’écriture fréquente du V en B. Pour les noms propres qu’ils soient patronymes ou lieux, cela est parfois très délicat…

Le 2 décembre 1558 Thomas Briget vigneron demeurant à Bouy paroisse de Chalaup la Petite recognait avoir vendu et promis garantir à Pierre Ganguart vigneron demeurant audit lieu, ad ce présent acheteur, demy quartier de vigne prins en une pièce de trois quartiers ou finage dudit Bouy au lieu dit la Brosse (AD77-216E1258)

 

Provins s’écrivait autrefois avec l’abréviation de PRO en paléographie et beaucoup ont lu à tort Paris

A Provins, les prêtres, très nombreux à écrire sur les registres avaient une tendance très prononcée à oublier de former les lettres en particulier IN devenait le plus souvent un trait horizontal tant ces lettres étaient aplaties. Quand on sait qu’autrefois PRO était une abréviation, je vous mets ci-dessous un exemple car j’ai constaté, hélas, que beaucoup de généalogistes avaient souvent écrit PARIS au lieu de PROVINS

En rouge PROCUREUR …. PROVINS … PROCUREUR …. PROVINS

En attendant l’IA qui fera tout à ce qu’on raconte, je bosse et je doute que l’IA puisse faire mieux un jour quand je bute sur l’illisible.

introduction

Une pub récente à la télé voulait nous faire croire que l’IA sait tout déchiffrer. J’en doute chaque jour en déchiffrant le registre de Provins Saint Ayoul, où l’encre était sans doute peu chère, ou bien les plumes mal taillées, ou bien le papier fabriqué façon buvard, sans oublier les prêtres manifestement pressés de bacler la rédaction des actes de baptême…

bon courage à l’IA

de nombreux actes comme celui qui est dessus, comme si le papier en haut était plus buvard qu’au milieu de la page.  Je peux seulement retranscrire qu’il s’agit sans doute de Jean fils de Claude Blanot et je mets cela en doute, et pour le nom de la mère, du parrain et de la marraine, je renonce.

QUAND L’IA S’Y METTRA, JE LUI SOUHAITE BON COURAGE !

Mais c’est sans doute pour une date bien connue, la saint Glinglin. Alors en attendant j’ai encore du courage pour bosser… tant je doute que l’IA puisse un jour y parvenir.

 

Antoine Lailler à Padoue en 1585 en pélerinage à son saint, sans doute avait-il perdu quelque chose ?

Je remets l’acte d’hier, avec le réméré au pied de l’acte et j’avais fait une erreur de lecture du patronyme ERNAULT sieur de la Daumerye, celui qui fera le réméré en 1589.

C’est la saint Antoine. Et je découvre un acte de 1585 relatant qu’Antoine Lailler est à Padoue ! Il y a 1380 km pur y aller, et le voyage devait durer plusieurs mois. En fait il fait le tour de l’Europe. Les administrateurs qu’il a nommé pour gérer ses biens mettent en gage l’une de ses terres à Combrée, et l’acquéreur n’est autre que René Louet conseiller du roi lieutenant particulier en l’élection d’Anjou. Le réméré est fait par Jacques Ernault en 1589 l’un des 3 vendeurs au nom d’Antoine Lailler absent. Il a racheté les droits entre temps car il était toujours possible d’acheter un droit de réméré. René Pelault, l’un des covendeurs, est mon ancêtre et proche parent d’Antoine Lailler mais pour Ernault et Constantin jen’ai pas trouvé de liens avec Antoine Lailler.

« Ancienne[1] terre seigneuriale avec manoir noble encore debout il y a quelques années. M. de Falloux, propriétaire actuel, en a employé les pierres à rebâtir la ferme de l’Epinay et celle de la Grande-Métairie, et la charpente de son château de la Maboulière. La chapelle, encore debout, sert de grange. – La terre relevait de Champiré-Baraton, partie, avec son moulin de la Haie-Joulin et appartenait en 1450, 1461, à Jean Pelault, écuyer, seigneur aussi d’Érigné, René Pelault 1498, 1513, Guyonne de La Barre 1544, veuve d’Adrien Pelault, Antoine Lailler 1578, qui part en mars 1585 et ne revient qu’en 1589 « d’Italie, Pologne, Allemagne, Turquie et autres nations estranges » pour mourir en octobre 1590 (E4264). – Sa veuve, Catherine de Mondamer, qui vend la terre en 1597 à Yves Toublanc, écuyer, avocat général au Parlement de Bretagne ; – Gabriel Morel, écuyer, 1655, 1658 ; – sa veuve, Marie de Loberan, 1666 ; – François Morel, chevalier, 1687, 1691 ; – sa veuve, Marguerite de Farcy, 1693, 1696 »

[1] C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876

Et pour le fun, je n’ai jamais cru en Saint Antoine quand je perds quelque chose, et Antoine Lailler était sans doute tout simplement en pélerinage à son prénom, tout comme moi j’ai bien été au mont Saint Odile ! 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, E4260 :

Le 22 septembre 1585 en la cour du roy notre sire Angers endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de ladite cour personnellement estably noble homme René Pelault sieur du Boys Bernier et y demerant paroisse de Nouellet honnorable homme Me Jacques Ernault sieur de la Daumerye conseiller du roy au siège présidial d’Angers et Robert Constantin sieur de la Fraudière advocat audit siège, demeurant audit Angers, tant en leurs noms que pour et au nom et comme procureurs et eulx faisant forts de noble homme Anthoyne Lailler sieur de la Roche de Noyant estant de présent en la ville de Padoue et en vertu de procuration par ledit Lailler par devant nous passée le sabmedy 9 mars dernier et de damoiselle Catherine de Mondamer femme et espouze dudit Lailler et sa procuratrice demeurante audit lieu de la Roche paroisse de Noyant, auxquels lesdits Lailler et Mondamer son espouze, lesdits establys ont promys et promettent faire ratiffier et aprouver ces présentes et en bailler et fournir lettres de ratiffication et obligation en forme deue dedans 6 mois prochainement venant à peine de tous intérests ces présentes néantmoins etc soubzmettant lesdits establys esdits noms et quallités eulx et chacun d’eulx et chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division de personne ne de biens etc confessent avoir aujourd’huy vendu quité ceddé délaissé et transporté (f°2) et par ces présentes vendent quitent cèddent délaissent et transportent perpétuellement par héritage et promettent garantir de tous troubles et empeschements à noble homme René Louet conseiller du roy lieutenant particulier de monsieur le sénéchal d’Anjou, à ce présent stipullant et acceptant et lequel a avecques l’advis de noble homme Jehan de Charnyères sieur de la Bouchefollière conseiller du roy en sa cour de parlement de Bretagne achapté et achapte par ces présentes tant pour luy que pour damoiselle Lucresse Thevin son espouze leurs hoirs etc la terre fief et seigneurie de l’Espinay de Combrée sise et située en la paroisse de Combrée composée de maison seigneuriale fief et seigneurie hommes hommages subjects et vassaulx droits de dixmes féodales cens rentes et debvoirs, de deux mestairyes l’une appellée la mestairye de l’Espinay composée de maison jardins de 62 journaulx de terre labourable prés vignes bois et des autres compositions et l’autre mestairye appellée la Davyaye aussi composée de maisons rues yssues jardins vergers et de 81 (f°3) journaulx de terre ou environ prés chasteniers et autes compositions comme ledit lieu de l’Espinay terre fief et seigneurie et mestairyes qui en dépendent se poursuivent et comportent avecques toutes et chacunes leurs appartenances et dépendances sans aucune chose en excepter retenir ne réserver, ledit lieu terre fief et seigneurie de l’Espinay tenu de la terre fief et seigneurie de Champiré Baraton à foy et hommage et au service cens et debvoirs anciens et acoustumés que les parties advertyes de l’ordonnance royale ont vériffié ne pouvoir déclarer, franc et quite du passé ; transportant etc et ests faite la présente vendition pour le pris et somme de 700 escuz sol évalués à la somme de 2 100 livres baillée et fournye par ledit sieur de la Bouchefollière des deniers dudit sieur lieutenant et de sa femme le jour d’hyer recus de noble homme Georges Morin et desquels ledit sieur de la Bouchefollière s’estoit chargé pour ledit sieur lieutenant et sadite espouze, quelle (f°4) somme de 700 escuz soleil lesdits vendeurs esdits noms ont eue prinse et receue dudit de Charnyères pour et au nom dudit sieur lieutenant et son épouze en 2 800 quarts d’escu en présence et au veu de nous le tout au poids et pris de l’ordonnance royale, dont ils se sont tenuz à contant et en ont quicté et quitent lesdits sieur de la Bouchefollière et ledit sieur lieutenant et sa femme, en laquelle vendition faisant ont lesdits vendeurs esdits noms retenu et réservé retiennent et réservent par ces présentes grâce et faculté laquelle leur a esté concéddée et octroyée par ledit achacteur de pourvoir par lesdits vendeurs esdits noms rescousser et rémérer lesdites choses vendues et transportées comme dit est du jour d’huy jusques à 2 ans prochainement venant en payant et reffondant par lesdits vendeurs esdits noms ou l’un d’eulx leurs hoirs etc audit sieur lieutenant et à sa femme leurs hoirs etc avecques l’advis et en présence dudit sieur de la Bouchefollière pareille somme de 700 escuz soleil par ung seul et entier payement avecques tous autres loyaulx (f°5) coustements ; et laquelle vendition garantir etc et aux dommages lesdits vendeurs …

– Le mercredi 10 juillet 1591 en la cour du roi notre sire à Angers endroit par devant nous Mathurin Grudé notaire de ladite cour personnellement establiz noble homme René Louet sieur de la Souche conseiller du roy lieutenant particulier en l’élection d’Anjou et siège présidial d’Angers et demoiselle Lucresse Thevin son espouze dudit sieur Louet autorisée par devant nous quant à l’effet et contenu des présentes soubzmetant lesdits establis eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division confessent avoir aujourd’huy eu et receu de noble homme Me Jacques Ernault conseiller du roy et juge magistrat ausit siège, sieur de la Daumerye  l’un des eschevins de la ville et mairie d’Angers demeurant audit Angers à ce présent stipulant et acceptant la somme de 700 escuz soleil revenant à la somme de 2 100 livres pour la recousse et réméré de la terre fief et seigneurie de l’Espinay située en la paroisse de Combrée vendue audit sieur Louet et sadite femme par ledit Ernault noble homme René Pelault sieur du Boysbernyer et noble homme Robert Constantin sieur de la Fauldrière par contrat du 22 septembre 1585 dont la minute est demeurée, pour pareille somme de 700 escuz o condition de grâce qui encore dure, quelle somme de 700 escuz lesdits Louet et sadite femme ont eue prise et receue dudit Ernault et de ses deniers ainsi qu’il a dit et déclaré …

Laurent Hiret, curé des Rosiers (49), emprunte 400 L par obligation, 1635

Pourquoi un curé emprunte-t-il une telle somme ? Est-ce que l’église des Rosiers a besoin de travaux ? Ce Laurent Hiret est de la famille de l’historien et il a eu besoin de cautions, qui sont tous issus de la région de Pouancé, et qui sont solidaires en tant que proches voisins plus qu’en tant que proches parents, car autrefois la solidarité était souvent entre amis et voisins autant qu’entre parents. Et j’en profite pour vous inviter encore à une page de paléographie, cela vous sera sans doute utile un jour quand je ne serai plus là !

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, AD49-5E6-112 – Voici sa retranscription

« Le 17 février 1635[1] par devant nous Louis Coueffe notaire royal Angers furent présents establis et duement soubmis vénérable et discret Me Laurent Hiret prêtre curé des Roziers y demeurant, honnorable homme Laurent Hiret son père marchand ciergier demeurant en cette ville paroisse de la Trinité, et noble et discret Me Pierre Garande prêtre docteur en théologie grand archidiacre et chanoine en l’église d’Angers demeurant en la cité dudit lieu, lesquels chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personne ne de biens leurs boirs renonçant au bénéfice de division discussion et ordre etc, ont reconnu et confessent qu’à la prière et requeste et pour faire plaisir seulement Me Michel Gault sieur de la Basse-Cour et Olivier Hiret sieur du Drul avocats au siège présidial de cette ville aussi pareillement se sont ce jourd’huy en la compagnie desdits les Hiret père et fils constitués vendeurs solidaires sur tous leurs biens présents et futurs vers Me Pierre Lechat conseiller du roy lieutenant général criminel d’Anjou de la somme de 22 L 4 s 6 d de rente hupothéquaire annuelle et perpétuelle payable fin de chacune année moyennant la somme de 400 L de principal payée contant comme il en appert plus à plein par le contrat de ce fait et passé par nous (f°2) à l’instant, duquel lesdits établis ont pris reçu et emporté ladite somme de 400 livres sans qu’il en soit rien demeuré ni tourné aucune chose au profis desdits Gault et Olivier Hiret, au moyen de quoi lesdits établis s’obligent solidairement payer chacun an ladite rente, faire le rachat et amortissement, en acquiter lesdits Gault et Olivier Hiret les tirer et mettre hors dudit contrat …

[1] AD49-5E6/112