Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)
MORVILLE – MASQUES – LUTTE ANTI-AÉRIENNE
1er juin 1917 mardi Visite du capitaine, masques pour les gaz, nous faisons entretenir les jardins et tailler les arbres, c’est le printemps avec ses fleurs, l’aspect a beaucoup changé
[photos ci-contre à gauche : « septembre 1917 St Jacques, appareil Tissot » – à droite « Morville, l’aumonier lançant une grenade »]
2.5 mercredi Nous avons la visite de Mr Faineux qui paye la solde aux officiers et sous-officiers, dont le pauvre Goron
3.2 jeudi La patrouille qui se fait chaque nuit est un amusement, comme il n’y a rien eu, on va la nuit à Fichon comme de jour, malgré les recommandations.
La patrouille sortie à 1 h commandée par le caporal Canié, sergent Goron, marche en tête et reçoit en arrivant à Fichon des grenades boches, repli de la patrouille abandonnant Goron, la patrouille de la 1ère passe et retrouve le casque et la carabine.
On prend les positions d’alerte puis sans moncommandement on retourne à Fichon où on retrouve Goron qui avait été dévalisé par les Boches. On transporte le sergent et on l’envoi à Belleville où il meurt dans la journée. Rapport, relève dans la soirée.
[je comprends pourquoi le jour précédent il était écrit « le pauvre Goron », car je me demandais bien pourquoi ce qualificatif. J’y vois la marque que mon grand-père a recopié après la guerre ses notes quotidiennes et ainsi ajouté un petit commentaire]
4.5 vendredi Remise de décorations, le colonel pas content de l’affaire de la patrouille casse le caporal
5.5 samedi Enterrement de Goron à Belleville
[photos « juin 1917, Morville, la place de l’église – « juin 1917, église de Morville » en agrandissant on distingue Leglaive, le photographe qui se fait photographier]
6.5 dimanche Forêt de Facq, messe à la popote
7.5 lundi Messe en Forêt pour Goron, culots d’obus près de la chapelle, départ en permission avec Vetter en camion après Belleville. Dinons à Nancy
8.5 mardi Paris, déjeuner chez Mme Leglaive
9.5 mercredi Arrivée à Nantes 2 h 37
13.5 dimanche Excursion à Préfailles en auto
17.5 jeudi Ascension, Première communion d’Odette, départ de Nantes à 23 h 15
18.5 vendredi Diné près la gare de l’Est avec Chaussé, le frère de Mr Leglaive, Vetter nous rejoint avec son frère
19.5 samedi Retour par Nancy, voiture à Pompey, départ pour les tranchées dans la soirée, Morville
20.5 dimanche Morville, je commande la compagnie. Glorion organise l’ilôt du village, c’est le beau temps, Lecomte
[photo ci-contre : mai 1917, le lieutenant Glorion » dont il est souvent question dans le journal d’Edouard Guillouard. Il ne semble pas avoir barbe et/ou moustache contrairement à la plupart. Il fume un cigare, et c’est la seule photo de tout ce lot qui montre un fumeur, car je suppose qu’il n’était pas facile de s’en procurer.]
21.5 lundi Arrivée de nouveaux sergents Peuch, Vitou, Varo, Hemery
22.5 mardi Retour au cantonnement 24 h de retard Mr Leglaive ne reprend que le 23 le commandement de la compagnie
25.5 vendredi La Patrouille commandé par Charron rencontre les Boches, les repoussent, bombardement du village dont nous organisons la défense, lancement de fusées, mitrailleuses
[la photo ci-contre est un paysage, et Leglaive en a pris plusieurs. Il manifeste ainsi son goût pour la photo, « Mai 1917 Eply vu des tranchées de Morville »]
26.5 samedi Nous sommes félicité par les camarades, le soir Glorion et Vetter vont en patrouille mais aucun résultat
27.5 dimanche Un canon de 37 prépare un emplacement
28.5 lundi Fichon reçoit un sérieux bombardement
29.5 mardi Le canon de 37 vient faire des tirs
30.5 mercredi La période se termine bien, sans incidents
31.5 jeudi Le colonel me promet la croix de guerre
1er juin 1917 vendredi Messe dans la petite chambre du 1er
2.6 samedi Visite du commandant Lochereau, Sacré part en permission, Glorion le remplace à l’ilôt nord
4.6 lundi Relève par le 6e, Mr Eon vient voir et est peu rassuré, le premier peloton va à Mousson, côte très dure, mais le jour tranquille
6.6. mercredi Merveilleuse vue sur les environs et Metz par le beau temps, les hommes travaillent avec le génie aux sapes dans l’église par équipe de 8 h
9.6 samedi Promenade à Pont-à-Mousson, la patisserie, la ville en ruine
10.6 dimanche Messe à Atton, képi rouge, les journées se passent tranquilles mais beaucoup orages
12.6 mardi Remise de décorations par le commandant : Charron, Peuch, Lanhuton, Rambaud, Thibaudeau, Boilard, le commandant et Glorion déjeunent avec nous
13-15.6 Mousson, excercice de tir à la forêt de Facq F.M. et grenades, tout les jours pour les hommes disponibles, Laison des Frains
16.6 samedi Le 2e peleton est à SteGeneviève avec Glorion
17.6 dimanche Messe à Atton avec Mr Leglaive, Fête-dieu
18.6 lundi Déjeuné à SteGeneviève, Sacré de retour part pour la section agricole de Morey le 16
20.6 mercredi Tir d’artillerie de 145, aviation de réglage
21.6 jeudi Nous partons dans la nuit remplacer le 6e, Locord s’excuse et renie ses racontards près le colonel
22-30.6 Morville, repise des emplacements et de l’organisation de la patrouille à Fichon, les boches continuent à envoyer tous les jours une cinquantaine d’obus sur la ferme isolée, du 77, 88, 105 et même 150, mais par ailleurs rien. Les jours et les nuits se passent sans incidents, c’est la belle saison, les jardins de Morville nous donnent des fraises, des castilles, des groseilles, des framboises à notre popote où Glorion sert de tête de turc, Bigeard nous a laché, il n’y a que Carré, mais le bridge continue.
[photo « juin 1917 maison brulee »]
1er juillet 1917 dimanche Mr Leglaive fait des photos
2.7 lundi Nous avons la visite de l’aumonier divisionnaire
3.7.1917 mardi Mr Leglaive apprend par le général Alnaux qu’il est proposé pour la citation au corps d’armée
5.7 jeudi Construction d’un emplacement de F.M. dans le jardin du curé
7.7 samedi Affaire Fouché où de la 8e section Glorion Bloff Bœuf et deux autres Vivien et Gouraud sont cités
9.7 lundi On parle d’une relève prochaine
[photo ci-contre « juillet 1917 Mousson, l’église »]
10.7 mardi Le 20e corps remplace le 33e, le 146e arrive à notre gauche, remplace le 515 de la 88e DI
12.7 jeudi Morville, les officiers du 155e viennent visiter le secteur, départ du capitaine Massé, le capitaine Tardieux intrigue, tous les soirs grande activité d’aviation direction Nancy, Pompey, Fouard
13.7 vendredi Nous quittons sans regret Morville malgré la tranquilité, la relève arrive à 23 h 30, dans cette soirée les avions font rage avec leurs fusées
14.7 samedi Partis à 0 h 30, nous traversons la Forêt de Facq, avions nous survolent, en passant à Loisy un bombardement à Limey, nous arrivons à Marbache (18 km au S. de Morville) vers 6 h, mauvais cantonnement, petit déjeuné sur les cantines, après-midi malgré la fatigue remise de décoration au capitaine Leglaive
15.7 dimanche Messe à Marbache petit pays très agréable sur le bord de la Moselle, les permisions sont parties à 60 %, départ en masse mais on attend au 17 pour le train
[photo ci-contre « Juillet 1917, Sielon agent fourrier »]
19-24.7 Mr Leglaive part ainsi que Glorion, je reste seul à la Cie avec quelques sous-officiers et une trentaine d’hommes dont une partie employée aux travaux agricoles, nous allons chaque jour faire un peu d’exercice
[ci-contre : « Juillet 1917 Marbache »]
25.7 mercredi C’est un peu monotone, je fais popote avec le commandant et le jeune Carré, quelques parties de bridge avec le 2e
27.7 vendredi Retour de Mr Leglaive et Glorion
28.7 samedi Pêche dans la Moselle
29.7 dimanche Promenade à Morey voir Sacré, bonne réception
[ci-contre « juin 1917 Mousson »]
30.7 lundi Départ en permission
31.7 mardi Paris, promenade, visite à Chaussé
1er août 1917 mercredi Arrivé à Nantes, départ Bernerie
2-4.8 Bernerie
5.8 dimanche Préfailles
6.8 lundi Retour à Nantes
[ci-contre « juillet 1917 Morville route de Portseille »]
10.8 vendredi Départ de Nantes
11.8 samedi Retour à Monjoie par Toul, capitaine commandant bataillon
12.8 dimanche Messe à Manonville
13.8 lundi Camp de Monjoie, le génie capitaine
14.8 mardi Thiery lieutenant, 20/3 méthode Hébert
15.8 mercredi Travaux de sape et terrassement
16.8 jeudi Les effectifs des travailleurs
17-25.8 Installation du cantonnement, nous revoyons nos anciennes tranchées de 1916 Lironville, StJacques, StJean, les travaux marchent bien, la 1ère est installée au cam avec territoriaux, le dimanche le génie fait des match de foot, nous entretenons les meilleurs rapports avec le capitaine Thiery qui nous fait faire une salle à manger
26.8 dimanche La distraction est de venir à la messe à Manonville, Glorion m’emmêne chez Lili, les tirailleurs occupent la contrée
ci-contre : St Jean (légende d’Edouard)
1er septembre 1917 samedi Arrivée du 2e bataillon à StJacques pour prendre les tranchées, je vois Poupaud, le capitaine Tardieux, coup de main sur Limey-Remenauville
4.9 mardi Nous continuons nos travaux et le génie nous promet qu’il n’y a rien de changé pour nous
5.9 mecredi Le commandant Lochereau part se faire soigner les dents à Toul, Mr Leglaive prend le commandement du bataillon, j’apprends dans la soirée que je suis désigné pour suivre les cours de commandant de Cie à Essey
6.9 jeudi Départ pour Essey-lès-Nancy (35 km S.O. de Manonville, proche Nancy) par Dieulouard, Marbache, le cheval fatigué, nous déjeunons à Pompey, grande appréhension des cours, arrivée à Nancy, promenade à Essey où je trouve le capitaine Desnoyers du 69e
7.9 vendredi Installation à Essey, chambre route des Saulxures, popote 101 grand-rue où je rencontre Thoumason du 95e R.I.T., déjeuné, conférence à 5 h sur l’organisation, promenade, appéritif à Nancy
8.9 samedi Equitation, pavois, organisation
9.9 dimanche Promenade Nancy, rencontre Péault, le capitaine de La Motte
10.9 lundi Cours équitation, le mardi conférences
12.9 mercredi Visite à Art-sur-Meurthe (7 km S. d’Essey), avions de reconnaissance et photos, projections
13.9 jeudi Equitation au Parc, sur le pont de Nancy
14.9 vendredi Cours, conférences
15.9.1917 samedi Déplacement à Velaine, Fraimbois (10 km S.E. de Lunéville), canon de 37, obus de 75, en auto par Luneville, retour à 1 h
16.9 dimanche Promenade, travail en chambre, toujours grande appréhension, mais beaucoup plus rassuré
[photo ci-contre « septembre 1917, Drillaud en Julie » Je suppose que c’est Vetter mais je n’en suis pas certaine car je ne sais pas s’il a aussi suivi ce cours]
17.9 lundi Equitation, cours, conférences
18.9 mardi Visite au champ d’aviation de Maxeville, plus de 180 appareils, peu d’amabilité des aviateurs
20.9 jeudi Visite à Saiserais section de topographie, croquis, cartes, aviation, chasseurs et observateurs
21.9 vendredi Cours, équitation, conférences
[photo ci-contre « septembre 1917 St Jean, service de la voie de 60 »]
22.9 samedi Cours, travail en chambre
23.9 dimanche Travail, messe à St Léon, promenade à Nancy
24.9 lundi Equitation plateau de Maxeville, pavois, descente
25.9 mardi Cours camouflage
26.9 mercredi Plateau de Maxeville
27.9 jeudi Cours, conférence, croquis panoramique
[ci-contre : Nancy, panorama pris de Saint Epvre. Carte postale envoyée le 2.9.1917 par Edouard]
28.9 vendredi Equitation, croquis
29.9 samedi Equitation, capitaine Lediberdière
30.9 dimanche Travail, messe, promenade à Nancy
[ci-contre : « avion Allemand Aviatik DRV 2 mitrailleuses, abattu par nos canons près de Hoéville le 26 septembre 1917 » C’est une carte postale envoyée par mon grand-père à ses enfants et il a écrit : « un boche qui envoyait des bombes, nous l’avons fait dégringoler. Papa l’a vu tomber »
« juillet 1917 : lieutenant Léonardi, capitaine Leglaive, commandant Mazé, lieutenant Faincue, colonel Monier-Vinard, lieutenant Besson »
Mais l’appareil photo de Leglaive a capturé bien autre chose que des officiers.
La photo ci-contre est prise en « juillet 1917, la chatte de la cure ».
Donc que ce soit Leglaive ou ses camarades, il est évident qu’ils parvenaient à acheter des pellicules photo et n’en manquaient pas.
Il est vrai que la femme de Guillouard avait vécue son enfant voisine du photographe Pervez à Nantes, et gageons que Leglaive connaissait aussi un photographe à Paris.
J 1002 (soit 2 ans 8 mois 28 jours) arrivée des masques à gaz
J 1126 : Edouard n’a encore jamais parlé de peur, malgré tout ce qui tombe autour de lui, mais manifeste soudain une « grande appréhension »,. Il est envoyé suivre les cours de commandant, se doute bien qu’il aura du mal à suivre, faute d’études suffisantes ,et craint de décevoir les supérieurs, qui l’ont nommé. Belle grandeur d’âme de ces hommes, que la peur de ne pas être à la hauteur de la mission qui leur est confiée !
L’offensive du Chemin des Dames échoue, causant de lourdes pertes… des mutineries s’ensuivent.
Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard
Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : début mai 1917 – mi mai 1917 – fin mai 1917 – 15 mars 1916 – début juin 1917 – fin juin 1917 – juillet 1917 – août 1917 – début septembre 1917 – mi septembre 1917 – fin septembre 1917