Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

1689 : Janvier, février, mars, avril, mai, juin

Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 15 janvier (1689) mourut monsieur du Roncerai Bernard président en l’élection et grenier à sel de cette ville. Il était fort honnête homme, aimé et regretté de tout le monde. Il avait épousé en premières noces défunte Melle de la Pinardière Bouteiller, duquel mariage il n’y a qu’un garçon, et en secondes noces mademoisellle Lebouvier auparavant veuve de défunt Mr ….
  • Le 20 (janvier 1689) mourut le Sr Faucheux beaupère du Sr Yvard notaire royal en cette ville.
  • Le 22 (janvier 1689) mourut la femme du Sr Carré cy-devant praticien au palais et à présent greffier en chef à la prévôté ; elle a laissé cinq petits enfants ; elle était sœur du Sr Balain confiseur.
  • Le 26 (janvier 1689) monsieur Deniau assesseur au siège de la prévôté de cette ville épousa la fille du Sr Curieux greffier à Beaufort.
  • Le 29 (janvier 1689) monsieur de l’Esperonnière, de la Roche Bardou, gentilhomme, fils de défunt monsieur de la Roche Bardou, lieutenant de la Vennerie et de la dame de Brie, épousa mademoiselle Constantin, fille de défunt monsieur Constantin grand prévôt d’Anjou et de la dame Peltier.
  • Le 2 février (1689) mourut monsieur Syette bourgeois de cette ville. Il avait épousé la fille de monsieur de la Jouannière Hardy avocat à Château-Gontier. Il a laissé 4 enfants.
  • Le 8 (février 1689) mourut monsieur Barbotin. Il avait été icy longtemps intéressé dans les Aydes. Il a depuis couru les commissions dans plusieurs provinces.
  • Le 9 (février 1689) mourut monsieur Camus chanoine en l’église d’Angers. Monsieur Ripoche doyen du chapitre St Julien a sa chanoinie.
  • Le 14 (février 1689) monsieur Dupont épousa la fille de monsieur Trochon de Richebourg et de la dame Coutard.
  • Le 15 (février 1689) monsieur Gilles Goüin fils de défunts Mr Gouin avocat au siège présidial et de la demoiselle Chevalier épousa la fille de défunts Poulain Me Vinaigrier et Peigné sa mère. Elle est fille unique et a, dit-on, 12 000 livres de bien. (Patience aux non initiés aux chiffres, les indicateurs arrivent sur ce blog, au fil des billets, demain le lit, en attendant vous avez là la fortune d’un avocat, et j’ose ajouter que la fille unique est fort intéressante, d’ailleurs elle l’est toujours, et cela n’a pas changé)
  • Le 17 (février 1689) mourut Mr Poisson marchand droguiste en cette ville.Il avait épousé en premières noces une des filles de feu Mr Dupont notaire et de la dame Camus dont il n’y a point d’enfant, et en secondes noces, il avait épousé la dame Esnault.
  • Le 18 (février 1689) mourut Mr Caternault notaire, garçon, âgé de 35 ans, fils de défunts Mr Caternault aussi notaire et de la dame Perrouin.
    Le même jour (février 1689) mourut monsieur Binet marchand cirier en cette ville.
  • Le 20 (février 1689) le fils de feus Mr Herbereau des Cheminaux et de la Delle Augeard épousa Delle Cantin.
  • Le même jour (février 1689) le sieur Goyer marchand épousa la fille du Sr Jory Me pâtissier.
  • Le même jour, le Sr Tellier épousa la fille du défunt Sr la Roche.
  • Le 2 mars (1689) Jacques Stuart, second du nom, roy d’Angleterre, arriva en cette ville sur les six heures du soir, avec très peu de suite. On lui présenta le dais et les clefs de la ville à la porte St Aubin, qu’il refusa. Les habitants étaient sous les armes ; toutes les compagnies le complimentèrent. Il soupa à l’hôtel de ville ; il en sortit sur les onze heures du soir. Il se mit sur l’eau pour se rendre à Nantes et de là à Brest. (Je découvre à travers ce journal que la Loire, que j’aime, et que je vois de mes fenêtres du haut de ma tour de béton, a vu passer tant de rois… Je savais quel trafic incroyable y régnait, mais jamais je n’avais oser imaginer que le port de Nantes avait vu tant de grand voyageurs étrangers pour Paris)
  • Le 8 (mars 1689) mourut la femme de monsieur de Chastelaye Pasquier conseiller au siège présidial de cette ville. Elle s’appelait Testard ; elle n’a point laissé d’enfant.
  • Le 12 (mars 1689) monsieur Le Tourneux, fils de monsieur Le Tourneux, médecin en l’université de cette ville, et de Melle Jarry, se fit installer dans la charge de président en l’élection cy-devant possédée par feu Mr du Roncerai Bernard.
  • Le 20 (mars 1689) monsieur de Chauvon Louet, fils de feu monsieur de Chauvon Louet et de la dame Grimaudet épousa la fille de monsieur Dupont Gourreau et de la feue mlle Bault.
  • Le 28 (mars 1689) monsieur de la Richelière Toublanc se fit installer dans la charge de conseiller au siège de la prévôté de cette ville cy-devant possédée par feu Mr Galard de Mongazon.
  • Le 30 (mars 1689) mourut mademoiselle Guilbault femme de monsieur Claude Guilbault avocat. Elle s’appelait Jeanne Tonnellier.
  • Monsieur l’Evêque d’Angers a permis de manger des œufs pendant ce carême jusques au dimanche des Rameaux, à cause de la rareté du poisson et des légumes.
  • Le 11 avril (1689) monsieur de Boizourdy, second avocat du Roy au siège présidial de cette ville, fils de monsieur Boizourdy et de la Delle … épousa la fille de feu monsieur de la Sablonnière Chotard et de la Delle …
  • Dans ce temps mourut monsieur de Girard Sr de Gastines. Il avait épousé en premières noces Melle … et en secondes noces une batarde de feu Mr l’abbé de Bégare.
  • Le 1er jour de may (1689) on élut pour maire de cette ville monsieur Grandet conseiller au présidial et un des acamédiciens. (François Grandet, sieur de la Plesse et de Mons, était frère du curé de Sainte-Croix, Joseph Grandet. Conseiller au Présidial, échevin perpétuel en 1689, il fut maire pendant 4 ans d e1689 à 1692. Il fit élever au bout de la rue de l’Hôpital la Porte Neuve ou Grandet, réparer les ponts, établir 2 nouvelles foires (Voir plus bas à l’an 1692) et installer une école d’équitation, toutes initiatives rappelées au revers de son jeton par la légende Porta. Collegio. Pontibus. Hippodromo. Nundinis. Il fut inhumé au cimetière de Faye, le 7 novembre 1730 (Voir C. Port, Dict. p. 290 ; Lehoreau, Cérémonial, vol. III, p. 73 ; Planchenault, Les Jetons angevins, pp. 287, 288, Gazette des Beaux-Arts, 1901) Note de Marc Saché.)
  • Le même jour (1er mai 1689) on élut pour échevins messieurs de la Varanne Tremblier conseiller et du Motay Davy bourgeois.
  • Le même jour (1er mai 1689) mourut monsieur Verdier conseiller honoraire au siège présidial, capitaine de ville, échevin perpétuel de ladite ville, docteur régent du droit français et un des Académiciens. C’était un des grands hommes de cette ville, très éclairé dans sa profession et que tout le monde de la Province consultait dans les grandes questions ; son mérité était honoré d’un chacun. (Jean Verdier, né à Angers en 1610 environ, était fils de Jean Verdier, lieutenant général au Présidial. Lui-même nommé conseiller en devint le doyen. Il se vit confier, lors de la création des chaires de droit français, en 1679, celle de la Faculté d’Angers. Autant que son Commentaire sur la Coutume d’Anjou, resté inédit, sa fidélité au parti de la cour pendant la première période de la France angevine lui avait valu cette faveur. Il fut un des premiers membres de l’Académie en 1685. L’acte de son inhumation, le 2 mai 1689, dans l’enfeu de la chapelle de Boistravers, fondée en l’église Sainte-Croix, s’accompagne de cette mention du curé Grandet : Il mourut, âgé de 74 ans, en cinq heures d’une apoplexie, le dernier jour d’avril, regretté de tous pour sa grande piété et science particulière. (Voir Etat-civil – Poquet de Livonnière, les Illustes, man. 1300-anc.1068 ; De Lens, l’Université d’Angers, Faculté des Droits, 1880, pp. 234, 236 ; Registre du Présidial, p.152 ; Debidour, la Fronde angevine, 1877, p. 97 et suivantes. – Note de Marc Saché.)
  • Le même jour (1er mai 1689) mourut monsieur Hunault docteur régent en médecine. Il était très habile dans sa profession et consulté de tout le monde ; Il était aussi un des Académiciens.
  • Le 6 (mai 1689) mourut madame de la Perrière Foussier, veuve de défunt monsieur de la Perrière Foussier conseiller au siège présidial de cette ville. Elle s’appelait Gardeau, fille de monsieur Gardeau mort prêtre et auparavant marchand et de défunte madame Guillot. J’avais l’honneur d’être son parent assez proche du côté de feu mon père. Elle fut enterrée le lendemain dans l’église de St Maurille.
  • Le 7 (mai 1689) monsieur Garsenlan, fils de Mr Garsenlan et de la dame Belote, se fit installer en la charge de conseiller au siège présidial de cette ville, possédée par monsieur Duplessis Moreau.
  • Le 10 (mai 1689) mourut la femme de défunt Mr Aubin de Cheveigné ; elle s’appelait Pasqueraye ; son fils est maître des eaux et forêts d’Anjou.
  • Le 21 (mai 1689) mourut Melle Guyonneau de la Frenaye femme de Mr Guyonneau de la Frenaye bourgeois de cette fille ; elle a laissé trois petites filles ; elle s’appelait Julienne Angouland, fille de défunts Mr Angouland vivant droguiste en cette ville et de la dame Guitton, mes oncle et tante. Elle était âgée de 48 ans.
  • Le 25 (mai 1689) mourut Delle Cormier femme de feu Mr Grandet, lieutenant de prévôt de cette ville. Elle a laissé plusieurs enfants ; le 1er est prêtre curé de Ste Croix de cette ville ; le 2e est lieutenant criminel à Château-Gontier, marié avec la fille de Mr de la Jouannière Hardy avocat audit Château-Gontier, le 3e est conseiller au siège présidial de cette ville et à présent Maire de ladite ville, marié avec la fille de Mr Jousselin, docteur en médecine ; une fille mariée avec Mr le marquis de Sasilly et une autre mariée avec Mr de la Blanchardière Gourreau conseiller au siège.
  • Le 28 (mai 1689) quarante gentilshommes du ressort et de la juridiction d’Angers, convoqués pour l’arrière ban, partirent pour se rendre à Monfaucon jusques à nouvel ordre, commandés par monsieur de Servien marquis de Sablé, grand sénéchal d’Anjou.
  • Le 31 (mai 1689) monsieur Garsenlan conseiller au siège présidial de cette ville, fils de Mr Garsenlan cy-devant marchand et de la dame Belote, épousa la fille de Mr Duplanti Frein, cy-devant assesseur en l’élection de cette ville et de la Delle Boisard.
  • Le 6 juin (1689) mourut monsieur Pinard greffier en chef en la maréchaussée de cette ville, âgé de 97 ans ; sa femme s’appelle Doostel, fille de défunt Mr Doostel greffier en chef de ladite maréchaussée et de Delle Louise Guitton, sœur de défunte Catherine Guitton ma mère. Le Sr Pinard a laissé deux filles, l’aînée mariée à monsieur de Montiron Hernault conseiller au siège présidial de cette ville, et l’autre morte depuis quelques années mariée avec Mr de la Chaize Herbereau cy-devant présidient au grenier à sel de cette ville, duquel mariage il y a une fille ; il est remarié avec Melle Sicault fille du feu monsieur Sicault lieutenant de la prévôté de cette ville.
  • Le 13 (juin 1689) monsieur René Brillet, fils de feus Mr Brillet et de la Delle Richard, épousa la fille de défunts Mr Gilles Gouin avocat au siège présidial et de la Delle Chevalier. (C’est la demoiselle aux 12 000 livres, la fille unique citér plus haut. Il fait une affaire, ce qui est d’ailleurs démontré par la suite de l’histoire de cette famille.)
  • Le 20 (juin 1689) messieur Martineau et Boulay plaidèrent leur première cause.
  • Le 22 (juin 1689) mourut la mère de la femme de Mr Du Bouchet, âgée de 99 ans ; elle s’appelait …
  • Le 26 (juin 1689) monsieur de Chatelaye Pasquier conseiller au siège présidial de cette ville, veuf de la dame Testard, duquel mariage il n’y a point d’enfant épousa mademoiselle de Cierzé.
  • Le même jour (26 juin 1689) mourut la femme de Mr Carré notaire ; elle s’appelait Anne Pelletier, veuve du Sr Mingon, âgée de 43 ans ; elle n’a jamais eu d’enfants ; elle avait été de la religion prétendue réformée ; elle est morte dans des sentiments fort chrétiens. Ledit Sr Carré est mon cousin germain.
  • Dans ce même temps (26 juin 1689) mourut la femme de monsieur des Rousses Herbereau, conseiller au siège de la prévôté de cette ville ; elle a laissé quatre enfants ; elle s’appelait Esther Davy.
  • Le 30 (juin 1689) mourut le sieur Coignard marchand de bled, fils du Sr Coignard cy-devant hôte de la maison du Gryphon (voir le commentaire ci-dessous) ; il avait épousé la fille de la veuve Menagé, dont il a laissé deux enfants ; il était âgé de 29 ans.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

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    Une réponse sur “Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1. Report des commentaires publiés dans mon ancien blog :
      Elisabeth Vaillen, le 29 avril : Nous sommes en l’année 1689. Que de lecture et de découvertes encore pour atteindre 1714 ! Le journal d’Etienne Toysonnier a cette particularité c’est qu’il est narratif. Et les nouvelles sont presque journalières.
      La richesse de ce journal vient du fait que les nouvelles sont généalogiques, historiques, « climatologiques », sociologiques, sans oublier l’appréciation psychologique de certains personnages.
      Les remarques en gras sont fort pertinentes. Merci pour cette lecture.
      J’ai une question: La maison du Gryphon;: une auberge, hôtellerie? dans quel lieu ? Où se niche cette créature fantastique ?

      Réponse d’Odile : le dictionnaire des rues d’Angers, sur le site de la ville d’Angers, donne l’impasse du Griffon, située dans le centre d’Angers, qui commence rue de la Poissonnerie et se termine rue Baudrière. Elle doit son nom à l’hostellerie du Griffon, dont l’existence dans cette rue, à l’angle de la rue de la poissonnerie remonte apparemment au Moyen Âge : cet établissement a pu être identifié par une enseigne. Le griffon est un animal fabuleux, doté du corps du lion, de la tête et des ailes de l’aigle et d’une crête de nageoire de poisson. Il est fréquemment utilisé en héraldique.

      Marie-Laure, le 29 avril : grace à ce journal je découvre dans quelle région de France James II / James VII d’Ecosse s’était éxilé : pas populaire car converti au catholicisme et trop proche de Louis XIV …En 1689 il nétait plus roi : son gendre William III ,né en Hollande , était le nouveau roi d’Angleterre et d’Ecosse en même temps que son épouse Queen Mary II Stuart.

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