Adjudication des travaux nécessaires au prieuré de la Jaillette : 1767

En 1767, d’importantes réparations, sont adjugées pour 6 900 L à René Chevrollier, de Segré. A cette date, les Jésuites ont été expulsés depuis quelques années, et les Frères de la Doctrine Chrétienne gèrent le Collège de la Flèche.
Les immeubles concernés sont ceux qui sont affermés. L’église n’est pas concernée par cette adjudication, puisque dans les baux successifs ce bâtiment n’a jamais été affermé, et son entretien toujours clairement dit relever directement du Collège (cf le bail à ferme).
Les Jésuites ont entrenu l’église et négligé les biens affermés, puisque dès leur arrivée au Collège les Frères héritent d’un patrimoine immobilier en mauvais état. Le montant de l’adjudication représente 3 à 4 années du revenu du prieuré, et atteste que non seulement la plupart des toitures ont besoin de réparations, mais aussi quelques charpentes et quelques mortiers voire pierres. D’ailleurs, il est bien spécifié que des matériaux seront à transporter, et mieux que l’adjudicataire est une véritable entreprise capable de mobibiliser 20 sous-traitants différents, c’est à dire une entreprise fort différente de l’artisanat qui est la règle à cette époque.
Ce document nous restitue au passage le puits et les pressoirs du cloître, attestant encore une fois son utilisation profane. Ce bâtiment est alors à entretenir car il a un usage utilitaire en tant qu’entrepôt des biens fermiers récoltés chaque année en grains et vins (biens que je vais chiffrer en kg et litres, mais qui me semblent au premier abord de l’ordre de plusieurs charettes annuelles). Il est probable que le quadrilatère qui subsistait en 1828 avait une partie aménagée pour passage de charettes, et entrepôt.

Depuis l’année 2000, le prieuré de la Jaillette est à nouveau en travaux de restauration, visitez son site, cela va vous donner envie d’aller le 6 juillet prochain fêter don 825ème anniversaire.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E32 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

« Le 20.8.1767 Urbain Davy des Piltières avocat au siège présidial de La Flèche, y Dt, receveur des revenus du collège royal de La Flèche, en vertu de la délibération du Bureau d’Administration dudit collège du 6.7.1767, a fait publier 3 dimanches consécutifs aux prosnes des messes paroissiales de Louvaines, le Lion d’Angers et la Magdeleine de Segré, que les réfections et réparations qui sont à faire à la maison du prieuré de la Jaillette à Louvaines et à celle du desservant l’église de la Jaillette, aux métairies de la Rosselle à Montreuil, de la Chasselouère, du Grand Pineau, de la Mortière et à la closerie de la Vauville en St Martin du Bois, étaient à donner à ferme au rabais et que l’adjudication devait s’en faire Dvt nous ce jour
Les états des réparations et réfections qui sont à faire auxdits lieux, datés des 28 et 29.5.1765, signés Lepine, secrétaire du Bureau du Collège et devis fait par Mathurin Basteau expert dudit collège, ont été lus aux assistants pour s’y conformer, et recours en cas de contestation. Elles seront faites avant Toussaint dans 2 ans, sinon une pénalité de 200 L de retard sera appliquée.
L’adjudicataire sera obligé de réparer le puits dudit prieuré de la Jaillette d’ici un moi, et les pressoirs desdits lieux avant la St Jean Prochaine
L’adjudicataire réparera les trous qu’on aura faits lors de la réception dans les murs pour voir s’ils sont point creux et si les mortiers sont de bonne matière, ainsi que les ouvertures qu’on sera obligé de faire pour sonder les fondements
Les matériaux qu’on sera obligé de charroyer avec charettes seront charroyés à place par le fermier pour tous lesdits lieux, y étant obligé par le bail, et ce jusqu’à la distance de 3 lieues au plus
L’adjudicataire prendra les matériaux comme pierre, sable et terre, sur chaque lieu qu’il réparera, et en cas qu’il n’y en ait pas sur ce lieu, il en pourra prendre sur les autres lieux de la dépendance du collège avec le moins de dommage qu’il sera profitable, sans quoi ledit adjudicataire en sera tenu, et en cas qu’il n’y ait point sur lesdits lieux lesdits matériaux, il en cherchera ainsi qu’il avisera à ses frais, lesquels toutefois seront charroyés par lesdits métayers comme dit est pourvu qu’ils ne soient point à plus de 3 lieues de distance
Me Davy payera 1/3 du montant de l’adjudication sous 8 jours en sa maison à La Flèche, 1/3 l’ouvrage à moitié fait, et le dernier 1/3 lorsque le tout sera parachevé, à la charge par l’adjudicataire de donner caution valable ce jour
Au cas qu’il y ait quelques menues réparations abusives dans le devis ou quelqu’erreur dans le calcul des mesures et toises, ledit adjudicataire ne pourra prétendre aucun supplément ni augmentation, et sera tenu de réparer le tout, comme dégradations aux murs, et les couvertures et rechercher où il sera besoin, ce qui a pu s’y être détérioré depuis que le devis a été fait
L’adjudicataire payera le cout du présent acte, d’une copie délivré audit Me Davy, des copies et états et billets, desquelles réfections et réparations il sera responsable comme pour les ouvrages du roi
Mise à prix en présence dudit Sr Basteau expert du collège par h.h. René Chevrolier charpentier à Segré La Magdeleine à 13 000 L
par le Sr Basteau à 8 000 L
par ledit Chevrollier à 7 000 L
par ledit Basteau à 7 000 L
par ledit Chevrollier à 6 900 L, et personne n’ayant mis à plus bas prix, et qui ayant une vingtaine d’ouvriers de différents métiers et paroisses, nous avons, du consentement desdits Davy et Basteau, et en présence dudit Faultrier fermier dudit prieuré de la Jaillette, adjugé audit Chevrollier »

Vente du Haut-Tertre en Saint-Martin-du-Bois, Château-Gontier 1686

Il s’agit de la famille Faultrier, qui va prendre à ferme le prieuré de la Jaillette, qui était alors très riche et un bail élevé. De cette famille est issu Gontard-Faultrier

    Voir mes pages sur le prieuré de la Jaillette

L’acte qui suit est aux Archives de la Mayenne, série 3E63 – Voici ma retranscription : Le 26 janvier 1686 avant midy, par devant nous Denis Gilles notaire royal à Château-Gontier furent présents en leurs personnes établis et soubzmis honorables personnes Claude Fautrier marchand et Catherine Thibault sa femme de luy duement authorisée par devant nous pour l’effet et validité des présentes demeurant au bourg de St Martin du Bois,
lesquels ont volontairement vendu quitté ceddé délaissé et transporté et par ces présentes vendent quittent cèddent délaissent et transportent promettent et s’obligent eux et chacun d’eux l’un pour l’autre seul et pour le tout solidairement sans division discussion ordre et y renonçant garantir décharger d’hypothèques évictions et de tous troubles et empeschements généralement quelconques en faire cesser les causes et jouit paisiblement en temps à venir,
à honorable homme Ambroise Blouin marchand tanneur demeurant au bourg de Mail à ce présent et acceptant lequel a achepté et achepte pour luy ses hoirs et ayant cause, le lieu et métairie du Hault Tertre situé paroisse dudit Saint Martin du Bois

le Haut-Tertre, commune de Saint-Martin-du-Bois – A René Thibault et Catherine Boury, puis à Catherine Thibault épouse Faultrier, qui vend en 1686 à Ambroise Blouin pour 2 550 livres (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876 en rouge, compléments d’Odile Halbert)

comme il se poursuit et comporte appartient aux vendeurs et à ladite Thibault de la succession de défunts René Thibault et Catherine Boury ses père et mère suivant les partages faits entre elle et ses cohéritiers devant Me Gabriel Oger notaire et comme lesdits vendeurs et Pierre Eveillard colon audit lieu en jouissent sans aucune exception ne réservation en faire, desquelles choses vendues se sont lesdits vendeurs dévestus et désaisis et en ont vestu et saisy ledit acquéreur pour par iceluy acquéreur ses hoirs et ayant cause en jouir et disposer à commencer du jour de Toussaint dernier tout ainsy que de ses autres biens et choses propres,
à tenir et tenu du fief et seigneurie de la Bourgonnière aux cens rentes et debvoirs seigneuriaux et féodaux anciens et acoustumés et non excédant 3 deniers par an que ledit acquéreur payera et acquitera à l’advenir quitte des arrérages du passé
ceste présente vendition faite pour et moyennant la somme de 2 550 livres sur laquelle ledit acquéreur pour ce estably et soubzmis s’oblige par hypothèque de tous et chacuns ses biens et choses meubles et immeubles présents et futurs et spécial privilège desdites choses vendues payer et bailler en l’acquit et décharge desdits vendeurs
scavoir 100 livres à Renée Rrioche veufve Estienne Bellanger pour remboursement de pareille somme qu’elle auroit payée par advance auxdits vendeurs en conséquence du bail à ferme qu’ils luy auroient fait dudit lieu du Hault Tertre
1 400 livres à Guillaume Desmasnais marchand hostelier demeurant en la ville d’Angers maison où pend pour enseigne les Bois Mariés, et 30 livres pour les intérests d’icelle qui échéront au 1er mars prochain par une part et 17 livres pour autres intérests de partie de ladite somme de 1 400 livres jusques à ce jour par aute
et à (blanc) Grandry (blanc) Deneschau tailleur d’habits demeurant Angers sur les grands ponts la somme de 644 livres de principal que lesdits vendeurs lui doibvent et 35 livres pour une année un mois d’intérests jusqu’à ce jourd’huy
à Pierre Heulin maistre tissier en toile demeurant Angers paroisse de la Trinité la somme de 220 livres pour laquelle lesdits vendeurs luy avoient constitué 11 livres de rente hypothécaire et 31 livres pour les arrérages de ladite rente jusques au 10 février prochain
revenant lesdites sommes cy dessus à celle de 2 477 livres
dont etc
fait et passé audit Château-Gontier à l’estude de nous notaire présents Mathieu Desnoes praticien et Claude Portier marchand serger demeurant audit Château-Gontier tesmoins, ladite Thibault a déclaré ne scavoir signer ; Signé : Faultrier, Blouin, Desnoes, Portier, Gilles

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du droit d’auteur.