Mathurin Cassard époux d’Ysabeau Biré, marchand à Pirmil près Nantes, vend des biens à Angers 1599

Mathurin Cassard, marchand à Pirmil (alors Saint-Sébastien-sur-Loire) près Nantes, a hérité de sa grand mère Ysabeau de Clermont. L’acte de vente des biens dont il a hérité à Angers est intéressant car il donne ses parents, Henri Cassard et Madeleine Guesdon, et il dit aussi qu’il y a des actes passés à Ancenis. On voit que la Loire était alors un fleuve d’échanges permanents, aussi pour les liens de famille, et ce fut mon cas quand j’ai débuté autrefois mes recherches, car j’avais après la Révolution un ancêtre décédé à Pirmil, né à Pirmil, mais surtout aucun mariage trouvable alentours. Ce n’est que lorsque j’ai pu trouver que sa femme était native d’Orléans que j’ai compris qu’il fallait me rendre à Orléans, et en me rendant autrefois à Orléans, j’ai remonté cette femme, et mieux elle était dans le quartier que j’ai bien connu pour y avoir vécu durant 3 années 1665-1968. Ainsi, j’ai une immense connaissance des liens familiaux qui pouvaient se développer tout au long de la Loire, quand elle était autrefois naviguée : c’était le temps avant le train qui a tout changé.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 22 mai 1599 avant midy, en la cour royale d’Angers devant nous René Garnier notaire d’icelle personnellement estably honnorable homme Mahurin Cassard marchand à Pillemy près Nantes en Bretagne, fils de defunts Hanry Cassard et Magdeleyne Guesdon, de leur premie rmariage, et héritier de defunte honnorable femme Guillemine de Clermont son ayeule en son vivant dame du Haut Plessis soubzmetant confesse avoir aujourd’huy vendu quité cédé délaissé et transporté et encores par devant nous et le terme des présentes vend quite cède délaisse et transporte du tout dès maintenant et à présent à toujours perpétuellement par héritage à honnorable homme Jehan Allain marchand demeurant en cette ville d’Angers paroisse saint Morice présent et acceptant lequel a achapté et achapte dudit Cassard pour luy et honorable femme Catherine Cupif sa femme leurs (f°2) hoirs la moitié d’ung lopin de vigne en gast mal planté de vigne contenant 8 quartiers de vigne ou environ, compris deux petits jardins au bout, situés au clos de Bellebeille paroisse saint Nicolas, ladite moitié prise du cpoté devant le chemin tendant de Guouneau au village de la Bare l’autre moitié desquels 8 quartiers appartenant à Alexandre Loguetière et Ysableu Digne sa femme comme apert par les partages faits choisis et optés entre lesdits Loguetière et Cassard par devant Me Mathurin Lepelletier notaire royal Angers le 19 mai dernier, dont ledit Cassard a baillé copie audit Alain – Item la moitié d’un petit jardin à prendre au derrière de la maison du lieu de la Croix Pelet dite paroisse saint Nicolas à prendre laquelle moitié proche du derrière du puits qui est au jardin dudit lieu de la Croix Pelet – Item la moitié d’une chambre basse en apentis ou y a cheminée située audit lieu de la Croix Pelet pour l’exercer comme ainsi qu’il est déclaré (f°3) au partage dessus daté avec les droits et usage en l’auvan ou ballet et ayreaux et yssues et passages dudit lieu de la Croix Pelet, et l’usage au pressoir et grange en laquelle est ledit pressois dudit lieu de la Croix Pelet, avec les droits d’aller au puits et autres droits qui sont déclarés au partage dessus daté, et généralement vend audit Allain tous droits noms raisons et actions qui lui compètent et appartiennent audit lieu de la Croix Pelet Bellebeille et environ à titre successif de ladite defunte Guillemine de Clermont tant portés au partage du 19 de ce mois que par les partages de la succession de ladite defunte de Clermont faits par devant Me Guillaume Lelarge licencié ès droits sénéchal de la cour d’Ancenis le 5 octobre 1587 dont ledit Cassard a baillé copie non signée (f°4) audit Allain sans qu’elle est signe d’ung seing rayé et biffé, aux charges dudit Allain de tenir lesdites choses du fief et seigneurie dont elles sont tenues et aux debvoirs seigneuriaux et féodaux anciens et accoutumés, et des rentes par bled argent ou vinaiges si aulcuns sont deubz soit en fraresche ou hors fraresche, jusques à la concurrence de 20 pintes de vin 2 boisseaux de bled et 10 sols argent si tant en est deu et en outre les cens accoutumés que les parties sur ce enquises et adverties de l’ordonnance royale ont vérifié ne pouvoir déclarer, néanlmoins vend lesdites choses quites du passé jusques à ce jour, transportant etc et est faite la présente vendition cession delais et transport pour le prix et somme de 107 écus sols deux tiers d’escu valant 350 livres, que l’acquéreur soubmis et obligé sous ladite cour royale d’Angers promet payer audit vendeur en cette ville d’Angers fournissant par le vendeur de ratiffication valable du présent contrat de Ysabeau Bire (f°5) sa femme et d’ung marchand et autre personne solvable de la ville de Nantes ou d’Ancenis, lequel avex ladite femme dudit Cassard, ledit Cassard, et tous trois ensemble s’obligeront solidairement chacun d’eux seul et pour le tout garantir audit Allain lesdites choses contenues en ce contrat de tous troubles ou hypothèques vers et contre tous fournissant icelles ratiffications ledit Allain paiera ladite somme de 116 écus deux tiers audit Cassard …

 

Histoire de la quincaillerie en gros Guillouard, rue St Jacques, Nantes

De la graineterie à la quincaillerie en gros

Je vous ai déjà parlé de la graineterie Moriceau à l’angle de la rue St Jacques et la rue du Frère-Louis 1814-1860 La petite-fille des Moriceau, Victorine Grelet, est aussi issue de maçons et serruriers qui avaient la bonne idée de ne pas avoir trop d’enfants, mieux d’avoir des célibataires qui gagnaient bien leur vie, et laissaient tout à l’unique nièce, de sorte qu’elle était aisée. Elle épouse un bel homme du quartier, Francis Guillouard, et ensemble ils reconstruisent le bâtiment un peu vétuste de l’ancienne graineterie et y créent un magasin de quincaillerie en gros, qui répond sans doute à un tel besoin qu’il va bientôt livrer plusieurs départements, de la Vendée au Morbihan.
Francis et Victorine vont vivre dans l’appartement au dessus du magasin toute leur vie. Ils vont avoir 7 fils, aucune fille. Sur ces 7 fils, 2 meurent en bas âge, un meurt au front en 1914, 2 vont créer en 1911 l’usine ALG et 2 vont avoir en partages égaux la quincaillerie en indemnisant les autres. Ils vont élever leurs fils non dans les études supérieures mais dans une multitude de contacts avec les fournisseurs, leur visite, et la visite de l’exposition universelle de 1890 foires à Paris etc…, leur inculquant ainsi des connaissances de la fabrication des articles ménagers.

articles de ménage et de bâtisse

Le papier à lettre de la maison de commerce de François Guillouard en 1909 montre l’étendue des produits, alors surtout destinés à des artisans plus qu’aux particuliers : Pointes fines et ordinaires – Clouterie forgée et mécanique – Clous à cheval – Vis à bois, boulons – Fourches acier – Baldaquins – Outils de forge, de charpentier, charron, menuisier, plâtrier, couvreur, sabotier – Carton bitumé – Poterie de fonte – Grillages, fil fer, meules à aiguiser – Fourneaux, cuisinières – Chaines – Huile, essence, vernis – Peinture – Verres à vitre  

la livraison avec 19 chevaux

Pour livrer il faut beaucoup de chevaux, et ils sont en partie rue de Bonne Garde, en partie à Rezé, et pour mesurer les distances des lieux géographiques éloignés, et même très éloignés, Francis Guillouard a des cartes et même un ouvrage qui donne les distances, alors mesurées en lieues. Donc il sait combien de lieues pour atteindre le FInistère etc… Il faut aussi beaucoup de personnel, et les photos ci-dessous datent d’avant la première guerre mondiale, environ 1909. Il faudra attendre après la seconde guerre mondiale pour voir la disparition des chevaux de livraison.

le magasin rue St Jacques et rue du Frère Louis

Pour stocker les marchandises, Francis Guillouard loue des maisons à l’arrière, donnant rue du Frère Louis, et il les acquiert pour 8 500 F en 1899, d’un vendeur incroyable : la ville de Nantes, qui est le plus généralement acquéreur pour expulser et agrandir les voies.

Cet acte, rare, car le vendeur est la ville de Nantes, concerne :
Un immeuble sis rue du Frère-Louis, porté au plan cadastrail de la commune de Nantes sous les n°2022 de la section P, comprenant une maison composée d’un rez-de-chaussée, de trois pièces et un cabinet servant actuellement de magasin – une cour à l’est et au sud de cette maison – hangar, puits et water-closets dans la cour, le tout en un seul tenant, d’une contenance de 350 m2
environ, borné au Nord par Mr Guillouard acquéreur, à l’Est par la propriété Haudemont, au Sud et à l’Ouest par la rue du Frère-Louis avec entrée sur cette rue. Suivent 4 pages sur l’’origine de propriété et on apprend que « ladite parcelle avait été distraite d’une propriété qui était échue aux consorts Maillard et Grelet sus-nommés, dans diverses successions, ainsi qu’il est expliqué ». Ainsi, pendant des décennies, on peut se demander à quoi la ville de Nantes jouait en spoliant pour revendre enfin.

En 1909 vient l’heure de placer les 5 fils

Et ce n’est pas rien, mais tous ont appris la dynamique de la fabrication, des circuits commerciaux, des besoins évolutifs des clients, et la comptabilité, tous les 5 sont armés pour l’avenir, et les parents font les partages, et y installent un atelier de ferblanterie, car le fer-blanc, acier doux étamé, est à la base des boîtes de conserve qui se développent et des articles de ménage comme seaux, brocs, lessiveuses… Edouard et Charles prennent la quincaillerie, qui vend toujours à des artisans menuisiers, charpentiers, forgerons, charrons et le bâtiment.

 

1914 arrive la guerre

Edouard passe les 4 années au front, notant tout, tandis que le lieutenant Leglaive photographie. J’ai publié ces rares documents de la guerre de 14-18 Joseph meurt au front dès les premières hostilités. Charles garde la quincaillerie, et Adrien et Louis sont plus utiles à la France à fabriquer des seaux etc.. pour l’armée, et bientôt des armes. L’une des images du cahier de guerre d’Edouard Guillouard résume cette production utile, car pour ces millions de soldats il fallait tant de seaux, gobelets pour boire, etc… pour la nourriture etc… et Edouard quand il voyait une nouvelle munition allemande, s’empressait de l’envoyer à Adrien, le surdoué en inventions.

La guerre enfin terminée, le commerce qui a manqué de clients, la plupart au front, va cahin caha, tandis que l’atelier de production a prospéré.

La quincaillerie est bombardée en 1943

Le 23 septembe 1943, la seconde vague des bombardiers alliés touche St Jacques, détruit des immeubles, fait un immense trou devant l’église et touche la quincaillerie Guillouard. Comme de nombreux magasins bombardés, le commerce s’arrête, le personnel est sans travail, et le pillage, fléau de toutes les guerres, mais dont on parle généralement moins, s’ajoute à la douleur.

reconstruction de la quincaillerie

Fin de la quincaillerie

Dans les années 1950 le plastique remplace beaucoup le fer galvanisé ; il est bien meilleur marché et le chiffre d’affaires baisse en conséquence. Puis dans les années 1960 les grandes surfaces apparaissent et détruisent tous les commerces au détail de proximité, y compris les quincailleries donc la quincaillerie de gros. La fermeture entraîne les primes de licenciement des salariés, reste seul le bâtiment, qui est loué en 1982 à Meuble Inter jusqu’au 17 février 1989 ou un feu de poubelle sur la rue entraîne l’incendie du magasin. C’est la fin, et le bâtiment est vendu à un promoteur immobilier quelques mois plus tard.

Voici la cadastre moderne montrant bien la plan de l’immeuble de l’angle de la Rue du Frère-Louis, qui fut l’ancienne quincaillerie Guillouard.

 

Les moulins à vent disparus, Nantes Sud Loire 1861

En 1861 (AM Nantes) des moulins à vent tournaient encore : 1 à St Jacques, 4 à la Grèneraie, 4 route de Clisson aux Gobelets et 5 route de Vertou à la Tache, les Côteaux de Sèvre et aux Chirons. Tous ces moulins disparaîtront avec la création des minoteries mécaniques au cours des années suivantes. Le recensement de 1886 montre que tous ces meuniers ont cessé leur activité. Ils ont quitté Nantes sans doute pour les minoteries hors Nantes, car leur métier est un savoir faire sans doute récupéré par les minotiers.

Voici d’abord les meuniers et leur famille, à leur mémoire, puis les plans cadastraux de 1834 que vous pourrez télécharger pour mieux zoomer et voir le détail car les moulins sont figurés avec un petit dessin d’ailes au dessus du bâtiment (avec de bons yeux).

Les meuniers de Nantes Sud Loire et leur famille.

Tous ces meuniers sont propriétaires de leur moulin selon le recensement qui donne cette précision. Certains ont une domestique sans doute parce que madame aide monsieur au moulin. Sur ce tableau (lieu,n° dans la rue, nom, prenom, âge, profession, détail du logement)

Rue St Jacques 95 Peltreau Jean 33 meunier 1P rz, 1P 1er
Rue St Jacques 95 Moratte Marguerite 30 femme
Rue St Jacques 95 Peltreau Augustine 8 fille
Rue St Jacques 95 Peltreau Marie 5 fille
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jean 37 meunier 2P rz, moulin, écuries
Ch. de la Grèneraie 1 Maillard Marie 28 femme
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jean 4 fils
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Marie 8 fille
Ch. de la Grèneraie 1 Boursier Ve Fonteneau 76 mère
Ch. de la Grèneraie 1 Niglais René 32 meunier 2P rz, moulin, dépendances
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jeanne 39 femme
Ch. de la Grèneraie 1 Niglais Jeanne 1 fille
Ch. de la Grèneraie 1 (blanc) Annette 16 domestique
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Mathurin 58 meunier 2P rz, moulin
Ch. de la Grèneraie 2 Aubin Marie 59 femme
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Joséphine 32 fille
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Mathurin 29 fils
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Rose 22 fille
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Louise 14 fils
Hte Grèneraie 1 Fonteneau François 36 meunier 1P rz, moulin, dépendances
Hte Grèneraie 1 Fonteneau Marie 33 sœur
Hte Grèneraie 2 Davieaud Perrine 70 rentière 2P rz
Hte Grèneraie 2 Dubreuil Anne 34 domestique
rte de Clisson 10 Poislane Laurent 50 meunier maison 2P rz, moulin
rte de Clisson 10 Paré Marie 44 femme
rte de Clisson 10 Poislane Laurent 18 fils
rte de Clisson 10 Poislane Louis 12 fils
rte de Clisson 10 Poislane Charles 2 fils
rte de Clisson 10 Poislane Julien 45 frère 1P rz
rte de Clisson 11 Allard Laurent 84 meunier maison 2P rz, moulin
rte de Clisson 11 Allard Joseph 48 fils
rte de Clisson 11 Allard Perrine 50 fille
rte de Clisson 11 Allard Laurent 59 meunier 2P rz, moulin
rte de Clisson 11 Allard Jeanne 50 femme
rte de Clisson 11 Allard Jeanne 21 fille
rte de Clisson 11 Pineau François 55 domestique
rte de Clisson 12 Pinard Toussaint 66 propriétaire 3P rz, 3P 1er, jardin
rte de Clisson 12 Marinier Jeanne 66 femme
rte de Clisson 12 Vetu Marie 23 domestique
rte de Clisson 12 Bigeard Pierre 68 meunier logement moulin dépend.
rte de Clisson 12 Bigeard Julien 65 meunier 2P rz, moulin
rte de Clisson 12 Bouyer Renée 64 femme
rte de Clisson 12 Bigeard Rose 26 fille
rte de Clisson 12 (blanc) Louise 21 domestique
ch. haut de Vertou 3 Brebion François 52 meunier pte maison, moulin
ch. haut de Vertou 3 Sicot François 24 fils 1er lit
ch. haut de Vertou 3 Brebion Françoise 17 fille
ch. haut de Vertou 3 Brebion Jean 21 fils
ch. haut de Vertou 3 Brebion Marie 15 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau René 46 meunier petite maison, moulin
ch. haut de Vertou 6 Godin Jeanne 49 femme
ch. haut de Vertou 6 Allereau Marie 20 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau René 18 fils
ch. haut de Vertou 6 Allereau Reine 14 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau Louise 9 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau Baptiste 8 fils
ch. haut de Vertou 6 Allereau Joséphine 8 fille
ch. haut de Vertou 7 Fonteneau Gabriel 61 meunier maison de 2P, enclos
ch. haut de Vertou 7 Menard Rose 61 femme
ch. haut de Vertou 7 Fonteneau Louise 21 fille
ch. de Vertou ouest 2 Durand Guy 28 meunier maison, moulin
ch. de Vertou ouest 2 (blanc) Jeanne 27 femme
ch. de Vertou ouest 3 Jarravé Ve Menard 72 meunière moulin, 2P rz
ch. de Vertou ouest 3 Menard Jeanne 45 fille
ch. de Vertou ouest 3 Menard Louis 38 fils meunier 1P 1er
ch. de Vertou ouest 3 Maillard Marie 25 femme
ch. de Vertou ouest 3 Menard Louis 3 fils
ch. de Vertou ouest 3 Menard Marie 0,5 fille
ch. de Vertou ouest 3 Bigaud Joseph 41 domestique

Les moulins de Nantes Sud Loire en 1834

Les plans cadastraux les mieux conservés sont ceux des Archives Départementales que voici.

Le moulin de St Jacques figure sur le même plan que celui des Gobelets. Vous voyez au milieu ce qui est aujourd’hui la rue de la Ripossière, en haut la route de Clisson, et le moulin de St Jacques est à gauche en bas. Pour ceux des Gobelets je vous en avais déjà parlé

Les 2 moulins de la Tache sont en bas au début de la route de Vertou. Ce cadastre de 1834 est celui des Archives Municipales puis suivent ceux des Coteaux de Sèvres. La rue actuelle nommée la Tache se trouve un peu plus haut et plus proche des moulins du Chiron qui suivent.

Voici ceux du Chiron un peu plus loin et plus haute route de Vertou, et la carte d’Etat Major de 1866 qui vous situe ces lieux :

et voici quelques moulins de la Grèneraie.

J’ai travaillé dans les années 1960 en haut d’un immense moulin moderne à Cologne sur le Rhin et vous ai déjà raconté ce merveilleux moulin sur le Rhin, mais je suis née près des anciens moulins des Gobelets quartier que j’ai dû quiter en 1956, alors à la mémoire des anciens meuniers de Nantes Sud Loire j’ai écrit ces lignes.  

 

 

 

La miroiterie Marly route de Clisson, Nantes dès 1913

Dans les années 1970-2006, avant que Suma s’agrandisse et que la ville de Nantes restructure le quartier du Clos-Toreau pour le désenclaver, les piétons du Clos Torreau avaient seulement une passerelle par-dessus le boulevard, qui atterrissait rue des Herses, le long d’un immense atelier qui fut la miroiterie Marly, face au grainetier Haury. Ci-contre, le plan en 2023, à gauche en gris Suma, le chemin des Herses n’est plus en ligne droite car il dessert maintenant la traverse vers le Clos-Toreau (à droite) et l’annexe de la mairie.

Histoire des miroirs

Jusqu’en 1691, le miroir est plus que rare car il n’existe alors que le verre soufflé. Depuis, grâce à une invention française, on sait laminer le verre et Louis XIV en fut le premier bénéficiaire avec sa galerie des glaces. Puis la pénétration du miroir dans les foyers est extrêmement lente, uniquement chez les gens aisés, comme j’ai pu le constater dans les multiples inventaires après décès que j’ai retranscrits et mis en ligne. La fabrication de miroirs va bouger dans les années 1835, en particulier à Bordeaux avec Poncet Marly et ses descendants.
« Très rapidement, sa production se développa dans les multiples spécialités de la glace et du verre, depuis la grande glace pour l’agencement des magasins jusqu’à la miroiterie de mobilier et de décoration (glaces pour salle de bains, glaces biseautées pour l’ameublement, verres à vitres, dalles, etc.). » (Les Glaces de Marly, Sud-Ouest, 11.2012)
L’affaire se développe de sorte que Marly essaime « Nantes (1913), Limoges (1924), Toulouse (1930). Très vite, la marque Marly sera présente à partir de 1951 en Afrique du Nord et dans tous les territoires d’Outre-mer, notamment en Algérie et au Maroc. » (idem)

Pour l’histoire du verre, voyez mon site et voyez le Colloque de 2005

La miroiterie Marly à Nantes

Marly s’installe à Nantes en 1913 au n°1 route de Clisson et le directeur est logé à côté en face de la graineterie Haury.

 

La France autorisait encore l’emploi des enfants de 12 ans, comme on le faisait depuis des siècles et même encore plus jeunes avant. Les petites annonces de cette époque sont nombreuses pour les enfants et Marly n’est en aucun cas une exception. L’emploi des enfants existe encore dans le monde, et nous l’oublions souvent dans nos achats à pas cher !!!

Le biseautage nous vient des Vénitiens et les glaces de Versailles sont biseautées. Cette technique difficile donc manifestement couteuse, semble avoir disparu du commerce des glaces à de très rares exceptions près. (J‘en ai 2 mais impossible de photographier le biseau et sur internet les photos de glaces biseautées ne rendent pas plus le biseau que moi)

En 1933, l’entreprise s’est diversifiée dans le sanitaire, et quelques maisons à Nantes St Jacques en furent clients.

En 1936, Nantes, toujours pionnière en matière de grèves, en connu beaucoup. Marly aussi. 

 

En 1938 on n’a plus droit d’embaucher des enfants de 12 ans !

 

 

Et pendant la seconde guerre mondiale l’usine Marly doit même embaucher des retraités faute de main-d’oeuvre.

 

 

 

Toutes les usines Marly fermèrent avant 1982, et celle de Nantes bien avant. Il faut dire que le grand concurrent était alors Saint-Gobain comme le montre cette très ancienne annonce Nantaise.

Création de la filature de laine Leduc rue Dos d’Âne, Nantes 1860

Avant la filature Leduc

En 1860 Nantes compte 2 filatures de laine, l’une Cheguillaume rue de Briord, l’autre Pequin rue Latour-d’Auvergne.

la filature Leduc


Mais en 1863 une nouvelle filature de laine s’est installée 22 rue Dos dÂne, la filature Leduc.
Mathurin Leduc est Angevin, natif de Chalonnes en 1815, et venu à Nantes où il a épousé en 1845 la soeur de François Pierre Leglas le tapissier, plus connu sous le nom de Leglas-Maurice, parce que leur mère était Joséphine Marie Maurice. Les tapissiers sont alors en fait des fabricants de meubles tapissés, tels qu’on les aime encore dans la bourgeoisie.

TAPISSIER. subst. masc. Ouvrier qui travaille en toute sorte de meubles de tapisserie et d’étoffe. C’est un tel Tapissier qui a fait ce meuble. (Dictionnaire de l’Académie française. Cinquième Édition. T.2 [1798])

Voici la filiation angevine de Mathurin Leduc, à Chalonnes (49) :
Etienne LEDUC †/1797 x Jacquine BARAULT †/1797
1-René Etienne LEDUC °Chalonnes-sur-Loire 30 avril 1766 †1820/ x Saint-Germain-des-Prés (49) 15 mai 1798 Renée DOLBEAU °1776 †1818
11-Mathurin LEDUC °Saint-Germain-des-Prés 28 mai 1815 †Nantes 4°C 17 octobre 1888 « décédé au numéro 22 de la rue Dos d’Âne à Nantes, s’éteignait Mathurin Leduc, filateur, âgé de 73 ans, né à Saint-Germain-des-Prés (49), veuf de Marie Joséphine Leglas, rentière, fils de feus René Etienne Leduc et Renée Dolbeau, propriétaires ». Il n’est pas inhumé au cimetière Saint-Jacques, qui est le plus proche, mais à la Bouteillerie, cimetière plus bourgeois, et probablement cimetière des Leglas. x Nantes 4°C 21 juin 1845 Marie-Joséphine LEGLAS fille de Joseph tapissier et Joséphine Maurice, petite fille de François Maurice et de François Marie Clergeaud négociant


Le 4 novembre 1880 il dépose une marque de fabrique.


Cette marque donne en bas les armes de la ville de Nantes entourées d’un L et un D, qui sont sans doute le nom Leduc, mais on voit en haut qu’il évoque Paris et Londres, avec lesquels il faisait manifestement du commerce.

sous-vêtements de laine en 1880

Dans la boutique de la place Royale à Nantes, bien située voici :

La laine est partout, y compris dans les jupons des dames et les chaussettes.  Aujourd’hui, nous isolons les murs, c’est obligatoire, mais on ne se couvre pas beaucoup, et encore moins de laine, même si les synthétiques peuvent être assez chauds. La laine avait l’immense avantage de ne pas prendre d’odeurs et cela nous l’avons oublié.

FLANELLE. s. f. Étoffe légère de laine. Flanelle d’ Angleterre. Gilet de flanelle. Porter de la flanelle sur la peau. Flanelle de santé. Dictionnaire de l’Académie française. Sixième Édition. T.1  [1835]

Après le décès en 1888 de Mathurin Leduc

Il décède en 1888 sans héritiers directs, et des années plus tard la filature bonneterie de la rue Dos d’Âne est rachetée par Auguste Blouin et racontée par son petit fils dans le n°9 de l’histoire de Nantes-Sud. 

 

Les habitants de la rue Saint Jacques, Nantes 1890

L’Annuaire-almanach général des cent mille adresses de la Loire-Inférieure, janvier 1890 en ligne rubrique Presse des Archives Départementales de Loire-Atlantique, donne les habitants par rue. Il y avait beaucoup de cabarets rue Saint-Jacques et en 1950 il existait encore de très nombreux bistrots. Par contre en 1890 l’annuaire ignore le terme « épicier » et je suppose que sont les regratiers qui revendent l’épicerie, car sinon pour se nourrir on a bien boucher, charcutier, tripier, boulanger et même pâtissier. L’horloger est en bas de la rue, et remontra en face l’église lors de la démolition du bas de la rue. On se chauffe (quand on peut) alors au bois et au charbon dont un marchand sur place. Les aumôniers qui sont là sont ceux de l’école alors catholique. Il y a bien médecin et pharmacien, mais au bas de la rue. Enfin, mes ascendants, et sans doute les vôtres sont là, et Francis Guillouard, le quincailler dont je vais vous parler, est bien dans l’annuaire.

Bonne lecture, et si vous le souhaitez je peux vous les mettre en ordre alphabétique car j’ai tous mis sur tableur dans ma machine ! Mais ne cherchez pas l’hôpital, car il n’est pas nommé, alors pour mémoire le voici car c’est lui qui a le plus grand nombre d’habitants :

 

Rousseau L., cabar. bill. 3
Cassin Ménard.
Coignard V., pâtissier. 5
Lecoq Mich., cabar.
Cremet Fr., boulanger. 7
Dezaunay Gél., cabar.
Benesteau F., tissus. 9
Pergeline B., regrat.
Dadin Jul., veuve.
Dadin L., fils.
Chesneau J.
Tarlet Prud., horloger. 11
Bauquin L., boucher. 13
Brémont, veuve.
Lallier Aug., veuve, débit.
Sauvestre J., veuve.
Baron Al. 15
Leloup L., veuve, Mde de faïence.
Vallin Al., bourrelier. 17
Vallin J.
Langlois Ch., cabar. log. 19
Le Bastard CL, boulang. 21
Le Bastard G.
Jannin Alf., regrat. 23
Ruette Joséphine.
Salmon M., veuve. 25
Berger J., boucher.
Rethoré L.
Dugué Donatien.
Lecomb L., veuve. 27
Perrin Phil., eaux gazeuses.
Libeau Jul., veuve.
Guerrois P., bois et charb. 29
Bertreux, dame.
Bilon Fr.
Brelet Hip.
Chevalier Ch. 35
Ménard Aug., curé. 37
Maillard Fr., mercerie. 41
Houssais, demoiselle, regrat. 43
Jonin Félix.
Jousset J., veuve. 45
Turpin P., serrurier. 49
Doullain P., débitant. 55
Chuchu Aimé. 57
Havequiez Eug.
Cassard Fr. 61
Minier V. (Mme), md de laine. 63
Gruais Math., tissus. 65
Baud J., galochier.
Cormerais Arm. 67
Glet J., cabar.
Chapelle Val., boisselier.
Prinelle J.
Hymenne J., aumônier. 69
Gaillard, id.
Boissier V. 87
Garnison, veuve.
Sourdille Phil., trav. public. 91-93
Boucher J., veuve.
Boucher, demoiselle.
Mesnard, veuve. 95
Cocaud Ch. 97-99
Bernier L., aubergiste. 101bis
Bouix L., chiffon. 103-105
Huet Rod. 107
Mazé Leguidard. 109
Braud Math. 113
Fleuriot Clém.
Roulland P., md de planches.
Truen J.-B.
Lalot Benj.
Blanchard René, pharmacien. 2
O’Neil Fél., doct. méd.
Ferreira, veuve.
Meresmes J., md forain.
Jeanneaux P., cabar. bill. 4
Rabreau Benj., teinturier.
Pavageau Fél.
Salais J., chapelier.
Lefeuvre Al., boulanger.
Naux Ch., regrat. 6
Tenaud Jul.
Boquin Jul. 8
Maraut Martin, chiffon. 10
Guilloys L., tabacs. 12
Lemarchand L., peintre. 14
Lemarchand Eug.
Gouin Arm.
Babonneau J., cabar. 16
Bretagne, dame., modiste. 26
Ortais Aug.
Ertaud Joséphine.
Ertaud V., regrat.
Duval Anna, veuve, cabar. 28
Robert Th., veuve.
Busseau J., menuisier. 32
Renaud L., cabar. bil. 34
Bernachon J., veuve, tissus. 36
Fresneau Marie, volailles.
Fournier Rémond, cabar. 42
Remaud Félicité. 44
Meynier V.
Macé Eug. 46
Dezaunay Céline, cabar. 48
Guilloré J. M.
Renaud Fr. 50
Salma Em. 52
Mahé Caroline.
Gillet Ed.
Conan B., mercerie. 54
Beillevaire L., veuve. 56
Beillevaire Marie.
Beillevaire Anne.
Boireau Cél., charcut. 58
Huteau Fr.,
Armand Hip. 60
Armand Marie L.
Armand Henriette.
Landais Jul. 62
Laroche, nég. com. 66
Halbert. H., veuve, boulangère.
Veillet J., veuve. 68
Berlho, veuve.
Lebraire Marie.
Guillouard J., tripier. 70
Terrien Fr.
Terrien, veuve, regrat. 72
Audusseau, dame, tripière.
Allaire.
Cassin Ferd., cabar. bill. 74
Ricoul Fr. 76
Le Goyat J.-B., menuisier.
Ricou Aug., perruq.
Perrin, veuve.
Guilbault, demoiselle.
Meyer, veuve.
Cassin C.
Rousselot Jul., cab. bill. 78
Pau vert L., regrat. 80
Guillouard Fr., quincaillier. 82
Baron J.-B. 84
Foucaud H. 88
Babonneau.
Le Croizier, demoiselle.
Clément J.-B.
Dauce, veuve, tissus 90
Rousselot Marie. 92
Puisais.
Lebris J., veuve, cabar. 102
Marion Ch., veuve, mercerie. 108
Dupras-Marion.
Jouis Marie. 126
Jouis, veuve. 128
Leblouck J., cabaret 130
Mary J.-B., id.
Fonteneau J., regrat.
Marboz F., mar.-ferrant.
Nicolas Math. 132
Bouchaud Hon. 138
Porcher Clair 140
Tenant J.B. cabar. log. 142
Guilbaud  veuve 144
Corgnet Anne
Martin P., veuve 146
David René, fils 148
David B. veuve
Perron-Emeriau J. 150
Guitton P. bouquetier 158
Guérin P.
Guitton O. veuve
Joubert J. B. veuve 160
Joubert Victor
Roy CH. Dame coutur.
Bretonnière Fr. 162
Garnier Math cabar. bill. 164
Praud L. regrat. 166
Pageot j.
Claquin 168-170
Menoret, veuve
Berthy J.P.
Bertin Gast. 172
Buisson Denis charron 174-176
Monnier Jacq.
Tautain
Tourman
Métaireau L. 180
Touchy Guil. 182-184
Joubert Alf.
Patron L. cabar.
Vautrin receveur d’octroi 186
Rezaud G.
Ragot P.