Claude Simonin sieur de la Fosse, en curieuse affaire avec ses beaux-parents, Angers, 1600

J’ai vu souvent des actes stupéfiants, mais celui-ci dépasse tout entendement, et pour tout dire j’ai failli faire un infarctus en le découvrant.
Mon but était de vérifier par preuves authentiques, tel un acte notarié, quel était le patronyme de l’époux de Marguerite Pelault. Ma trouvaille est ahurissante, sachant que le registe paroissial de Chérancé donne comme nom de baptêmes SIMON aux enfants de Marguerite Pelault et de son époux, alors que je cherche les parents d’Isabelle SIMONIN mon ancêtre.
Je vous laisse découvrir :

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, Baudry notaire série E – Le 14 août 1600 avant midy, en la court royale d’Angers en droict par davant nous Jehan Bauldry notaire héréditaire d’icelle personnellement establiz Claude Simonin escuyer sieur de la Fosse demeurant au lieu seigneurial du Chastelier paroisse de Charancé, tant en son nom que au nom et soy faisant fort de damoyselle Marguerite Pelault sa femme séparée de biens d’avec luy et auctorisée à la poursuite de ses droictz promectant luy faire rafiffier ces présentes dans 15 jours prochainement venant à peine de tous dommages et intérestz d’une part

    le patronyme de Claude Simonin est bien orthographié ainsi dans cet acte, alors qu’à la fin de ce même acte nous allons découvrir qu’il signe SIMON

et René Pelault escuyer et damoyselle Renée Du Buat sa femme aussy séparée de biens d’avec luy et auctorizée à la poursuitte de ses droictz sieur et dame du Bois-Bernier et y demeurant paroisse de Noyllet d’autre part soubzmectant etc confessent etc c’est à savoir que ledit Symonnin esdits noms a prorogé et proroge auxdits René Pelault et sadite femme la grâce de recourcer et rémérer les choses héritaulx cy davant vendues o condition de grâce par iceulx René Pelault et sa dite femme auxdits Simonnin et sadite femme par deux divers contratz passés par davant Pierre Cheussé notaire de la court de Pouencé les 6 juillet et 12 août 1596

    Pierre Cheussé ne pouvait passer d’acte de vente que de biens se trouvant dans l’étendue de la baronnie de Pouancé, donc les biens en question sont probablement à Noëllet même. Par contre, ces notaies seigneuriaux ont rarement laissés leurs minutes, donc je ne peux accéder aux actes originaux de cette vente.

• et ce jusques à d’huy en 3 ans prochainement venant en rendant et restituant par lesdits vendeurs auxdits acquéreurs à ung seul et entier payement les sommes de 440 escuz par une part et 253 escuz ung tiers par aultre pour les forts principaulx desdits contractz avec telz loyaulx coustz frais et mises que de raison à la charge desdits vendeurs et de chacun d’eulx seul et pour le tout lesquelz ont promis et promettent payer et bailler auxdit acquéreurs les fruictz ou fermes desdites choses vendues à la raison de 56 escuz deux tiers par chacune année de la prorogation le premier payement commanczant d’huy en ung an et à continuer jusques à la fin de ladite prorogation

    une telle somme concerne au moins une fort belle métairie, sinon plus. Il n’y a pas lieu de croire que ce soit la dote de Marguerite Pelault, mais manifestement bien une vente.

• et à la mesme raison de 56 escuz deux tiers payer pareillement lesdits fruictz ou fermes auxdits Symonnin et sadite femme ou l’un d’eulx dans 6 mois prochainement venant pour chacune des années 98 et 99 qui seroit pour lesdites deulx années 113 escuz ung tiers sans touteffois en rien desroger ne préjudicier par lesdits Simonnin et sadite femme au droit d’hypothèque et de priorité à eulx aquis par lesdits contractz sans que ces présentes les puissent empescher de se venger pour le payement de leur deu tant en principal carrément en leur rang et ordre sur la terre et seigneurie de Bois-Bernier ou aultres biens desdits Pelault et sadite femme au cas qu’ilz feusssent venduz judiciairement ou aultrement pendant ladite prorogation de grâce
• et au moyen des présentes s’est ladite Du Buat désistée et départie désiste et départ de l’effect des lettres royaulx par elle obtenues affin de cassation et d’estre relevée des obligations et contrats esquels elle seroit intervenue avec ledit Pelault son mary pour le regard desdis Simonnyn et sadite femme seulement déclarant qu’elle ne veult et n’entend s’en aider contre eulx et y a renoncé et renonce sauf à s’en aider et servir contre telles aultres personnes qu’elle veoira estre à faire fors que contre lesdits Simonnin et sadite femme

    même si ce paragraphe paraît difficile, compte-tenu du jargon juridique des actes, je perçois ici les prémices du drame, et la douleur de Renée Du Buat ne voulant pas nuire à sa fille et subissant les pressions de son gendre.
    Bref, tout cet acte atteste des tensions déjà bien réelles entre Claude Simonin et ses beaux-parents, enfin son beau-père au moins.

• lesquelles choses ont esté respectivement stipulées et acceptées par lesdites parties et à icelles tenir etc dommages etc obligent lesdits establiz d’une part et d’autre esdits noms eulx leurs hoirs etc tous et chacuns leurs biens etc mesmes lesdits Pelault et sadite femme chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens à prendre vendre etc renonczant etc et par especial lesdits Pelault et sadite femme au bénéfice de division d’ordre et discussion et encore ladite Du Buat au droit vélléyen à l’authentique si qua mulier à l’épitre divi adriani et à tous aultres droictz faictz et introduictz en faveur des femmes lesquelz veullent qu’elles ne soient tenues des obligations et intercessions qu’elles font pour aultruy mesmes pour le propre faict de leurs mariz si expressément elles ne renoncent auxdits droictz aultrement qu’elles en pourroient estre retenues ce que luy avons donné à entendre et qu’elle a dict bien scavoir foy jugement condampnation etc
• fait et passé audit Angers à notre tablier présents honorables hommes Mes Sébastien Valtère et Fleury Harengot licenciés ès droictz advocatz au siège présidial d’Angers y demeurant tesmoins

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

Ainsi, Claude Simonin selon le texte de l’acte, signe claude Simon. J’ai vu beaucoup d’actes, et beaucoup de variantes orthographiques dans mon existence. Mais cela est stupéfiant !
Ainsi, lorsque le registre de Chérancé écrit SIMON sur tous les baptêmes c’est bien pour SIMONIN et je ne comprends rien à ce mélange des genres dans une famille qui sait signer !

En conséquence, au vue de ce seul acte, et vous allez en voir ici d’autres qui font aussi peuves de filiation, Marguerite Pelault est bien la mère de mon Isabelle Simonin, fille de ce « méchant capitaine de la Fosse rompu vif à la barre de fer sur une croix, et mis sur la roue à Angers le 19 septembre 1609 ».

    Voir l’étude en cours sur la famille SIMONIN

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3 réponses sur “Claude Simonin sieur de la Fosse, en curieuse affaire avec ses beaux-parents, Angers, 1600

  1. J’essaie de comprendre :
    on peut relire cette minute sous un nouveau jour :en s prenant en compte l’acte rapporté par Peleus ,cité p 20 de votre étude Pelault

    R Pelault aurait-il vendu à sa fille et son gendre des biens hypothéqués ?
    ‘sans que ces présentes les puissent empescher de se venger pour le payement de leur deu tant en principal carrément en leur rang et ordre sur la terre et seigneurie de Bois-Bernier ou aultres biens desdits Pelault et sadite femme au cas qu’ilz feusssent venduz judiciairement ou aultrement ‘

    Là C. Simon exige la priorité par rapport aux autres créanciers.

    ‘et au moyen des présentes s’est ladite Du Buat désistée et départie désiste et départ de l’effect des lettres royaulx par elle obtenues affin de cassation et d’estre relevée des obligations et contrats esquels elle seroit intervenue avec ledit Pelault son mary pour le regard desdis Simonnyn et sadite femme SEULEMENT déclarant qu’elle NE veult et n’entend s’en aider CONTRE eulx et y a renoncé et renonce SAUF à s’en aider et servir contre telles AULTRES personnes qu’elle veoira estre à faire FORS que CONTRE lesdits Simonnin et sadite femme’

    A mon avis ,par cet acte Claude Simon exige que les biens acquis par lui-même et son épouse ne doivent pas être pris et vendus pour garantir la rente du sieur Lalemand ou rembourser la veuve Sevin dont le mari s’est porté caution.

    Je crois que si moi aussi on me vendait des biens hypothéqués ( certes impossible maintenant) en plus en famille ,je ne serai pas contente du tout….

    C’était ma rubrique ‘il faut réhabiliter le sieur de la Fosse’ 😉

      Note d’Odile :

    Suite à un grave problème sur mon ordinateur, avec disparition de tous les logiciels etc… suis sur une autre machine pour l’urgence, et n’est pas le temps de regarder cet intéressant commentaire dans l’immédiat.
    J’espère refaire surface bientôt.
    Salut à tous
    Odile

  2. Bonjour,
    Je tenais tout d’abord à vous faire part, comme beaucoup d’autres personnes, de mon admiration pour l’étendue de votre travail généalogique.
    J’ai découvert il y a deux ans que nous cousinions par la branche PELLETIER-SIMONIN.
    J’ai bien entendu examiné votre dossier sur le fameux Claude SIMON(IN) « La Fosse» et tenté, comme vous avez dû le faire, de retrouver quelques infos dans les archives judiciaires aux AD49. Or, les informations de cette époque sont, selon un membre du personnel, partis en fumée pendant la révolution française. Il m’a également indiqué qu’il faudrait faire une demande auprès des Archives Nationales, à Paris, pour savoir s’ils ont la moindre trace de la détention et de l’exécution du sieur de la Fosse.
    Je ne sais si ce qui suit vous sera utile, ou nouveau, car en dehors du cadre des archives, il m’est plus difficile de juger de la véracité des sources. Je vous fais part néanmoins de mes recherches qui se sont orientées sur Jeanne de ROMILLE (grand-mère maternelle de Marguerite PELLAULT).
    Il se trouve que la base thématique « Roglo » comprend une Jeanne de ROMILLY épouse de Guillaume du BUAT (x 18-11-1549). L’ascendance qui lui est attribuée est considérable (49 générations). Il y a certainement à prendre et à jeter et je suis loin d’être assez compétent pour cela. Si vous ne l’avez déjà effectué, j’espère que ce travail ne vous déviera pas trop de vos affaires courantes. J’ai tardé à vous contacter n’étant pas certain de ce que j’apporte et pour les raisons qui suivent.
    Personnellement, les ramifications que cela engendrerait me donnent un peu le tournis. L’arbre généalogique prendrait une dimension toute autre puisque s’étalant à la fois sur la durée (jusqu’au 3ème siècle) et à travers l’Europe. Les Cousinages, implexes, seraient innombrables.
    Je vous souhaite de bonnes recherches et suivrai toujours avec autant d’attention vos analyses d’actes notariés.
    Cordialement
    Jean-Louis LAMBERT

      Note d’Odile :

    Mon travail n’est pas seulement généalogique (comme vous dîtes) car il est aussi historique.

    J’ai bien noté que vous aviez découvert que vous cousiniez avec moi par les SIMONIN, mais que les cousinages chez vous sont à sens unique. Et, que malgré la prétendue admiration que vous me portez vous ne daignez pas vous risquer à me faire part de ce cousinage.

    J’ai pris bonne note de vos remarques sur la présentation de mon document SIMONIN, pourtant bourré de notes de bas de page donnant mes sources, car vous n’avez pu y déceler toutes les recherches que j’avais faite. Je vais y rémédier dans les jours qui suivent, car si vous me connaissiez tant soit peu, vous sauriez que j’ai fait des recherches bibliographiques toute ma vie (durant ma carrière, en recherche pharmaceutique puis alimentaire)
    Cela était donc totalement vain de refaire après moi le travail aux Archives.

    Vous doutez de l’exécution de Claude SIMONIN.
    Je dois ici attester que les registres paroissiaux, innombrables, que j’ai lu et dépouillés, portent plus que rarement une remarque quelconque relative au caractère des individus. J’ai en vu une à Pouancé concernant Louis Gault, inhumé « aimé de tous ». Et j’ai celle de Marguerite Pelault, « femme de ce méchant La Fosse qui mourut sur la roue à Angers ». Ceci est à mes yeux déjà une preuve irréfutable.

    Secondement Louvet est un témoin qui vaut de l’or, et qui a écrit les évennements au jour le jour qu’il les vivait. Je peux même vous dire qu’il a dû assister à l’exécution.

    Enfin, les mentions dans les délibérations municipales de la ville d’Angers pour envoyer une troupe l’arrêter vous ont sans doute échappées. Je tiens les délibérations pour preuve. Et vous ne vous imaginez pas que ce type d’arrestation était suivi d’une grâce.
    A ce sujet, c’est pour avoir pillé l’argent du roi (les impôts) et non pour avoir tué Criquebeuf, qu’il a eu droit à une telle exécution.

    En ce qui concerne ROGLO, si là encore vous me connaissiez, vous sauriez que je n’en pense que du mail et même pire. D’autres bases sont du même accabit.

    Enfin, ne comptez pas m’intéresser à Jeanne de Romilly, car j’ai TOUJOURS arrêté mes travaux de recherches aux documents apportant des preuves originales, et je vous suggère vivement de relire sur mon site mes pages GENE-FOLIE. Vous y trouverez ce que je pense de leurs prétendues sources.

  3. Bonsoir,

    Houla la la !!! J’ai dû mal m’exprimer. Ce n’étaient pas vos travaux que je m’étais en doute à commencer par l’exécution de Claude Simonin. Bien au contraire, car comme vous le dites très détaillés et mûrement réfléchis. Je faisais plutôt allusion à Roglo et souhaitais à ce sujet vous demander votre avis. Je ne savais pas trop quoi faire de ces infos à vrai dire, ce pourquoi je n’en ai pas fait part auparavant, en plus du fait que je suis encore actif. Je ne vous embêterai plus.
    Bonne continuation
    Jean-Louis LAMBERT

      Note d’Odile :

    Vous ne m’avez pas embêtée.
    J’ai seulement un franc parler.
    Par contre, je tiens à vous dire que j’ai effectivement la chance d’avoir depuis 20 ans du temps libre et vous souhaite bonne continuation active.
    Pour ce qui est de Roglo, je peux vous mettre des exemples sidérants, j’en regorge.
    Odile

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