Salaire des domestiques du tanneur : Noëllet (49) 1724

Il est rare de trouver le salaire des domestiques. En voici selon l’inventaire après décès en 1724 de Julien Jallot mari de Françoise Lemonnier, mes ancêtres. L’inventaire est extrêmement long car il fait 39 pages et a duré près d’un mois, et avec des journées de 8 h du matin à 19 h du soir, y compris le samedi.
Donc, à la fin de ce long inventaire (AD49-5E20) on a les dettes qui sont actives et passives, et dans les dettes passives on a aussi ce qui est dû aux salariés, au nombre de 4 :

  • Au sieur Pierre dit Langouin compagnon tanneur 85 L pour une année 7 mois de son temps – A Claude Gohier serviteur domestique 18 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Julien Dupont aussi serviteur domestique 9 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Jacquine Lemesle servante domestique 9 L pour environ 6 mois de son service

Ainsi, j’apprends qu’il n’y avait qu’un ouvrier tanneur, et qu’il ne gagnait pas 5 L par mois, mais 4,47 L, et les autres domestiques gagnaient encore moins puisque la servante est même payée seulement 1,5 L par mois, et ils n’étaient pas payés chaque mois, le plus souvent quand ils partaient. Tout cela est extrêment peu pour des heures plus que longues…

Julien Aumont, marchand à Beauchêne (61) a été emprisonné à Angers, et doit payer fort cher son élargissement, 1745

Angers est à 175 km en passant par Domfront, Mayenne, Laval, Château-Gontier, Le Lion-d’Angers et c’est Jacques, son frère, qui va aller payer. Mais il a aussi une dette due à Julien Aumont fils feu Julien marchand pour une obligation crée en 1714 par son père.
Le 11 janvier 1745  Julien Aumont fils feu Jacques marchand vend à son frère Jacques un pré qui fait moins d’un hectare pour 850 livres ce qui est un prix plus qu’exhorbitant. En fait, il a besoin des 850 livres et le pré est tout ce qu’il peut céder, car il a été emprisonné à Angers et il est sorti de prison sous la caution de 2 marchands Angevins auxquels il doit de tout urgence 590 livres pour l’élargissement, le gîte et la pension du concierge de la prison. En effet, on devait alors payer sa pension au concierge de la prison. Pour mémoire, le prix du pré était certainement inférieur à 100 livres au vu de tous les actes notariés que je viens de dépouiller sur Beauchêne. Donc l’acte qui suit est bien une entente entre frères, probablement parce qu’ils sont dans le même commerce.
Mais quel commerce ? Sans doute descendaient-ils les clous d’ardoise jusqu’en Anjou et remontaient à Beauchêne des ardoises ?

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/620  – Voici sa retranscription

« Le 11 janvier 1745[1] après midi fut présent en personne Julien Aumont fils feu Jacques marchand de la paroisse de Beauchêne, lequel a de sa libre volonté vendu quité et abandonné à fin d’héritage pour luy et ses héritiers avec promesse de toutes garanties au sieur Jacques Aumont son frère aussi marchand de la même paroisse de Beauchêne présent et acceptant aussi pour lui ses héritiers savoir est une pièce de terre en pré de la contenance d’environ une acre[2] nommée vulgairement le pré de Rondenois situé au village de la Bordelière en ladite paroisse joignant ladite pièce de toutes parts ledit acquéreur par un bout les héritiers de Jean Louvet ; la présente vente à été faite moyennant et par le prix de 850 livres de principal et pour vin celle de 20 livres présentement payée en traitant le présent contrat, et au regard de la somme principale ledit vendeur en a délégué et donné soumission audit acquéreur et par luy acceptée d’en payer la somme de 590 livres aux mains des sieurs Lefrère et Jusqueau marchands demeurant en la ville d’Angers tant pour le principal de ce qui leur est dû par ledit vendeur que pour les frais de l’emprisonnement qu’ils auroient requis pour le concierge, giste et geolage, laquelle somme de 590 livres ledit vendeur croit qu’ils la voudront bien ayant consenti sous cette considération son élargissement pour parvenir au présent contrat afin de leur prouver la liberté de sa personne, consentant pour cet effet ledit vendeur que ledit acquéreur … pour la validité du présent contrat aussi bien que celui du sieur Julien Aumont fils feu Julien aussi marchand (f°2) de la même paroisse de Beauchêne pour le principal arrérages prorata frais loyaux cousts de 16 livres 13 sols 9 deniers de rente hypothécaire à lui due par ledit vendeur par contrat passé devant Gabriel Guerard tabellion le 29 novembre 1714 du fait de François Drone marchand de la paroisse de Chanterguy ? au bénéfice du père dudit sieur Aumont et dont ledit vendeur est obligé d’acquiter ledi Drone selon un autre contrat de reconnaissance devant Jean Gerard le 28 janvier 1740 et pour effectuer ladite soumission ledit acquéreur a présentement payé aux mains dudit Julien Aumont la somme de 300 livres pour le prinicpal de ladite partie de rente, laquelle somme il a recueillie en espèces d’argent et monnaie … ainsi que la somme de 36 livres … Ledit vendeur demeure obligé même par corps d’en faire la remise et répétition audit acquéreur dans un an de ce pour les frais d’emprisonnement giste et geolage dudit vendeur, le surplus desdites (f°3) soumissions demeurant pour paiement du prix de ladite vente, de laquelle ledit acquéreur a été envoyé en la propriété possession et jouissance du pré avec tous les droits d’eau haies et fossés

[1] AD61-4E180/620 devant Lelièvre tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] acre : dialecte Normand, l’acre vaut 160 perches carrées de 22 pieds de côté, soit 81,712 ares (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

 

Au coeur des villes autrefois les tanneries malodorantes mêlaient leurs effluves à celles des corps et linges pas lavés mais notre nez est heureusement muni d’un seuil !

J’avais publié il y a 5 ans ce billet, et si je le remets ce jour, c’est pour vous annoncer que j’ai fait une énorme découverte concernant mes tanneurs, et que je suis en train de vous préparer leur histoire, mais promis sans l’odeur… 

Ceux qui ont connu le quartier de Pirmil et Pont Rousseau à Nantes autrefois se souviennent des odeurs puissantes des tanneries le long de la Sèvre, des savonneries et autres usines traitant le suif.
Pestilentiel !

Nantes n’était pas une exception, car autrefois bon nombre de ces artisans malodorants étaient au cœur des villes. Allez au musée d’Angers et vous verrez ce magnifique tableau des tanneries sur la Maine côté de la Trinité, que je ne retrouve pas sur Internet.

Pour ma part, je possède le droit de vous montrer ma carte postale de la tannerie à Clisson. Les tanneries d’autrefois sont reconnaissables à leurs séchoirs à claire voie.

J’ai aussi connu le temps avant la machine à laver, où changer de culotte chaque jour n’était pas encore universel, et je ne parle pas des chaussettes etc… Michel Serres, qui a 7 ans de plus que moi, s’en souvient dans « C’était mieux avant ! », à lire absoluement, bien entendu pour clamer que ce n’était pas mieux.

Je prenais alors chaque jour l’autobus pour le Lycée Guist’hau. On entrait dans l’aurobus par l’arrière, on passait devant la dame (je n’ai jamais vu d’homme !) pointeuse, et on remontait en se poussant dans une odeur que la génération actuelle n’imagine même pas !
Que de culottes, que de chaussettes et que de corps pas lavés !!!
Mais les yeux fermés, on savait qu’on franchissait le pont de Pirmil, quand notre nez enregistrait soudain une autre nuance, encore plus désagréble : la tannerie n’était pas loin !

J’ignorais à l’époque que plus tard, penchée sur la recherche de mes racines, je me retrouverai descendante de plusieurs lignées de tanneurs, dont les Jallot à Noëllet, et les Rousselot à Clisson. J’avoue que mon nez a immédiatement « ressenti son souvenir » lorsque j’ai découvert ces ascendants odériférants. Et j’y repense souvent, car je vais ces jours-ci vous illustrer leur aisance, mais vous n’oublierez pas au prix de quel nez !!!

Jean-Louis Beaucarnot « Nos ancêtres étaient-ils plus heureux » nous décrit l’ambiance à la cour, dont les costumes somptueux sont tout sauf lavables, et où on rajoute par dessus les odeurs corporelles des parfums, mais aussi le reste de la population, où même les odeurs de cuisine s’ajoutaient à celles des vêtements et corps pas lavés.
Selon les inventaires après décès que j’ai pu déjà faire, la chemise n’était pas le lot de tout le monde, mais le nombre de chemises indique bien un rang social, et je vai vous en donner un exemple ces jours-ci. Et selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, elle est apparue tard.

Mais rassurez-vous, même si on raconte que Louis XIV lui-même empestait à 3 m à la ronde, notre nez est ainsi fait que
« Notre sens de l’odorat est semblable à notre perception des corps chauds ou froids: l’intensité de l’odeur perçue est très forte au début puis se produit une adaptation et une baisse progressive de la sensation ressentie. Pour chaque composé odorant, il existe un seuil en dessous duquel le composé n’est pas détecté. Au-dessus du seuil, l’intensité perçue n’est pas proportionnelle à la concentration, car un effet de saturation est observé: la loi de puissance de Stevens permet de décrire cette dépendance. »

Donc, en fait nos ayeux percevaient beaucoup moins que nous les mauvaises odeurs, car ils baignaient dedans et ne les percevaient plus si intenses. En outre, l’effet de seuil épargne au nez humain de très fortes odeurs.

Mais la majorité de nos ancêtres n’a pas connu l’absence d’odeur, et encore plus l’odeur du parfum.

Et je peux vous parler ces jours ci d’odeurs, car en haut de ma tour, je viens de vivre la semaine passée sans eau, puis eau samedi, puis coupure dimanche et à nouveau eau lundi soir, mais entre temps une fuite en bas a noyé l’ascenceur, et je suis en haut avec à nouveau de l’eau et linge lavé, mais plus d’ascenceur.
Je peux témoigner que sans eau en appartement cela n’est pas terrible, au niveau de la chasse d’eau, malgré le grand nombre de bouteilles plastiques que j’avais précautionneusement remplies avant la coupure (ils refaisaient à neuf la colonne d’arrivée d’eau). Une douche aussi c’est bien !!! et ne parlons pas de la machine à laver, alors j’ai beaucoup pensé à nos ancêtres, sans notre confort habituel.

PS. Je ne vais pas mieux : douleurs comme de myalgie, frissons de glaçon permanent, céphalées etc…

Histoire de l’industrie à Nantes après la Révolution

Selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 506

« L’industrie avait en général moins souffert que le commerce de nos orages politiques. En l’an XI, les mines de Nort et de Montrelais livrèrent 108, 125 hectolitres de charbon de terre. Les salines nous offrent, pour 1802, un produit de 44 à 48 mille tonneaux. La fabrication des clous, liée à nos relations d’outre-mer, avait été réduite de 80 mille quintaux métriques à 10 mille ; la fabrication des toiles n’occupait plus que 230 métiers, au lieu de 500, dans la ville de Nantes. La blanchisserie au chlore avait cessé ; 7 établissements s’étaient formés pour la filature mécanique du coton. Les corderies occupées pour le compte de la marine nationale n’avaient ni prospéré, ni déchu. La chapellerie ne fournissait plus qu’a la consommation locale. La concurrence des indiennes de fraude avait entièrement ruiné nos fabriques. La verrerie ne fabriquait plus que moitié de ses anciens produits ; les raffineries et les distilleries avaient subi l’influence d’une guerre maritime. Parmi les établissements de notre ville se trouvaient : une fabrique de pipes occupant 8 ouvriers, une autre de faïence, servi par 50 ; une manufacture de porcelaine qui en employait 40. Les diverses tourbières , exploitées par 4 mille 247 ouvriers, produisaient 3 millions 247 mille centaines de mottes, au prix de 0,10 le cent. La clouterie, à Nantes, occupait 240 ouvriers ; les fonderies, 30 ; les toiles peintes, 1300 ; la verrerie , 31 ; la raffinerie , 144. On comptait, à cette époque, pour tout le département, 14 pharmaciens , 13 architectes , 174 aubergistes , 213 boutiquiers , 241 bouchers, 52 charcutiers, 243 boulangers, 1 brasseur, 4 bouquinistes , 8 constructeurs de navires, 284 maîtres-charpentiers, 247cordonniers, 1 441 cabaretiers , 35 commissionnaires de marchandises , 10 droguistes, 1 entrepreneur de roulage, 8 fabricants de mouchoirs , 24 de cotonnades , 182 épiciers , 7 fabricants d’eau-de-vie , 9 de chandelles , 1 facteur d’instruments, 4 luthiers , 25 ferblantiers , 23 fariniers , autant de grainetiers, 4 imprimeurs-libraires,3 libraires, 12 limonadiers, 24 horlogers, deux manufactures de brosses , 6 d’indiennes, 2 marbriers , 86 marchands de bois à brûler, 41 de draps, 188 de vin en gros, 142 négociants, 124 médecins , 3 dentistes , 74 perruquiers, 4 poêliers , 84 propriétaires de bâteaux caboteurs, 42 quincailliers, 32 revendeurs, 37 rouliers, 75 tanneurs. Sans doute, le plus grand vice de ce tableau , ce n’est pas d’être incomplet, mais bien d’être fautif. Cependant, il serait à désirer que, pour chaque époque , ou pût en dresser de semblables ; ils donneraient matière à des rapprochements curieux, et jetteraient un jour tout nouveau sur la distribution des produits, partie de l’économie politique que jusqu’ici l’on n’a pas encore étudiée. Les prix de la main d’oeuvre en l’an XI , étaient de 2 fr. 50 pour les tailleurs de pierre , les charpentiers , les plombiers et les menuisiers ; de 2 fr. 25 pour les maçons et les marbriers ; ils variaient de 90 c. à 1 fr. 75 c. pour les manœuvres; les serruriers étaient payés 3 fr. , et les sculpteurs 5 et 6 fr. par jour. En général, 100 fr. placés en immeubles rapportaient, à cette époque, de 5 fr. à 5 fr. 55 c. pour les prairies, de 5 fr. 60 à 5 fr.80 c. pour les terres labourables , de 5 fr. 80 c. à 6 fr. 25 c. ,pour les vignes, de 8 fr. 33 c. à 10 fr. pour les maisons de ville. Prêtés , 100 fr. rapportaient sur billet de 9 a 10 fr. 50 c. ; sur hypothèque de 6 à 9 fr. ; à la grosse, pour les Antilles de 15 à 18 fr. »
Donc 75 tanneurs en Loire-Atlantique en 1800, mais il y en avait encore à Nantes, et c’est Guépin, dans son « Histoire de Nantes » qui nous offre cette vue de l’Erdre à Nantes avant la création du quai des Tanneurs :

Création du quai des Tanneurs

Son nom lui vient des tanneries qui y sont établies. En 1790 le quai des Tanneurs est commencé (Verger, Archives I, 23) – En 1792 on a commencé les deux extrémités d’un quai, dit le Quai-Neuf, qui, devant régner de ce côté de l’Erdre, contribuera peut-être à l’utile projet d’écarter ces tanneries dont les exhalations ne peuvent qu’être pernicieuses aux habitants des environs. (Nouvelles Etrennes Nantaises, Guimar, 1792) – En 1836 par sa délibération du 9 novembre 1835, le conseil municipal a décidé que le quai des Tanneurs, rive droite du canal, sera prolongé dans la partie comprise entre la rue Le Nôtre et la route de Rennes, en acquérant soit à l’amiable, soit par expropriation pour cause d’utilité publique, les portions de propriétés qui doivent entrer dans ce quai, En mairie de Nantes, le 13 avril 1836 (Le Breton, p. 1) – 1836 Des remblais sont jetés sur les deux quais de l’Erdre qui joignent le pont du Port-Communeau à l’entrée de la route de Rennes : on assure que le quai des Tanneurs ne tardera pas à être entièrement ouvert (Le Breton, 20 octobre 1836, p.1) – 1837 L’installation de l’Etablissement du Gaz sur le quai des Tanneurs avance rapidement (Le Breton, 30 juin 1837, p.1)
Née en 1938, j’ai beaucoup connu le quai des Tanneurs car les cars Drouin 7 y avaient leur départ pour Guérande, et on me confiant petite au chauffeur, et je restais bien sage derrière lui, ma petite valise sur moi, sans la lacher. J’ai aussi connu l’usine de Gaz, et j’ai toujours été totalement surprise d’une telle usine au coeur de la ville, mais rassurez-vous cette usine n’était là que dans mon enfance, et elle n’est plus là… mais tout de même comment a-t-on pu remplacer les tanneurs par l’usine à gaz au coeur de la ville, je me le demande toujours…

Les tanneurs de Nantes étaient liés à ceux de Clisson au 17ème siècle

Et j’en descends, et je viens ce jour, 8 novembre 2022, vous conter l’incroyable relation entre tanneurs de Nantes et Clisson.

Histoire des fenêtres sans vitres, puis des vitres.

Il y a 14 ans, j’ouvrais de blog, avec cet article. Je le remets car j’ajoute ici les toiles aux fenêtres, selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 265
« En 1579, les fenêtres du collége Saint-Clément n’avaient que des carreaux de toile, comme le montre une plainte déposée au bureau de la mairie par le procureur du roi, qui poursuivait le principal et les régents, parce qu’ils exigeaient des élèves une indemnité pour la chandelle, les bancs et la toile des fenêtres. Le principal représenta que pareille chose avait lieu à Paris, et l’affaire n’eut pas de suite. »

  • Ouvrons les fenêtres

Un toît sur la tête, l’homme, pour y voir clair, pratique dans le mur une ouverture, appellée fenêtre du grec « éclairer ». Elle laisse passer l’air, indispensable pour cuire les aliments à l’intérieur. Les peaux de bête assurent la lutte contre la pluie, le vent… plus tard remplacées par des toiles cirées, papiers huilés, souvent protégés de grilles.

Puis, les fenêtres s’agrandissent et on y met une croisée ; à l’extérieur un contrevent de bois, découpé pour laisser un filet d’air et de lumière. Quelques Romains y mettent du mica ou de l’albatre, puis du verre coulé plat à la transparence relative !

Au début du 14e siècle, le verrier Philippe Cacqueray met au point la fabrication de feuilles planes. Les verreries, rares, très artisanales et consommatrices de forêts, produisent peu et le verre est difficile à transporter à plus de 40 km par charroi sur les chemins défoncés…

La fenêtre devient alors parfois le bois et vitrage qui composent la croisée. Les carreaux, fort rares, sont petits ; on leur adjoint à l’intérieur, un volet pour cacher la lumière à volonté.

Sous Louis XIV, le verrier Lucas de Nehou, met au pont le coulage du verre à vitre au château de Saint-Gobain, d’où la galerie des glaces.
Mais point de vitre aux fenêtres de l’immense majorité ! L’invention était pour la galerie des glaces, pas pour le peuple !

Au 19e siècle, le procédé est amélioré, les transports aussi. La vitre arrive enfin aux fenêtres. De son côté, le contrevent extérieur prend le nom de son collègue intérieur, le volet.

Au 20e siècle la vitre atteind de telles dimensions qu’elle concurrence le mur. Elle ne laisse pas passer l’air, alors on réinvente l’ouverture pour lui, et on ajoute un moteur : la VMC est née. Quant au volet de bois, ex contrevent, il peut encore être découpé, mais cette fois pour le décor…
Lucas de Nehou est oublié… Ah s’il voyait ces tours de verre !

Merci à Ghislaine le Dizès, poétesse, pour le joli titre de ce message…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Livraison de 19 pipes de vin à l’abbaye Toussaint : Angers 1592

En Anjou la pipe vaut 475,6 l donc les moines de l’abbaye Toussaint d’Angers reçoivent 9 036,4 litres de vin mais non seulement les moines devaient être assez nombreux, mais le personnel qui gravitait autour aussi, et l’acte dit même qu’il y avait des prisonniers, donc probablement une centaine de personnes et cela donnerait 90 litres chacun, soit un quart de litre chacun par jour. Les moines d’Angers sont livrés par une autre abbaye, et pour mémoire, ce sont les moines au 9ème siècle qui ont implanté un peu partout la vigne en France. Et pour mémoire, autrefois, le vin était moins dangereux que l’eau, qui était le plus souvent contaminée.
L’acte m’apprend surtout la présence de prisonniers dans l’abbaye, ce dont j’étais très loin de me douter.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 6 novembre 1592 avant midy,  en la court du roy notre sire Angers endroit par davant nous personnellement establis vénérables personnes les religieux et couvent de l’abbaye Toussaint d’Angers duement agrégés et assemblés ès clouastres de ladite abbaye es personnes de frère Loys de Morton secretain, Anthoine de la Poueze chambrier, Nicolas Boisard prieur de Millon, Pierre Barbot chantre, Denis de Beaurepère, Julien Genest et Pierre Gallot tous religieux de ladite abbaye, soubzmectans eulx et tous et chacuns les biens de leurdit couvent présents et advenir au pouvoir etc confessent avoir ce jourd’huy eu et receu de vénérable et discret Me Nicolas Bouvery prêtre abbé de ladite abbaye par les mains de Me Guillaume Amys sont procureur et entremetteur qui leur a baillé et livré en présence et à vue de nous le nombre de 19 pipes de vin blanc nouveau bon franc loyal et marchand, à quoi lesdits sieur abbé et religieux ont convenu et accordé pour le fournissement du vin que ledit abbé était tenu fournir en ladite abbaye en l’année qui a commencé à la St Martin d’Higner dernier passé et finira à la st Martin d’Hygner prochaine qu’on dira 1593 (f°2) au moyen duquel fournissement de 19 pippes de vin demeure le sieur abbé quite tant du vin qu’il estoit tenu bailler et fournir auxdits religieux tant présents que absents sains ou malades et leurs gardes, ensemble pour la célébration des messes deues en ladite abbaye que de tout le vin que ledit sieur abbé estoit tenu fournir en ladite abbaye pour ladite année, et dont ils ont promis et demeurent tenus acquiter ledit sieur abbé vers tous fors et non comprins le vin qu’il doit au celerier et son serviteur et à frère Laurent Chalumeau aussi religieux de ladite abbaye de présent absent, aulx chirurgien cuisinier buandier de ladite abbaye, prisonniers et l’adree etc sans au surplus préjudicier à la transaction faite entre lesdits abbé et religieulx le 10 août dernier, renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé es clouastre de ladite abbaye en présence de Me Maurice Hamelin et Sébastien Goddes

Armel Servant est dit monteur d’arquebuses et non arquebusier, Angers 1588

Je descends de 2 arquebusiers différents l’un POYET l’autre AUDINEAU 

J’ai beaucoup étudié les arquebusiers et j’ai aussi beaucoup publié sur mon site.

J’ai toujours pensé qu’ils étaient fabriquants et/ou vendeurs d’armes. Et en Anjou, je sais donc qu’on pouvait se procurer des armes à Angers mais aussi à Segré et à Chemillé. Mes Poyet sont à Segré, mes Audineau à Chemillé.

Ici je vous mets un acte assez curieux, car Armel Servant est monteur d’arquebuse au lieu d’arquebusier et j’ignore s’il y a une différence. Par contre, l’acte est plus que curieux, car en fait de montage d’une arme il achète à un menuisier des montants pour faire les lits comme on les faisait autrefois, c’est à dire à quenouilles (les 4 piliers aux angles montant pour soutenir le haut du lit et les rideaux) et à panes (mot qui n’existe comme tel dans aucun dictionnaire ni celui du moyen âge ni les dictionnaires anciens suivants ni le Dictionnaire du monde rural de Marcel Lachiver. Or, le tout est bien en bois de noyer donc n’a rien à voir avec les rideaux du lit et le tissu, mais bien avec les montants en bois du lit. Je suppose donc que ce terme était tout à fait local et oublié.  L’acte est très raturé, comme l’étaient souvent les actes de cette époque, et pour que vous puissiez vérifier ce que je dis ici, je vous mets les vues.

Mais que vient fait un monteur d’arquebuse dans la fabrication des lits ? car le nombre qu’il commande est très élevé et ne relève donc pas d’un investissement personnel dans un ou quelques lits.

Qoiqu’il en soit cet Armel Servant, monteur d’arquebuse, sait signer, alors que mon POYET ne signe pas, ou je peux me demander si on lui a bien demander de signer ??? J’ai parfois des doutes sur ce point.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E1 – Voici ma retranscription rapide mais efficace  :

Le 29 octobre 1588 après midy en la cour du roy notre sire à Angers par davant nous François Revers notaire de ladite cour personnellement establys Armel Servent monteur de harquebuses et Estienne Lemonnier Me menuisier demeurans Angers d’une part, et Anthoyne Viau menuisier demeurant à Moranne d’aultre part, soubzmetant lesdites parties respectivement etc confessent sans contrainte avoir ce jourd’huy fait et font entre eulx le marché tel que s’ensuit, savoir est ledit Viau avoir vendu et vend par ces présentes et promet rendre bailler et livrer en ceste ville d’Angers dedans le jour de Caresme prenant prochain venant auxdits Servant et Lemonnyer le nombre de 100 panes de lit et aussi de 100 quenouilles de lit, lesdites panes d’espaisseur de 3 poulces et de largeur de 7 poulces de 6 pieds 2 poulces de longueur, les quenouilles de 7 pieds de long et de 5 poulces d’espaisseur ; vend ledit Viau auxdits Servant et Lemonnier comme dessus 6 toises de nour ? d’espaisseur (f°2) de 3 poulces plus 6 toises de noir d’espaisseur d’un poulce et demy, toutes lesquelles auront 14 à 15 poulces venant à 18, le tout de bon bois de noyer bon loyal et marchand ; et est faite la présente vendition pour et moyennant la somme de 48 escuz sol sur laquelle ledit Servant a payé et advancé audit Viau 2 escuz et demy et le reste payable savoir dedans ung mois après la Toussaint 7 escuz et demy et le reste montant 38 escuz payable savoir 28 escuz faisant la livraison desdits bois dessus …