A l’issue de la grand messe on discutait autrefois des affaires de la paroisse, Saint Brice (77) 1598

Introduction

Aujourd’hui 7 mai 2025 s’ouvre à Rome le conclave. L’église catholique a beaucoup changé : autrefois la grand messe le dimanche était le lieu de rencontre de tous les paroissiens, et un moment d’échange entre tous, heureux de pouvoir discuter et échanger entre eux aussi bien des nouvelles familiales que des affaires. Ces échanges avaient lieu sur la place ou sous le portail, après la messe, mais à la fin de la messe, le prêtre donnait aussi des nouvelles voire demandait aux paroissiens leur opinion sur la gestion des affaires de l’église, comme ce fut ci-dessous le cas. Nos moyens de communication modernes nous ont fait oublié les modes de communication sans l’électricité indispensable à nos outils qui suivirent : le téléphone, internet etc… Bref, en 1598 on n’avait que ses pieds et sa langue et on était contents de pouvoir rencontrer les autres le dimanche après la grand messe.

un paroissien mauvais payeur

A l’issue de la grand messe, on gérait donc aussi les affaires de la paroisse, car les églises n’avaient pas été confisquées par l’état, et elles étaient gérées par les paroissiens représentés par le marguillier qui était le gestionnaire délégué par eux. A Saint-Brice,  le marguillier rencontre en 1598 un sérieux problème car une des rentes de l’église est impayée, et je trouve un très long acte passé devant le notaire à Provins nommé Jacques Delanoe, qui enregistre les débats qui eurent lieu dans l’église à l’issue de la messe contre l’un des paroissiens mauvais payeur, dont je n’ajoute pas le nom en sa mémoire, même si je suis certaine que peu de généalogies sur les bases de données remontent au 16ème siècle dans la Brie.

rente impayée à l’église de Saint-Brice, 1598

Je vous mets le début de ces 3 pages, et cela relate assez le problème :

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.03.07 vue 75 – Claude Blanot laboureur demeurant à Saint Bris comme marguillier de l’église de St Bris assisté de vénérable et discrete personne Me Marin Symonnet curé de ladite église, Jacques Foucher, Pierre Thierry, Siret Bruslé, tous paroissiens d’icelle et suivant le consentement tant su seigneur dudit St Bris que de tous les autres habitants rendu le jour de dimanche dernier à l’issue de grande messe de ladite église d’une part, et Robert Barré laboureur demeurant paroisse dudit St Bris d’autre part, disant les partyes que ledit Barré estoit tenu et redevable par chacun an le jour St Martin d’hiver envers ladite église et fabrice de St Bris de la quantité de 4 septiers 3 béchets de bled froment de rente foncière annuelle et perpétuelle bon grain loyal et marchand mesure de Provins rendu audit St Bris et que ladite église avoir et a droit de prendre et recepvoir chacun an ledit jour sur une maison grange estables contenant 3 travées couvertes de thuille et de chaulme court jardin et aireaux en dépendant assise à la rue en ladite paroisse, et 7 arpents et demy de terres labourables ou environ assises es environs de ladite maison et au long contenus et spécifiés par l’acte ? de constitution des tiltres et ypotheques rendu en la prévosté de St Bris à l’encontre dudit Barré au profit des marguilliers de ladite église en date du 21 juing 1587 signé Foucher

 

Beaucoup de prénoms rares en Brie au 16ème siècle, dont Manacus

Manacus Vermeil est laboureur à Sourdun et signe avec son prénom devant son nom, aussi on peut revoir dans cette signature ce curieux prénom. Je n’ai trouvé nulle part ce prénom, et vous ?
S’il est chez le notaire Jacques Delanoe c’est qu’il doit se déclarer détempteur d’une maison, car lors des ventes à rente perpétuelle, lors du décès de l’acquéreur ou du vendeur, il fallait que le suivant vienne chez le notaire se déclarer en possession de ce bien et surtout qu’il s’engage à payer et continuer la rente… Cet acte est passe le 4 février 1598 à Provins AD77-1057E414 Jacques Delanoe notaire.

Jean Bonniard laboureur, marguillier de l’église, reçoit 2 pintes d’huille, Saint-Brice (77) 1562

Introduction

Le fonds AD77-1056E476 du notaire à Provins Ponthus Baisela ne contient que des reçus ou reconnaissances de dettes, mais comme je vous le disais hier, il contient des signatures.. En parcourant rapidement ce fonds, je constate que bon nombre de ces signatures sont des laboureurs etc…  Or, en Anjou, les laboureurs ne savaient pas signer, et je découvre donc une énorme différence culturelle, et ceci m’encourage à tenter de vous donner ces signatures inattendues…

2 pintes d’huile pour l’église de Saint-Brice

La pinte à Paris fait 0,931 litres. L’huile est utilisée dans les églises pour diverses cérémonies. L’acte est assez mal écrit, mais je déchiffre un nom de famille différent entre ce que le notaire a écrit et la signature du laboureur… Je suppose que le notaire a mal entendu oralement le nom, car à cette époque c’est uniquement oralement qu’il connaît l’identité des personnes, d’où certaines erreurs parfois….  J’ajoute que ce laboureur demeure à Saint-Brice et non à Provins, ce qui signifie qu’une école ou un quelconque mode d’enseignement existait alors à Saint-Brice, et je suis admirative !!!

 

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.04.20 vue 77 – Jehan Bonniardinyet laboureur demeurant à Sainct Briz au nom et comme marguilier de l’église … de Raphael vigneron demeurant à Provins … la quantité de deux paintes d’huille … de l’huille qu’il peult debvoir par chacun an à ladite église… de laquelle quantité il s’est tenu pour comptant sans préjudice du surplus … signé Jehan Bonnyar

Installation du presbytère de Saint Genois diocèse de Sens, 1503

Introduction

Je n’avais encore jamais vu les biens meubles d’un presbytère dans les fonds des notaires, et voici donc le premier acte donnant le détail de l’équipement du presbytère. L’acte montre que  ces biens meubles appartiennent à la paroisse et non au curé et que ce sont les marguilliers de la paroisse qui gèrent ces biens. Le détail montre plusieurs chaudières, sans doute l’une pour cuire les aliments, l’autre chaufferette. Peu de vaisselles, et à cette époque pas de fourchettes, cuillers etc… mais les salières sont importantes…

le presbytère au diocèse de Sens

Pourquoi passer ce reçu des biens meubles de ce presbytère chez un notaire de Provins, alors que le bien est situé loin de Provins et je ne suis pas parvenue à l’identifier, pourtant on lit clairement qu’il s’agit bien du diocèse de Sens.

les biens meubles de la cure

AD77-1056E586 Louis Dechoisy notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1503.08.22 vue 3427 – …Me Jehan Mechmon prêtre curé de Sainct Genois au diocèse de Sens … recognut avoir eu et receu de Robin Provost et Jehan Mortillon marguilliers de la poroisse dudit Saint Genois ung lit fourny vallant 4 livres 6 sols, 6 escuelles pesans 7 livres et demy, 2 plats pesans 5 livres, ung grant broc, ung petit broc, ung pot à eau, 2 salières pesant 8 livres et demy, tout estain valant 75 livres 8 sols – Item une grant chaudière d’airain pesant 4 livres – Item une autre petite chaudière pesant 2 livres, 2 chaudières de cuivre pesent 3 livres, une pelle de fer à queue pesant 3 livres tout tous prisés 38 sols 4 deniers tz, lesquels biens ont esté baillés audit curé par lesdits marguilliers pour ustencilles du droit de prêtre manuel pour s’en servir par ledit curé et soy avoir à ses nécessités tant et (f°2) aussi longuement qu’il sera curé de ladite cure et après son trespas ou ss’il permutoit sadite cure il sera tenu délaisser lesdits meubles audit presbitère pour servir à son successeur curé d’icelle cure pour la valeur d’iceulx ;..

Le prénom Ponthus à Provins au 16ème siècle

Ponthus

Ponthus est un ancien nom de baptême. C’est le nom du fils de Tibour de Galice. fils du roi de Galice et de la belle Sydoine, fille du roi de Bretaigne. Ponthus est aussi un nom de lieu. Et, l’IA de ce jour me cite « Au plus profond de la forêt de Brocéliande, le hêtre de Ponthus s’est élevé sur les vestiges d’un château détruit, jadis, par Dieu lui-même. En ces temps-là, le chevalier de Ponthus désespérait de ne point avoir de progéniture » C’est aussi un patronyme.

A Provins un prénom n’était pas toujours un nom de saint

En Bretagne et en Anjou, à ce jour, j’avais le plus souvent rencontré des prénoms de saints, mais manifestement à Provins on avait l’esprit beaucoup plus large. Je vous avais déjà mis Sydrac dont mon ancêtre Sydrac Fauchon.

Ponthus Baisela

C’est le nom du notaire royal à Provins que je suis en train de vous indexer en 1558. Il rédigeait brièvement ses actes, et n’a écrit que plus que rarement son prénom, mais à travers ma lecture exhaustive je trouve donc son prénom PONTHUS à plusieurs reprises, ainsi le 17 mars 1559 il est avec un collègue qui écrit son prénom et nom et il en fait autant et on lit très bien PONTHUS BAISELA :

1559.03.17 n.s. (1558) -p81-82 vue 87- … Par devant Pierre Defontaynes et Ponthus Baisela notaires comparurent personnellement Pierre Boysaulx mercier demeurant à Provins Marguerite Prive sa femme (f°2) … et encore ledit Pierre Boisaulx comme tuteur et curateur par justice de Gaspard Boisaulx âgé de 20 ans ou environ … avoir vendu à noble homme et saige Me Denis Degourt licencié es loix advocat du roy notre sire à Provins une maison …

 

 

Sydrac, un prénom rarissime

Introduction

Je descends de Sydrac FAUCHON °Provins St Pierre (77) 6 novembre 1557 x /1583 Elisabeth/Isabelle LECOURT
Ce prénom, rarissime, n’est pas celui d’un saint[1], mais d’un nom de l’ancien testament qui mérite la sainteté.

Voir mon étude de la famille FAUCHON de Provins (77)

[1] Même le « Dictionnaire hagiographique, ou Vie des saints et des bienheureux honorés en tout temps et en tous lieux depuis la naissance du christianisme jusqu’à nos jours avec un Supplément pour les saints personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament et des divers ages de l’Eglise…. par M. l’abbé Pétin… 1850 » ne donne aucun Sidrac ou Sydrac.

Ce prénom rare me rappelle mon enfance, je vous confie pourquoi.

Histoire de Sidrac

Sydrac fut l’un de ces 4 jeunes brûlés vifs pour avoir refusé d’adorer la statue d’or que Nabucodonosor avait fait ériger.
Leur histoire est mal exprimée sur Internet, et il convient de préférer la lecture de l’ancien testament, qui est bien plus clair surtout sur le site d’AELF. Voici les principales lignes concernant Sidrac :

  • LIVRE DE DANIEL
  • La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabucodonosor, roi de Babylone, arriva devant Jérusalem et l’assiégea.
  • … Le roi ordonna à Ashpénaz, chef de ses eunuques, de faire venir quelques jeunes Israélites de race royale ou de famille noble.
  • … Parmi eux se trouvaient Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient de la tribu de Juda.
  • … Le chef des eunuques leur imposa des noms : à Daniel celui de Beltassar, à Ananias celui de Sidrac, à Misaël celui de Misac, et à Azarias celui d’Abdénago.
  • … Et ces trois hommes, Sidrac, Misac et Abdénago, tombèrent, ligotés, au milieu de la fournaise de feu ardent.
  • … Or ils marchaient au milieu des flammes, ils louaient Dieu et bénissaient le Seigneur.

Beaucoup ont écrit, entre autres Voltaire[1] et Jean-Paul II, le 14 mai 2003 – Cantique d’Azarias dans la fournaise

Lorsque j’étais une toute petite fille, à l’école religieuse de St Jacques, on nous avait raconté ce passage de l’ancien testament, et j’avais été profondément marquée à l’idée de ces jeunes morts en chantant dans la fournaise ! Aujourd’hui, à 86 ans, je prie chaque jour pour tous les martyrs quotidiens actuels toujours nombreux et je les admire.

[1] Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1880, tome 30 (p. 261-264).