Catherine Philippe, veuve de Jean Robinot, bourgeois de Provins (77), accepte ses dettes, 1598

Introduction

Du vivant de leur mari, les femmes autrefois n’avaient aucun droit, mais devenue veuve, elles avaient tous les droits qu’avait leur mari, et même le droit d’hériter des dettes de leur mari ! Car ici, Catherine Philippe, veuve de Jehan Robinot, accepte une sentence rendue contre son défunt mari, pour un impayé, et paye même les arriérés.

la merveilleuse signature de Catherine Philippe

Je suis restée longtemps en admiration devant cette signature exceptionnelle. Certes, j’ai partagé déjà avec vous sur ce blog, les nombreuses signatures de femmes au 16ème siècle à Provins, mais ici, la fioriture qui suit la signature est celle d’un bon bourgeois de Provins, et plus que stupéfiante pour une femme !!!

héritage de le sentence rendue contre son défunt mari

AD77-1027E424 Jacques Delanoe notaire à Provins

1598.04.01 vue 105 – fut présente en sa personne honneste femme Catherine Philippe veuve de feu Jehan Robinot lesné vivant bourgeois de Provins laquelle tant en son nom que soy faisant fort des enfants dudit deffunt et d’elle laquelle a consenty et accordé consent et accorde que la sentence cy devant et dès le 27 mars 1597 rendue au proffict des vénérables doyen chanoines et chapitre de l’église collégiale Notre Dame du Val de Provins à l’encontre dudit deffunt Jehan Robinot son mary, Claude Robinot et autres des autres ses … au baillage de Provins signée Defontaires pour raison de la somme de 40 sols de rente annuelle et perpétuelle dont sont chargés plusieurs héritages situés et assis au finage de Gouaix et es environs, soit à l’encontre d’elle exécutoire comme elle estoit contre ledit deffunt son mary saus son recours déclarant qu’elle a payé les arriérés de ladite rente en son regard au jour de St Martin d’hiver dernier qui est le terme de payer ladite rente

 

 

Nicolas Leblanc, laboureur à Saint Martin Chennetron (77) doit rembourser Jean Dupas, 1562

Introduction

Nicolas Leblanc a perdu le procès intenté par Jean Dupas contre lui devant le bailli de Provins pour impayé. Non seulement il doit payer sa dette mais aussi les dépends du procès, car autrefois les frais de justice étaient payés par le perdant alors que de nos jours la justice est payée par les impôts des contribuables.
Un procès comme celui ci n’existait pas en Anjou …. là où l’exploitant agricole n’était que le locataire du bailleur car le bailleur avait le pouvoir  aussitôt qu’une faute était commise de mettre à la porte l’exploitant agricole.

l’identification les anciens noms de lieux est parfois difficile

Dans tous les innombrables actes notariés du 16ème siècle que je vous ai retranscrits mon plus grand travail est bien souvent l’identification des lieux, car les noms ont souvent changé, et pire ils ont aussi parfois disparu, sans oublier que le notaire écrivait phonétiquement ce qu’il avait entendu, donc son orthographe peut déjà être approximative. J’utilise beaucoup GEOPORTAIL et GALLICA car les moteurs de recherche n’en peuvent rien le plus souvent. Ainsi, ce jour j’ai trouvé sur Gallica le terme que j’avais déchiffré comme étant SAINT MARTIN DE CHANESTRON, et ce dans les mémoires de Claude Haton  dans un extrait publié par le Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins (2001) : 

  •  «Loys de Vauhardy (5), duquel en ceste année avons parlé, avoit prins des abbé et moynes de Vauluysant lez Sens une terre à l’abbaye dudit lieu appartenant seant en la parroisse de Sainct Martin de Chanestron lez Chalautre la Grand à tiltre de moyson (6) par an à quatre
  • Son corps fut porté et posé en l’eglise dudit Sainct Ayoul, en la parroisse de laquelle il, avant d’aller audit Sainct Martin de Chanestron, estoit parroissien, en laquelle eglise, furent dictz suffrages des trepassez à son intention(…)
Effectivement la famille DE VAUHARDY se disait « de Saint Martin » sans préciser de quel lieu il s’agissait selon la base ROGLO.

Saint Martin de Chanestron

Le nom de Chanestron, aussi écrit vers 1600 Chenestron, a disparu, mais il existe encore sur la carte de Cassini donc au début du 19ème siècle. C’est grâce aux Mémoires de Claude Haton citées ci-dessus, que j’ai pu identifier la commune de Chalautre la Grande, et retrouver le lieu qui désormais n’est plus connu que sous le nom de SAINT MARTIN

Carte de Cassini sur Geoportail. On y voit Saint Martin de Chenestron au nord du bourg de Chalantre la Grande

Georportail actuel

et j’ai fini par trouver que la commune s’appelait Saint-Martin-Chennetron, mais avait fusionné en 1972 avec Beauchery pour devenir Beauchery-Saint-Martin 

signature de Nicolas Leblanc laboureur, 1562

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.10.02 vue 165 – Nicolas Leblanc laboureur demeurant à St Martin de Chanestron recognut debvoir à honorable homme Jehan Dupas lesné marchand demeurant à Provins présent la somme de 9 livres et 8 sols 9 deniers tz de reste de plus grande somme à laquelle somme montent les despends de certain procès meu entre ledit Dupas demandeur et la sentence à l’encontre dudit débiteur qui estoit appellant … donnés de monsieur le bailly dudit Provins …

Jean Montigny et Etienne Dumet, laboureurs à Champcenest, transigent sur leur procès, 1563

Introduction

Ils sont tous deux laboureurs et ont pris ensemble un bail de biens de l’abbaye Saint Jacques de Provins, mais n’étaient plus d’accord au moment de payer le bail, et sont en procès entre eux. Pour que 2 laboureurs soient en procès entre eux pour une affaire de gestion, il faut qu’ils soient assez cultivés et vous allez voir des signatures qui sont encore avec de splendides fioritures. Et j’observe que ces fioritures sont toutes personnelles dont élaborées individuellement, c’est magnifique, et je m’occupe actuellement à l’élaboration d’un document d’ensemble de ces signatures.

transaction Montigny Dumet

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

Mathurin Lecourt bourgeois de Provins a perdu un procès contre Louis Ythier, Provins (77) 1562

Introduction

Je descends des LECOURT mais ils sont très nombreux à Provins, même au début du 16ème siècle, aussi je les note tous pour resconstituer tout ce qui concerne ce patronyme, qu’ils soient parents ou collatéraux. L’immense majorité est tanneur, marchand, bourgeois et/ou une fonction juridique… Ils sont dans mon ascendance FAUCHON à Provins.

Reçu de 15 livres de dommages et intérêts

En faut les dommages et intérêts couvraient autrefois surtout les frais de justice, ce qui ne coute rien aux coupables de nos jours, mais qui coute à tous les contribuables…

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.07.22 vue 142 – fut présent en sa personne honorable homme Loys Ythier marchand demeurant à Provins lequel recognut avoir eu et receu de honorable homme Mathurin Lecourt bourgeois dudit Provins ad ce présent et acceptant la somme de 15 livres tz moyennant laquelle ledit Ythier a quitté et quitte par ces présentes ledit Lecourt de tous les dommages et intérests qui luy estoient adjugés par sentence rendue au siège présidial de Provins à son profit contre ledit Lecourt le 7 may 1562 et pour ce que de ladite sentence y auroit appel interjetté de la part dudit Lecourt en la cour de parlement à Paris en laquelle il auroit fait inthimer ledit Ythier, se sont lesdites partyes désistées et désistent moyennant ces présentes dudit provès et appel sans aulcuns autres despends ne demandes l’un vers l’autre …signé Ythier, Lecourt

Histoire du passage vers les moulins des Gobelets, abandonné mais qui devient en 2025 une voie vers la Sèvre

Introduction

Mes nombreux lecteurs, passionnés d’actes notariés anciens, ont très souvent lu, dans ces actes, la clause relative au droit de passage. Et, rassurez vous tous, cette clause existe encore en 2019 en particulier lorsqu’on partage en plusieurs parcelles un terrain pour construire, et qu’aucune voie ne desservira certaine parcelle.

En bon français, il s’agissait autrefois de la « tolérance » d’une « servitude ». Il existait aussi souvent bien d’autres servitudes que le passage, à savoir par exemple celle du puits, voire des lieux d’aisance etc… Souvenez vous en effet qu’avant le cadastre Napoléonien de 1834 rien n’était dessiné en plans, mais le notaire lors des ventes précisait les servitudes telles que celles que je viens de vous citer.

La clause de passage précisait toujours qui et comment on avait le droit de passer et que ce passage était une tolérance. Il était en effet important de préciser si cette tolérance était pour personne à pied excluant ou tolérant le passage avec boeufs et charrue etc…
Et bien entendu cette tolérance était TOUJOURS restreinte au besoin du passant pour l’exploitation réelle de son terrain enclavé, et EN AUCUN CAS un lieu de promenade ouvert à tous.

Vous avez bien compris que cette tolérance supposait que l’exploitant du terrain enclavé n’avait aucun autre accès possible.

Le passage vers les moulins des Gobelets

Donc, autrefois, avant 1840, il existait 6 moulins aux Gobelets. Ils n’étaient pas enclavés. Le cadastre dit « Napoléonien », que je vous montrai ces jours-ci, figurait un chemin donnait les desservant et accédant à rue de la Ripossière (alors chemin elle aussi), et quant aux 3 autres ils étaient sur la route de Clisson, donc directement accessibles.

Mais les meuniers communiquaient manifestement entre eux, en passant sur une terre.

Lorsque Marie-Judith Lebraire, l’épicière de la route de Clisson construisit la maison vue ici hier, elle eut à souffrir pendant plusieurs années aux environs de 1845 les vicissitudes causées par un malheureux procès concernant un droit de passage.
Voici la question résumée brièvement :
Les fermiers qui avaient des parcelles de terre dans la pièce des Herses avaient pris l’habitude de passer sur un terrain vague, devant le moulin des Gobelets, pour rejoindre la route de Clisson. Il ne s’agissait pas d’une servitude mais d’une simple tolérance de bon voisinage. Vers 1840, Marie Judith Lebraire fit démolir le moulin des Gobelets et avec ces matériaux construire une maison sur la route de Clisson, ce qui supprima le passage.
Les fermiers des Herses, bien que non enclavés et ne possédant aucun titre de propriété, ni droit à une servitude, attaquèrent cependant Marie-Judith Lebraire, qui perdit son procès devant le Tribunal Civil de Nantes, condamnée à démolir la maison et à rétablir le passage.
Le tout finit par un arrangement amiable et très onéreux pour Marie-Judith Lebraire. Elle s’engagea à établir un passage sur le terrain vague du calvaire qui lui appartenait, qui sera le chemin actuel de la Gilarderie, devenu aujourd’hui rue Georges Lemevel.
Quand on songe aux ennuis de ce long procès, à l’hostilité de tous ses voisins, aux nombreuses démarches qu’elle entreprit auprès des administrateurs pour obtenir une preuve de son bon droit, à l’innombrable échange de papasseries avec des hommes de loi, aux sommes énormes pour l’époque et pour sa petite fortune qu’elle dut débourser à la surprise inattendue de sa double condamnation à Nantes et à Rennes, enfin à l’humilitiation qu’elle dut ressentir en allant supplier son adversaire de renoncer à l’exécution du jugement et des lourds sacrifices qu’elle dut leur consentir, on peut facilement réaliser quel affreux cauchemar ce malheureux procès dut être dans sa vie de vieille fille.

devenu « terrain abandonné »

Et tout cela pour en arriver là en 2019 (j’ai pris la photo moi-même en 2019)

Car en fait ce passage ne servait pas vraiment puisque ne débouchant sur rien et ne servant en rien à desservir une autre propriété.

Même si le cadastre actuel a oublié qu’il n’existait plus faute d’utilité, et le dessine encore.

Mais certes le dessin du cadastre montre encore qu’elles parcelles en sont propriétaires de droit.

2025 un passage géant s’ouvre vers la Crapaudine

Le plan PLUM de Nantes va relier le Clos Toreau au parc de la Crapaudine via des cheminements doux, dans le grand cheminement de la Loire à la Sèvre. Le voici, en cours de réalalisation début mars 2025, ouvrant le passage à ceux du Clos Toreau vers la Sèvre. Le passage oublié des Gobelets va devenir un immense passage.

Photo Benoît Lesné, mars 2025

Les enfants de feu Louis de Villiers seigneur de Chalmaison nomment un procureur pour poursuivre tous les débiteurs, Chalmaison 1560

Introduction

Hier je vous mettais un acte concernant Nicolas de Villiers seigneur de Chalmaison (77, relevant de Provins) en 1560. Or, poursuivant mes retranscriptions dans ce fonds je trouve une procuration importante car Nicolas de Villiers y est dit fils de Louis, et même il a des frères et/ou soeurs mineurs, hélas nom prénommés, seulement cités en bloc comme « enfants mineurs d’ans ». Louis de Villiers est décédé laissant manifestement ses affaires peu suivies et il y a beaucoup de débiteurs… Par contre, il faut bien comprendre que si Nicolas de Villiers nomme un procureur sur place à Chalmaison c’est qu’il n’y demeure pas, donc il vit sans doute à Paris ? Il est aussi à noter que cette procuration stipule bien qu’il est « écuyer », c’est à dire noble.

Procuration de Nicolas de Villiers, fils de Louis

Le 25 février 1559 (avant Pâques, donc le 25 février 1590) noble homme Jacques Desmarquais seigneur de la Samssote au nom et comme ayant le bail gardiation et administration des enfants mineurs de feux nobles personnes Loys de Villiers en son vivant seigneur de Charlemaison et (blanc) jadis sa femme et Nicolas de Villiers escuier seigneur dudit lieu de Charlemaison fils desdits deffunts en son nom constituent leur procureur Henry Budon auquel ils donnent pouvoir en leur nom recevoir toutes et chacunes les debtes à eulx deues tant en cens rentes qu’autres choses à cause de ladite seigneurie de Charlemaison que autrement du receu soy tenir pour content et passer lettres à la charge toutefois d’en rendre bon compte et reliqua et generalement pléger et obliger lesdits Aulbin Blanchot Guyot Demente et autres. (AD77-216E1258)