Ce mercredi 27 janvier 2021, suite de mon histoire de tricot
J’aime tricoter, et cela m’a valu des moments hauts en couleur que je viens vous conter.
Dans les années 1970, ma firme, qui dépendait d’une firme américaine basée à Minneapolis m’y envoya. En bonne tricoteuse qui n’aime pas rester les mains vides, et redoutant la longueur du vol, j’avais pris soin d’emporter mon ouvrage. L’avion se révéla être d’une compagnie américaine, la Wastern Airlines, compagnie aérienne aujourd’hui disparue car revendue en 1983. J’ai une première émotion forte lors de l’embarquement. Le haut parleur de la salle d’attente convoque les passagers, je me lève et me mets dans la très longue file (l’avion était énorme), mon billet d’embarquement à la main. Arrive mon tour, l’hôtesse me refuse le passage, et me fait remarquer, en langue anglaise, que mon billet correspond à la catégorie au dessus. Totalement stupéfaite, je découvre entre parenthèses, que les cadres de ma compagnie ne voyagaient pas dans la classe « économique », mais en classe « affaires » qui était en fait une « 1ère ». Je fais demi tour et retourne alors en salle d’attente, où je dois rejoindre une vingtaine d’hommes d’affaires et je me sens mal à l’aise et impressionnée, car cela n’est pas ma tasse de thé. Parvenue dans l’avion, je découvre des sièges spacieux, hyperconfortables etc… mais stupéfaite, je découvre juste devant moi une porte donnant accès à la 3ème catégorie, la classe « luxe », et lorsque la porte s’entrouve je vois alors un immense espace libre avec bar etc… et moins de 10 passagers. Angoissée à l’idée de tricoter dans cette ambiance assez aisée selon moi, et en tous cas à des années lumière du tricot, je finis par prendre mon courage à 2 mains et je sors mon ouvrage. Remarquez j’avais de la place pour déployer mes aiguilles sans brimer mon voisin, puisque comme je vous le racontais, je n’étais pas en classe rikiki. J’avais à peine fait un demi rang que mon voisin, un homme d’affaires américain au look loin d’être décontracté, entame la conversation.
Respirez un grand coup avant de lire la suite, car ce qui va suivre est absolument incroyable. Ah, et puis non, attendez demain, et entre-temps respirez beaucoup de grands coups !
à demain
Odile
D’une voie très conviviale il entame une conversation de grand-mère tricoteuse :
- qu’est ce que vous tricotez ? un pull pour une nièce
- vous tricotez sans patron ? je n’utilise jamais de patron ni modèle
- vous connaissez autant de points ? j’adore changer et les difficultés
- vous tricotez souvent ? souvent
Bref, nous voici en train de papoter comme 2 vieilles tricoteuses au coin du feu. Puis, il se présente : « PDG d’une filature américaine ». Et il me laisse tricoter tranquillement toutes ces longues heures d’avion.
Cette improbable conversation de tricoteuses est bien entendu restée en moi tant elle était extraoditnaire et improbable, mais des années plus tard, en 2020 exactement, sur la chaîne de télé Arte, que je regarde souvent, un documentaire sur l’Islande, consacré au tricot Islandais. Et je découvre qu’en Islande les hommes aussi tricotent. C’est pour moi une information tout à fait nouvelle car en France, le tricot n’est pas affaire d’hommes, et pour tout vous dire, j’ai même le sentiment qu’un homme tricoteur serait mal regardé en France, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref, à l’issue de ce magnifique documentaire, comme Arte sait les faire, je m’empresse d’aller sur internet chercher les hommes tricoteurs, et là, bouche bée, je découvre des clubs d’hommes tricoteurs au Canada, aux U.S.A. Ainsi, les anglo-saxons sont moins coincés que les Français devant des aiguilles à tricoter, c’est le moins qu’on puisse dire, et c’est édifiant, car la France est très en retard sur ce point de décontraction car le tricot détend et c’est ce que tous ces messieurs anglo-saxons racontent en long et en large sur Youtube etc…
Je savais bien que cela détend, car il y a environ 30 ans, le médecin me trouvant trop tendue, me fait faire la mesure sur 24 h, et me trouve yo-yo, en particulier j’ai plusieurs heures de tension basse le soir, et il me demande ce que je faisais : je tricotais. Depuis, je sais oh combien le tricot me détend, et c’est bien ce que tous ces messieurs anglo-saxons tricoteurs racontent sur internet.
Bref, je reviens à mes recherches sur les modes de vie de nos ancêtres, et ce à travers les recensements, et je découvre ces derniers temps qu’à Nantes Sud Loire le tricot était même le métier de beaucoup de femmes.
Et je découvre même des tantes tricoteuses en 1846, les demoiselles Porcher, et là, je m’écroule de rire, à l’idée qu’il y avait dans mon ascendance des affinités tricot. En fait, à cette époque, vous allez découvrir que ces tricoteuses tricotaient pour un peu d’argent faute de retraite, et elles sont donc à domicile en « travail à domicile » des employées de la filature de la rue Dos d’Âne, dont je vais vous conter bientôt ici l’histoire.
En attendant, voici déjà en 1846 mes tantes tricoteuses et leurs semblables. Elles sont toutes des femmes âgées voire très âgées, et aucune n’a de mari vivant car elles sont toutes célibataires ou veuves, autrement dit sans revenus, si ce n’est cette petite occupation de tricoteuses. Mais ceci dit, les femmes âgées étaient nombreuses à Nantes Sud Loire, soit bien plus que les statistiques sur la durée de vie de l’époque ne donnent, ce qui signifie qu’à défaut d’eau potable non encore arrivée, l’eau de la Loire était plus potable que beaucoup d’eau de puits. Et puis, j’ai moi-même 82 ans et j’aime tricoter alors je pense à elles, car moi, comme vous sans doute j’ai une retraite (rue, nom, prénom, âge, métier, lpropriétaire, logement, statut matrimonial C célibataire, V veuve)
Rue Dos d’Âne |
Porcher |
Marguerite |
70 |
tricoteuse |
Porcher |
1P rz, 1P 1er |
C |
Rue Dos d’Âne |
Porcher |
Marie |
78 |
tricoteuse |
|
|
|
Rue St Jacques |
Banon |
Vve David |
70 |
tricoteuse |
Briand |
2P rz, caveau |
V |
Rue St Jacques |
Audineau |
Vve Geffroy |
73 |
tricoteuse |
Davessière |
2P 2ème |
V |
Rue St Jacques |
Babonneau |
Vve Nouette |
63 |
tricoteuse |
Guilbaud |
1P rz dans la cour |
V |
Rue St Jacques |
Papin |
Marie |
70 |
tricoteuse |
Nicaisse |
B, ar.B |
C |
Rue St Jacques |
Corgnet |
Marie |
80 |
tricoteuse |
Simoneau |
1P rz dans la cour |
C |
Rue St Jacques |
Corgnet |
Julienne |
79 |
tricoteuse |
|
|
|
Rue St Jacques |
Panhard |
Rose |
72 |
tricoteuse |
Panard |
1P 1er |
C |
Rue St Jacques |
Boidron |
Vve Clement |
75 |
tricoteuse |
Lebeaupin |
3P rz Cr et Hangar |
V |
Rue St Jacques |
Brillet |
Vve Moreau |
75 |
tricoteuse |
|
|
|
Rue St Jacques |
Brillet |
Perrine |
70 |
tricoteuse |
|
|
|
Rue St Jacques |
Chantonnier |
Ve Babonneau |
59 |
tricoteuse |
Reneaud |
1P 1er |
V |
Rue St Jacques |
Corbel |
Vve Huet |
58 |
tricoteuse/institutrice |
Galpin |
2P rz |
V |