Dans ma longue « carrière » de chercheuse, j’ai eu à signaler souvent aux archvices concernées des registres cachés. Certaines archives m’ont entendu !
Hélas, il y a encore beaucoup de registres cachés.
Ainsi, la semaine passée j’ai tenté, en vain, sur les Archives numérisées en ligne, de repointer et surtout prendre la vue, de ma branche PHELIPEAU
En vain !
J’avais autrefois écrit dans mon étude PHELIPEAU les incroyables découvertes que j’avais plus que longuement méritées.
Alors il ne me reste qu’à reporter ici mon cri de désespoir, devant tous ces registres cachés !
Au printemps 1980, la généalogie de terrain est encore autorisée.
Je prends les petites routes, direction Vern-d’Anjou.
Objectif : Mathurin Phelippeau.
Un objectif si dur, qu’il m’échappe depuis longtemps : rien aux AD49 à 30 km à la ronde !
Seule la table décénnale de Vern laisse une trace de son décès en 1814, hélas introuvable dans le registre. Pourtant, Mathurin commence à déclarer des enfants à Vern dès 1793, preuve qu’il y a vécu !
Dans la petite mairie, un secrétaire aimable me confirme l’absence de registres paroissiaux à Vern. J’insiste doucement, derrière le comptoir-banque infranchissable, pour qu’il me montre au moins ce qu’il a de plus ancien.
Après discussion, j’obtiens quelques cahiers « 1793-1820 ».
Même si « normalement » Mathurin est censé s’être marié avant 1793, je m’installe dans la salle du Conseil, & je lis tous les actes. Je veux en effet relever tous les témoins, toutes les signatures, bref sa trace.
Soudain une première surprise le 31.12.1814 « acte oublié & reporté en fin de ce registre ». Hélas, le décès retrouvé de Mathurin ne m’apprend rien, car il est succint.
Midi sonne, la pause aussi pour la mairie ! J’en profite pour bavarder « histoire » avec le secrétaire de mairie. J’avais repotassé la veille tout le sujet : Vern traversée par la virée de Galerne … Lorsqu’il ouvre à 14 h, mis en confiance, le secrétaire avoue enfin qu’il détient un vieux document que personne ne peut lire (sic). Je fais état de mon entraînement en paléographie, & il me le tend.
Je lis « 1714, le 30 janvier », bref, un répertoire manuscrit des mariages. Compte-tenu de son intérêt, car à l’époque il n’y a pas encore de relevés, je le photographie, jusqu’à la fin en 1791. Mathurin s’est bien marié le 21.11.1791 à Vern selon le répertoire, mais il nexiste plus de registre ! Je désespère alors de trouver sa filiation, faute d’acte de mariage. Seule son épouse a été retrouvée grâge à son décès & à tous ses liens familiaux nombreux dans d’autres actes.
Il reste 2 pages écrites à la fin du registre, elles me réservent une deuxième surprise. Après quelques pages blanches, brusquement l’écriture recommence, bien des années plus tard.
Comme parfois ailleurs, les registres ont été brûlés, y compris ceux de la période révolutionnaire. Seul a été épargné, le petit répertoire des mariages, celui-là même que je viens de découvrir.
Et je lis: « Le présent registre rectifié par nous Louis Foyé desservant de la paroisse de Vern, tant sur le répertoire que sur l’attestation des témoins dénommés aux actes cy-après, qui ont signé ou déclaré ne savoir signer, fait à Vern le 1er messidor an XIII (20.6.1803) ». Suivent quelques mariages reconstitués sur la base de la table de 1791 dont les registres ont été brûlés, & des témoins.
Mon cœur bat, avec l’incroyable espoir qui vient de renaître. Je lis frébilement.
Soudain, il est là :
• « 21.11.1791 Mathurin Phelippeau 20 ans, compagnon maréchal taillandier demeurant en ce bourg, fils des ††Mathurin & Marie Faucheux, décédés à La Pouëze, avec Anne-Marie Lemesle fille de Jean maréchal taillandier & de Françoise-Scholastique Gardais demeurant en ce bourg, en présence de Louis Faucheux forgeur à La Pouëze oncle de l’époux, & de Louis Joubert marchand à La Pouëze cousin de l’époux ».
Mon histoire est vraie, mais hélas, tout est fait de nos jours pour que de tels actes introuvables le restent. Lorsque les archives départementales font des microfilms, elles ne vont par sur place étudier le fond, mais demandent « les registres paroissiaux ».
Par définition, les actes les plus introuvables, sont dans des cahiers non recensés comme les répertoires, ou dans des registres clandestins, & les communes n’ont expédié que les registres paroissiaux.
La non-mémoire perdurera encore longtemps ! voir disparaîtra dans l’inconscience générale. J’ai tenté en vain il y a quelques années de le dire, je ne me suis fait que des ennemis !
Pire, nous n’avons le plus souvent en ligne que la copie départementale, hors parfois j’ai détecté des erreurs dans ces copies, et donc nous n’avons plus accès à l’original qui était la version communale.
Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos