L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 21 février 1558 en la court royal d’Angers endroit par devant nous Michel Theart notaire de ladite court personnellement establiz vénérables et discretz Me Mathurin Lebarbier et Jehan Lemoulinyer prêtres demeurant en la paroisse de Feneu soubzmettant eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs etc confessent avoir du jour d’huy vendu quicté céddé delaissé et transporté et encores vendent quictent cèdent délaissent et transportent des maintenant et perpétuellement par héritages
à honneste homme Me Jacques Eveillard licencié ès loix Sr de la Gasnerye demeurant audit Angers à ce présent qui a achapté et achapte pour luy ses hoirs les maisons jardrins et appartenances où est de présent demeurant ledit Lebarbier sises audit bourg de Feneu le tout en ung tenant et joignant d’un costé le grand chemyn tendant de ceste ville d’Angers à Chasteaugontier d’aultre costé le chemyn comme l’on va à la Buslotière aboutant d’un bout à ung autre chemyn comme l’on va dudit bourg de Feneu audit lieu de la Buletière et d’aultre bout aux jardrins de Jacques Duboys à cause de sa femme,
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la Buletière est située tout près du bourg de Feneu sur le cadastre Napoléonien.
et tout ainsi que lesdites maisons jardrins et appartenances se poursuivent et comportent sans aucune chose en excepter réserver ne reserver du fief et seigneurye de Sautré tenu à ung sol tz au terme d’Angevyne et une ouaye au premier jour d’aoust le tout de cens rente ou debvoirs par chacun an
transportant etc et est faicte ceste présente vendicion cession et transport pour le prix et somme de 200 livres tz payée manuellement comptant en présence et veue de nous par ledit achapteur auxdits vendeurs et chacun d’eulx en un tout, qui’ l’on eu et receue en or et monnaye au prix et poix à présent ayant cours suivant l’ordonnance du roy notre sire et dont ils l’en ont quicté et quictent
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200 livres en 1558 pour une maison atteste une maison bourgeoise, c’est à dire avec chambres hautes et cheminées, même si il n’y a aucune description.
o grace donnée par ledit achapteur et retenue par lesdits vendeurs pour eulx leurs hoirs de recouce et remerez desdites choses vendues dedans Nouel prochainement venant en payant et resservant pareille somme de 200 livres tz avecques les loyaulx cousts
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La famille Eveillard dont est question est plutôt en Haut-Anjou, et j’ai été étonnée de voir cet acquêt sur Feneu. Mais à y regarder de près, il s’agit d’une vente avec possibilité de rachat, qu’en Anjou on appelait grâce, remeré, rescousse.
J’en conclue qu’il rendait probablement service au vendeur : cela revient à lui faire un prêt sur 2 ans, et on est sûr de l’hypothèque, puisqu’on possède le bien en cas de non remboursement (enfin, c’est la façon dont je comprends les choses, car je ne suis pas juriste et je m’exprime dans mon langage de vieille chimiste).
Ici, il va y avoir remeré, et ce remeré va fonctionner et ce second acte est écrit sur le même feuillet que la vente.
Mais parfois, j’ai observé des ventes avec cette faculté de remeré, dans lesquelles on ne voit pas à la suite de l’acte, le remeré. Dans ce cas, il est imprudent d’en conclure qu’il n’y a pas eu de remeré, car bien souvent, il fait l’objet d’un autre acte, donc dans une autre liasse d’archives.
Ceci pour dire que lorsque cette condition est explicité dans la vente, il est difficile au premier abord de savoir si le vente est, ou non, définitive.
Enfin, je reste admirative de la manière dont les noraires d’antan prévoyaient exactement quel feuillet serait nécessaire pour tel acte, car matériellement, ce sont des doubles feuillets, et si l’acte fait plus de 4 pages, le notaire prévoit donc 2 doubles feuillets, et les écrit matériellement toujours dans le bon ordre comme dans nos cahiers d’écoliers.
Or, dans le cas d’un grand Post Scriptum à venir 2 ans plus tard pour le remeré, il fallait le prévoir.
Alors, à mon avis, bien souvent, ces remerés sont franchement des prêts, et le notaire était certaine lors de la vente que le remeré arriverait 2 ans plus tard.
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