Histoire des fenêtres sans vitres, puis des vitres.

Il y a 14 ans, j’ouvrais de blog, avec cet article. Je le remets car j’ajoute ici les toiles aux fenêtres, selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 265
« En 1579, les fenêtres du collége Saint-Clément n’avaient que des carreaux de toile, comme le montre une plainte déposée au bureau de la mairie par le procureur du roi, qui poursuivait le principal et les régents, parce qu’ils exigeaient des élèves une indemnité pour la chandelle, les bancs et la toile des fenêtres. Le principal représenta que pareille chose avait lieu à Paris, et l’affaire n’eut pas de suite. »

  • Ouvrons les fenêtres

Un toît sur la tête, l’homme, pour y voir clair, pratique dans le mur une ouverture, appellée fenêtre du grec « éclairer ». Elle laisse passer l’air, indispensable pour cuire les aliments à l’intérieur. Les peaux de bête assurent la lutte contre la pluie, le vent… plus tard remplacées par des toiles cirées, papiers huilés, souvent protégés de grilles.

Puis, les fenêtres s’agrandissent et on y met une croisée ; à l’extérieur un contrevent de bois, découpé pour laisser un filet d’air et de lumière. Quelques Romains y mettent du mica ou de l’albatre, puis du verre coulé plat à la transparence relative !

Au début du 14e siècle, le verrier Philippe Cacqueray met au point la fabrication de feuilles planes. Les verreries, rares, très artisanales et consommatrices de forêts, produisent peu et le verre est difficile à transporter à plus de 40 km par charroi sur les chemins défoncés…

La fenêtre devient alors parfois le bois et vitrage qui composent la croisée. Les carreaux, fort rares, sont petits ; on leur adjoint à l’intérieur, un volet pour cacher la lumière à volonté.

Sous Louis XIV, le verrier Lucas de Nehou, met au pont le coulage du verre à vitre au château de Saint-Gobain, d’où la galerie des glaces.
Mais point de vitre aux fenêtres de l’immense majorité ! L’invention était pour la galerie des glaces, pas pour le peuple !

Au 19e siècle, le procédé est amélioré, les transports aussi. La vitre arrive enfin aux fenêtres. De son côté, le contrevent extérieur prend le nom de son collègue intérieur, le volet.

Au 20e siècle la vitre atteind de telles dimensions qu’elle concurrence le mur. Elle ne laisse pas passer l’air, alors on réinvente l’ouverture pour lui, et on ajoute un moteur : la VMC est née. Quant au volet de bois, ex contrevent, il peut encore être découpé, mais cette fois pour le décor…
Lucas de Nehou est oublié… Ah s’il voyait ces tours de verre !

Merci à Ghislaine le Dizès, poétesse, pour le joli titre de ce message…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

17 réponses sur “Histoire des fenêtres sans vitres, puis des vitres.

  1. Je ne me suis jamais manifestée, bien que je visite très souvent votre site,
    je suis très admirative de votre travail et je vous remercie de tout ce que vous m’apportez.
    Bien amicalement

    Françoise Morisson

  2. et bien voila maintemant je sais que les fenetre n avait pas de vitre avant le 19 éme siecle merci pour vos recherche

  3. bonjour …
    c’est très intéressant …..je veux choisir comme thème de Master …est ce que vous pouvez m’aider avec une documentation sur les fenêtres

  4. Bonjour,
    Pour rajouter un peu de croustillant à l’histoire de la fenêtre, mon ami et professeur Roger-Henri Guerrand , se serait empressé de préciser que Saint-Gobain n’a de « mérite » que grâce au rapt ordonné par Colbert. A cette époque, seuls « vénitiens » maîtrisaient l’art de la glace et du miroir ; ce qui fit que Colbert, n’y tenant plus, finit par faire enlever bon nombre d’artisans de l’île de Murano, ensemble avec leur famille pour limiter toute forme de représaille.

    Puis-je profiter de mon passage quelque peu tardif pour vous demander le lien entre le terme de « fenestre » et son pendant grec voulant dire « éclairer » ? D’avance merci !

    1. Bonjour
      Merci pour vos connaissances du miroir. Je m’étais imaginée qu’avant le verre, on avait aussi, certes rarement, le métal bien brillant, pour avoir une « petite » idée du résultat.
      J’ai observé dans mes dépouillements d’inventaires après décès des miroirs, mais uniquement dans des familles assez aisées, au 18ème siècle.
      La fenêtre signifie trou pour éclairer, enfin comme le comprenait nos aïeux !
      C’est notre monde moderne qui semble lui appliquer un sens de vitre.
      Et si j’y attache tant d’intérêt c’est que j’avais été très frappée lors de ma participation autrefois à la retranscription des délibérations du corps de ville de Nantes, que leur plus beau collège bourgeois n’avait que de la toile enduite aux fenêtres !!! Je crois que ce jour là, j’avais pleinement compris que je devais encore et toujours me représenter la vie d’autrefois avec des yeux bien loin de notre époque moderne !
      Merci pour votre rapprochement avec le grec qui signifie éclairer.
      Je ne suis pas linguiste du tout, et je ne connais que le Littré qui dit que :

      le latin fenestra est de même radical que le verbe grec traduit par éclairer.

      Mais le trou qui s’appelait fenêtre il y a plusieurs siècles n’avait-il pas pour objectif principal d’éclairer ?
      J’ai conscience de ne rien éclairer du tout avec mes réponses.
      Désolée
      Ici, ce WE nous sommes dans le HELLFEST, tout en noir, pas dans la lumière !
      Ceci dit les Hellfesteux sont gens civilisés et corrects.
      Odile

  5. Bonjour Madame,

    Je suis pour vous une inconnue. Je travaille sur le patrimoine rurale de la Vallée d’Aoste en Italie depuis quatre décennies. Je voudrais vous signaler comme il est diffcile dans le monde alpin rural de trouver des citations de verre aux fenetres dans les archives des notaires. Dans cette petite région de haute montagne, où l’on cohabitait en hiver à l’étable avec le cheptel familial, j’ai trouvé de premières citations dans les inventaires aprés décès justement pour les carreaux de verre des fenetres de cet espace, dès la fin du XVIIe siècle, à plus de 1700 m d’altitude. Ces carreaux étaient certainement arrivés jusque là par colportage.(A.N.Aosta, Vol. CT971, 21 février 1699). Merci pour votre site, bien intéressant.

    1. Bonjour Madame
      Vous ne m’êtes plus inconnue car grâce à votre aimable commentaire j’ai eu plaisir à découvrir votre site.
      Merci à vous de m’avoir apporté ce rayon de soleil, au coeur surtout, car si peu de gens ont cette délicate forme de reconnaissance du travail des autres que la majorité de mes lecteurs prennent sans laisser de traces.
      Alors, grâce à vous, je sais que je suis utile et/ou appriéciée un peu, et je vous remercie à mon tour d’avoir pris le temps de ce commentaire.
      Odile, 82 ans, qui commença sa vie de chimiste dans la plus grande verrie d’Europe à Bagneaux sur Loing, verrie qui existe toujours et fabrique de nos jours toutes les plaques de cuisson moderne (enfin le verre spécial)

  6. Bonjour,
    j’ai une question liée à un travail que je conduit.
    Avez vous une idée de la taille maximale d’une vitre (plus ou moins transparente) que l’on pouvait produire au tout début du 16 ème siècle (si vous avec une réponse pour l’Italie, ce n’en est que mieux car j’imagine que les vitres d’une taille un peu importante voyagent mal)
    Merci par avance de votre contribution
    Vincent

    1. Bonjour
      Les vitres étaient alors soufflées et non laminées, et je pense que les souffleurs de verre sont mieux à même que moi pour vour répondre.
      Les monuments historiques aussi ont la réponse puisqu’ils savent qu’elle est la taille autrefois.
      Les vitres de taille importante n’existaient pas alors. Le soufflage du verre ne permettait pas d’en fabriquer.
      Odile

  7. Bonjour intéressé par le sujet j’apporte un lien sur un documentaire ARTE sur les châteaux du Moyen-Age expliquant dans un passage la présence et la fabrication des premiers verres aux fenêtres. Il semble que les souffleurs de verre en fabriquaient dès le 13ème siècle. A partir d’une boule de verre ils en faisaient un plateau rond appelé « cive » ce qui expliquerait les fenêtres des maisons bourgeoises et nobles avec des ronds de verre cadrées par du plomb comme les vitraux.
    Sur le site de Wikipédia il est mentionné beaucoup plus tôt entre 5 et 10 ème siècle pour l’apparition du verre à vitre avec la même technique. Pascal
    Liens :
    https://www.arte.tv/fr/videos/080951-001-A/les-chateaux-du-moyen-age-1-2/

    Cive : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cive_(verrerie)
    Histoire du verre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_verre#Verre_%C3%A0_vitre

  8. Bonjour, et merci pour votre article sur les vitres.
    Le verbe grec dont il est question ici est le verbe φαίνὠ qui veut dire « faire briller, éclairer, » etc

  9. Bonjour,
    Je me demandais comment les agriculteurs du moyen-age qui ne pouvait sans doute pas utiliser du verre pour combler les ouvertures laissé par le cadre de fenêtre

    1. Bonjour Corentin
      Avec de la toile enduite.
      Mais non seulement les cultivateurs mais aussi beaucoup de maisons et autres bâtiments dans une ville comme Nantes. En 1598 dans les délibérations municipales, il est question des fenêtres du collège qui est ainsi, et je peux vous affirmer que Nantes avait une bourgeoisie aisée, voire très aisée, au collège.
      Nous avons oublié tout le confort de notre époque, remplie de baies vitrées partout !!!
      Odile

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