Contrat de mariage d’Anne de Franquetot et Françoise de Montbourcher, Chambellay 1621

La dame est veuve, et fait un don de noces au futur qui est si exceptionnel, qu’il faut le lire pour le croire. Etait-il bel homme ? Je me pose la question !
Outre ce don exceptionnel dans un contrat de mariage, car normalement le don est du futur vers la future, elle obtient aussi une dérogation à la coutume selon laquelle pour gérer ses biens une femme doit chaque fois obtenir l’autorisation de son mari. En tout cas femme de tête, désireuse de gérer seule ses biens !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le jeudi 11 mars 1621 avant midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers furent présents et personnellement establis messire Anne de Francquetot chevalier sieur baron de Saint Thenis demeurant en la maison seigneuriale d’Auxain pays de Cotentin d’une part

    il s’agit de Saint-Hénis, commune d’Andigné, Maine-et-Loire.

et dame Françoise de Montboucher veufve de défunt hault et puissant messire René de Montboucher vivant chevalier sieur du Bordaye et de St Gilles demeurant en sa maison seigneuriale du Boys paroisse de Chambellay d’autre
lesquels sur et touchant le traité de mariage d’entre eulx ont avant aulcune bénédiciton nuptiale convenu et accordé ce qui s’ensuit,
c’est à savoir que lesdits sieur et dame se sont promis et promettent mariage l’un à l’autre et iceluy solemniser en face de sainte église catholique apostolique et romaine si tost que l’un en sera requis par l’autre pourvu qu’il ne s’y trouve empeschement légitime
à la charge tourefois que par demeure d’an et jour ne autre temps, il ne s’aquerera aulcune communaulté de biens entre eulx, ains demeurera et demeure ladite dame future épouse autorisée à la poursuite de ses droits touchant ses biens du consentement dudit sieur futur espoux, sans que cy après elle ait besoing d’autre plus particulière autorisation de luy en aulcune sorte nonobstant la coustume du pays, à laquelle les parties ont desrogé en ce regard
et en conséquence de ce paieront et acquiteront les futurs conjoints chacun les debtes qu’ils ont cy devant créées et créeront cy après,
comme à semblable les meubles et bestiaulx qui se trouveront ès maisons et sur les lieux de chacun d’eulx lors de la dissolution de leur mariage demeureront à celuy d’eulx deux auquel lesdites maisons et lieux appartiendront,
et en faveur et contemplation duquel mariage qui autrement n’eust esté fait ladite dame future espouse a donné et donne audit sieur futur espoux pour luy ses hoirs provenant de sa chair en ledit mariage par donaison entre vifs et irrévocable en propriété la terre fief et seigneurie de la Perrière sise et située en la paroisse du Lion-d’Angers et ès environs, ainsi qu’elle se poursuit et comporte et telle qu’elle luy appartient par recouse faite par devant monsieur le lieutenant de ceste ville le 24 mai 1616 sur les héritiers de défunt René Restif sieur de la Grassinière, aux charges et conditions dessus et non autrement avec les meubles et bestiaux qui sont sur ladite terre, closeries et métayries qui en dépendent dont et de laquelle elle s’est réservé l’usufruit sa vie durant seulement, et s’est destituée en la possession d’icelle à titre de premice ? au nom et profit d’iceluy sieur futur espoux à la condition toutefois que si ladite dame lui survit ledit don demeurera caduc et les choses ainsi par elle données lui retourneront en pleine propriété pour luy appartenir comme auparavant
et au xa que ledit sieur futur espoux survive ladite dame et vienne à décéder sans hoirs provenus de sa chair ses héritiers collatéraulx ne pourront rien prétendre et demander en ladite terre fief et seigneurie de la Perrière, laquelle demeure aux héritiers de ladite dame
et a ledit sieur futur espoux constitué et assigné audit titre et consigne à ladite dame douaire coustumier cas d’iceluy advenant,
et pour requérir et demander l’insinuation et publicaiton des présentes lesdites parties ont constitué et constituent le porteur d’icelles leur procureur spécial
ce qu’elles ont stipulé et accepté et à ce tenir etc obligent lesdites parties respectivement etc renonçant etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers maison et présence de noble homme monsieur Gabriel de Blavou sieur de Launay conseiller du roy en sa cour de parlement de Bretagne en présence Madé de Blin escuyer sieur du Puis demeurant au lieu seigneurial du Bois, de noble homme Gabriel Lejeune conseiller du roy au siège présidial d’Angers demeurant audit Angers, le jeudi 11 mars 1621

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

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3 réponses sur “Contrat de mariage d’Anne de Franquetot et Françoise de Montbourcher, Chambellay 1621

  1. Françoise de Montbourcher avait épousé en 1574 René de Montbourcher (décédé en 1593) et avait eu un fils René en 1578
    Anne de Franquetot est fils de Louis Guillotte de Franquetot et de Diane de Montmorency, mariès en 1581
    Ce long veuvage et cette grande différence d’âge expliquent sans doute cela.

  2. Bonjour,

    Vous évoquez dans ce contrat de mariage :
    “la terre fief et seigneurie de la Perrière sise et située en la paroisse du Lion-d’Angers et ès environs…“

    Le château de la Perrière apparemment construit au XVIIe (restauré et situé à Avrillé)
    correspont-il à ce fief et seigneurie dont vous parlez ? Ou bien s’agit-il d’un autre endroit ?

    Un françois d’Acigné (sgr de Montejean tué à la bataille de Jarnac en 1569) époux de Anne de Monbourcher (fille cadette de François de Montbourcher, sr du Bordage. Ce François d’Acigné est oncle et curateur de Claude de Chastel.

    Peut-on établir un lien entre Anne et Françoise ?

    Béatrice de Jonchères (dame de la Perrière en Anjou) épouse en 1548, Jean de Rieux. leur fils aîné Guy de Rieux épouse le 11/06/1560 Anne du Chastel, dont la sœur Claude (1553 – 15/06/1587), épouse Charles Gouyon, baron de la Moussaye.

    Charles de Gouyon dans ses mémoires évoque (p. 72, 113, 116, 117, 119) le château de la Perrière où il est “passé“ à plusieurs reprises
    … “Madame de Rieux (Béatrix de Jonchères) eut affaire en Anjou, estant héritière d’une bonne ancienne maison appelée la Perrière*, où elle delibera d’aller, tont pour y voir sa mère (Marie de Chabannay – 80 ans en 1568- mariée à Claude de Jonchères), laquelle s’y tenoit et estoit agée presque quatre-vingt ans, pour y negocier plusieurs affaires de consequence, elle y mena aussy sa belle-fille madame de Chasteauneuf (Anne du Chastel épouse de Guy de Rieux)

    Question : Quels rapprochements peut-on faire entre ces différents évènements ?
    généalogiques, patrimoniaux…

    Comment et où pourrai-je en apprendre “un peu plus ou un peu mieux“ sur la Perrière ?

    Merci par anticipation pour toute réponse que vous pourriez m’apporter?

    Cordialement.

    Jean Claude Michaud

      Note d’Odile :
      Bonjour
      Mon blog ne contient que des actes originaux que j’ai trouvé par de longues recherches et dont j’ai fait la retranscription. Le tout (recherche et retranscription conjugués) relèvent du droit de la propriété intellectuelle.
      Ce, pour vous expliquer que lorsque vous lisez mes billets, dont le billet ci-dessus, il s’agit de documents que j’ai longuement cherchés lors de mes innombrables voyages à Angers, que je n’habite pas. Puis découverts et retranscrits et analysés. Il s’agit donc d’un travail qui fait preuve, et qui relève par ailleurs du droit de la propriété intellectuelle. Vous pouvez le citer dans d’autres sites internet avec un lien direct, mais non le copier.
      Ce préambule pour vous expliquez qui je suis et ce que fait ce blog, et pourquoi il est différent des autres. Il est même unique au monde.
      Pour revenir à votre question, ce que vous citez entre guillemets au début de votre commentaire, est bel est bien un acte notarié original, que j’ai donc découvert et intégralement retranscrit, et donc vous devez comprendre que le notaire qui donne la Perrière au Lion-d’Angers a peu de chances n’avoir fait une erreur de paroisse, même si, après tant d’années passées à dépouiller les notaires, je dois bien reconnaître qu’il peut arriver des erreurs, certes peu fréquentes.
      Le terme de Perrière est fréquent et on en compte beaucoup en Maine-et-Loire, dont plusieurs étaient des fiefs. En ce qui concerne cette terre, qui est bien située au Lion-d’Angers, vous pouvez soit tapper « la Perrière Le Lion d’Angers » dans un moteur de recherche, soit sur mon blog, dans la case de recherches et vous aurez entre autres accès à l’acte suivant : Bail à ferme d’un corps de logis de la Perrière, Le Lion-d’Angers, 1603 avec le lien http://www.odile-halbert.com/wordpress/?p=6025
      Là, vous aurez aussi ce que donne le Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, de Célestin Port, concernant de fief.
      Mon blog étant très largement fréquenté, je laisse à d’autres lecteurs le soin de vous éclairer sur vos autres questions.
      Merci de vos questions et n’hésitez pas à participer à mon blog, qui est un blog très particulier, en ce sens qu’il est le blog d’une chercheuse de documents anciens originaux, et à ce titre il est unique au monde, comme certains lecteurs pourraient vous le confirmer ici.
      Odile

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