Le quartier Saint Jacques (Nantes) au front pendant la Grande Guerre 14-18

Je vous ai déjà mis beaucoup de documents sur la Grande Guerre 14-18 à travers le carnet de guerre de mon grand-père Edouard Guillouard.

Il demeurait quartier Saint Jacques à Nantes, avant de partir au front. Et manifestement il a pu échanger quelques lettres avec ses amis du quartier Saint Jacques, puisque l’un de ses descendants possédait la lettre qui suit, datée du 9 mai 1915 et signée « Gaston ».

Ce Gaston tutoie mon grand-père, donc il connaît assez bien mon grand-père et je suppose qu’il s’agit de Gaston Roy, mais les Roy possédaient tous plusieurs prénoms et il est difficile d’identifier lequel a écrit la lettre, sans doute celui qui est inhumé au cimetière Misericorde (Nantes) le 25 novembre 1937 âgé de 59 ans, donc contemporain de mon grand-père et probablement tous deux ont été élèves dans leur jeunesse de l’école chrétienne de la rue St Jacques pour garçon seulement (à l’époque, plus maintenant).

Gaston (que je suppose Gaston Roy) donne des nouvelles de plusieurs autres camarades du quartier Saint Jacques, entre autres Emile Marry le coiffeur, né à Vallet le 4 février 1879, et aussi contemporain de Gaston.  Tous les autres noms qu’il cite me sont plus ou moins connus, mais je n’ai pas plus de précisions, et j’offre volontiers ce document au Quartier Saint Jacques, dans l’espoir qu’ils pourront identifier tous ces militaires, et me faire signe.
Quand il parle de « la pipe », il s’agit d’Edouard Halbert, mon grand-père paternel. Mais il en cite plein d’autres…

Je vous mets d’abord ma frappe, suivie des 3 vues !

Moridon, le 9 mai 1915
Cher Edouard
J’ai ta bonne lettre du 14 avril, excuses moi si je n’ai pu te répondre plus vite. Beaucoup de lettres à écrire, lettres commerciales ainsi que celles à ma famille, beaux-frères etc… puis ai fait un entrainement très dur et fatiguant avec ces chaleurs estivales.
On parle fortement de nous expédier dans les environs de Terns ? afin d’y faire nos tris de guerre finis point de direction le front. Mon régiment est en ce moment du côté d’Ypres et donne beaucoup aussi le dépôt se vide de plus en plus.
Je viens d’écrire à l’ami Gobin qui est à Locmaria près Auray. Il se plaint que le pays est monotone mais je suis certain que tu voudrais à sa place. Il est sergent major. La pipe est à Savenay et il gueule comme un putois, il n’a plus le goût militaire, il est comme mort mais il faut se résigner et penser à nos héros cachés et inconnus qui souffrent sans plainte. Emile Marry a été exaucé, il est mieux et va retourner au dépôt. Henri Halbert est dans les environs du camp de Chalons. Paul Halbert est toujours à Lorient et il obtient surplus de permission. Etienne Chauvet est au camp de Coëtquidan et il est téléphoniste et va partir sous peu pour le front ainsi que Blanchard Lemoine son camarade de combat. Mes beaux frères : Marcel est toujours dans les tranchées avec le 65ème du côté de Mailly Mallet ; Henri est du côté de Verdun ainsi que l’ami Louis Martin ex-caissier chez Lefèvre-Utile. Pierre Chauvet est dans les tranchées ainsi qu’André qui n’a pas encore eu le baptême du feu mais l’attend. Ma petite famille est bien et je l’ai vue encore la semaine dernière. Mon frère a dû te dire que nous avons perdu notre cousin de la champignonnière qui nous avait vendu notre représentation et qui la dirigeait depuis mon départ. Il est mort subitement d’une hémorragie centrale âgé de 53 ans c’est terrible. J’ai dû aller réorganiser l’affaire avec ma belle-sœur, mon frère et 3 employés. J’espère que la clientèle sera conservée. C’est tout ce que nous demandons pour cette terrible année.
De temps en temps nous aussi faisons des petits gueuletons, c’est la seule distraction à Issoudun et quand on a bon appétit c’est une bonne distraction.
Il passe des trains en quantité ici, c’est une ligne directe de Paris et il y passe des troupes beaucoup ;
Si tu vois mon frère tu lui serreras la main pour moi ainsi qu’aux amis Poudat Auguste etc…
Je te remercie de ta carte photo et je t’envoie ma binette ainsi que celle de quelques poilus. Mon ami Haudreau de Nantes, pâtissier rue de l’échelle, est surmonté d’une croix sur la photo, les autres ne t’intéressent pas. Tu vois qu’il faut être belle femme pour être mignon dans cette tenue.
A bientôt et cordiale poignée de mains
Gaston

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