Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : octobre-décembre 1914


Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

DAINVILLE – TRANCHÉES de la SOMME

1er octobre 1914 jeudi – Travaux sur les mêmes positions, cantonné à Beaucourt, Hamel, ravitaillement difficile
2.10 vendredi – le doit grand garde dans le ravin au nord de Beaucourt, mangé du poulet aux pois, tombés près de la route

3.10 samedi – même occupation de jour, le soir cantonné à Beaumont, reçu lettres
4.10 dimanche – Tranchées au nord de Beaucourt, mouvement de repli vers 15 h sur la gauche, retraite générale sur Beaumont-Hamel, Mailly-Maillet, retour sur Auchonvillers. Bivouac d’alerte, bombardement

5.10 lundi – Occupé coté 142 au sud d’Auchonvillers, ordre de tenir jusqu’à midi, pas d’attaque, départ le soir, cantonné à Bertrancourt, fortement occupé par diverses troupes et beaucoup de blessés

« décembre 1914, tranchées du chemin de fer de Dainville »

6.10 mardi – Occupé 2es positions près Colincamps, cantonné à Louvencourt, appris que Joseph (son frère) est blessé

7.10 mercredi – 2es positions près Beaussart, cantonné à Bus-lès-Artois. Lettre du père

8.10 jeudi – Retour en 2e position, grand halte, départ pour l’arrière après félicitations, mais nous marchons par Coigneux, Souastre, StAmand, Humbercamps, La Cauchie, La Herlière

9.10 vendredi – Départ de La Herlière (route d’Arras), bois de Beaumetz-lès-Loges. L’après-midi reconnaissance des emplacements, rivière, Brétencourt. A 20 h occupation des tranchées du 270e RIR, alerte, fusées éclairantes

10.10 samedi – Ravitaillement difficile, poulets

11.10 dimanche – de la Brouerie, à 22 h relève par le 82e RIT
12.10 lundi – Arrivée à Monchiet. Mauvais cantonnement. Vu Durouzier

« décembre 1914, tranchées du chemin de fer de Dainville »

13.10 mardi – Monchiet, soutien d’artillerie
14.10 mercredi – Départ pour le moulin de Berles aux bois, cantonné à Bailleulval à la mairie
15.10 jeudi – Bailleulval jusqu’au 21 au soir

16.10 vendredi – Travaux, grand garde dans les tranchées

17.10 samedi – Revue du général Damade

18.10 dimanche – Messe dans la petite église de Bailleulval
19.10 lundi – Arrivée de Perrin, le Ct de Heninie remplace Giguet
21.10 mercredi – le 81e vient nous remplacer, vu Cassin, Poudat, le soir cantonné à Monchiet
22.10 jeudi – Exercice autour de Monchiet, ravitaillement difficile, popote avec le Ct
23.10 vendredi – Départ à 13 h pour Arras, cantonnement d’alerte à Dainville
24.10 samedi – Dainville chez le boulanger, sur des paillasses
25.10 dimanche – Dévotions, travaux faute route d’Arras, ordre de départ pour les tranchées par Achicourt, Agny, Le moulin, le chemin creux. Nuit pénible, pluie

« décembre 1914 les cuisiniers de la 2ème compagnie »

26.10 lundi – Le Ct Rambois du 2e terrible pour le cuisinier

27.10 mardi – Popote dans l’écurie, pas de vin, du thé

28.10 mercredi – Attaque par le feu, tous les soirs

30.10 vendredi – Retour chaque jour des sections en ligne
31.10 samedi – Thomas Lamotte [cho..] les chevaux

1er novembre 1914 dimanche – Messe au château, tombes
2.11 lundi – Achat à bon marché à Agny (Douillard)
3.11 mardi – Les rives du Crinchon, les déjeuners sont meilleurs, bonne camaraderie. Perrin, Hervé, Berthelot
5.11 jeudi – Touché indemnité et solde, envoyé 1er mandat, inquiétude pour Joseph
7.11 samedi – Ravitaillement d’Arras, l’ordinaire, les usines [Edouard est issu d’une longue lignée de quincaillers venus de Normandie (La Sauvagère). Ses frères ont une usine à Nantes et lui même aime les visiter, car ce sont ses fournisseurs]

« décembre 1914, les cuisiniers de la 2ème compagnie »

8.11 dimanche – Attaqué par le feu, mené à Agny, arrivée trop tard

9.11 lundi – La barrique percée par une balle

[photo de 2 cuisiniers apportant la nourriture à pied par la voie ferrée, Dainville décembre 1914 – VOIR LES NOMBREUSES PHOTOS DE CUISINES et les commenter sur mon blog]

10.11 mardi – Occupations du grand ouvrage

11.11 mercredi – Le Chat maigre, arbres en boule

12.11 jeudi – Arrivée de Bichon, les hutes du Crinchon

13.11 vendredi – Le Ct de Guemenie vient s’installer au moulin
14.11 samedi – Les cuisinières du village d’Agny
15.11 dimanche – Pasquier légèrement blessé

Joseph Guillouard, mort pour la France

16.11 lundi – Un soldat de la 4e tué. Apprend la mort de Joseph [jeune frère d’Edouard, photo ci-contre. 
17.11 mardi – Le 270 remplace le 2e  Dainville
18.11 mercredi – Vu Croisy [voisin demeurant aussi rue St Jacques à Nantes ] dans le chemin creux
19.11 jeudi – Reçu postaux, la Varenne, ravitaillement
20.11 vendredi – à Arras, vermouth, liqueurs, champagne, gateaux
21.11 samedi – Relève dans la soirée par le 82e R.I.T.
22.11 dimanche – Départ par le froid du Crinchon, arrivée à 8 h à Simencourt, départ à 11 h du soir pour la cote 105. Reçu sac de couchage
24.11 mardi – Cote 105, repas au choix près Wailly avec la 4e Cie cap. Hervé, Berthelot
25.11 mercredi – J’apprends la naissance de Thérèse (son 3e enfant, qui ne connaîtra son père que 4 ans plus tard – Elle est ma maman)
26.11 jeudi – Constructions d’abri
27.11 vendredi – Cote 105 dans la petite tranchée couverte comme abri
28.11 samedi – Visite d’officiers d’E.M.
29.11 dimanche – Messe à Dainville avec Pasquier, travaux au ch. F.
30.11 lundi – Départ pour les tranchées du Crinchon

Joseph Guillouard, le jeune frère d’Edouard, était tout juste marié et la photo ci-dessus semble prise dans la famille de sa femme, à droite sur le banc les parents de Joseph. Cette photo semble montrer un mariage urgent avant le départ au front. Ma maman racontait peu de choses, mais tous les 1er novembre, lorsque nous faisions le tour des cimetières, devant la plaque mémoire du décès de Joseph Guillouard, elle nous disait que sa femme Jeanne Beautamy était décédée peu après de chagrain. Je n’ai jamais pu trouver ce mariage, mais cette vue montre l’écriture d’Edouard Guillouard donnant la légende de la photo ci-dessus.

1er décembre 1914 mardi – Tranchées du grand ouvrage et du Crinchon, chemin creux, une section en réserve, popote au moulin, pluie
4.12 vendredi – Tranchées éboulées, relève dans la soirée, installation à Dainville
5.12 samedi – Compagnie de garde, installation dans la grande ferme au nord de Dainville, séparation de popote avec la 4e

photo Leglaive – Pour agrandir cliquez et recliquez

ligne en haut (de gauche à droite) : MORIZOT – FAUCHERON – PIERRE – BRIDONNEAU – GORON -PAVAGEAU – RAMPILLON – MOREAU – LOUPY – PASQUIER
ligne du milieu : inconnu – BICHON – GUILLOUARD – LEGLAIVE – FAUCHERON – inconnu
ligne en bas : MARCHAIS – CHOYAUX – PINEAU

7.12 lundi – Exercice le dimanche et le lundi sur la route de Warlus
8.12 mardi – Ordre de départ pour travaux à l’arrière, départ à 8 h par Wagnonlieu, Duisans en vue des Boches, bombardement à la Hate près Louez, pas de course vers Etrun, arrivé à Acq, envoyé à Ecoivres
9.12 mercredi – Départ de Ecoivre pour Maroeuil, déjeuné à Maroeuil, travaux à partir de 11 h jusqu’à 22 h, cantonné à Maroeuil
10.12 jeudi – Reprise des travaux, départ de Maroeuil à 6 h, toute la journée dans les boyaux près la [Torgette]
11.12 vendredi – Départ de Maroueil à 5 h, travail jusqu’à 19 h, les travaux ne pouvant pas continuer la nuit
12.12 samedi – Reprise du travail à 3 h jusqu’à 8 h, repos à Maroeuil mais bombardement dans le village du Mont-St Eloy
13.12 dimanche – Travail de 4 h à 17 h, une heure seulement pour le repas
14.12 lundi – Repos le jour, départ le soir à 17 h pour Berthouval, travail RI058.jpgtoute la nuit dans un boyau avec 0,50 d’eau, rentré à 8 h
15.12 mardi – A Maroeuil, le soir à 17 h travail à la cote 84 devant la Maison Blanche
16.12 mercredi – Rentré à 6 h, départ pour Dainville à 11 h, les hommes fatigués, arrivé au cantonnement à 17 h, logé chez Ferron la Dlle pomme d’api trois dans la même chambre, popote chez Malvoisin
18.12 vendredi – Dainville, on entend le canon de Maroeuil et on croit à l’offensive (conf. samedi)
20.12 dimanche – Départ à 2 h pour tranchées, Crinchon, chemin creux, grand ouvrage avec les cavaliers du 3e Dragon, le grand ouvrage occupé par un peloton, le chemin creux par le 270
23.12 mercredi – Dans la soirée relève par nuit noire par 3e Bon
24.12 jeudi – Au chemin de fer, veille de Noël, réveillon à la maison du garde-barrière, messe sur la voie à minuit, chants de Noël, le Ct LeFer de la Motte

27.12.1914 dimanche – Dans la soirée, relève et départ pour Dainville
28.12 lundi – Dainville, même cantonnement Ferron et popote Malvoisin
29.12 mardi – Photos chez le Ct de Herminy
30.12 mercredi – Déjeuné avec le Ct du Gardier chef de popote
31.12 jeudi – Le départ pour les tranchées est remis au 1er au soir, aussi à 8 h grand repas chez le Ct qui fait popote chez le maire, chants, discours, les Nudreins, Stéphan, Goheau, on attend la nouvelle année qui doit nous donner la victoire et la paix, le retour au foyer fiers d’avoir bien fait son devoir, mais tous avec la conviction qu’en avril ou mai tout serait terminé
(voir les noms des officiers (pas mois de 17 pages du carnet de guerre d’Edouard Guillouard sont consacrées à la liste des noms)

ci-dessous sur mon blog et en discuter)

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : début octobre  1914mi octobre 1914 –  fin octobre 1914novembre 1914début décembre 1914  – mi décembre 1914fin décembre 1914

Noël 1914 : lettre d’Edouard Guillouard à son frère Louis

[Noël 1914 : Edouard Guillouard écrit à Adrien, l’un de ses 3 frères, qui possède avec Louis, autre frère, une usine à Nantes, et fabrique pour l’armée. La lettre témoigne d’une telle grandeur d’âme ! et pas une plainte ! L’usine est connue sous le nom ALG qui désigne Adrien et Louis Guillouard, et a été fondée par les 2 frères quelques années plus tôt]
Mon cher Adrien ma chère Gabrielle
Merci de votre postal que je reçois juste à temps pour joindre à ceux de mes camarades. Nous sommes gâtés, je n’avais jamais contenté autant de friandises.
Hier soir nous avons fait un vrai réveillon, et je n’ose pas vous en envoyer le menu. Si à la guerre il y a de fort mauvais moments, il faut bien se distraire un peu, malgré que nous ayons bien souvent lieu de nous faire du chagrin.
Hier il ne manquait rien pour se distraire car après le réveillon, nous avons assisté à une messe de minuit peu banale. Dans un ravin de chemin de fer à 12 m des boches, un abris de paille recouvre un autel, quelques branches de houx et 6 bougies dans de simples chandeliers. Un lieutenant d’artillerie, prêtre, dit la messe servie par deux soldats d’artillerie. Cette cérémonie est magnifique dans sa simplicité et son pittoresque. A un moment une forte voix chante un minuit chrétien dans cette obscurité, c’est émouvant et je conserverai longtemps le souvenir de cette nuit de Noël.
Que devenez-vous ? Louis m’écrit que vous êtes très peiné.
J’espère que Adrien obtiendra un nouveau sursis, et ne viendra pas voir les tranchées qui n’ont rien d’intéressant tant que les boches seront en France, mais qui m’ont encore appris la guerre. Je crois qu’Adrien, inventerait quelque chose de nouveau s’il y venait, mais, je me contente de faire des abris et installer des poëles, que nous n’allumons que la nuit pour ne pas être repérés.
J’en ai assez de cette vie de guerrier et nous ne voyons pas la fin venir, nous n’avons pas grande occupation, mais nous ne pouvons nous absenter de notre poste et malgré que nous n’ayons pas eu d’attaques heureusement, mais nous devons toujours être prêts à prendre les armes, et le plus dangereux et le moins agréable, c’est que jour et nuit nous avons toujours l’artillerie allemande qui, répondant à la notre, envoit des srapmells au petit bonheur. Gare à ceux qui les reçoivent et malgré qu’il y ai plus de trois mois qui nous en voyons éclater près de nous, on ne s’y habitue pas. C’est comme les balles, c’est toujours désagréable de les entendre siffler aux oreilles, surtout quant je suis aux tranchées de première ligne, dans ma compagnie. Nous n’avons pas eu trop de mal surtout depuis le 4 octobre, pas de mort pas de blessés sur les 250 hommes, espérons que la compagne se termine ainsi.
Je vous ai écrit voilà un mois une longue lettre, et je n’ai pas eu de réponse. Veuillez m’écrire longuement, vous me ferez plaisir. Et, si votre générosité vous le permet, vous pouvez m’adresser un autre postal. Je vais même vous en fixer le contenu (pour vous guider simplement). : un gâteau Lefèvre-Utile, quelques friandises, cigares et jambon ou un beau pâté de foie gras (pas autre chose).
Car je crois nos mauvais jours passés, et les camarades avec qui je me trouve aiment bien les bonnes choses. La plupart sont des messieurs de situation au dessus de la mienne, mais ce qui n’empêche pas que nous sommes tous très liés et de véritables amis, avec qui j’ai tout de même eu des jours de misère, que nous compensons quand nous le pouvons.
En attendant le jour heureux où il me sera possible de retourner vers Nantes, ce jour ne sera pas aussi agréable que nous l’aurions souhaité au départ, car notre pauvre Joseph manquera parmi nous. Sa disparition me fait beaucoup de peine. C’était un bien bon garçon, et un excellent frère, il n’a pas eu de veine, espérons qu’il ne m’en arrive pas autant, car il ne faut qu’un coup et comme je vous l’écris nous sommes souvent arrosés par la mitraille.
Je termine ma lettre en vous offrant mes bons vœux de bonne année, je vous encourage sérieusement à faire votre devoir de bons français en travaillant au repeuplement et je souhaite de bonnes affaires à Adrien, mais avec des sursis.
A vous lire, votre frère et beau-frère qui vous embrasse affectueusement, Edouard

J 144 (4 mois 22 jours) : 1er Noël dans les tranchées

La lettre ci-dessus est un témoignage de la grandeur d’âme, surtout quand on songe qu’Edouard écrit à ses frères non mobilisés,

 

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