Embrasement d’une barge de fagots pour boulangers, Pouancé, 1543

Marc Toublanc n’est pas un notaire facile à faire. J’y relève, au mieux, les actes qui traitent du Haut-Anjou et des communes qui m’intéressent. J’ai pris l’acte qui suit car je voyais apparaître Pouancé. Or, en le retranscrivant je découvre plusieurs points intéressants.

  • André Delanoë, de Pouancé, devenu apothicaire à Angers, avant 1543
  • J’avais par le passé rencontré certains Delanoë de Pouancé montés à Angers, entre autres
    Ici, je découvre qu’André était apothicaire en 1543 à Angers, date à laquelle les apothicaires sont rares mais ce sont déjà différenciés des épiciers en 1484, par l’Ordonnance de Charles VIII « doresnavant nul espicier de nostre ville de Paris ne s’en puisse mesler du fait et vacation d’apothicaire si ledit espicier n’est lui-même apothicaire »
    Cet André Delanoë, apothicaire à Angers, sait signer, mais curieusement les 2 Delanoë de Pouancé ne signent pas, preuve que dans certaines familles tout le monde n’était sans doute pas traité sur le même plan ?

  • la barge de fagots pour boulangers
  • Je découvre le terme de barge de fagots, qui est un terme donné par M. Lachiver, qui s’applique aux fagots utiilsés par les boulangers.
    J’ignore plus cette pratique, et si les fagots étaient gratuits ou payants, mais en tout cas le fait de les avoir perdu par le feu, pose manifestement un problème tel qu’il est traité à Angers et non à Pouancé, et que 2 boulangers d’Angers ont servi à la fois de témoins et d’arbitres. Vous allez les voir à la fin de l’acte.

      Voir les noms de lieux de Pouancé, selon les aveux de 1513 et 1606
      Voir ma page sur Pouancé
      Voir ma page de cartes postales de Pouancé
    Pouancé, collection particulière, reproduction interdite
    Pouancé, collection particulière, reproduction interdite

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription de l’acte : En la court du roy notre sire à Angers (Marc Toublanc notaire royal Angers) endroit personnellement estably sire André Delanoe marchant appoticaire demeurant en ceste ville d’Angers,
    soubzmetant etc confesse etc avoir aujourd’huy quicté et encores quicte à Jacques Delanoe paroissien de St Aulbin de Pouancé à ce présent et acceptant tous et chacuns les droictz que ledit André a et peult avoir à l’encontre dudit Jacques Delanoe pour raison de certain prétendu embrasement d’une loge et barge de fagots le tout sis et situé au lieu de la Noë paroisse dudit St Aulbin de Pouancé,

    barge : tas de fagots, de petit bois, que l’on constituait près des villes pour l’approvisionnement des boulangers – en Anjou, gros paquet de plusieurs douzaines de poignées de chanvre liées ensemble pour le rouissage – etc… (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

    que Me Aurmel Delanoë prétend avoir esté faict par ledit Jacques Delanoë et autres
    par le moyen du transcport et cession que ledit Me Aurmel Delanoe demeurant en ladite paroisse dudit Saint Aulbin fist le jour d’hier 13 de ce mois de juin audit André Delanoe ledit transport et cession par moy Marc Toublanc notaire soubz signé ainsi que plus amplement appert et peult apparoir et ppour les causes contenues en icelle
    et est ce fait moyennant la somme de 2 escuz d’or sol sur laquelle somme ledit Jacques Delanoe a payé et baillé audit André Delanoe la somme de 45 sols tournois par devant noue et en a quicté et quicte ledit Jacques Delanoe ses hoirs et le reste, montant pareille somme de 45 sols tournois, ledit Jacques Delanoe a promis doibt est et demeure tenu payer audit André Delanoe ses hoirs dedans le jour et feste de notre Dame Angevine prochainement venant à peine de tous intérestz ces présentes néanlmoins etc
    auxquelles choses dessusdites et tout ce que dessus est dit tenir s’obligent lesdites parties chacun d’eulx seul et pour le tout et mesmes ledit Jacques Delanoe ses biens à prendre vendre etc renonczant lesdites parties etc foy jugement condemnation etc
    fait et passé en ceste ville d’Angers ès présence de René Noury et Marin Aubert boulangers tous demeurant en ceste ville
    Signé : André Delanoé, Noury, Toublanc

    Seul André Delanoë sait signer, et les 2 autres ne signent pas ! Serait-il d’une branche plus aisée que les deux autres ?

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    4 réponses sur “Embrasement d’une barge de fagots pour boulangers, Pouancé, 1543

    1. Pour ce qui est du terme « barge ».Dans le parler Angevin, la barge de foin, était dressée dans la cour de la ferme,après la moisson. A son ombre , les jours d’été ,on y faisait parfois « marienne » , on s’y contait aussi fleurette, à l’abri des regards !

    2. Bonjour,

      Je profite de cet article pour passer un mot de remerciement concernant le travail de Mme Halbert. Je fais une recherche universitaire sur le château de Pouancé, donc sur une période légèrement antérieure à vos travaux de recherche. J’ai pu trouver, sur le site notamment, des éléments (en particulier iconographiques) intéressants. Merci et au plaisir de lire d’autres articles.

    3. Juste une petite remarque sur le terme « moisson » utilisé par Marie dont le message est par ailleurs très bien vu.
      Marie fait état d’une « barge de foin » et ensuite de « moisson ». Le foin ne se moissonne pas, on le récolte ou on le ramasse. La fenaison n’est pas un terme usuel.
      Le terme « barge » s’applique, ou s’appliquait en Anjou, au foin en premier et aux fagots et bourrées en second (mais il n’en est plus guère fait), car un autre mot existe ou existait pour le bois, c’était une « mouche ».
      Pour les gerbes, on parlait de « tas » (disparus avec les moissonneuses-batteuses ou « combine ») et pour la paille pressée par un « pick-up baller » ou presse-ramasseuse on n’utilise pas le mot « barge » mais le mot « paillé » constitué de nos jours le plus souvent par d’énormes balles de « round-baller » (presse à balles rondes).
      Pour le chanvre on parlait de « tielle » ou « teille ».
      Les Modes de vie ont bien changé depuis !
      Je ne suis pas certain que l’on fasse encore « morienne » au cul du paillé, (de préférence à celui de la barge car le foin faisait, disait-on, mal à la tête).
      Je profite de cette circonstance pour faire part de mon admiration à Mme Halbert qui débusque beaucoup d’archives intéressantes. Je lui adresse toutes mes félicitations.
      Raymond

    4. Merci Raymond de me corriger.C’était donc au « cul du paillé » qu’on se contait fleurette et quon faisait « morienne  » ?

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