Nicolas Leblanc, laboureur à Saint Martin Chennetron (77) doit rembourser Jean Dupas, 1562

Introduction

Nicolas Leblanc a perdu le procès intenté par Jean Dupas contre lui devant le bailli de Provins pour impayé. Non seulement il doit payer sa dette mais aussi les dépends du procès, car autrefois les frais de justice étaient payés par le perdant alors que de nos jours la justice est payée par les impôts des contribuables.
Un procès comme celui ci n’existait pas en Anjou …. là où l’exploitant agricole n’était que le locataire du bailleur car le bailleur avait le pouvoir  aussitôt qu’une faute était commise de mettre à la porte l’exploitant agricole.

l’identification les anciens noms de lieux est parfois difficile

Dans tous les innombrables actes notariés du 16ème siècle que je vous ai retranscrits mon plus grand travail est bien souvent l’identification des lieux, car les noms ont souvent changé, et pire ils ont aussi parfois disparu, sans oublier que le notaire écrivait phonétiquement ce qu’il avait entendu, donc son orthographe peut déjà être approximative. J’utilise beaucoup GEOPORTAIL et GALLICA car les moteurs de recherche n’en peuvent rien le plus souvent. Ainsi, ce jour j’ai trouvé sur Gallica le terme que j’avais déchiffré comme étant SAINT MARTIN DE CHANESTRON, et ce dans les mémoires de Claude Haton  dans un extrait publié par le Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins (2001) : 

  •  «Loys de Vauhardy (5), duquel en ceste année avons parlé, avoit prins des abbé et moynes de Vauluysant lez Sens une terre à l’abbaye dudit lieu appartenant seant en la parroisse de Sainct Martin de Chanestron lez Chalautre la Grand à tiltre de moyson (6) par an à quatre
  • Son corps fut porté et posé en l’eglise dudit Sainct Ayoul, en la parroisse de laquelle il, avant d’aller audit Sainct Martin de Chanestron, estoit parroissien, en laquelle eglise, furent dictz suffrages des trepassez à son intention(…)
Effectivement la famille DE VAUHARDY se disait « de Saint Martin » sans préciser de quel lieu il s’agissait selon la base ROGLO.

Saint Martin de Chanestron

Le nom de Chanestron, aussi écrit vers 1600 Chenestron, a disparu, mais il existe encore sur la carte de Cassini donc au début du 19ème siècle. C’est grâce aux Mémoires de Claude Haton citées ci-dessus, que j’ai pu identifier la commune de Chalautre la Grande, et retrouver le lieu qui désormais n’est plus connu que sous le nom de SAINT MARTIN

Carte de Cassini sur Geoportail. On y voit Saint Martin de Chenestron au nord du bourg de Chalantre la Grande

Georportail actuel

et j’ai fini par trouver que la commune s’appelait Saint-Martin-Chennetron, mais avait fusionné en 1972 avec Beauchery pour devenir Beauchery-Saint-Martin 

signature de Nicolas Leblanc laboureur, 1562

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.10.02 vue 165 – Nicolas Leblanc laboureur demeurant à St Martin de Chanestron recognut debvoir à honorable homme Jehan Dupas lesné marchand demeurant à Provins présent la somme de 9 livres et 8 sols 9 deniers tz de reste de plus grande somme à laquelle somme montent les despends de certain procès meu entre ledit Dupas demandeur et la sentence à l’encontre dudit débiteur qui estoit appellant … donnés de monsieur le bailly dudit Provins …

Bail à moisson pour 9 années à Pasquier Quillet, laboureur à Provins, 1562

Introduction

Pasquier Quillet, laboureur à Provins, n’a sans doute pas assez de terres en propriété propre, et prend le bail de 4,25 ha à 2 bourgeois de Provins : Prieur et Lucquin. J’ignore si ces 2 propriétaires ont un lien de famille car il est surprenant de les voir tous les deux ensemble bailleurs, et généralement un bail n’est qu’avec un bailleur. Quoiqu’il en soit, on apprend que l’un possède 8 des 12 arpents, c’est Lucquin et il sera payé chaque en nature (ble froment) des 8/12èmes de 7 boisseaux et demi.
La valeur du boisseau était variable et je ne trouve que celle de Paris en 1622 qui était de 9,79 kg ce qui donnerait 73,4 kg. Donc le bail était de 17,25 kg/ha et on peut supposer que le preneur est gardait autant donc que la terre aurait produit 34,5 kg/ha alors qu’en France actuellement elle est de plus de 6 000 kg/ha

signatures

Chaque propriétaire a manifestement 2 témoins, donc il y a 8 signatures en tout : le notaire BAISELA, le preneur QUILLET, les propriétaires PRIEUR et LUCQUIN et 4 témoins. Tous signent avec fioritures, et décidément les fioritures étaient très à la mode à Provins en 1562 !

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.10.19 vue 168 – fut présent en sa personne Pasquier Quillet laboureur et huillier demeurant à Provins lequel recognut avoir pris et retenu à tiltre de moisson à années d’honorable homme Quiriace Prieur tanneur et Nicolas Lucquin procureur et praticien demeurant à Provins ad ce présent bailleurs audit tiltre qui luy ont baillé et délaissé audit tiltre et promis garantir la quantité de 12 arpents (42 540 m2) de terre en 4 pièces assises au finage de Provins … pour en payer par ledit preneur jusques à 9 années finies et accomplies moyennant la quantité de 7 boisseaux et demy de bled froment par chascun arpent desdites terres bon grain loyal et marchand mesure dudit Provins et rendu audit Provins scavoir est audit Lucquin pour 8 arpents desdites terres et le reste audit Prieur …

Jean Montigny et Etienne Dumet, laboureurs à Champcenest, transigent sur leur procès, 1563

Introduction

Ils sont tous deux laboureurs et ont pris ensemble un bail de biens de l’abbaye Saint Jacques de Provins, mais n’étaient plus d’accord au moment de payer le bail, et sont en procès entre eux. Pour que 2 laboureurs soient en procès entre eux pour une affaire de gestion, il faut qu’ils soient assez cultivés et vous allez voir des signatures qui sont encore avec de splendides fioritures. Et j’observe que ces fioritures sont toutes personnelles dont élaborées individuellement, c’est magnifique, et je m’occupe actuellement à l’élaboration d’un document d’ensemble de ces signatures.

transaction Montigny Dumet

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

Nicolas Jeubert, laboureur à Augers en Brie (77) a une si belle signature !!! 1562

Introduction

La signature de ce laboureur est si belle que j’ai failli rendre l’âme !!! Mais c’est Pâques, et je vous offre cette signature admirable, avec un très soli plein et délié… Et c’est un laboureur !!!
Surtout ne regardez pas le nom du chirurgien, car vous pourrier rendre l’âme !!!

le prêt de 2 septiers de blé

Selon mon hypothèse, il avait acquit à rente perpétuelle une parcelle de terre et la rente était le plus souvent à cette époque à payer en nature. Il n’avait pas les 2 septiers à disposition et les a emprunter à un tiers… pour payer sa rente perpétuelle…

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.04.04 vue 74 – furent présents en leurs personnes Nicolas Jeubert et Jehan Coppe ? laboureurs demeurant à Coppedoye paroisse d’Augers (>Augers-en-Brie) lesquels recognurent debvoir chascun pour l’autre sans division à honorable homme Ayoul Fossoieux barbier cyrurgien demeurant à Provins présent la quantité de deux serptiers de bled froment bon grain loial marchand mesure de Provins et rendu es greniers dudit … pour prest à eulx fait de pareille quantité à leur nécéssité …

Jacquin Froment, vigneron à Villenauxe la Grande (77) doit 10 livres à Toussaint Corcessin, 1562

Introduction

Jacquin Froment signe et même avec une magnifique fioriture, et je rencontre beaucoup de ces belles signatures. Ce qui signifie qu’à Villenauxe il y avait une école ou moyen d’aller à Provins. Les fioritures sont si élaborées et si fluides, qu’elles attestent un certain entraînement pour les exécuter correctement.

Le vigneron a acheté du méteil à Provins

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.04.04 veille de Quasimodo vue 43 – Jacquin Froment et Claude Gantoin le jeune vignerons demeurant en la paroisse de Villenauxe la grande recognurent debvoir l’un pour l’autre sans division à honorable homme Toussaint Corcessin bourgeois de Provins présent la somme de 10 livres 10 sols tz pour vendition de bled et mestail …

Jacques Soupin, vigneron à Sognolles en Montois (77) signe avec magnifique fioriture, 1563

Introduction

Si vous suivez ce blog, vous savez maintenant que dans le Provinois en 1563 les laboureurs et vignerons signaient. Souvent leurs signatures étaient accompagnées de fioriture, et même très belles, qui demandent une certaine expérience dans ces dessins harmonieux.  Jacques Soupin est vigneron à Sognolles à 15 km de Provins, ce qui signifie qu’il existait des écoles dans pratiquement tous les villages autour de Provins, ou alors on pourrait supposer que laboureurs et vignerons mettaient leurs enfants en pension à Provins ?

Le blé livré par un potier d’étain

Je vous ai déjà expliqué que le fonds du notaire Ponthus Baisela était presque essentiellement des reconnaissances de dette, et bien entendu son contaire, à savoir des reçus. Ici, on apprend que le potier d’étain à livré du blé ce qui semble surprenant à nos yeux de 2025, mais à cette époque, en 1563, à Provins, l’immense majorité des paiements sont en nature, c’est à dire en blé, et je suppose donc que c’est une rente en nature convertie en valeur argent dont il s’agit.

la signature de Jacques Soupin vigneron, 1563

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.04.02 après Pasques vue 41 – Jacques Soupin vigneron demeurant à Sougnolles (>Sognolles-en-Montois) recognut debvoir à honorable homme Claude Delahue marchand potier d’estaing demeurant à Provins présent la somme de 12 livres tz pour vendition et délivrance de bled froment…