Claude Hemot doit payer les frais de la contagion et inhumation de son père, Provins 1597

Introduction

Le Covid , contagion récente, ne nous a pas trop coûté grâce à notre système d’assurance maladie, mais notre inhumation coûtera environ 5 000 €. Autrefois il fallait aussi payer les frais de maladie, et ici même la décontaminaiton de la maison du père de Claude Hemot.

épidémie en 1597

Cette épidémie ne figure pas sur le livre de Miche Veisseire Histoire de Provins, mais il y en a eu en France cette année là.

Sentence du prévôt de Provins

C’est le prévôt qui autorise Claude Hemot à vendre des biens de son défunt père pour payer tous ces frais.

Vente de la maison et boutique

la maison est si petite qu’elle en vaut que 16 écus 40 sols

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1597.02.19 vue 108 – Fut présent en sa personne Claude Hemot Me serrurier demeurant à Provins lequel de son bon gré sans force ne contraincte aulcune et suyvant et en vertu de certaine lettres de sentence donnée de Monsieur le prévost de Provins ou sur icelle monsieur le procureur du roy audit Provins en datte du 15 janvier 1597 signé Billot par laquelle il est permis audit Hemot vendre et alliéner des héritages de la succession de deffunt Jehan Hemot laisné son père jusqu’à la concurrence de la somme de 20 escuz sol tant pour le remboursement des frais qu’il a faits pour faire penser et inhumer ledit deffunt son père décédé de la contagion que Marye Hemot sa fille atteinte d’icelle et les gardes qui estoient en la maison pour netoyer icelle le tout comme plus au long est porté par ladite sentence, recognue avoir vendu ceddé quicté transporté et délaissé et par ces présentes vend cèdde promis et promet garentir de tous troubles et empeschements à Augusin Lucier Me menuisier demeurant audit Provins présent et achepteur c’est à savoir une petite maison consistant en une petite boutique sur le devant et sur la bretesche une petite chambre basse attenant ladite boutique, une chambre haulte sur la part qui est au dessus de la boutique dudit achepteur et de la petite chambre basse dudit lieu, ung grenier au dessus de ladite chambre haulte, ung petit sellier à farine attenant des degrès de ladite chambre haulte avec les aisances et droits de communs et passage dépendans de ladite maison tant en la court   …  pour 16 escus 40 sols comptant

Catherine de Gonzague, princesse de Clèves, acquiert un jardin attenant à son château de Coulommiers (77), 1597

Introduction

Au 16ème siècle, les ventes foncières ne sont généralement pas payées comptant, mais à rente annuelle et perpétuelle.

Catherine de Gonzague, Princesse de Clèves

Elle épouse en 1589 le duc de Longueville. Un acte de février 1597, passé par Jacques Delanoe notaire royal à Provins, la donne vivant au château de Coulommniers et elle acquiert un jardin attenant à son château. Mais, elle ne paye pas comptant ce jardin, valant 133 écus, mais à rente annuelle et perpétuelle. Cet acte montre que ce type de vente à rente perpétuelle n’était pas réservé aux moins riches censés avoir peu d’argent liquide entre leurs mains.

le jardin sur la rivière de Morin 

En 1597, la princesse de Clèves a manifestement envie de profiter de la rivière Morin. Elle contruira en 1613 un château à Coulommiers, ce qui semblerait indiquer que celui dont il est question en 1597 était sans doute un peu ancien. Vous avez l’histoire du château de 1613 sur le site de la ville de Coulommiers.

pourquoi l’acte est passé à Provins ?

L’acte est toujours passé au lieu de résidence du propriétaire. Or, ici, le jardin sur la rivière Morin appartient au prieurè Sainte Foy de Coulommiers qui relève de l’abbays Saint Jacques de Provins.  Catherine de Gonzague ne se déplace pas à Provins, mais nomme un procureur.

 


Vues prises par le CGHSM cercle très actif aux archives de Seine et Marne

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1597.02.01 vue 60 – Fut présent en sa personne Lois Richer procureur fiscal de la terre de Coullommiers au nom et comme procureur de très haulte et illustre madame Catherine de Gonzagues et de Clèves duchesse de Longueville dame de Coullommiers fondé de lettres de procuration spéciale passée par ladite dame par devant Christofle Decondé notaire audit Coullommiers en date du 28 août 1596 dernier signée de ladite dame et dudit Deconde notaire et tesmoins soubsignés et dont copie est insérée en fin des présentes, recognut et confessa avoir prins et retenu à titre de rente foncière et rente annuelle et perpétuelle dès maintenant à tousjours de révérend père en Dieu René Hector abbé de l’abbaye monsieur St Jacques de Provins vicaire spirituel et temporel de Me Jehan de Cuchargas le jeune prieur du prieuré madame Ste Foy dudit Couillommiers fondé de lettres de procuration dudit prieur, présent bailleur audit tiltre qui proet garentir c’est à savoir une pièce de terre située et assise audit Coullommiers derrière le jardin du chasteau dudit lieu estant des appartenances dudit prieuré tenant d’une part et d’autre à la rivière de Morain, d’un bout à la rue qui conduit au moulin de Lanche dudit Coullommiers et d’autre bout audit jardin du chasteau, comme ladite prinse se comporte pour en jouyr par ladite dame duchesse ses hoirs et aiant cause en tous fruits ; ce bail et prinse fait moiennant et pour la somme de 6 escuz sol 40 sols tz valant chacun escu 60 sols tz …

 

La place des veuves à Provins en 1598 : nombreuses et loin d’être pauvres

Introduction

Je viens de terminer le fonds de Jacques Delanoe notaire à Provins pour l’année 1598 qui contient 355 actes. J’ai été très émue tout au long de ce dépouillement par 2 points importants et je tiens à vous les rapporter. Le premier concerne la présence d’un très grand nombre de veuves, puisque j’en rencontre pas moins de 81. Elles ont du bien et le gèrent.
Je vous avais déjà montré que les femmes à Provins étaient mieux éduquées qu’en Anjou et savaient presque toutes signer. Eh bien, elles savaient aussi gérer, donc quand leur époux était vivant, en fait elles cogéraient, même si c’est lui qui passait chez le notaire selon la loi. Elles n’étaient pas toutes des bobonnes à la cuisine…

on racontait que les veuves étaient toutes pauvres

Dans les années 1950, on racontait aux enfants que les veuves étaient toutes pauvres et même mendiantes. Je ne me souviens pas avoir entendu au cours de mes études secondaires parler de la condition des femmes dans l’histoire autrement que l’histoire des reines, et des mendiantes… Les premières ne m’ont jamais intéressée car trop loin de ce qu’étaient nos ascendants, les secondes, je les découvre à travers mes travaux depuis 35 ans dans les archives notariales, et à Provins, elles sont particulièrement nombreuses et souvent assez aisées voire très aisées.
Le second point d’étonnement viendra demain.

les hommes mourraient donc souvent jeunes à Provins

et les femmes étaient mieux préservées en couches, au point que je me demande si les sages femmes ne se lavaient pas les mains à Provins, bien avant les autres provinces de France ? car manifestement elles sont nombreuses à vivre longtemps.  Au point d’ailleurs d’enterrer 2 maris, et celle que je vous mets ci-dessous n’est pas la seule.

Marguerite Moussier veuve en secondes noces

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.01.09 vue 8 – fut présente en sa personne honneste femme Marguerite Moussier veuve en secondes nopces de deffunt Jehan Billotte vivant marchand demeurant à Provins tant en son nom que comme tutrice légitime de Perrette Billotte fille mineure d’ans d’elle et dudit deffunt Jehan Billotte par les parents de laquelle elle promet faire auctoriser se présent contrat de vendition toutefois et quantes que requist sera à peine etc laquelle esdits noms susdits recognut avoir vendu ceddé quicté transporté et délaissé et par ces présentes vend cèdde quicte transporte et délaisse promis et promet garantir de tous troubles et empeschements qelconques tant en son propre et privé nom que comme tutrice et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division ne discussion renonçant aux droits Velleien…, à Nicolas Langlois laboureur demeurant à Augere présent achepteur pour lui ses hoirs c’est à savoir la moitié par indivis de 10 à 11 arpents de terres labourables en plusieurs pieces situées et assises au finage dudit Augere et es environs que … (f°2) à tiltre de moisson de ladite venderesse esdits noms et partie par indivis avec luy comme ayant acquis ladite moitié d’icelle venderesse et à ladite Perrette appartenant de propre et advenus par ladite succession dudit deffunt Billotte son père, en censive de la seigneurie d’Augere et chargé de 4 deniers tz par arpent sans autres charges, quites du passé jusques à huy, pour desdits héritages jouir par ledit achapteur et ses hoirs dès maintenant à toujours ; ceste vente faite moyennant le prix et somme de 33 esuz ung tiers franc à ladite venderesse qui les a eu et receu dudit achapteur … lesdits deniers ladite veuve a dit estre pour employer à la nourriture et entretien de ladite mineure ..

 

Gond : prénom rencontré en Brie au 16ème siècle

Introduction

La Brie était mille fois plus riche en prénoms que l’Anjou et la Bretagne. Depuis près d’un an que je fais la région de Provins au 16ème siècle je suis parfois un peu perdu et je dois prendre le temps de comprendre un prénom. En voici un exemple.

saint Godon ou Gon, en latin Godo

C’est un évêque de Metz, qui avait succédé à saint Goérie en 647.  A sa sollicitation saint Sigebert, roi d’Austrasie, fonda un célèbre monastère dans le voisinage de Luxembourg. Il mourut l’an 653 – fête le 8 mai (Petin L.M. Dictionnaire hagiographique des saints et des bienheureux honorés en tout temps , 1850 tome 1)

Gond Fortin vend une masure, Bouy 1605

AD77-1027E426 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1605.01.13 vue 12 – Gond Fortin laboureur demeurant à Gouaix lequel recognut avoir renoncé et renonce par ces présentes pour et au proffict de Hubert Mignot laboureur demeurant à Chalautre la Petite présent et acceptant pour luy ses hoirs ung chaaz de maison de présent en ruyne court jardin et acoin dépendant d’icelle les lieux comme ils se comportent assis à Bouy en la grand rue du bourg tenant le tout d’une part à ladite grand rue d’autre part Pierre Mignot d’un bout sur la rue Charles Robinot d’autre sur la court audit Fortin, à cause de renonciation qui en a esté faicte au proffict dudit Fortin et Denise Mignot sa femme par Marion Cassot leur cousine pour en jouir par ledit Mignot dès maintenant à toujours perpétuellement à la charge du cens au seigneur de Bouy et de 17 sols 6 deniers tz de rente envers Pierre Mignot

Martin Hardy charcutier à Saint-Martin-des-Champs (77) en 1598

Introduction

Je pensais que les salaisons étaient faites en famille autrefois et j’ai souvent entendu parler du cochon qu’on tue à la ferme etc… J’ai découvert en étudiant les recensements de Nantes Sud Loire au début du 19ème siècle qu’une usine de salaisons s’était installée route de Clisson, alors hors la ville, et ceux qui se disaient charcutier alors à Nantes, étaient en fait livrés chaque matin, mais ne travaillaient pas eux-même le cochon.

le métier de charcutier au 16ème siècle

On ne le rencontre qu’à Paris, sans doute d’ailleurs en banlieue, et livrant le centre chaque jour… mais on ne trouve pas le métier en campagne…

Saint-Martin-des-Champs (77)

Il y a 30 km de Saint-Martin-des-Champs à Provins. Je pense donc que ce charcutier en 1598 livrait en fait ses produits à Provins, et qu’il faut donc comprendre que c’était pratiquement la fabricant de salaisons pour les habitants de la ville de Provins.

les actes de renonciation

De nombreux actes notariés concernent des renonciations, et il s’agit en fait d’échanges un peu différents des échanges fonciers et des rétrocessions, mais bien d’échanges d’une terre contre un autre doit comme une rente ou autre…  Mais il ne s’agit pas de dons…

Martin Hardy charcutier en 1598

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.07.27 vue 239 – Fut présent en sa personne Martin Hardy charcutier demeurant à St Martin des Champs lequel de son bon gré recognut avoir renoncer et renonce par ces présentes au nom et proffict d’honorable homme Adam Durant sergent royal à Sourdun présent et acceptant c’est à savoir à une pièce de terre contenant 3 quartiers et demy ou environ la pièce comme elle se comporte assise au finage de Sordun près Turnoy tenant d’une part à ung chemyn qui consuit de Sordun à Chalautre la Petite d’autre part et d’un bout sur les terres de madame Nichoy et d’autre sur les tournailles audit Hardy appartenant …

Madeleine Gadineau a une maison sur le pont au Poisson, touchant la Poissonnerie, Provins 1598

Introduction

J’ai dans ma salle de séjour un tableau du Pont de Pirmil à Nantes, au temps de la dernière maison sur le pont que ma maman a connu, aussi j’ai toujours en présence le fait qu’autrefois on habitait aussi sur les ponts.

les aveux devant notaire à Provins

Au 16ème siècle à Provins, la majorité des ventes foncières ne sont pas payées comptant mais à rente annuelle perpétuelle. Donc, lors des changements de l’un ou l’autre suite à un décès, le débiteur ou le créancier, le nouveau créancier devait déclarer être détempteur du bien et surtout s’engager à continuer le paiement de la rente. Ainsi, en 1598, je trouve beaucoup de ces actes, et beaucoup de maisons à Provins.

la maison sur le Pont au poisson

Et il y avait des maisons sur le Pont au poisson, et surtout une poissonnerie et des maisons de pêcheurs.

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.11.06 vue 299 – honneste femme Magdaleine Gadineau veuve de feu Tristand Maistart demeurant à Provins détemptrice d’une maison couverte de thuille ainsi qu’elle se comporte assise à Provins sur le pont au Poisson tenant d’une part à la poissonnerie d’autre part à la veuve et héritiers Mace pescheur