Paiement en nature de 2 quartiers de vigne : une vache pleine et un septier de blé seigle : Trélazé 1518

magnifique troc ! et la vache doit être pleine et à poil roux !

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E121 – Ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le (date effacée, classé en 1518) en notre cour à Angers (Huot notaire Angers) personnellement establiz Jehan Godoin paroissien de st Pierre de Trélazé ainsi qu’il dit soubzmectant confesse avoir aujourd’huy vendu et octroié et encores etc vend et octroie dès maintenant et à présent à toujoursmais perpétuellement par héritage à vénérable et discret maistre François Doriet prêtre sieur de la Jousselinière au nom et comme stipulant pour Jacquette la Landaise mineure d’ans, fille de feu Guillaume Landais de ladite paroisse de Trélazé, qui a achacté pour ladite Jacquette et pour les aians cause d’elle, la cinquème partie par indivis de tout tel autre droit et action part et portion qui audit vendeur peult compéter et appartenir en 2 quartiers de vigne ou envison dont l’un d’iceulx quartiers est assis au cloux des Bordeaux et l’autre quartier au cloux de Landoullière en la paroisse de Foudon, ledit quartier de vigne sis audit cloux des Bordeaux joignant d’un cousté à la vigne de maistre Martin Guyot chanoine de st Mainbeuf d’Angers et d’autre cousté à la vigne de Pierre Bellesme, aboutant d’un bout aux vignes de Pierre Doubert et de Mathurin Duchemin et d’autre bout aux vignes Pierre Millon, l’autre quartier de vigne sis ausit cloux de Landoullière joignant d’un cousté à la vigne de la dame de la Ferrière et d’autre cousté à la vigne de Jehan Vingonneau l’aisné, aboutant d’un bout aux vignes de maistre Jehan le Camus juge de la prévosté d’Angers et d’autre bout aux vignes de ladite dame de la Ferrière, et de Jehan Berthe, ou fye de Lonchamp et tenuz de là à 3 deniers tz de cens rente ou debvoir payables par chacun an au jour acoustumé, et ce pour tous debvoirs et charges quelconques for la dixme ; transportant etc et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 10 livres tz payez et baillez par ledit achacteur audit vendeur en la manière qui s’ensuit, c’est à savoir en une mère vache pleine et en poil rouge … vendue par ledit achacteur audit vendeur la somme de 70 sols tz, laquelle vache ledit vendeur a receue et eue pour agréable, et en ung septier de blé seigle mesure des Ponts de Cé vendu par ledit achacteur audit vendeur la somme de 36 sols tz, et en notre présence et à veue de nous la somme de 4 livres 14 sols faisant le parfait desdites 10 livres, que ledit vendeur a euz et receuz en 2 escuz d’or au merc du soulleil bons et de poids, et dont il en a quicté et quite ledit achacteur stipulant susdit et tous autres, et a promis ledit vendeur faire lyer et obliger Jehanne sa femme à ce présent contrat et iceluy luy faire avoir agréable et en rendre et bailler lettres vallables de ratiffication audit achacteur audit nom dedans le jour de Quasimodo prochainement venant, à la peine de 70 sols tz de peine commise à applicquer en cas de deffault audit achapteur audit nom ces présentes néanmoins demourans en leur force et vertu ; à laquelle vendition et tout ce que dessus est dit tenir et accomplir et à garantir etc et aux dommages etc oblige ledit vendeur soy ses hoirs etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc présents ad ce Gillet Progier de la paroisse de Trélazé et Charles Huot clerc demourant à Angers tesmoins ; fait à Angers en la rue st Jean Baptiste

Vente de vigne au clos de Chambrezais : Azé (53) 1542

près Château-Gontier, sur les côteaux d’Azé

Le vendeur, René de Charnières, vit à Angers, c’est ce qui explique que l’acte est passé à Angers (AD49 série 5E5)
Vous aurez une vue d’Azé à travers mon site de cartes postales de collections privées. Ces cartes postales vous permettront d’entrevoir des côteaux et de comprendre qu’il y a eu de la vigne
Le dictionnaire de l’abbé Angot donne un château et seigneurie à l’article Chambrezais, puis tous ses seigneurs successifs. Citons François de Bellanger en 1506, 1522, puis il passe en 1637 à Jean de Guénant.

le clos de Chambrezais n’était pas sur le côteau qui domine la rivière, mais l’autre côteau, figuré en brun, et vous le trouvez à droite du terme Azé (carte de Cassini)

Retranscription intégrale de l’acte : Le 6 juin 1542 en la court du roy nostre sire à Angers (devant Boutelou notaire) ont esté personnellement estably

honorable homme Me René de Charnières licencié ès loix advocat demeurant en la paroisse de St Pierre de ceste ville d’Angers soubzmectant ses hoirs etc confesse etc avoir aujourd’huy vendu quicté ceddé délaissé et transporté et encores vend quicte cedde délaisse et transporte dès maintenant
à honorable homme René Charlot demeurant en la ville de Chasteau-Gontier à ce présent qui a achapté et achapte pour ses hoirs et ayant cause deux quartiers ung tiers de vigne ou environ en deux piezes sis au cloux de Chambrezays
l’une des piezes joignant d’un cousté à la vigne Jehan Coustard d’autre cousté à la vigne dudit Charlot aboutant d’un bout à la vigne de noble homme Julien de Baubigné d’autre bout à des buyssons et gastz joignant le pré de la Mynteraye
l’autre pieze et lopin joignant des deux coustez à la vigne dudit Coustard aboutant d’un bout à la vigne dudit de Baubigné d’autre bout à la vigne messire Gervays Garnier
tenues lesdites choses du fief et seigneurie de Chambrezays à ung denier de cens rente et debvoir pour toutes charges et debvoirs fors les droits de dixmes
et est faite ceste présente vendition pour le pryx et somme de 30 livres tournois payées baillées comptant à veu de nous par ledit achepteur audit vendeur en or et monnoye ayant cours qu’iceluy vendeur a eut prise et reveu et dont il s’est tenu à contant et en a quicté et quicte ledit achepteur ses hoirs à laquelle cendition et tout ce que dessus est dict tenir garentit s’oblige etc… (c’est impressionnant de voir l’or circuler pour acheter une petite vigne)
faict et passé au pallays royal d’Angers en présence de Me Jehan Perronnet demeurant Angers et René Daumoures paroissien de la Meignanne tesmoings à ce requis et appellez ledit jour et an que dessus. Signé de Charnières, Perronnet, Boutelou. (je n’ai pas trouvé la signature de l’acheteur)

  • Je poursuis la migration sous WordPress de quelques actes restés sous Dotclear en 2008 lors de mon changement de logiciel et je reporte les commentaires de l’époque, que vous pouvez encore commenter.
  • Commentaires

    1. Le dimanche 20 juillet 2008 à 12:54, par Marie-Laure

    je me demande si le petit batiment au bord de l’eau , sur cette carte postale , est une petite remise pour une barque , un genre de = »boat house « ?

    Note d’Odile : un peu étroite et surélevée, plutôt une cabine de bain.

    2. Le dimanche 20 juillet 2008 à 14:42, par Marie-Laure

    oui , en effet , on pourait plonger du balcon…

    3. Le dimanche 20 juillet 2008 à 14:49, par Du Périgord

    Mais pourquoi pas un abri pour pêcheurs ….

    4. Le dimanche 20 juillet 2008 à 16:13, par Marie

    Je penche aussi pour l’abri de pêcheurs réservé a ces messieurs du château de Haute Roche.

    5. Le dimanche 20 juillet 2008 à 18:54, par Marie-Laure

    oui , j’avais aussi pensé à un abri pour pêcheur : surtout si c’était un endroit où cela mordait bien …Quel genre de poissons?

    Note d’Odile : la propriétaire d’alors vient de me préciser qu’il y avait un bâteau, et la cabane est en fait assise sur un petit ponton à bâteau. Elle servait à ranger le matériel de pêche et le matériel de jardin, mais tout cela a surement disparu car désormais les bords de rivière sont expropriés pour y faire (à la joie de tous) des chemins de promenade.

    Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

    Avaleur de vin, début 17e siècle, Angers St Pierre

    qui décharge le vin (ou le cidre) des bâteaux et le livre dans les caves des acheteurs

    Je suis née avant guerre, ainsi parlait-on jusqu’aux années 60 des personnnes qui avaient connu la guerre.
    Or donc, j’ai vécu les descentes précipitées à la cave. Mes parents avaient une maison du 19e siècle, époque où l’on construisait encore les maisons de ville sur cave en sous-sol, juste un soupirail y accédant de l’extérieur, destiné à livrer le charbon, alors répandu. Nous pouvions donc nous mettre à l’abri tandis que les Américains déversaient 3 tonnes de bombes sur Nantes…
    Si j’ose parler de cet abri souterrain, c’est que la cave souterraine est en voie de disparition, et il est probable que beaucoup de petits Français d’aujourdh’ui assimilent le terme cave avec ces horribles caveaux, peu souterrains pour la majorité, qui sont sous les appartements des immeubles… Rassurez-vous, je connais, c’est ainsi que je vis depuis des années, dans une tour pur béton.

    Aujourd’hui nous partons dans les caves de la ville d’Angers, dans lesquelles chacun conserve son vin en busse :

    Angers St Pierre : le dimanche deuxième jour de juillet 1606 décéda Nicolas Rommy vivant avaleur de vins. (Il demeure donc au port de réception des boissons pour la ville d’Angers)

    La meilleure définition est dans le Dictionnaire du monde rural de Marchel Lachiver, Fayard, 1997 : ouvrier qui descend du vin dans la cave. Et voici le verbe avaler : 1. Faire descendre, faire tomber – 2. Descendre rapidement, dévaler. – 3. Faire descendre dans le gosier (Larousse, Dictionnaire de l’ancien français – Moyen Âge, 1994) – Le même dictionnaire, mais de l’époque suivante, c’est à dire du Moyen Français, la Renaissance, donne toujours : 1. Descendre, tirer vers le bas. – 2. Faire descendre, conduire ou envoyer vers le bas. – 3. Faire tomber… abaisser, etc…

    Reste à savoir si c’est le vin qu’on descendait ou le vin et son contenant, qui était alors la busse. Avant de comprendre, mettons les choses au point :

    la vin (ou le cidre) est vendu dans une unité de mesure du commerce, appelée la pipe. La pipe angevine mesure 446, 4 litres, et tous les actes notariés portant vente de ces boissons sont effectués sur la base de cette unité commerciale.
    ces transactions commerciales, tout comme les droits issus des baux à moitié, etc… s’entendent net, ce qui signifie qu’on y traite commercialement que du liquide (le contenu des fûts) et jamais du contenant (le fût)
    le vin (ou le cidre) est transporté et stocké en fûts de bois, dont le plus utilisé est la busse. La busse mesure une demi-pipe, soit 223,2 litres.
    le tonneau existe bien, mais ne circule pas. Il est une autre unité de mesure, correspondant à 2 pipes, soit 892,8 litres
    pour compliquer la chose, les transactions plus importantes (celle des marchands de vin) sont exprimées en fourniture. La fourniture est donc elle aussi une unité de compte, et vaut 21 pipes, soit 9 374,4 litres.
    l’Anjou exporte du vin, et le vin circule par bateaux. Outre Nantes, on livre aussi Château-Gontier, d’où, chargés sur des charrettes, ils sont acheminés vers Laval et Craon (Michel Le Mené, les Campagnes angevines à la fin du Moyen âge, 1982)
    grâce à la traite (impôt sur le vin) et les péages (par exemple celui de Champtoceaux), on a des chiffres du trafic. La Loire voit chaque année quelques dizaines de milliers de pipes de vin vers Nantes.
    Après avoir vu les bases du commerce du vin, revenons à la cave de notre acheteur et au livreur à domicile :

    tous les inventaires après décès estiment scrupuleusement les fûts, un par un, vide ou plein.
    les fûts vides ne quittent pas la cave et appartiennent en propre à l’acheteur. Ils ont une valeur variable selon leur état, mais assez élevée (je vous ferai prochainement un billet sur le prix du fût vide). Nous avons vu ci-dessus que ces fûts sont généralement des busses. Bien sur, le fût dure des années.
    or, le vin est réceptionné chaque année
    Le vin (ou le cidre) ne peut donc être déchargé des bateaux vers chaque cave qu’en vrac, et transporté liquide jusqu’au fût de l’acheteur. Les bâteaux repartent ensuite à fût vide, faire un nouveau chargement. D’ailleurs, de nos jours, tous les camions citernes qui circulent sur nos autoroutes (et Dieu sait s’il en circule) fonctionnenent de même, pour ne pas souiller au retour la citerne par un autre produit. C’est important pour l’essence mais encore plus pour les produits alimentaires… On fonctionne donc toujours de même 4 siècles plus tard…

    Sur Internet (une fois n’est pas coutume, car on trouve n’importe quoi le plus souvent, donc il faut surtout ne rien y regarder ! Dans le cas présent je pense qu’on peut avalider connaissant le sérieux de Mr de Tarade qui dirige le grand armorial) les avaleurs de vin et les jaugeurs de foin de la ville de Béthune (Picardie) blasonnent d’or à un chevron de gueules chargé de deux billettes d’argent
    Ceci est extrêmement intéressant, car ces avaleurs de vin y sont alliés aux jaugeurs de foin. Ce qui laisse à penser qu’ils jaugent tous. Donc, on peut en conclure qu’outre le transport en seau, notre avaleur de vin avait pour mission de mesurer (contrôler) la transaction commerciale, et ses seaux devaient être jaugés. Les réceptacles jaugés étaient alors rares, les jaugeurs aussi, donc l’avaleur de vin possédait en propre des seaux jaugés.

    J’ai essayé de comprendre comment certains en étaient venus à penser que les fûts pleins descendaient chaque année les étroits escaliers des caves… (rappelez vous un busse contient 223,2 litres, sans compter son poids propre). J’ai alors trouvé dans l’Encyclopédie de Diderot : AVALAGE, s. m. terme de Tonnelier ; c’est l’action par laquelle les maîtres Tonneliers descendent les vins dans les caves des particuliers. – POULAIN, instrument dont les Tonneliers se servent pour descendre les pieces de vin dans les caves, ou pour les en retirer. Il y en a de deux sortes, savoir le grand & le petit poulain.
    Je pense qu’il faut comprendre l’Encyclopédie en fût vide, livré par le tonnelier. Sinon, aucune transaction commerciale, aucun inventaire après décès ne tient debout, sans parler de la difficulté d’un telle descende de 300 kg par un escalier étroit, même avec les poulains.

    Je suis tellement troublée par la méthode de commercialisation, livraison, et réception des boissons, que je vous promets de mettre bientôt sur ce blog des exemples d’achat, de voiturage, et aussi l’estimation du prix des fûts vides… A bientôt.

    Commentaires

    1. Le lundi 23 juin 2008 à 15:59, par sarah

    dans le Larousse: « Poulain (manut.) assemblage de deux madriers ou de deux profilés réunis par des entretoises et dont on se sert soit pour la manutention des tonneaux soit pour celle des pièces lourdes:(machines-outils, blocs de pierre etc… Poulain mécanique (manut.) poulain comportant un berceau sur lequel on place la charge, qui se déplace le long du poulain, à l’aide d’un système mécanique actionné à la main ou par un moteur » Ce système qui devait être à poulies, je suppose, devait permettre de descendre les tonneaux pleins dans les caves…

    Note d’Odile : c’était dans mon billet, extrait de l’encyclopédie Diderot. Mais ces poulains ne servaient pas à descendre les busses dans les caves puisque le vin n’est pas vendu en busse mais en unité commerciale la pipe, et sans aucun contenant. Or, je vous ai expliqué que le contenant qui est un fût de busse et non pas un tonneau, vaut cher, et qu’on le garde de très longues années… Par ailleurs, le terme tonneau est inexact, car en Anjou il mesure 892 litres et ne sort donc pas des chaix. Sarah, merci d’oublier le présent, et de comprendre qu’autrefois le cidre et le vin ne se conservaient pas, devaient être consommés dans l’année, et qu’on renouvelait chaque année le remplissage des fûts dans la cave… surtout pas en descendant chaque année un fût plein puiqu’il est bien plus facile de le vider au bateau, puis de transporter le vin dans le fût de la cave. Seuls les fûts partant en haute mer, dans un port maritime comme Nantes, ma ville, pour des mois, pouvaient être considérés comme des contenants perdus… pas ceux des particuliers…

    Vente de vignes de la succession Marionneau par Guillaume de La Perdrix, demeurant à Machecoul (44) : Pruniers et Angers, 1572

    Samedi dernier à la télé (je poursuis encore quelques reports d’anciens billets de mon ancien système de 2008, patience, encore quelques jours), j’ai vu comment les Massaï, ce peuple à la gracile silhouette longiligne, drapée de rouge, gardant ses chèvres dans une zone arride, vendaient une chèvre par téléphone portable, et la somme leur était virée toujours par téléphone portable. Et j’ai fait aussitôt le lien avec les moyens d’échange financier de nos ancêtres, tout en songeant que bientôt les jeunes Massaïs auront oublié comment on vendait une chèvre avant le téléphone portable.

    Le cas qui suit est simple : il demeure à Machecoul et a épousé une angevine. Il vient vendre à Angers quelques vignes dont sa femme a hérité.
    Il y a 128 km soit 3 journées de cheval, sauf à changer de cheval dans les auberges qui prêtaient cheval, et qui existaient alors, même si on est bien avant dans le temps avant la dénomination et législation des relais de poste.
    Il n’est pas venu seul, cela vaut mieux, car pour repartir avec l’argent mieux vaut être à plusieurs et armés.
    D’autant que les vignes se vendent plutôt bien de ce côté, on est dans le meilleur vin pas dans le clairet, aussi la somme est coquette. Les acquéreurs en font le plus souvent usage pour leur consommation personnelle.
    l’acte notarié qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7.
    Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le (après 19 mars, date effacée) 1572 en la cour du roy notre sire et de monseigneur duc d’Anjou fils et frère de roy endroit personnellement establi, devant nous Mathurin Grudé Nre Angers,

    noble homme Guillaume de La Perdrix demeurant en la ville de Machecoul en Bretaigne, estant à présent en ceste ville d’Angers, tant en son nom que comme procureur et mari de Sainte Marioneau sa femme, et ainsi qu’il nous est apparu par lettres de procuration faites et passées sous la cour royale de Nantes par Luc Rigault et Me Blouyn notaires de la cour de Nantes en dabte du 19 mars dernier, passé et scellées sur simple queue de cire verte l’original desquelles est demeuré en mains de l’acheteur cy-après nomme et à laquelle Marionneau ledit estably a promys promet et demeure tenu faire ratifier et avoir agréable ces présentes et la faire obliger à l’entretenement et acomplissement du contenu en icelles et en bailler et fournir à ses dépends audit acheteur lettres de ratification et obligation valable en forme due dedans trois semaines prochaines venantes à peine de tous despends dommages et intérests … (il y a 128 km de Machecoul à Angers soit 3 journées de cheval, sauf à changer de cheval dans les auberges pratiquant le relais de poste avant l’heure, qui existaient bel et bien ainsi)
    chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division de personnes ni de biens etc confesse avoir ce jourd’huy esdits noms et qualités et en chacun d’iceulx, délaissé et transporté et par ces présentes vend quicte cède délaisse et transporte perpétuellement par héritage
    à honorable homme Me Jehan Allain licencié ès loix sieur de la Barre, advocat à Angers, à ce présent stipulant et acceptant et lequel a acheté et achète par cesdites présentes tant pour luy que pour Marguerite Lefebvre son espouse absente, leurs hoirs etc,
    quatre quartiers de vigne en ung tenant sis et situés au cloux de Mollières paroisse de Pruniers joignant d’un cousté aux vignes d’honorable homme Me François Lefebvre Sr de Laubrière d’autre cousté aux vignes de la veuve défunt … Calabre, abouté d’un bout au chemyn tandant de la Chambre aux Deniers à la Papillaye, d’autre bout à une pièce de terre dépendant de la closerie de Beauvau (en Anjou le quartier de vigne vaut 4 boisselées soit 24,31 ares)
    Item a ledit vendeur vendu et vend comme dessus ung quartier de vigne et autre plus grand nombre sis et situé au cloux Guinefolle … d’un cousté les vignes du lieu et closerie … d’un bout au chemin tendant des douves et d’autre le grand portail de St Nicolas et le portail Lyonnais la mestairie du Verger d’autre bout ;
    Item ung arpent de pré sis en la prée de Loyau paroisse de St Jacques de ceste dite ville joignant d’un costé les prés de Clément Marionneau d’autre cousté ung arpent de pré de St Nicolas, abouté d’un bout lesdits prés St Nicolas d’autre bout à la rivière de Maine (le Dictionnaire du Monde rural de Lachiver ne donnait pas l’arpent d’Anjou, j’ai eu recours à l’ouvrage de Michel Leméné, voir ci-après)
    ainsi que lesdites choses se poursuivent et comportent avecque toutes leurs appartenances et dépendances sans aucune chose en retenir ni réserver
    et comme elles sont escheues et advenues à ladite Marionneau de la succession de defunts Me René Marionneau et Michelle Barré ses père et mère par partage fait avec ses cohéritiers
    lesdites choses tenues des fiefs et seigneuries scavoir lesdits quatre quartiers de vigne en ung tenant du fief et seigneurie de Mollières membre dépendant de l’abbaye de St Aulbin dudit Angers à 15 sols tournois de cens, rente et debvoir et de 4 guybours (le guibour est une mesure exclusivement Angevine, pour la vendange, et qui était une unité de prélèvement seigneurial, selon le Lachiver sans son Dictionnaire du Monde Rural) pour tous droits de dixme pour ledit quartier de vigne de Guynefolle tenu du fief et seigneurie du prieuré de Seiches à ung denier de cens, rente et debvoir et ledit arpend à 27 sols tournois si tant est de cens rente et debvoir pour toutes charges et debvoirr franches et quites des arrérages du passé, et de toutes charges et debvoirs jusque à ce jourd’huy transportant etc
    et a esté faire la présente vendition délays quittance cession et transport pour le prix et somme de 725 livres tournois sur laquelle somme ledit acheteur a payé compté au veu de nous audit vendeur et lequel a eu et reçu la somme de 525 livres tournois en espèces d’or et monnaies bonnes et à présent royale dont ledit vendeur esdits noms s’est tenu et tient par ces présentes à bien payé et content et en acquitte et quitte ledit acheteur
    et le reste de ladite somme de 725 livres tournois montant icelui reste la somme de 200 livres ledit acheteur estably et soumis en nostre dite cour luy ses hoirs a promis et promet et demeure tenu payer et bailler audit vendeur esdits noms en ceste ville d’Angers dedans 15 jours prochainement venant (j’ai compris qu’il reviendra dans 15 jours à Angers et non qu’il y reste entre-temps)
    et a ledit vendeur en son privé nom promys et promet faire ratifier ces présentes à sadite femme et luy en fournir lettres de ratification valable et la faire lier et obliger au garantage seule et pour le tout avecque renonciations requises incontinent qu’elle aura atteint et passé l’âge de 25 ans par ce que ledit de la Perdrix a déclaré qu’elle aura lesdits 25 ans accomplys à la Toussaints que l’on dira 1575 et ce à la peine de tous despends dommages et intérests sripulés par ledit acheeur promis et accordés par ledit de la Perdrix en son privé nom (donc elle a 22 ans)
    et oultre a ledit de la Perdrix primis et promet garantir les dites choses vendues et a renoncé et renonce à toutes restitutions et relèvement qu’il pourrait avoir et impétrer en faveur et au moyen de ce que sadite femme serait restituée par minorité religion ou autrement et promet de ne s’en ayder contre ledit acheteur, ses hoirs etc et sans qu’il puisse estre relevé et restitué de son chef ne s’aider des restitutions de sadite femme (outre la minorité, il invoque la religion, en ces temps partagés sur ce point)
    et pour l’effet et contenu de ces présentes et contraintes à ce requises et nécessaires a ledit estably esdits noms et qualités prorogé et proroge par ces présentes de juridiction par devant monsieur le sénéchal d’Anjou et son lieutenant et messieurs les gens tenant le siège présidial d’Angers par devant lesquels il a promys et juré comparoir aux jours termes et assignations qui luy seront fairs et baillés pour raison de ces présentes promys et promet ne décliner ladite juridiction et a tout déclinatoire a renoncé et renonce par ces présentes et a eslu et eslit son domicile en ceste ville d’Angers en la maison d’honorable homme Me Jehan Cadyer demeurant en ceste ville d’Angers en la paroisse de la Trinité voulu et consenty veult et consent que tous exploits de justice faits audit domicile vauldront veulent et sortent effet comme si faits et baillés estoient à la personne dudit estably (la domiciliation à Angers était obligatoire)
    et a esté payé par ledit acheteur audit vendeur pour vin de marché et médiateurs qui ont tramé la présente vendition la somme de 10 escus soleil dont ledit estably s’est tenu à comptant (on se demande bien pourquoi la vente est exprimée en livres et la commission en écus, enfin, cette commission fait 30 livres, et je vous laisse en conclure que rien n’a changé depuis… si ce n’est que le nombre d’intermédiaires a un peu augmenté)
    à laquelle vendition garantir comme dict est etc aux dommages oblige ledit de la Perdrix esdits noms et qualités et chacun d’iceux seul et pour le tout dans division de personne ne de biens ses hoirs avecque tous et chacuns ses biens meubles et immeubles présents et avenir renonçant aux bénéfices de division discussion ordre et priorité et postériorité,
    encore ledit estably pour ladite Marionneau sa femme au droit véleien à épitre divi atrinai et à l’autenticque si qua mulier et à tous autres drois faits et introduits en faveur des femmes … (droit des femmes, parfois rappelé ici, parfois non)
    fait et passé audit Angers maison dudit achereur en présence de noble homme Jacques de la Perdrix sieur du Couldray demeurant au lieu noble de Plusquepoix paroisse Ste Croix de Machecoul, pays de Bretaigne, (ouf ! ils sont venus à 2, c’est surement préférable pour rentrer avec le pécule, et ils sont certainement armés) honorable homme Me Jehan Cadyer demeurant en ladite paroisse de la Trinité et René Barault demeurant en la paroisse de St Nicolas les Angers, et Guy Planchenault praticien en cour laye demeurant audit Angers tesmoings à ce requis et appelés. Signé de tous.

    Voici l’arpent en Anjou, selon l’ouvrage de Michel Lemené, Les Campagnes Angevines à la fin du Moyen âge :

    En Anjou les mesures agraires étaient fort nombreuses… De toutes les mesures utilisées, l’arpent était la plus commune. On le retrouve dans tout l’Anjou… L’arpent se calculait toujours sur la base de 100 perches, cordes ou chaînes linéaires, comptées à 22 pieds pour les bois, ce qui donnait 51,04 ares, et à 25 pieds pour les vignes, ce qui donnait 65,93 ares. Il se subdivisait en 4 quartiers ou en 8 quarterons.
    Comme ici nous avions un arpent de pré, je ne sais si je dois prendre 51,04 ares ou bien 65,93 ares. Je vous laisse choisir.

    Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

    Bail des vignes de la succession de Michel Mellet et Guillemine Menard à Saint-Michel-du-Tertre à Angers, 1571

    Un grand merci à ceux qui ont le courage d’ouvrir un blog aussi pointu et sérieux, et d’y laisser des commentaires. Il en a besoin pour tourner car Internet est une guerre des clics et commentaires.

    Autrefois un portefeuille foncier commençait toujours par quelques rangs de vigne.

    Le vin était indispensable à tous, car moins dangereux à cette époque que l’eau, cette dernière étant rarement potable (puits près du fumier etc…)
    Ici, la vigne est au centre ville actuel d’Angers, bien entendue disparue, et oubliée…
    Le moindre acte, tel ce petit bail, peut cacher un élément filiatif, parfois loin dans le texte, et il faut toujours avoir tout retranscrit, avant de détecter ce qui s’y cache. Ici, je vous ai mis en caractères gras la phrase qui indique d’où viennent ces quartiers de vigne.
    Mais, faites toujours attention à ces petites phrases, car qui dit « héritier de » ne dit pas systématiquement « enfant de ». Pensez toujours que les successions collatérales étaient nombreuses, et si vous voulez vous en convaincre, je vous suggère d’être attentifs au nombre hallucinant (à mes yeux) de personnes décédées sans enfant que citent le journal de Toysonnier.
    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7.
    Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 23 août 1571, en la court du roy nostre sire à Angers endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de la dite court personnellement establys chacun de honnestes personnes

    Charles Doysseau au nom et comme curateur ordonné par justice de la personne et biens et choses de René et Jehanne les Mellet enfants mineurs de défunts Michel Mellet et Guillemine Menard d’une part,
    et honorable homme Me René Chevallier Sr de la Degnerye licencié ès loix advocat au siège présidial d’Angers demeurant audit Angers d’autre part,
    soubmis lesdites parties respectivement scavoir ledit Doysseau desdits mineurs confessent etc avoir aujourd’huy fait et par ces présentes
    font les accords et conventions de bail et prise à ferme qui s’ensuit c’est à scavoir que ledit Doysseau audit nom a baillé et par ces présentes baille audit tiltre de ferme et non autrement audit Chevalier à ce présent stipulant et acceptant etc lequel a pris et prend audit titre de ferme et non autrement de jourd’huy jusque à trois années et trois cueillettes entières et parfaires ensuivant l’une l’autre sans intervalle de temps et finissant à pareil jour lesdits trois ans et trois cueillettes finies et révolues,
    quatre quartiers de vigne appartenant auxdits mineurs sis et situés au cloux de Blanchard paroisse de St Michel du Tertre d’Angers, ainsi que lesdits quatre quartiers de vigne se poursuivent et comportent sans aucune chose y réserver et comme ils sont eschus auxdits mineurs de la succession Meslet Mesnard pour en faire par ledit preneur ladite ferme durant comme de chose baillée à ferme
    à la charge audit preneur de faire faire par chacun desdits ans lesdites vignes de leur quatre façons ordinaires en temps du et saison compétante sans les laisser de taille aultre leur taille ordinaire et acoustumée et y planter par chacun an deux cens provings etc…

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    Jean Gallichon achète 20 tonneaux et 4 portoires, 1598

    de quoi faire une belle vendange !

    Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Le 17 décembre 1598 après midy en la court du roy nostre sire à Angers endroit par davant nous Claude Foussier notaire royal personnellement estably Baptiste Mouet marchand tonnelier demeurant en la paroisse st Maurice d’Angers d’une art et honorable homme Jehan Gallichon sieur de la Roche demeurant en la paroisse st Julien dudit Angers soubzmectant lesdites parties respectivement eux leurs hoirs etc confessent avoir fait entre eulx et par ces présentes font le marché de vendition qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Mouet a ce jourd’huy vendu livré et baillé audit sieur de la Roche dans Caresme prenant prochainement venant le nombre de 2 fournitures de tonneaux neufs reliés de châtaigner bons loyaux et marchands et de baupe de … et 3 paires de portouères ; et est ce fait pour et moyennant la somme de 13 escuz sol et le nombre de 3 septiers de bled seigle mesure des Ponts de Cée pareil de celui duquel ledit Gallichon luy en a baillé par cy devant, 4 boisseaux comme il a confessé avoir receu sur et en advance du nombre de 3 septiers, laquelle somme de 13 escuz le nombre de bled faisant 2 septiers 8 boisseaux ledit sieur de la Roche a promis est et demeure tenu payer et ailler audit Mouet en livrant ledit nombre de tonneaux payant, et à fin de ladite livraison fin de payement, tout ce que dessus a esté stipulé accepté et accordé par lesdites parties respectivement, auquel marché et tout ce que dessus est dit tenir etc dommages etc à faire ladite livraison par ledit Mouet au terme et ainsi que dit est et à payer par ledit Gallichon obligent lesdites parties respectivement eulx leurs hoirs etc à prendre vendre etc et mesmes le corps desdits establis à tenir prison comme pour deniers royaulx etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé à notre tabler en présence de Nicolas Guillemault et René Vallin praticiens demeurant à Angers
    La fourniture était la coutume de vendre 21 articles pour 20 vendus.

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