Conseil de famille pour Louis Chesnais, frénétique (malade mental) devenu dangereux : Beauchêne (Orne)

L’hôpital spécialisé pour internet les malades graves devenus dangereux n’existaient pas autrefois, et tous les proches, au sens très large du terme, étaient responsables du malade. Pour le conseil de famille qui suit, j’ai tenté d’identifier les « proches parents » et je constate qu’on remonte aux arrière grands parents et cela me pose question, car j’ai de bonnes raisons de douter qu’on connaissait alors sa généalogie correctement jusqu’à ses arrière grands parents. En effet, je dispose de 2 documents exceptionnels dans ma famille, l’un du côté HALBERT (mon père) car son frère en 1938 a questionné tous les anciens de sa famille et couché par écrit leur mémoire, et il y s’avère qu’il y a quelques erreurs généalogiques. Mais j’ai encore mieux, car mon grand père GUILLOUARD, au temps de sa jeunesse, bien avant le mariage, les enfants et surtout la guerre (sur mon blog) aimait écrire, et il a même questionné ses parents et écrit un bref billet généalogique, qui me montre que la mémoire des arrière grands parents était très vague. Donc, je me demande bien comment autrefois on pouvait établir un conseil de famille jusqu’aux arrière grands parents. Dans le cas de ce Louis Chesnais, j’ai tenté de reconstituer et j’en ai trouvé quelques uns seulement car c’est un très vaste travail. Ceci dit j’ai beaucoup de connaissances des CHESNAIS de Beauchêne, mais en vain.
Cet acte a aussi une information exceptionnelle, à savoir que ce malheureux malade possède un objet tout à fait rare, signe de rang social aisé, la tasse d’argent à son nom, et malgré le très grand nombre d’actes notariés que j’ai étudié dans l’Orne, cette tasse est unique pour le moment, faute de très nombreux inventaires dans les archives.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/620  – Voici sa retranscription

« Le 7 février 1745[1] devant les tabellions de Tinchebray soussignés, se sont volontairement assemblés Julien Aubert, Thomas Marin, Julien Gigan, Georges Jouquel, Jacques Lambert, Julien Lemercier, Julien Aumont fils Jean, Julien Duchené fils Laurent, Pierre Besnard, Laurent Lelièvre, Pierre Lechatelier, Jean Lechatelier, Jacques Aumont fils Jean, André Roulleaux, Julien Roulleaux, Julien et Pierre Godier, Alexandre Heusé, Jacques Roulleaux, Jean Aubert, Laurent Robbe, Julien Besnard, Jacques Goubaud de la paroisse de Beauchêne, tous parents de Louis Chesnais, lesquels pour prévenir les accidents, pertes et dommages que ledit Chenais, tombé en frénésie, pourrait causer au public, dont ils seroient eux-mêmes responsables, étant obligés de droit de veiller à sa garde, touchés aussi de compassion de son infirmité et désirant de pouvoir y apporter remède, ont accordé ensemble ce qui suit, qui est que par ce présent ils ont autorisé Julien Aubert et Julien Gigan cy-dessus dénommés, de donner pour salaire au sieur de la Motte chirurgien à Domfront, qui s’est flatté de pouvoir guérir ledit frénétique, la somme de 24 lives que ledit chirurgien ne sera point tenu de restituer s’il ne réussit point en son opération et de lui promettre en outre (s’ils ne peuvent en tirer meilleur marché et en cas qu’il réussisse et non autrement) [sic, la parenthèse est dans le manuscrit, et c’est la première fois que je vois une parenthèse dans un acte notarié] une somme de 60 livres payable 2 mois après la guérison parfaite dudit frénétique, laquelle somme de 60 livres tous les parents cy-dessus dénommés, payeront par tête conjointement avec lesdits deux parents délégués, et mettront entre leurs mains chacun leur cotte par trois jours avant l’expirations desdits 2 mois pour par eux être remise entre les mains dudit chirurgien, sauf leur recours sur le bien dudit frénétique s’il s’en trouve, et au sujet des 24 livres qui doivent être mises aux mains dudit sieur chirurgien lors de son premier ouvrage ledit Julien Aubert pour la fournir en payera 4 livres (f°2) qu’il doit encore au frénétique et mettra en gage sa tasse d’argent sur laquelle est gravé son nom, pour la somme de 16 livres, et celui qui la prendra pour le prix en jouira s’il n’est remboursé sous l’en, lesquelles sommes jointes avec celle de 3 livres charitablement donnée par le sieur Disbern il ne restera que 20 sols qui seront fournis par tous les susdits parents et délégués ; convenu encore entre eux qu’en cas que l’opération n’ai point de suites heureuses, ils fourniront par tête la somme nécessaire pour faire conduire ledit infirme à Bicêtre qu’ils s’uniront pour faire approcher d’autres parents à leur aider à faire la dépense du voyage auquel cas les parents cy-dessus dénommés qui n’ont point délibéré à Tinchebray pour établir un tuteur en la plage dudit frénétique tiendront compte de 76 sols à ceux qui ont délibéré cy-dessus aussi nommées pour raisons connues entre eux, pour ce qui regarde la garde et nourriture dudit frénétique lesdits Julien Aubert Jean Aubert et Julien Lemercier s’en sont chargés pendant 8 jours qui commencent aujourd’hui : convenu encore entre eux que si ledit frénétique vient à être guéri le présent sera déclaré aux frais de ceux qui seront morosifs[2] de payer au terme cy-dessus marqué. Fait en présence de Jean Garnier curé de Beauchêne, et de Denis Garnier prêtre son vicaire témoins

 Louis Chesnais °1711 le malade

Il faut remonter au grand père Charles Chenais x Jeanne Godier qui a eu

  1. Charlotte Chenais x1711 Gilles Lambert
  2. Anne Chesnais x1704 Julien Duchatelier
  3. Jullien Chesnais x1709 Jacqueline Aubert

Julien Aubert beau-frère

Jullien CHENAIS °Beauchêne 6.4.1689 †2.1734/ Fils de Charles CHESNAIS & de Jeanne GODIER x Beauchêne 18.11.1709 Jacqueline AUBERT †/2.1734 Fille de †Jean et de †Marie Levieil

1-Louis CHESNAIS °Beauchêne 24.11.1711 Filleul de Louis Anthoine de Bonne Chose et de Anne Chesnais

2-Marie CHESNAIS °Beauchêne 11.8.1715 †Beauchêne 25.8.1774 Vit au Grand Biot en 1774 Filleule de Jacques Duchesnay et de Delle Marie Suzanne de Fontenaille x Beauchêne 20.2.1734 Julien AUBERT Fils de Claude et Gilette Robbe

3-Jeanne CHESNAIS °Beauchêne 20.1.1718 Filleul de Julien Duchatelier et de Jeanne Chesnaye

 

Thomas Marin,

Julien Gigan,

Georges Jouquel,

 

Jacques Lambert cousin

Ce qui signifie que ses parents sont décèdés

Charlotte CHESNAIS °Beauchêne 20.3.1685 Fille de Charles CHESNAIS & de Jeanne GODIER x Beauchêne 17.2.1711 Gilles LAMBERT Fils de Denis et Françoise Houet. Mariés en présence de Charles Chenais, Julien Chesnais

1-Jacques LAMBERT °Beauchêne 20.1.1715 Filleul de Denis Lambert et de Jacqueline Aubert

 

Julien Lemercier,

Julien Aumont fils Jean,

Julien Duchené fils Laurent,

Pierre Besnard,

Laurent Lelièvre,

Pierre Lechatelier,

Jean Lechatelier,

Jacques Aumont fils Jean,

André Roulleaux,

Julien Roulleaux,

Julien et Pierre Godier,

Alexandre Heusé,

Jacques Roulleaux,

Jean Aubert,

Laurent Robbe,

Julien Besnard,

Jacques Goubaud

de la paroisse de Beauchêne, tous parents de Louis Chesnais,

[1] AD61-4E80/620 devant les notaires de Tinchebray (Orne)

[2] MOROSIF, IVE adj. Synonyme inusité de morose. Le prince de Conti, morosif, distrait…. Terme d’ancienne jurisprudence. Négligent, tardif. Créancier morosif. Morose. (Dictionnaire de la langue française Littré, Tome 3, 1873)

Julien Aumont, marchand à Beauchêne (61) a été emprisonné à Angers, et doit payer fort cher son élargissement, 1745

Angers est à 175 km en passant par Domfront, Mayenne, Laval, Château-Gontier, Le Lion-d’Angers et c’est Jacques, son frère, qui va aller payer. Mais il a aussi une dette due à Julien Aumont fils feu Julien marchand pour une obligation crée en 1714 par son père.
Le 11 janvier 1745  Julien Aumont fils feu Jacques marchand vend à son frère Jacques un pré qui fait moins d’un hectare pour 850 livres ce qui est un prix plus qu’exhorbitant. En fait, il a besoin des 850 livres et le pré est tout ce qu’il peut céder, car il a été emprisonné à Angers et il est sorti de prison sous la caution de 2 marchands Angevins auxquels il doit de tout urgence 590 livres pour l’élargissement, le gîte et la pension du concierge de la prison. En effet, on devait alors payer sa pension au concierge de la prison. Pour mémoire, le prix du pré était certainement inférieur à 100 livres au vu de tous les actes notariés que je viens de dépouiller sur Beauchêne. Donc l’acte qui suit est bien une entente entre frères, probablement parce qu’ils sont dans le même commerce.
Mais quel commerce ? Sans doute descendaient-ils les clous d’ardoise jusqu’en Anjou et remontaient à Beauchêne des ardoises ?

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/620  – Voici sa retranscription

« Le 11 janvier 1745[1] après midi fut présent en personne Julien Aumont fils feu Jacques marchand de la paroisse de Beauchêne, lequel a de sa libre volonté vendu quité et abandonné à fin d’héritage pour luy et ses héritiers avec promesse de toutes garanties au sieur Jacques Aumont son frère aussi marchand de la même paroisse de Beauchêne présent et acceptant aussi pour lui ses héritiers savoir est une pièce de terre en pré de la contenance d’environ une acre[2] nommée vulgairement le pré de Rondenois situé au village de la Bordelière en ladite paroisse joignant ladite pièce de toutes parts ledit acquéreur par un bout les héritiers de Jean Louvet ; la présente vente à été faite moyennant et par le prix de 850 livres de principal et pour vin celle de 20 livres présentement payée en traitant le présent contrat, et au regard de la somme principale ledit vendeur en a délégué et donné soumission audit acquéreur et par luy acceptée d’en payer la somme de 590 livres aux mains des sieurs Lefrère et Jusqueau marchands demeurant en la ville d’Angers tant pour le principal de ce qui leur est dû par ledit vendeur que pour les frais de l’emprisonnement qu’ils auroient requis pour le concierge, giste et geolage, laquelle somme de 590 livres ledit vendeur croit qu’ils la voudront bien ayant consenti sous cette considération son élargissement pour parvenir au présent contrat afin de leur prouver la liberté de sa personne, consentant pour cet effet ledit vendeur que ledit acquéreur … pour la validité du présent contrat aussi bien que celui du sieur Julien Aumont fils feu Julien aussi marchand (f°2) de la même paroisse de Beauchêne pour le principal arrérages prorata frais loyaux cousts de 16 livres 13 sols 9 deniers de rente hypothécaire à lui due par ledit vendeur par contrat passé devant Gabriel Guerard tabellion le 29 novembre 1714 du fait de François Drone marchand de la paroisse de Chanterguy ? au bénéfice du père dudit sieur Aumont et dont ledit vendeur est obligé d’acquiter ledi Drone selon un autre contrat de reconnaissance devant Jean Gerard le 28 janvier 1740 et pour effectuer ladite soumission ledit acquéreur a présentement payé aux mains dudit Julien Aumont la somme de 300 livres pour le prinicpal de ladite partie de rente, laquelle somme il a recueillie en espèces d’argent et monnaie … ainsi que la somme de 36 livres … Ledit vendeur demeure obligé même par corps d’en faire la remise et répétition audit acquéreur dans un an de ce pour les frais d’emprisonnement giste et geolage dudit vendeur, le surplus desdites (f°3) soumissions demeurant pour paiement du prix de ladite vente, de laquelle ledit acquéreur a été envoyé en la propriété possession et jouissance du pré avec tous les droits d’eau haies et fossés

[1] AD61-4E180/620 devant Lelièvre tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] acre : dialecte Normand, l’acre vaut 160 perches carrées de 22 pieds de côté, soit 81,712 ares (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

 

Jacques Aumont, marchand à Beauchêne (61) acquiert un contrat de fieffe, 1744

Je poursuis mon retour sur mes ancêtres Normands, cloutiers à Beauchêne dans l’Orne, car pour compléter mes travaux antérieurs qui avaient près de 30 ans, je dépouille des actes notariés et je découvre des choses stupéfiantes sur leur fortune respective, dont je vais vous entretenir. En attendant, voici l’une des particularités du droit Normand, le contrat de fieffe, qui signifie en fait qu’une vente de terre n’a pas été payée en capital mais en rente perpétuelle. Jacques Aumont l’acquéreur n’est surtout pas mon ascendant et n’a rien à voir avec la fortune modeste des cloutiers bien incapables d’un tel acquêt. Car Jacques Aumont est marchand et aisé, et il a surtout une signature très originale, avec son prénom en entier ce qui était rare pour les non nobles et surtout des volutes qui ressemblent parfois à des accents au dessus.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/618  – Voici sa retranscription

   « Le 20 février 1744[1] au bourg de St Cornier fut présent en sa personne Vincent Duchenay fils feu François de la paroisse de Beauchêne, lequel sans force ni contrainte d’aucune personne, avec promesse de bonne et vallable garantie, a ce jourd’hui vendu quitté cédé et du tout délaissé à Jacques Aumont fils feu Jacques, marchand, de la paroisse de Beauchêne, présent tant pour lui que pour ses hoirs, savoir est le corps prix principal d’un contrat de fieffe[2] fait par ledit Vincent à Jean Louvel fils Etienne de ladite paroisse de Beauchêne, estant ledit contrat du village situé à la Bordelière en Beauchêne sous le fief dudit fieffe de la somme de 14 livres de rente foncière suivant qu’il est spécifié par le contrat de fieffe lequel est passé devant Gabriel Guerard tabellion et Nicolas Mallausieux son adjoint le 4 mars 1719 ; et a été la présente vente et abandonnement de susdite rente cy dessus faite par le prix et somme de 294 livres, prix auqul les parties sont convenu, laquelle somme cy dessus a été présentement payée comptée et nombrée en pièces ayant cours par ledit Aumont audit Vincent Duchesné … pour vertu d’iceluy du présent soy faire payer ledit Aumont sur ledit Jean Louvel ou ses représentants comme auroit fait ou pu faire ledit Vincent Duchesnay

[1] AD61-4E180/618 devant tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] fieffe : en Normandie, vente qui ne diffère de la vente ordinaire que parce que le prix au lieu d’être un capital est une rente perpétuelle ou foncière (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

Signalement de changement de domicile entre 2 baptêmes dans le registre de Beauchêne (61) 1679

S’il y a bien un endroit où je ne pensais pas trouver une telle information, c’est bien entre 2 baptêmes, sur le registre paroissial, et le prêtre donne même le montant de l’impôt qui était payé à la paroisse par ces personnes qui quittent la paroisse, et vous allez voir que cet impôt atteste une très grande différence de revenus, c’est le moins qu’on puisse dire !!!

Le 24 septembre 1679 le beau-frère de Laurent Leconte Pierre (s) et Jean (s) son fils ont fait savoir aux paroissiens dudit Beauchesne qu’ils transfèrent leur domicile de la paroisse en la paroisse de St Cornier lesquels sont imposés à 10 livres


Ledit jour et an que dessus Gilles Pallier a fait savoir au général de Beauchesne qu’il transfèrt son domicile de ladite paroisse en la paroisse de Chanu lequel est imposé à 5 sous [la marque dudit Gilles Pallier, ce qui signifie qu’il ne sait pas signer et en Normandie ceux qui ne savent signer mettent leur marque]

Marie Aumont femme de Louis Lelièvre reçoit le solde de sa dot 13 ans après : Beauchêne (61) 1745

En Normandie les dots n’étaient que très rarement payées le jour des noces, mais toutes étaient payées sur 10 à 20 ans, voire plus. Ici, nous sommes 13 ans après les noces, et vous allez découvrir donc 13 ans plus tard la valeur de la moitié d’une poêle d’airain. Gageons que le couple a tout de même pu acheter une poêle entière 13 ans plus tôt !!!

Cet acte atteste que Julien Aumont et Jeanne Robes n’ont que 2 branches Aumont descendantes en 1745 celle de leur fils Julien et celle de leur petit fils Charles, car ils paient par moitié la dot due à Marie Aumont leur fille. Cette dot était de 240 livres en 1732 donc une classe sociale moyenne. Pourtant, son époux ne sait pas signer.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/621  – Voici sa retranscription

« Le 12 septembre 1745 à St Cornier, fut présent en personne Louis Lelièvre (ns) fils feu Gabriel de la paroisse de Beauchêne, ayant épousé Marie Aumont fille de feu Julien et de defunte Jeanne Robes, lequel en cette qualité reconnaît avoir reçu de Julien Aumont son beau-frère de ladite paroisse de Beauchêne la somme de 120 livres pour la moitié du principal de sa promesse de mariage passée devant Robes tabellion le 9 janvier 1732, ensemble reconnaît ledit Lelièvre avoir reçu dudit Julien Aumont 5 livres d’étain et la valeur de la moitié d’une poêle d’airain qui font le restant de ladite part de meubles ayant acquité le surplus desdits meubles par quittance passée devant nous au moyen de quoi ledit Julien Aumont demeure généralement quite vers ledit Lelièvre de ladite part en principal, meubles, sans préjudice à iceluy Lelièvre à se faire payer de l’autre moitié sur les héritiers Charles Aumont, neveu dudit Julien, sans déroger à la solidité demeurant ledit Julien Aumont quite des intérêts de ladite somme de 120 livres …

[1] AD61-4E80/621 devant Gabriel Lelièvre tabellion royal à Tinchebray

Marie Aumont a perdu son frère Charles et s’accorde avec le tuteur de l’enfant mineur de Charles pour toucher sa part de la succession de leurs parents, Beauchêne (61) 1743

Je vous mettais il y a 3 jours une autre Marie Aumont, qui était fille unique, donc décidait seule de son contrat de mariage, car en Normandie les frères décident pour les soeurs. Voici une autre Marie Aumont qui a un seul frère, plus âgé qu’elle, mais qui décède laissant une veuve, un enfant mineur, et Marie Aumont doit donc traiter avec le tuteur de ce mineur pour avoir ce qui lui est dû de la succession de leurs parents. Cela va se passer assez bien, mais nécessite l’intervention de très importants frais de notaires tant en inventaires, que transactions, si bien que les actes concernant Charles Aumont sont nombreux, et très longs  mais je vais les étudier pour comprendre sa fortune, car cette branche Aumont n’est pas la mienne et est une branche qui n’est pas que cloutiers, mais une branche de marchands, un peu plus aisés.

Thomas Aumont x1715 Magdeleine Madeline

Ils sont décédés avant 1743 ne laissant que 2 héritiers Charles et Marie, mais Charles décède aussi, et Marie n’étant pas encore mariée doit réclamer sa part de la succession de ses parents au tuteur de l’enfant mineur de Charles. Une transaction est trouvée le 23 août 1743 (voir ci-dessous) au village du Goullet en Beauchêne, pour éviter à l’action que Marie Aumont fille de feu Thomas et de defunte Madeleine Madeline, de la paroisse de Beauchêne, était prête d’intenter contre les héritiers Charles Aumont son frère pour la liquidation de son mariage avenant sur les successions mobilières et immobilières de sesdits père et mère, laquelle liquidation auroit pu se faire en justice qu’à grands frais pour auxquels éviter furent présents Anne Dauverné veuve dudit feu Charles Aumont, faisant fort pour son enfant mineur, Julien Aumont grand oncle dudit mineur… Elle a quelques meubles et environ 400 livres sous forme de rente. On peut en conclure que les parents ont laissé meubles et environ 800 livres.

Thomas AUMONT °ca 1693 †/1743 Fils de Julien AUMONT et de Jeanne ROBBES x Beauchêne 28.11.1715 Magdeleine MADELEINE aliàs MADLINE °Chanu 29 février 1692 (vue n°10) †/1743 Fille de Claude et Marie Leroy
1-Charles AUMONT †/1743 x Anne DAUVERNÉ
11-un enfant mineur en 1743
2-Marie AUMONT °Beauchêne 1725/1726 †Ger (50) 2.11.1800 Buissonnière x Beauchêne 15.7.1745 François ROBBES

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/617  – Voici sa retranscription

« Le 23 août 1743[1] au village du Goullet en Beauchêne, pour éviter à l’action que Marie Aumont fille de feu Thomas et de defunte Madeleine Madeline, de la paroisse de Beauchêne, était prête d’intenter contre les héritiers Charles Aumont son frère pour la liquidation de son mariage avenant sur les successions mobilières et immobilières de sesdits père et mère, laquelle liquidation auroit pu se faire en justice qu’à grands frais pour auxquels éviter furent présents Anne Dauverné veuve dudit feu Charles Aumont, faisant fort pour son enfant mineur, Julien Aumont grand oncle dudit mineur, et Julien Dauverné sieur de la Miserie, Julien Robes et François Godier parents dudit mineur et de ladite Marie Aumont, lesquels pour éviter à tout ce que dessus ont arrêté la transaction qui suit après qu’il a été renoncé de part et d’autre c’est-à-dire par ladite veuve et lesdits parents au nom dudit mineur à aucun pourvois c’est à savoir que pout toute et tell part que ladite Marie Aumont pourroit espérer en les successions mobilières et immobilières de sesdits père et mère ils lui ont abandonné des meubles restés après le décès dudit feu Charles Aumont, un buffet de chêne fermant à 4 volets et 2 tiroirs, 15 livres d’étain commun ouvragé en différentes espèces, 12 draps de toile et demie, 2 douzaines de serviettes, 6 chemises pour son usage, 6 taies d’oreiller, une nape de toile de lanfet, un grand double … de 5 aulnes, et un quart de toile de lanfet, une aulne de grosse toile, le lit entier de ladite feue sa mère, une couette un traversin 2 oreillers une couverture de laine et un vieux tour de lit de serge, 2 jupes d’étamine et froc, une brassière et un tablier de toile, 2 morceaux de toile, la poêle, une vache de poil rouge de 4 à 5 ans … (4 lignes illisibles) arrêtée à la somme de 400 livres, l’intérêt de laquelle montant au denier 20 à 20 livres de rente, ladite Aumont recueillera jusqu’au temps de la célébration de son mariage sur les immeubles restés après le décès de ses père et mère et dudit Charles Aumont à 2 termes chaque année, dont le premier sera au 25 mars prochain, le 2ème à la st Michel ensuivant, et ainsi de terme en terme 10 livres à chaque terme jusqu’au mariage de ladite Aumont, lors duquel mariage ladite rente cessera parce que dudit jour en un an sera payé à ladite Aumont ou son mari 50 livres pareille somme un an après et ainsi d’année en année 50 livres jusqu’à fin de payement, le tout sans intérêts … dont ladite Marie Aumont s’est tenue bien et valablement partagée de ce qui lui revenait en les successions de sesdits père et mère, renonçant au moyen de ce que dessus à inquiéter ni rien demander en plus outre sur lesdites successions, et seront les frais de la présente payés par moitié entre ladite Marie Aumont et ladite Dauverné veuve ainsi convenu ; convenu aussi que ladite Marie Aumont ne sera susceptible d’aucunes dettes s’il y en a dans la succession de sesdits père et mère. Présents Jean Guerard et Jacques Garnier cloutier de la paroisse de Saint Cornier »

[1] AD61-4E180/617 devant tabellion royal à Tinchebray (Orne)