Tous les marins ne meurent pas en mer ou au combat naval, et la permission a été fatale à celui-ci, relevé sur le registre paroissial de Bescon aliàs Bécon-les-Granits, Maine-et-Loire :
Le vingtcinquiesme jour d’octobre mil six cens soixante quatorze a esté inhumé dans le grand cymetière par nous soubsigné le corps d’un jeune homme aagé de trente ans ou environ décédé dans la grange du Petit Chastaigner dont le nom estoit incognu, sur lequel a esté trouvé une petitte paire d’heures dans lequelles sont escripts ces mots
faict par moy Jean Boureau bon garson demeurant au bourg de (blanc)
dans lesquelles s’est trouvé un papier portant ces mots
il est permis à Noël Gilet dit de maison de Moncontour soldat de marine d’aller chez luy pour y demeurer pendant le radoub du vaisseau nommé le Tonnant sur lequel il a servy la dernière campagne a condition d’y retourner servir au premier commandement qu’il en recevra, fait audit vaisseau le 25e novembre 1673 signé Dreully d’Humières et au dessous, vu Corbonnery
lequel papier demeure cy attaché (j’ai présenté en exergue les passages qui retranscrivaient les papiers trouvés sur le jeune homme, pour que cet acte puisse être plus compréhensible que présenté sans alinéa, comme l’est le registre original, sans rien ajouter, et mes commentaires suivront )
Il est catholique, car il possède un livre d’heures. Généralement les prêtres avant d’inhumer un inconnu vérifient toujours qu’il est catholique soit par ses papiers de baptême sur lui, soit la présence d’un chapelet, mais j’avoue qu’un livre d’heures est un cas plus rare. Cela signifie qu’il savait lire, et était même issu d’une famille assez notable pour posséder ce type de lectures, ce qui n’était pas fréquent au 17e siècle.
Heures, se dit au pluriel d’un livre de prieres, qui se recitent ordinairement selon les diverses heures du jour. Heures bien reliées. de belles heures. acheter des heures. heures en François. heures en Latin (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694).
Il a une permission de plusieurs semaines puisque le vaisseau doit être réparé :
RADOUB, s. m. (Marine) c’est le travail qu’on fait pour réparer quelque dommage qu’a reçu le corps du vaisseau. Les matieres dont on se sert, sont des planches, des plaques de plomb, des étoupes, du bray, du goudron, & en général tout ce qui peut arrêter les voies d’eau. (Encyclopédie Diderot)
Moncontour donne 3 hypothèses
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le château de Moncontour, à Vouvray (37)
la commune de Moncontour, arrondissement de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor (22)
la commune de Moncontour, arrondissement de Châtellerault dans la Vienne (86)
J’avoue que dans les 3 cas, il est difficile de comprendre ce qu’il faisait dans une grange à Bécon-les-Granits, qui n’est pas sur son chemin !
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