Après le décès de leurs parents les Ferlot s’entendent pour l’entretien de leur soeur handicapée, Provins 1663

introduction

Nous venons de voir, nous les retraités qui disposons du temps libre, des jeux paralympiques et tant d’handicapés, dont certains nous paraissent de beaux exemples de vie. J’ai appris aussi que tous les pays ne traitent pas le handicap avec la même attention, mais en Afrique désormais beaucoup de pays le respecte, et j’ai dans les yeux ces magnifiques sauts en hauteur sur une jambe de cet africain au saut si gracieux ! J’ai aussi appris quelles traces Tchernobyl avait laissé en Ukraine, et de quelle magnifique manière elle gère ces handicaps, en grande championne. Mais autrefois, nous avons rarement des sources relatant les handicaps, et pour ma part, je n’ai rencontré qu’un testament d’une mère en Anjou, prévoyant auquel de ses enfants léguer la charge du fils handicapé.
Je vous livre ci-dessous un rare acte traitant d’une personne handicapée. Cet acte est à Provins, ville bourgeoise, entre frères et soeurs pour s’occuper de leur soeur, qui manifestement ne peut se suffire à elle-même. Cette famille n’est certes pas au rang de la grande bourgeoisie de Provins, mais cependant assez aisée pour pouvoir payer annuellement une somme suffisante pour vivre. Une clause est encore plus belle que les autres, et je vous laisse la découvrir : l’handicapée placée par ses frères chez la soeur aura droit de revenir chez ses frères si elle ne se plaît pas chez sa soeur. Magnifique clause !!! qui laisse la parole à l’handicapée !

 

retranscription

Cet acte est aux Archives Départementales de Seine-et-Marne, AD77-260E35

Le 25 février 1663 (devant Beschefer notaire à Provins) furent présents en leur personne honneste personne Nicolas Charpentier archer en la mareschaussée de Provins et honneste femme Anne Ferlot sa femme dudit Charpentier son mari suffisamment licenciée et auctorisée pour l’effet des présentes, ce qu’elle a eu pour agréable d’une part, et honnestes personnes Edmé Ferlot cordier, Pierre et Nicolas les Ferlots, tous demeurant audit Provins d’autre part, lesquelles parties ont recognu avoir fait et font ensemble le traité et convention qui ensuit, c’est à savoir que lesdits Charpentier et ladite Anne Ferlot sa femme se sont obligés de tenis, coucher, nourrir, chauffer, blanchir et entretenir d’habits linges et autres ustancilles la nommée Elisabeth Ferlot leur sœur durant le temps et espace de 3, 6 ou 9 années au choix et option desdits Edmé Pierre et Nicolas les Ferlot et desdits Nicolas Charpentier et ladite Anne Ferlot, et durant ledit temps la faire penser de médicaments tant en santé que malade et luy administrer toutes ses nécessités moyennant le prix et somme de 50 livres tournois par chascun en dont en sera payé par lesdits Edmé et Pierre les (f°2) Ferlot audit Charpentier la somme de 35 livres tz qui sera pour chascun d’eux la somme de 17 livres 10 sols tz, et en déduction de la rente qu’ils debvront chascun en leur esgard à ladite Elisabeth Ferlot aux causes du contrat de constitution ce jourd’huy par eux passé devant le juré soubzsigné à son proffit et le susplus desdites 50 livres montant à la somme de 15 livres tz iceluy Nicolas Charpentier la retiendra par ses mains pour demeurer par luy quitte de pareille somme envers icelle Elisabeth Ferlot suivant et aux causes du contat de constitution qui suit cy après dont la première année de payement de ce que dessus sera et eschera dudit jour pochain venant en un an et ainsy continuer d’an en an jusques en fin dudit présent bail ; a esté accordé entre lesdites parties qu’en cas que ladite Elisabeth Ferlot ne se trouve bien dans la maison d’iceluy Charpentier durant le temps cy dessus, il sera loisible auxdits Edmé et Pierre les Ferlot de la retirer (f°3) si bon luy semble en tel temps que ce puisse estre et payant par eux toutefois audit Charpentier les nourritures à proportion du temps …

La famille CHARPENTIER vignerons à Provins, 1661

introduction

Pour tenter de reconstituer mes CHARPENTIER à Provins, voici un acte de comptes de tutelle qui donne une famille éloignée de la mienne car ils ne savent pas signer alors que les miens font même signer les femmes. Voici ce que donne l’acte, qui pourra servir un jour à d’autres, car à Provins on trouve très peu de généalogies faites sur cette période. Et comme sous le savez quand la source est un acte notarié correctement exploité, on est certain des filiations, surtout quant on fait les comptes entre héritiers.

généalogie CHARPENTIER selon l’acte ci-dessous

François CHARPENTIER †/1661 (selon 260E32 du 14 septembre 1661)
1-Etienne CHARPENTIER †/1661 x1 Marie BERTIN †/1661 x2 Diete REGNAULDIN †1661/
11-Marie CHARPENTIER †/1661
12-François CHARPENTIER †1661/ mineure sous la tutelle de sa mère en 1661

la cuisson du pain au fournil était payante

C’est la première fois, après tant d’actes notariés dépouillés, que je rencontre la mention de paiement de la cuisson du pain au fournil. Certes, nous savons tous comment on allait tous autrefois cuir son pain dans un four commun, mais j’ignorais que c’était payant.

retranscription

Cet acte est aux Archives Départementales de Seine-et-Marne, AD77-260E39

Le 14 septembre 1661 fut présent en sa personne Nicolas Ferant le jeune vigneron demeurant à Provins, au nom et comme tuteur de feue Marie Charpentier fille mineure de feu Etienne Charpentier et Marie Bertin ses père et mère, héritière de feu François Charpentier son grand père, lequel es qualités que dessus a recognu debvoir et promet payer pendant le jour et feste St Martin d’hyver prochain venant à Diete Regnauldin veufve dudit feu Estienne Charpentier au nom et comme tutrice de François Charpentier fils mineur dudit deffunt Estienne Charpentier et d’elle, aussi héritier dudit deffunt François Charpentier son grand père, à ce présente et acceptante, pour demeurer par ledit Ferant audit nom de tuteur quitte envers ladite veufve aussi audit nom de tutrice de sondit fils de la part et portion des meubles contenus en l’inventaire fait après le décès dudit deffunt François Charpentier appartenant audit François Charpentier fils mineur tant comme héritier dudit deffunt François Charpentier son grand père que comme héritier de ladite feue Marie Charpentier sa sœur moyennant quoy icelluy Ferant sera tenu d’acquitter et indempniser (f°2) ladite veufve audit nom de toutes les debtes esquelles elle pourroit estre tenue et obligée pour raison desdites successions desdits feux Farnçois Charpentier et Marie Charpentier fors et exception de ce qui peult estre deub au nommé Nicolas Parlat demeurant à la Ferche Vaulche, ensemble des loyers qui peuvent estre deubz de la maison où est décédé ledit defunt François Charpentier, de ce qui peult estre deub au fournil pour la cuisson du pain, desquelles ladite veufve audit nom sera tenu payer sa part et portion en cas qu’il soit demandé quelque chose, au moyen de quoy l’obligation passée par ledit Ferant au profit de ladite veufve montant à la somme de 9 livres tz par devant le notaire soubsigné le 27 décembre 1660 est et demeure nulle réservé pour l’hypothèque des présentes seulement ; car ainsi a esté accordé entre les partyes notiffiant … et ledit Ferant corps et biens renonçant etc ; fait et passé audit Provins en présence de Louis Hu et Nicolas Varante demeurant audit Provins tesmoings, lesdites parties ont déclaré ne savoir signer »

Les femmes de Provins (77) étaient si évoluées que certaine signait avec son patronyme féminisé : Jeanne Moreau 1599

Introduction

Je vous ai déjà mis mon enthousiasme devant les innombrables signatures de femmes à Provins début 17ème siècle, et même la jolie signature de Jeanne Bobe. Voici maintenant, celles qui signaient leur nom au féminin. Certes, j’ai déjà rencontré ailleurs ce phénomène de féminisation du patronyme, mais je ne pense pas encore l’avoir vu en signature. Décidément, ces femmes de Provins étaient des femmes très évoluées.

signature de Jeanne Moreau en 1599 à Provins Ste Croix

Jacques LANGLOIS x Françoise MEUSNIER
1-Edmé LANGLOIS °Provins Ste Croix 26 janvier 1599 « baptisé Jacques fils d’honorable homme Jacques Langlois procureur au siège royal de Provins et Françoise Meusnier parrain honorable homme Edmé Baizela (s), Gilles Roussin hostelier marraine Louyse Moreau (s Morele) femme d’Anthoine Rabigois sergent royal »

 

Jeanne Bobe avait une magnifique signature, Provins 1587

Introduction

Je suis depuis 8 semaines en admiration sur les innombrables signatures de femmes au 16ème siècle à Provins. Mais en voici une encore plus admirable car elle a ajouté une floriture et même assez extraordinaire

Mes ascendants FAUCHON étaient apothicaires de 1554 à 1668 dans la maison touchant l’Hôtel-Dieu de Provins.

Extraordinaire signature de Jeanne Bobe

Il y a 4 paroisses à Provins : Sainte Croix, Saint Pierre, Saint Quiriace et Saint Ayoul. Ici nous sommes à Sainte Croix en 1587. Les actes sont assez souvent difficilement lisibles, ainsi le prénom « Jeanne » semble curieux dans la rédaction du prêtre. Elle semble « femme d’Alexandre Legrand » et je ne la trouve pas dans les relevés du Cercle Généalogique de la Brie, pas plus que sur Geneanet et Roglo. Pourtant quelle magnifique signature :

Alliance parlante de patronymes : l’armurier AUDINEAU a épousé le glaive FAUCHON

introduction

Le patronyme FAUCHON[1] signifierait « espèce de faucille ».
Le Dictionnaire du Moyen Français[2] ne donne pas une faucille mais une arme : « Épée recourbée, couteau recourbé, glaive » – En partic.  « Glaive du bourreau »

[1] Dictionnaire des noms de famille, MORLET 1991
[2] http://www.atilf.fr/dmf/

mon ascendant arquebusier épouse le glaive

René AUDINEAU †Chemillé 5 avril 1717 maître arquebusier (sur son x) maître armurier (sur son †) arquebusier à Chemillé (49) Fils de Jean AUDINEAU arquebusier et Louise Chevalier x Paris 10 décembre 1692 (contrat du 28 novembre 1692) Louise Catherine FAULCHON †/1718 fille de Louis et Louise Charpentier

Je vous prépare une impressionnante mise à jour de mon étude de ma famille AUDINEAU et celle des FAUCHON

L’importante ardoise à la boulangerie Audineau, Clisson 1851

Introduction

L’ardoise était autrefois le paiement différé, soit à la semaine, soit au mois chez les commerçants. Il était très pratiqué. Les grandes surfaces l’ont supprimé et on y paye comptant. Mais je me souviens de ma jeunesse, aînée de 6, je me levais chaque matin une demie heure avant les autres et j’allais à l’épicerie proche que le laitier et le boulanger livraient chaque matin aux aurores, et je rapportais le bidon de 5 l de lait plein, et le pain de 4 livres. Je ne payais pas, mais l’épicière tenait un cahier où elle notait, et chaque semaine maman allait à l’épicerie régler la semaine. C’était la même chose chez le boucher etc… Cela évitait aussi au commerçant de perdre un temps fou avec les petites pièces à chaque paiement, et cela n’était pas considéré comme du crédit, c’était tout bonnement la façon de faire, bien sûr pour tous les clients habituels. Il paraît qu’elle existe encore un peu… mais certainement devenue extrêmement rare ! Je pense même que la majorité des Français d’aujourd’hui ignorent l’existence de cette pratique d’autrefois.
L’ardoise tient son nom de ce qu’autrefois, c’est sur une ardoise qu’on notait les sommes dues.

l’ardoise à la boulangerie Audineau en 1851

En 1851, au décès de François Audineau, boulanger porte Palzaise à Clisson, l’inventaire après décès est dressé. Le mobilier, linge, et tous les ustenciles de la boulangerie se montent à 6 941,5 F
Et dans les passifs, l’ardoise de la boulangerie se monte à 3 066 F ce qui est énorme, et pourtant il y a dans l’actif des pièces de monnaie de billon pour 74 F, ce qui montre que certains payaient comptant leur pain avec des petites pièces de monnaie. La monnaie de billon a existé jusqu’au milieu du 19ème siècle, précisément donc du temps de la boulangerie Audineau. Le billon était le métal utilisé pour ces pièces de monnaie, et il était composé de cuivre, zinc et argent. On l’a surtout remplacé par un métal moins couteux, car l’argent qui entrait dans ces pièces de monnaie devait être remplacé par autre métal moins onéreux.
Donc, à la boulangerie Audineau, beaucoup de clients avaient une ardoise certainement élevée et plus que celle d’une semaine !