De nombreuses donations pieuses furent faites au 12e et 13 siècles, constituant le temporel des prieurés et abbayes. Parfois les religieux éprouvaient au fil des siècles certaines difficultés à percevoir les rentes ainsi léguées perpétuellement.
Voici l’une d’elle, relevant de la seigneurie de Grez, mais sur le prieuré de l’Hermitière qui lui est situé à Sceaux :
Les Ermitiers, commune de Sceaux : l’Hermitière aux 13, 18e siècles, ancien prieuré de Toussaint d’Angers, mentionné en 1262, dépendant de la Chantrerie et réuni à la mense abbatiale (Dict de C. Port)
J’habite un appartement, et c’est la première fois que je rencontre le terme autrefois. J’en ai conclu que le seigneur de Sautré n’habitait pas tout le logis de Hautemulle, mais une partie car :
APPARTEMENT. s.m. Logement composé de plusieurs chambres, de plusieurs pièces de suite dans une maison. (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762)
La transaction qui suit porte sur une mesure, et on sait que celles-ci étaient autrefois très nombreuses, et même variables. Michel Le Mené, dans Les Campagnes angevines à la fin du Moyen-âge, précise :
En Anjou, pour les grains, l’unité de base était le boisseau. Son multiple, le setier, se subdivisait selon les régions d’Anjou en 8, 12, 14 ou 16 boisseaux…. Est-il nécessaire de rappeler qu’il exista dans le duché, comme dans toutes les provinces, une très grande variété de boisseaux…
En simplifiant, trois types de boisseaux ont dominé :
-
11,31 litres
14,14 litres
16,97 litres
Le boisseau des Ponts-de-Cé étant de 14,14 litres, je conclue, bien que je n’ai pas trouvé celui de Grez, qu’il était de 16,67, car l’acte suivant tant à montrer que le seigneur de Sautré négocie un alignement de la mesure de Grez à celle des Ponts-de-Cé, et que ceci signifie qu’il négocie un alignement par le bas, dont de 16,97 à 14,14 litres le boisseau.
L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 18 février 1662, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers furent présents establiz et duement soubzmis les révérends religieux prieur et converts de l’abbaye de Toussaint d’Angers … duement congregés et assemblés en leur chapitre ordinaire en la manière acoustumée d’une part
et messire René Leclerc chevalier seigneur de Sautray et de Grez, demeurant en son appartement de Hautemulle en la cité dudit Angers d’autre part
lesquels de l’instance pendant entre eux au siège présidial de cette ville pour raison des arrérages de 8 années échues au jour et feste de Notre Dame Angevine dernière de la rente, ancien don ou legs d’un septier de bled seigle deub chacun an audit terme à ladite chantrerie de ladite abbaye à cause du prieuré de l’Hermittière son annexe, ladite rente requérable sur et à cause de la terre et seigneurie dudit Grez à la mesure d’icelle, desquels arrérages ils demandoient le paiement, savoir de la dernière année en espèce, et des précédentes suivant la commune estimation qui en a esté faite par chacune d’icelle, et que ledit seigneur de Sautray adjudicataire de ladite terre de Grez fut condamné de leur payer servir et continuer ladite rente d’un septier de bled seigle mesure de sadite terre suivant le titre qu’ils luy ont communiqué
à quoi ledit seigneur de Sautray disoit n’avoir aucune cognoissance de ladite rente, n’ayant esté chargé d’icelle, par le décret de ladite terre et seigneurie de Grz, prétendoit d’ailleurs que les titres desdits religieux n’estoient asses suffisants pour justifier que ledit septier de bled de rente leur fut deub, mais quand il eust esté, disoit qu’ils ne pouroient le prétendre qu’à mesure des Ponts de Cé, qui est la mesure royale, à laquelle on se doibt régler y ayant toutes sortes de mesures en la paroisse dudit Grez, que néanlmoings pour éviter à procès il offroit leur payer servir et continuer chacuns ans audit terme d’Angevine ledit septier de bled seigle de rente à la mesure desdits Ponts de Cé, et au lieu qu’il est requérable par lesdits religieux sur ladite terre de Grez, offroit le rendre à ses dépends tous les ans audit jour d’Angevine dans ladite abbaye de Toussaint, et payer lesdites 8 années d’arrérages suivant la commune estimation qui a esté faite du prix du bled seigle par chacune desdites années,
sur laquelle proposition ayant été délibéré par lesdits religieux prieur et converts assemblés comme dessus, ont lesdites parties transigé pacifié et accordé ainsi que s’ensuit, c’est à savoir que lesdits religieux prieur et converts de ladite abbaye de Toussaint d’Angers, tant pour eux que pour leurs successeurs ont reconnu et par ces présentes reconnaissent ladite rente, ancien don ou legs, d’un septier de bled seigle mesure ancienne de Grez requérable à un septier de bled seigle de rente mesure des Ponts-de-Cé rendable franc et quitte dans ladite abbaye de Toussaint d’Angers
et ledit seigneur de Sautray a promis et s’est obligé leur payer servir et continuer chacuns ans audit terme d’Angevine ladite rente d’un septier de bled seigle dite mesure des Ponts-de-Cé, rendable dans ladite abbaye de Toussaint d’Angers franc et quitte à commencer le premier payement et fournissement au jour et feste de Nostre Dame Angevine aussi longtemps qu’il sera seigneur et possesseur en tout ou partie de ladite terre et seigneurie de Grez,
et à l’égard desdits arrérages des 8 années échues audit jour d’Angevine dernière lesdits religieux prieur et converts ont recogneu les avoir eues et receues dudit seigneur de Sautray et l’en ont quitté et décharge et tous autres, moyennant quoy ladite instance demeure nulle terminée et assoupie, sans d’iceux dommages et intérests de part et d’autre, et a ledit seigneur de Sautray protesté de se pourvoir our son recours et remboursement desdits arrérages ensemble pour le fond de ladite rente contre et ainsi qu’il verra bon estre fors contre lesdits religieux prieur et converts de Toussaint, par ce que ainsi ils ont le tout voulu consenti stipulé et accepté et à ce tenir etc dommages etc s’obligent lesdites parties respectivement savoir lesdits religieux prieur et converts tant pour eux que leurs successeurs les biens fruits et revenus du temporel de ladite abbaye et ledit seigneur de Sautray ses hoirs et ses biens à prendre vendre et recouvrir etc
fait et passé audit chapitre de ladite abbaye de Toussaint Angers en présence de Mr René Moreau et François Besson praticiens demeurant audit Angers
Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.
J’ai parfois flané dans le jardin des Beaux- Arts, à l’ombre de ces belles ruines de l’abbaye Toussaint.
Je cherche des renseignements sur la famille Hautemulle au 16e siecle. Auriez-vous plus de details sur le logis de Hautemulle que vous mentionnez ci-dessus? Merci d’avance.
Note d’Odile :
Bonjour
Pour ma part je n’ai rien de plus que c-dessus.
Mais pour les maisons d’Angers il existe 2 centres de recherche qui pourront sans doute avoir quelque chose. Vous pouvez les contacter par voie postale, et leurs adresses sont sur Internet.
Il s’agit des Archives de la ville d’Angers
et du service des Monunments Historiques du Maine et Loire
Ces 2 organismes ont certainement plus que moi.
Odile
-De la rue de la Vieille-Chartre,on doit renter dans celle de St Evrou,où l’on distingue à main gauche L’hôtel de Haute-Mule,qui appartenoit autrefois aux Fontévristes qui l’ont vendu;et c’étoit là qu’on envoyoit les jeunes religieux de cet ordre étudier à l’Université de cette ville.Cet hôtel consiste en plusieurs appartements séparés,qui sont assez spacieux et assez commodes.Il relève de Fontevrault et à été bâti,à ce qu’on croit,par un duc d’Anjou.Il est occupé aujourd’hui par des séculiers(1)Vis-à -vis de cet hôtel,il y a une rue(1)c’est la rue de Haute_Mule,bordée d’un côté,par le couvent des Jacobins,de l’autre,par l’hôtel Crochard,où habitait,du temps de Péan,d’Andigné de La Barre, et par trois maisons du chapitre de Saint-Maurice,louées à MM,de la Jupellière,de Cingé et de Narcé.
(1) Au-dessus de la grande porte figurait anciennement une mule;sur la facade extérieure,des bustes ornaient des niches dont une double,à gracieux encadrement ,porte le chiffre 1550,date de la reconstruction de l’hôtel et de sa chapelle qui fut bénie le 23 septembre de cette année.Au-dessous ouvrait un ancien cloître dont les traces restent apparentes.Il précédait l’hôtel,borné derrière par l’ancien mur de ville,haut encore de 3 mètres sur la cour et pavé sur toute sa largeur(3m,70)de dalles d’ardoises avec double parapet.La ville l’avait fait mettre en état de défense en 1567.Puicharic,de La Porte,le maréchal d’Hocquincourt et plusieurs autres gouverneurs y logèrent,ce qui explique la légende populaire qui en attribue la construction à quelque duc.Richelieu,conseiller intime de la reine-mère,y donna un grand dîner le 3 mai 1620.Le prévôt provincial des maréchaux,Mathieu de La Lande,y est mort en 1640.L’hôtel,en 1659,était devenu la propriété des Leclerc de Sautray.De nos jours,il appartenait à M.de La Perraudière,de qui l’ont acquis les Missionnaires diocésains (1858) En enlevant les plaques des cheminées,on a découvert l’entrée de souterrains inexplorés.
(Description de la ville d’Angers Péan de La Tuillerie.)Réed 1845)