Il est lieutenant de gabelle à Noëllet, elle hôtesse à Armaillé

cela ne tente pas la progéniture qui préfère devenir tailleur d’habits !

Il y a quelques jours à peine, je lisais que les femmes des gabelous vivaient au bourg de Montreuil, tandis que les époux étaient aux postes de garde.

Le hasard fait qu’en dépouillant un Nième contrat d’apprentissage, je remarque encore l’épouse du lieutenant de gabelle vivant sous un autre toît et non au poste de gabelle. Lui, Louis Fortin, est lieutenant de gabelle à la Pihalaie à Noëllet, elle, Geneviève Leboucher, est hôtesse ou pend pour enseigne l’image de Notre Dame à Armaillé.
Ainsi donc, les postes de gabelle n’étaient pas des logements de famille ! Malgré tout le soin que j’ai déjà apporté à l’histoire des greniers à sel du Haut-Anjou, je reconnais que ce détail échappait totalement à l’histoire des familles.

Mais le contrat d’apprentissage de ce futur tailleur d’habits révèle d’autres merveilles :
Il est rare de trouver l’âge de l’apprenti : il est dit qu’il a 13 ans. L’âge ne me surprend pas, car c’est aussi l’âge où les enfants étaient placés comme domestiques, probablement même encore plus jeunes. On sait qu’il est orphelin de père, mais je ne pense pas que cela ait eu une influence. Sa mère s’est remariée 6 mois plus tôt : Le 5.1.1737, contrat de mariage de Louis Fortin lieutenant de gabelle au poste établi à la Pihallais à Noëllet, fils du Sr Mathieu Fortin aussi lieutenant et †Madeleine Tillier avec Geneviève Boucher Ve de Hippolite Lemonnier, fille de †Louis Leboucher et Marie Paizor, ils mettent chacun 1 000 L dans la communauté (AD49 Menard Nre royal Pouancé).
Le père du garçon, décédé, était lieutenant de gabelle, tout comme son beau-père. Manifestement l’enfant n’a pas envie de le devenir, puisqu’il est précisé que c’est à sa prière qu’il est mis en apprentissage de tailleur d’habits. C’est la première fois que je rencontre un telle mention. Or, normalement, il devait garde de gabelle plus tard. L’enfant a-t-il exprimé son peu d’enthousiasme pour ce métier ? et même pour celui de sa mère qui tient auberge ?
La mère et le beau-père du garçon signent fort bien. En particulier, le fait que la mère signe si bien atteste un milieu aisé et éduqué. Normalement le garçon aurait dû aller au collège à cette date, il y en avait même à Grez-Neuville, etc… A-t-il manifestement peu d’inclination pour les études et le besoin manuel ?

Une chose est certaine, l’apprentissage est payant, ce qui montre bien que chaque contrat est négocié et qu’ils sont tous différents, en particulier sur le montant. C’est pourquoi je continue, dans la mesure de mes moyens, la mini-base de données sur les contrats d’apprentissage mis sur mon site, et très variés. J’en ai encore à mettre.

La Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali (Editions de la Documentation française, 2008), chapitre 1 Au commencement, le savoir, rappelle :

La créativité, la mobilité et l’agilité de la jeunesse sont avant tout déterminées par la maîtrise des comportements et des savoirs fondamentaux acquis dès le plus jeune âge. Elles dépendent donc de la capacité de la famille, de l’environnement social et des enseignants à valoriser les aptitudes intellectuelles, académiques, sportives ou artistiques de chacun, à élartir les critères d’appréciation, des potentialités des jeunes, à les sensibiliser à l’importance de la volonté, de la résistance à l’échec, du questionnement et du travail en équipe.

Et pour remplir l’objectif Favoriser dans le secondaire l’éclosion de toutes les intelligences, elle recommande (entre autres) :

Refonder l’information sur l’orientation sur les carrières et prendre davantage en compte les aptitudes non académiques.
Développer les stages en entreprise : Pour amélioter l’orientation, les élèves comme les enseignants doivent apprendre à mieux connaître le monde de la création, de l’entreprise, de la recherche. Chaque collégien effectuera à partir de la 4e une semaine de stage par trimestre… etc…

Autrefois, la formation de la plupart des métiers n’était pas académique, mais sur le tas, et le jeune savait à l’issue de sa formation ce qui l’attendait. Dans les contrats d’apprentissage que je recense, certains vous paraîtront même surprenants, ainsi le notaire…
Eh oui ! Autrefois le notaire apprenait sur le terrain seulement !
Et mon site vous donne non seulement le contrat d’apprentissage en 1588 d’un futur grand notaire (Serezin), mais aussi le livre de raison de Jean Cévillé, famille de notaires, qui raconte en 1630, par le menu, la formation de chacun… Et, pour avoir durant des années fréquenté les actes notariés anciens, je peux vous assurer qu’ils étaient bien formés.

Ce billet est le 76e de ce blog (la machine me moucharde, car nous sommes mouchardés de partout). Mais c’est le premier que j’ai préparé la veille. Auparavant je ne savais pas comment modifier la date automatique, alors je le faisais au jour le jour… D’ailleurs comme cela vous ne saurez plus à quelle heure je me suis levée !

Mais au fait, ce billet contient une info merveilleuse qui fera l’objet du billet de demain. L’avez-vous vue ?

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.